RUPT SUR MOSELLE - SOUVENIRS COMMUNS D'HENRY LAMBOLEY ET D'ALBERT BONTEMPS
FOREST :: VALLEE DE LA HAUTE MOSELLE, Rupt sur Moselle à Bussang :: "Recueil de témoignages sur le vécu sous la botte Allemande ( 39-45)
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RUPT SUR MOSELLE - SOUVENIRS COMMUNS D'HENRY LAMBOLEY ET D'ALBERT BONTEMPS
Henri LAMBOLEZ (Originaire de FERDRUPT) et Albert BONTEMPS ( Originaire de RUPT SUR MOSELLE) –
Le 20 novembre 1944, Je quitte mon Ferdrupt natal et m'engage volontairement pour la durée de la guerre au 1er régiment d'Artillerie Coloniale d'Afrique Occidentale Française.
Nous étions une dizaine de jeunes à s'être engagés de la sorte. Nous remplacions les Africains qui supportaient mal le froid.
Je dois préciser que l'hiver 44/45 a été particulièrement rigoureux, pour tous les combattants, la population civile, les déportés ou évacués, alors à plus forte raison pour une partie de ces combattants d'Afrique du Nord qui n'avaient jamais vu la neige et des températures si basses.
Le bureau pour les engagements volontaires se trouvait à ce moment là au quartier de « La Roche » à Rupt sur Moselle. Les pièces d'artillerie (canon de 155 courts), étaient en batterie au « Pont de Fer ».
Le 23 novembre 1944, je suis affecté à la 1ère Batterie, 1ère Pièce. Mon binôme se nomme Albert Bontemps, originaire de Rupt Sur Moselle. Nous ne nous quitterons plus jusqu'à notre démobilisation en 46 et c'est avec son concours que j'ai rédigé ces souvenirs de guerre communs.
Nous partons donc à Fresse en Haute Saône pour rejoindre notre régiment, lequel fait route sur l'Alsace.
Après le passage du Col du Bonhomme notre régiment est repéré par l'ennemi. Nous subissons ses bombardements et notre adjudant est blessé par un éclat d'obus.
A l'approche de Colmar, nous tombons sur une poche de résistance qui nous occupera quelques jours. Nos pièces feront du tir de harcèlement, nuit et jour, à hauteur d'un tir tous les quarts d'heures.
A chaque changement de position, il nous fallait faire une tranchée dans le sol gelé pour positionner la bêche de notre canon, et une tranchée pour nous abriter des bombardements.
Nous profitions aussi de la présence de silos vides pour nous y reposer un peu, simplement recouverts d'une bâche.
Un soir, alors qu'il faisait très froid, un camarade allume un feu dans un petit tonneau avec de la poudre. Il en avait vraisemblablement mis un peu trop et les flammes se sont propagées à la bâche, ce qui a attiré l'attention des Allemands, lesquels nous ont copieusement arrosés.
Nous n'avons eu que le temps de nous réfugier dans les tranchées pleines de glaces. Nous sommes restés là tout le temps du tir, le principal étant que nous n'avions aucun blessé.
Suite à un changement de position, notre convoi a à nouveau été pris pour cible. Un de nos camarades a été tué.
Le 16 avril1945, nous franchissons le Rhin, vers Strasbourg sur un pont provisoire et prenons la direction de la Forêt Noire.
Lorsque nous nous opposions à une résistance en forêt, nous tirions des obus fusants de 43 kilos. Ces engins avaient la particularité d'éclater avant de toucher le sol, ce qui donnait des gerbes d'éclats dévastateurs à hauteur d'homme.
Plus tard, nous avons traversé le Danube, également sur un pont provisoire et de nuit. Là encore nous avons été repérés et fîmes l'objet d'un nouveau bombardement.
Je me souviens avoir eu une telle frayeur ce jour là que j'avais mis pour mieux me protéger une bassine en tôle sur la tête en plus de mon casque. Là encore pas de blessé de notre côté.
Toujours en Allemagne, alors que nous nous opposions à une forte résistance au niveau d'un village où les troupes nazies étaient cantonnées, nous avons reçu l'ordre de mettre notre pièce en batterie. Nous avons tiré des obus à retardement.
Après quelques tirs, nous apercevons les Allemands qui fuyaient sur un coteau.
Réglant notre pièce, nous avons tiré un premier obus qui est passé juste au dessus du coteau. Le deuxième a fait mouche, il y eu beaucoup de tués du côté allemand.
Le 08 mai 1945, nous étions en Autriche et avons terminé la guerre à Innsbruck. Ensuite nous sommes devenus une troupe d'occupation, en Allemagne où nous sommes alors restés cantonnés du 09 mai 45 au 30 novembre 1945.
