RUPT SUR MOSELLE - SOUVENIRS DE ROGER MONTEMONT
FOREST :: VALLEE DE LA HAUTE MOSELLE, Rupt sur Moselle à Bussang :: "Recueil de témoignages sur le vécu sous la botte Allemande ( 39-45)
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RUPT SUR MOSELLE - SOUVENIRS DE ROGER MONTEMONT
Je suis né le 1er Avril 1918.
J'ai passé le conseil de révision l'année de mes 19 ans, donc en 1937.
J'étais apte au service, mais le 10 Juillet 1938, j'ai fait une appendicite péritonite. J'ai dû être opéré le soir même à l'hôpital de Remiremont par le docteur Eiffel. C'était un dimanche soir vers 22 heures.
J'étais tellement mal, que le médecin n'a pas répondu de moi pendant trois jours.
J'ai porté un drain de longues semaines et je suis donc resté à la scierie familiale à Grandrupt.
J'ai été ensuite incorporé au 3ème régiment de Hussards le 15 Octobre 1938 à Strasbourg.
Je n'y suis resté que deux ou trois semaines.
Suite à mon opération, qui n'était pas guérie, j'ai été réformé temporairement le 23 Novembre 38, puis ajourné le 28 Septembre 1939. Une troisième visite médicale me réformait définitivement le 11 Novembre 1940.
J'ai donc traversé la guerre tout en travaillant à la scierie familiale. Les paysans n'étaient pas réquisitionnés par les allemands.
Je me suis marié le 06 septembre 1941.
Une nuit, nous avons été réveillés par une formidable explosion. En regardant par la fenêtre, nous avons constaté d'innombrables petits foyers d'incendies qui s'étaient déclarés dans la forêt en dessous de Bélué.
En réalité, un combat aérien avait eu lieu sur Rupt sur Moselle et un avion anglais touché en plein vol avait terminé sa course dans la montagne, aux Hauts Prés.
Les bombes incendiaires qu'il transportait avaient été éparpillées sur tout ce secteur, ce qui expliquait les multiples incendies. En pleine nuit, c'était étrange à regarder.
Nous sommes allés prêter secours chez Gauvain qui habitait à proximité de là et dont une dépendance était en proie aux flammes.
Au petit jour, nous avons découvert les cadavres des aviateurs. L'un n'avait plus que le tronc, un autre était toujours dans la cabine de pilotage. Une stèle a d'ailleurs été érigée à leur mémoire, à proximité du lieu du crash.
Je crois même que la queue de l'appareil était tombée au Pont de Fer à Rupt.
(Il s'agit d'un bombardier Lancaster de la Royal Air Force qui vint s'écraser le 28 Avril 1944. Il était composé de sept hommes d'équipage, anglais et australiens. Ndr )
Plus tard, (probablement le 22 septembre – Ndr), suite à une réquisition des allemands, mon beau père, Paul Perry a été réquisitionné pour conduire une vache à la réquisition avec d'autres gens du village.
Quelques jours plus tard, n'ayant pas de nouvelles de lui, nous nous sommes inquiétés, surtout ma femme.
Je suis donc parti de Grandrupt, en passant par les hauts pour me rendre, avec mon jeune frère, Claude, à la ferme du Outrou à Rupt où demeuraient mes beaux parents.
Arrivés à une ferme, aujourd'hui en ruine, au lieu dit « Les prés Quenot », huit cent mètres au dessus de la ferme du Outrou, nous avons été faits prisonniers par des SS qui avaient annexé cette ferme.
Ils venaient de découvrir une cache d'armes, pas très loin, peut être destinée au maquis de Rupt.
C'était le repli de l'armée allemande mais nous ne le savions pas encore.
La dame qui habitait dans cette ferme, Mme Paulette Mougenot, parlait allemand. Elle a tenté de nous faire libérer mais n'a pas réussi.
En se repliant, les allemands nous ont emmenés avec eux. Au bout de 500 mètres, j'ai vu un allemand qui faisait un trou. J'ai cru que c'était pour nous y enterrer et que notre heure était venue.
Comme je n'avais qu'une quinzaine de mètres à faire pour être à l'abri, j'ai sauté un fossé et me suis enfui dans la forêt sous les tirs de mitraillettes. Je n'ai pas été blessé, je pense que s'ils avaient voulu m'avoir, ils m'auraient eu, ou alors ils ne savaient pas tirer.
J'ai pris la direction de Vecoux et me suis réfugié dans la ferme de la famille Claude à Réherey. La nuit, nous allions dormir dans la cave voûtée d'une autre ferme située à proximité. L'idée était bonne puisqu'un jour un obus est venu éclater dans l'entrée extérieure de la cave de la ferme Claude.
Mon frère était donc resté avec les allemands. Il avait été conduit à la ferme des Patureaux, toujours à Rupt.
A la faveur de la nuit et de l'appel des soldats, Claude a fait comme moi et a réussi à s'enfuir.
Je crois que cela se passait le lendemain du jour où, Louis Courroy, le sénateur, avait réussi à s'enfuir lui aussi de cette même ferme.
Mon jeune frère est parvenu à rejoindre la ferme familiale à Grandrupt.
Comme je n'étais pas rentré, ils ont craint le pire à la maison.
Par le bouche à oreille, ils ont fini par savoir où j'étais et que j'allais bien, au grand soulagement de ma femme.
Quelques jours plus tard, j'ai pris une faux sur l'épaule et ai fait semblant d'aller faire des travaux des champs.
J'ai réussi à passer la ligne allemande et me suis rendu depuis Réherey, chez mes beaux parents, à la ferme du Outrou et où se trouvait ma femme.
