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RAMONCHAMP - SOUVENIRS D'OLIVIER ROLLOT

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RAMONCHAMP - SOUVENIRS D'OLIVIER ROLLOT Empty RAMONCHAMP - SOUVENIRS D'OLIVIER ROLLOT

Message par yves philippe Dim 16 Oct 2016 - 13:28

Je suis né le 25 Mai 1918 sur la Route du Ballon d'Alsace à St Maurice sur Moselle. Après le conseil de révision, je suis parti au service militaire en octobre 1938. J'ai été affecté au 155 ème régiment d'artillerie à Haguenau (67).
Nous avons trouvé nos casernes désertes car les anciens étaient déjà en position avancée sur la ligne Maginot, la situation s'étant dégradée avec l'occupation de la Rhénanie par notre cher Adolphe Hitler. Nous n'étions donc que des bleus dans la caserne avec quelques gradés. On s'organise tant bien que mal.
J'avais déjà fait trois années de préparation militaire à Ramonchamp, de 35 à 38, avec une instruction délivrée tous les dimanches matins par les gendarmes de la brigade du Thillot. Nous faisions donc de l'instruction militaire et de l'initiation au tir, au stand de tir de « La Ravanne » à Ramonchamp.
Par ailleurs j'avais aussi fait du scoutisme et des cours de radiotélégraphie en morse avec Pierre Marchal de Ramonchamp avant mon incorporation.

A Haguenau, fort de ces quelques bagages, je suis désigné pour instruire les autres bleus (Marche au pas, maniement du fusil etc). C'était la planque. La situation s'étant améliorée, les anciens reviennent et les tâches et le travail se répartissent.
Avec mes notions de morse, je suis muté aux transmissions: téléphone, transmission par manipulation, par signe pour l'aviation et par optique: travail très intéressant.
Ceci jusqu'à la déclaration de guerre de septembre1939 avec le moral bien bas, car je me disais « mon père a fait la guerre 14-18 dans les tranchées et avec ce qu'il avait souffert ... et moi, je repartais pour une autre ».
A cette date de 1939, je n'avais en tout et pour tout eu que 10 jours de permission.
Nous partons donc en position d'intervalle c'est à dire au bord du Rhin, derrière la ligne Maginot, en face de la ligne Siegfried. Nous allons souvent visiter cette fameuse ligne Maginot et d'après nous, c'était infranchissable, sauf bien sûr pour l'aviation. Je faisais partie de la 4ème batterie du 156ème Régiment d'artillerie de position.
Nous possédions cinq pièces de 75,4 fixes et enterrées avec filets de camouflage et la cinquième que l'on appelle « pièce nomade » se déplaçant avec son véhicule à droite, à gauche, en arrière, pour tromper l'ennemi. On exécutait une dizaine de tirs sur l'Allemagne et on rentrait immédiatement car la réponse était assez vive.

Nous étions au carrefour de Soufflenheim (67). Nous avions creusé des souterrains reliant quatre maisons du carrefour.
Je m'occupais de mon central téléphonique à la surface, dans la villa d'un dentiste et le double dans le souterrain. Je travaillais également au bureau et faisais la popote dans la maison d'en face et quand le cuisinier était en permission, eh bien le capitaine Barthe venait souvent respirer les relents de ma cuisine près du bureau et quelquefois, il mangeait avec nous, car il faut vous dire que dès l'évacuation du secteur, les civils venaient nous remettre leurs clés en nous disant qu'ils avaient des lapins, des poules, du ravitaillement en général. Ils nous demandaient de nous en occuper et de manger ce que nous voulions.
Nous ne manquions de rien et faisions d'excellents repas.

Nous étions néanmoins souvent bombardés, sans grande perte malgré le danger que cela représentait à nos sorties.
Nous avons eu également une alerte au gaz. Un gros Dornier s'est amené et nous a gratifié de ses bombes au gaz. L'air était devenu de couleur ocre. Nous sommes restés un bon bout de temps avec les masques à gaz.

J'ai décidé avec cinq hommes de faire une tranchée de un mètre de profondeur, quatre vingt centimètres de largeur et quatre kilomètres cinq cents de longueur pour préserver les lignes téléphoniques d'un bombardement, car les autres régiments disposaient leurs lignes dans les arbres et quand il fallait réparer, c'était beaucoup plus dangereux.
Vingt quatre lignes sur poteaux et osselets isolateurs, nous n'avions qu'à suivre la tranchée à l'abri des éclats d'obus.