Suite à un ordre de mouvement, nous avons dû subir 6 jours de train pour aller réduire une poche de résistance à la Rochelle. A notre arrivée dans cette ville, il n'y avait plus rien à faire.
Notre guerre 39/45 ne se terminera que le 12 mars 1946 avec notre ordre de démobilisation.
En ce qui me concerne, avant mon engagement en novembre 1944, j'avais trouvé un emploi de commis de ferme chez ma tante qui tenait un bistro/ épicerie à Saulx, à l'entrée de Rupt sur Moselle, en face de l'école.
Mon oncle, Pierre Marquis était prisonnier en Allemagne.
Comme nous savions que les cultivateurs n'étaient pas réquisitionnés, j'ai quitté mon poste au tissage Witz et Feltz à Ferdrupt pour travailler chez ma tante qui avait également deux vaches.
C'était effectivement un prétexte pour ne pas aller au STO.
J'ai donc passé environ deux ans, de 42 à 44, chez ma tante, j'en profitais pour lui faire ses courses avec un vélo et une petite charrette à deux roues, un coup au Thillot, un coup à Remiremont, j'en ai fait des kilomètres à vélo !
J'ai fait partie du cortège qui a dû conduire des vaches réquisitionnées sur Belfort en octobre / novembre 44. Ainsi les Allemands faisaient en sorte que le garde-manger suive leur retraite.
Nous sommes partis trois jours sur ce coup là.
Une des deux vaches à ma tante était réquisitionnée, je l'ai perdue en haut du ballon d'Alsace. Enfin, je pense plutôt qu'elle a été prise par un groupe d'Allemands qui séjournait là- haut.
En redescendant sur Belfort, je me souviens que certaines bêtes saignaient des sabots. Les vaches tentaient de marcher dans l'herbe sur les bas-côtés pour ne pas trop souffrir. Une d'entre elles a d'ailleurs fait une chute dans un ravin. Comme nous étions étroitement surveillés, il ne nous était pas possible de les rattraper.
Arrivés à Belfort, j'ai pris une vache au hasard dans le troupeau, une bien portante et je l'ai présentée à la réquisition. Elle m'a été payée et j'ai pu donner l'argent à ma tante.
Je me souviens que le père Fréchin, demeurant au Chêne à Rupt sur Moselle, était parti en sabots. Il faut le faire Rupt sur Moselle / Belfort en sabots !
Enfin il faut préciser aussi qu'il n'était pas prévu qu'on aille jusque dans le Territoire. Initialement, on ne devait conduire les vaches qu'à Ferdrupt, mais c'était sans compter sur la volonté de ceux qui étaient encore pour quelques jours nos envahisseurs.
Le 20 novembre 1944, Je quitte mon Ferdrupt natal et m'engage volontairement pour la durée de la guerre au 1er régiment d'Artillerie Coloniale d'Afrique Occidentale Française.
Nous étions une dizaine de jeunes à s'être engagés de la sorte. Nous remplacions les Africains qui supportaient mal le froid.
Je dois préciser que l'hiver 44/45 a été particulièrement rigoureux, pour tous les combattants, la population civile, les déportés ou évacués, alors à plus forte raison pour une partie de ces combattants d'Afrique du Nord qui n'avaient jamais vu la neige et des températures si basses.
Le bureau pour les engagements volontaires se trouvait à ce moment là au quartier de « La Roche » à Rupt sur Moselle. Les pièces d'artillerie (canon de 155 courts), étaient en batterie au « Pont de Fer ».
Le 23 novembre 1944, je suis affecté à la 1ère Batterie, 1ère Pièce. Mon binôme se nomme Albert Bontemps, originaire de Rupt Sur Moselle. Nous ne nous quitterons plus jusqu'à notre démobilisation en 46 et c'est avec son concours que j'ai rédigé ces souvenirs de guerre communs.
Nous partons donc à Fresse en Haute Saône pour rejoindre notre régiment, lequel fait route sur l'Alsace.
Après le passage du Col du Bonhomme notre régiment est repéré par l'ennemi. Nous subissons ses bombardements et notre adjudant est blessé par un éclat d'obus.
A l'approche de Colmar, nous tombons sur une poche de résistance qui nous occupera quelques jours. Nos pièces feront du tir de harcèlement, nuit et jour, à hauteur d'un tir tous les quarts d'heures.
A chaque changement de position, il nous fallait faire une tranchée dans le sol gelé pour positionner la bêche de notre canon, et une tranchée pour nous abriter des bombardements.
Nous profitions aussi de la présence de silos vides pour nous y reposer un peu, simplement recouverts d'une bâche.
Un soir, alors qu'il faisait très froid, un camarade allume un feu dans un petit tonneau avec de la poudre. Il en avait vraisemblablement mis un peu trop et les flammes se sont propagées à la bâche, ce qui a attiré l'attention des Allemands, lesquels nous ont copieusement arrosés.