Mon beau père était là, il avait été parti simplement plus longtemps que prévu. Ce n'est qu'à son retour qu'on a su qu'il avait dû aller jusqu'à Belfort pour conduire sa vache.
J'ai passé le conseil de révision l'année de mes 19 ans, donc en 1937.
J'étais apte au service, mais le 10 Juillet 1938, j'ai fait une appendicite péritonite. J'ai dû être opéré le soir même à l'hôpital de Remiremont par le docteur Eiffel. C'était un dimanche soir vers 22 heures.
J'étais tellement mal, que le médecin n'a pas répondu de moi pendant trois jours.
J'ai porté un drain de longues semaines et je suis donc resté à la scierie familiale à Grandrupt.
J'ai été ensuite incorporé au 3ème régiment de Hussards le 15 Octobre 1938 à Strasbourg.
Je n'y suis resté que deux ou trois semaines.
Suite à mon opération, qui n'était pas guérie, j'ai été réformé temporairement le 23 Novembre 38, puis ajourné le 28 Septembre 1939. Une troisième visite médicale me réformait définitivement le 11 Novembre 1940.
J'ai donc traversé la guerre tout en travaillant à la scierie familiale. Les paysans n'étaient pas réquisitionnés par les allemands.
Je me suis marié le 06 septembre 1941.
Une nuit, nous avons été réveillés par une formidable explosion. En regardant par la fenêtre, nous avons constaté d'innombrables petits foyers d'incendies qui s'étaient déclarés dans la forêt en dessous de Bélué.
En réalité, un combat aérien avait eu lieu sur Rupt sur Moselle et un avion anglais touché en plein vol avait terminé sa course dans la montagne, aux Hauts Prés.
Les bombes incendiaires qu'il transportait avaient été éparpillées sur tout ce secteur, ce qui expliquait les multiples incendies. En pleine nuit, c'était étrange à regarder.
Nous sommes allés prêter secours chez Gauvain qui habitait à proximité de là et dont une dépendance était en proie aux flammes.
Au petit jour, nous avons découvert les cadavres des aviateurs. L'un n'avait plus que le tronc, un autre était toujours dans la cabine de pilotage. Une stèle a d'ailleurs été érigée à leur mémoire, à proximité du lieu du crash.
Je crois même que la queue de l'appareil était tombée au Pont de Fer à Rupt.
(Il s'agit d'un bombardier Lancaster de la Royal Air Force qui vint s'écraser le 28 Avril 1944. Il était composé de sept hommes d'équipage, anglais et australiens. Ndr )
Plus tard, (probablement le 22 septembre – Ndr), suite à une réquisition des allemands, mon beau père, Paul Perry a été réquisitionné pour conduire une vache à la réquisition avec d'autres gens du village.
Quelques jours plus tard, n'ayant pas de nouvelles de lui, nous nous sommes inquiétés, surtout ma femme.
Je suis donc parti de Grandrupt, en passant par les hauts pour me rendre, avec mon jeune frère, Claude, à la ferme du Outrou à Rupt où demeuraient mes beaux parents.
Arrivés à une ferme, aujourd'hui en ruine, au lieu dit « Les prés Quenot », huit cent mètres au dessus de la ferme du Outrou, nous avons été faits prisonniers par des SS qui avaient annexé cette ferme.
Ils venaient de découvrir une cache d'armes, pas très loin, peut être destinée au maquis de Rupt.
C'était le repli de l'armée allemande mais nous ne le savions pas encore.
La dame qui habitait dans cette ferme, Mme Paulette Mougenot, parlait allemand. Elle a tenté de nous faire libérer mais n'a pas réussi.
En se repliant, les allemands nous ont emmenés avec eux. Au bout de 500 mètres, j'ai vu un allemand qui faisait un trou. J'ai cru que c'était pour nous y enterrer et que notre heure était venue.
Comme je n'avais qu'une quinzaine de mètres à faire pour être à l'abri, j'ai sauté un fossé et me suis enfui dans la forêt sous les tirs de mitraillettes. Je n'ai pas été blessé, je pense que s'ils avaient voulu m'avoir, ils m'auraient eu, ou alors ils ne savaient pas tirer.
J'ai pris la direction de Vecoux et me suis réfugié dans la ferme de la famille Claude à Réherey. La nuit, nous allions dormir dans la cave voûtée d'une autre ferme située à proximité. L'idée était bonne puisqu'un jour un obus est venu éclater dans l'entrée extérieure de la cave de la ferme Claude.
Mon frère était donc resté avec les allemands. Il avait été conduit à la ferme des Patureaux, toujours à Rupt.
A la faveur de la nuit et de l'appel des soldats, Claude a fait comme moi et a réussi à s'enfuir.
Je crois que cela se passait le lendemain du jour où, Louis Courroy, le sénateur, avait réussi à s'enfuir lui aussi de cette même ferme.
Mon jeune frère est parvenu à rejoindre la ferme familiale à Grandrupt.
Comme je n'étais pas rentré, ils ont craint le pire à la maison.
Par le bouche à oreille, ils ont fini par savoir où j'étais et que j'allais bien, au grand soulagement de ma femme.
Quelques jours plus tard, j'ai pris une faux sur l'épaule et ai fait semblant d'aller faire des travaux des champs.
J'ai réussi à passer la ligne allemande et me suis rendu depuis Réherey, chez mes beaux parents, à la ferme du Outrou et où se trouvait ma femme.
Mon beau père était là, il avait été parti simplement plus longtemps que prévu. Ce n'est qu'à son retour qu'on a su qu'il avait dû aller jusqu'à Belfort pour conduire sa vache.
yves philippe- MODERATEUR
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