Comme j'avais suivi six mois le peloton d'élèves sous officiers, le capitaine Barthe m'avait inscrit au tableau d'avancement, mais après avoir bien réfléchi, il fallait, étant sous-officier, quitter tous les copains pour une nouvelle affectation. J'ai donc décidé de rester à Soufflenheim
Vie sans grand changement si ce n'est que je faisais le travail de l'officier pour les calculs de tir, c'est à dire que je recevais les sondages (Ballonnets qu'on lâchait). Il fallait donc calculer d'après chaque sorte d'obus, (il y en avait huit), le point exact d'explosion de ce dernier, calculer la vitesse et la direction des vents à toutes les altitudes d'après la trajectoire du projectile, l'état hygrométrique de l'air, la pression barométrique etc. C'était tout un calcul à faire.

Départ rapide de Soufflenheim le 13 Juin 1940. Direction: devant Paris pour sa défense.
Nous n'y comprenions plus rien. Nous ne savions même pas que les allemands étaient passés par la Belgique et avaient envahi le nord de la France.
Embarquement à Valbourg alors que les pièces d'artillerie étaient déjà parties deux jours plus tôt. Attente un jour et une nuit.
Nous prenons une direction inconnue, par trains complets. Il y avait paraît il ce jour là, quarante kilomètres de train.
Nous passons Darney (88), Thaon (88). Grand bombardement par les Italiens sur Epinal avec de nombreux blessés. Il y eu aussi de nombreux blessés et des morts en gare de Remiremont, par les bombardements Italiens également.

Je signalerais la mort de Jeanne Tremsal, Marguerite Rouillon de Ramonchamp et comme blessée Jacqueline Lambotte. Ces trois jeunes filles rentraient de l'école normale de Thaon les Vosges.

Nous arrivons le 16 à 16 heures en gare de Vesoul (70). Surprise de l'attaque allemande par chars et aviation. ( Aucun char français, ni avion). Le 105 tire sur nos convois de chemin de fer, nombreuses victimes parmi les soldats et les civils, femmes et enfants. Beaucoup de camarades tombent autour de moi, dont un a la tête sectionnée par un éclat d'obus. Les projectiles tombent de tous les côtés.
Je me débarrasse de mon équipement et ramasse quelques blessés à qui nous donnons les premiers soins. Je suis projeté à quelques mètres par un obus tombé près de moi. Je me relève sans aucune égratignure.
Je vous jure que cela fait un drôle d'effet. Les civils crient et s'affolent.

Nous remarquons avec le copain Jojo que les tirs allemands évitaient la gare. Alors, sachant ce que c'était qu'un tir puisque je savais faire les calculs de tir, et constatant que les allemands évitaient soigneusement la gare, nous en déduisons qu'il s'y passait quelque chose d'anormal.
Nous allons donc visiter cette gare. Nous étions cinq avec le sous-officier Picot et Mr Payeur que je ne connaissais pas à cette époque. (ce n'est que beaucoup plus tard, en parlant de la fameuse guerre, que j'ai appris qu'il faisait partie du groupe). Il était brigadier forestier et est devenu mon voisin à Ramonchamp par la suite.

Je dois dire que la cinquième colonne était partout. Dans les bistrots, dans les trains, etc.
Nous descendons dans la cave, et surprise, que voyons- nous ? : Le chef de gare ou un employé, ou un de la cinquième colonne, qui communiquait par radio avec les allemands. Il leur indiquait les positions françaises. (ce que l'on nommait la cinquième colonne, ce sont les allemands infiltrés un peu partout en France afin de renseigner les leurs sur les régiments et leurs mouvements ).
Pas de pitié: deux balles dans la tête et destruction du matériel.

Vers 19h00, dispersion du 156 RAP. On ne retrouve ni commandant, ni capitaine, ni officier...
Nous décidons de nous propulser hors du bombardement en direction de Besançon car les trains sont bloqués.
Sur notre route, nous croisons beaucoup de civils affolés, paniqués, qui évacuaient et se rendaient à l'intérieur. Les routes étaient pleines ainsi que les trains.
Que voulions-nous faire?
Nous longeons un train de civils abandonné. Nous entendons des voix sur le ballast, parlant péniblement le français. Des conducteurs ! C'était bien ce que l'on appelait la 5ème colonne.
Nous leur ordonnons de monter sur la locomotive et d'avancer. Devant leur refus, nous les avons exécutés sans autres sommations, car savez-vous que toutes les locomotives étaient immobilisées, sans eau, le fond des réservoirs ayant été percé.

Nous montons à bord d'un Wagon où il y avait encore des civils et nous nous reposons deux heures.
Au réveil nous rencontrons Adrien Auger, de Xertigny, et René Pierron, des gars du régiment.
Nous formons une équipe de cinq et prenons la direction de Baume les Dames (25). Nous nous arrêtons à Rougemontot (25) pour manger devant chez Juste Vichot où une bonne dame, Mme Jeanne Vaucherey, nous apporte un poulet froid et du lapin, que nous nous empressons de dévorer.