Nous n'avons eu que le temps de nous réfugier dans les tranchées pleines de glaces. Nous sommes restés là tout le temps du tir, le principal étant que nous n'avions aucun blessé.
Suite à un changement de position, notre convoi a à nouveau été pris pour cible. Un de nos camarades a été tué.
Le 16 avril1945, nous franchissons le Rhin, vers Strasbourg sur un pont provisoire et prenons la direction de la Forêt Noire.
Lorsque nous nous opposions à une résistance en forêt, nous tirions des obus fusants de 43 kilos. Ces engins avaient la particularité d'éclater avant de toucher le sol, ce qui donnait des gerbes d'éclats dévastateurs à hauteur d'homme.
Plus tard, nous avons traversé le Danube, également sur un pont provisoire et de nuit. Là encore nous avons été repérés et fîmes l'objet d'un nouveau bombardement.
Je me souviens avoir eu une telle frayeur ce jour là que j'avais mis pour mieux me protéger une bassine en tôle sur la tête en plus de mon casque. Là encore pas de blessé de notre côté.
Toujours en Allemagne, alors que nous nous opposions à une forte résistance au niveau d'un village où les troupes nazies étaient cantonnées, nous avons reçu l'ordre de mettre notre pièce en batterie. Nous avons tiré des obus à retardement.
Après quelques tirs, nous apercevons les Allemands qui fuyaient sur un coteau.
Réglant notre pièce, nous avons tiré un premier obus qui est passé juste au dessus du coteau. Le deuxième a fait mouche, il y eu beaucoup de tués du côté allemand.
Le 08 mai 1945, nous étions en Autriche et avons terminé la guerre à Innsbruck. Ensuite nous sommes devenus une troupe d'occupation, en Allemagne où nous sommes alors restés cantonnés du 09 mai 45 au 30 novembre 1945.
Suite à un ordre de mouvement, nous avons dû subir 6 jours de train pour aller réduire une poche de résistance à la Rochelle. A notre arrivée dans cette ville, il n'y avait plus rien à faire.
Notre guerre 39/45 ne se terminera que le 12 mars 1946 avec notre ordre de démobilisation.
En ce qui me concerne, avant mon engagement en novembre 1944, j'avais trouvé un emploi de commis de ferme chez ma tante qui tenait un bistro/ épicerie à Saulx, à l'entrée de Rupt sur Moselle, en face de l'école.
Mon oncle, Pierre Marquis était prisonnier en Allemagne.
Comme nous savions que les cultivateurs n'étaient pas réquisitionnés, j'ai quitté mon poste au tissage Witz et Feltz à Ferdrupt pour travailler chez ma tante qui avait également deux vaches.
C'était effectivement un prétexte pour ne pas aller au STO.
J'ai donc passé environ deux ans, de 42 à 44, chez ma tante, j'en profitais pour lui faire ses courses avec un vélo et une petite charrette à deux roues, un coup au Thillot, un coup à Remiremont, j'en ai fait des kilomètres à vélo !
J'ai fait partie du cortège qui a dû conduire des vaches réquisitionnées sur Belfort en octobre / novembre 44. Ainsi les Allemands faisaient en sorte que le garde-manger suive leur retraite.
Nous sommes partis trois jours sur ce coup là.
Une des deux vaches à ma tante était réquisitionnée, je l'ai perdue en haut du ballon d'Alsace. Enfin, je pense plutôt qu'elle a été prise par un groupe d'Allemands qui séjournait là- haut.
En redescendant sur Belfort, je me souviens que certaines bêtes saignaient des sabots. Les vaches tentaient de marcher dans l'herbe sur les bas-côtés pour ne pas trop souffrir. Une d'entre elles a d'ailleurs fait une chute dans un ravin. Comme nous étions étroitement surveillés, il ne nous était pas possible de les rattraper.
Arrivés à Belfort, j'ai pris une vache au hasard dans le troupeau, une bien portante et je l'ai présentée à la réquisition. Elle m'a été payée et j'ai pu donner l'argent à ma tante.
Je me souviens que le père Fréchin, demeurant au Chêne à Rupt sur Moselle, était parti en sabots. Il faut le faire Rupt sur Moselle / Belfort en sabots !
Enfin il faut préciser aussi qu'il n'était pas prévu qu'on aille jusque dans le Territoire. Initialement, on ne devait conduire les vaches qu'à Ferdrupt, mais c'était sans compter sur la volonté de ceux qui étaient encore pour quelques jours nos envahisseurs.
yves philippe- MODERATEUR
- Nombre de messages : 2134
Ville : le Ménil
Age : 60
Points : 2755
Date d'inscription : 28/12/2010
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