Anecdote, entre Vesoul et Baume les Dames, je ne me rappelle plus du lieu exactement, je tombe sur une jeune dame geignant dans le fossé.
A première vue, pas de blessure, mais la forme arrondie de son ventre m'en disait d'avantage. Il fallait trouver une solution, au moins la transporter dans une maison abandonnée à proximité.
Je l'installe sur le lit et fait allumer le feu par les copains afin d'avoir de l'eau bouillie.. Elle était prévoyante car elle avait la valise avec le nécessaire, layette, etc.
Ayant trouvé un savon de Marseille, je me prépare à faire mon premier accouchement.
La voyant inquiète, je la rassure en lui disant que j'étais docteur.. Voyant les douleurs de plus en plus rapprochées, je me prépare à la venue du bébé. Les copains n'en menaient pas large alors je leur demande d'aller sur la rue et de tâcher de me ramener un médecin Major, c'est à dire avec un écusson violet sur l'uniforme.
Un joli petit garçon arrive assez facilement, je fais le nécessaire, le fais crier, ça marche. J'attends encore quelques minutes et me décide à couper le cordon ombilical. Après avoir pincé en deux endroits et sectionné au milieu, je remets le bébé à sa jeune maman non sans l'avoir bien essuyé et enveloppé. A ce moment là arrive un médecin capitaine.
Après la visite médicale d'usage, il se retourne et me demande si j'étais un collègue ou plutôt un confrère.
Je lui réponds: « Oui mon capitaine, dans le civil je suis marchand de bananes.
Quelle ne fut pas sa surprise, mais j'ai ajouté: Dans ma jeunesse j'ai lu beaucoup de livres Larousse que mes grands parents m'avaient offerts ».
Compliments du capitaine après quoi il s'est occupé de faire évacuer la patiente.
Revenons à Rougemontot. Les gens nous disent que les allemands ne sont pas loin et nous prient de rester avec eux. Malgré notre fatigue, nous continuons jusqu'à Baume Les Dames, les pieds en sang.
Le café de la gare nous offre une chambre pour nous reposer mais à 18h30, les motos et convois blindés allemands pénètrent dans la ville avec des drapeaux blancs disant aux civils que l'armistice allait être signé..

Nous quittons la ville à 20h30. Nous marchons et arrivons à 02h30 à Rougemontot. Comme tout le monde était couché, nous entrons dans la grange de Mr Vichot et nous nous étendons sur le foin.
A 06h30, nous sommes réveillés par les gens de la maison. Nous ayant reconnus, ils nous emmènent déjeuner et pansent nos pieds meurtris.
Nous formons trois groupes: Pierron, Auger chez Vichot, Corbière chez Mr Jeandel, Jojo et moi chez Mme Vaucherey.
Ils nous avaient préparé de beaux lits avec de beaux draps blancs.
Nous passons ainsi cinq jours à travailler chez toutes ces bonnes gens, soit dans les champs ou dans les habitations. Nous sommes tout spécialement gâtés par Mme Vacherey que nous appelons dès ce jour « Marraine Jeannette »

Le 21 Juin 1940, nous devons quitter le pays car les allemands approchent et le maire vient lui même nous dire de partir car nous n'avons pas voulu nous mettre en civil, ce qui aurait voulu dire pour nous que nous désertions. Il n'en était pas question.
Nous décidons donc de rejoindre les Vosges et Ramonchamp. Nous nous dirigeons avec carte et boussole dans cette direction.

Le 21 Juin 1940 au soir, nous arrivons à Morchamps (25) où nous passons la nuit dans la grange de Mr et Mme Bouvot, où nous avions été reçus l'avant veille. Le lendemain, fenaison, et ceci pendant trois jours.

Le 24 Juin 1940 à 13h00, départ, car une patrouille allemande arrive au village.
Nous pensions que l'armistice était signé et la guerre terminée. C'est en tout cas ce que nous disaient les allemands. A les entendre, nous allions être démobilisés en direction de l'Alsace. Il fallait donc passer à Rougemont (25) à la Kommandantur.
Arrivés sur les sommets de Gouhelans (25), une mitrailleuse allemande nous envoie quelques rafales qui nous obligent à nous camoufler derrière des meules de foin. Nous agitons un mouchoir blanc, ce qui arrête les tirs et nous rendons au village. Là on nous dit de nous rendre dans la cour de l'école.
A 18h00, une voiture allemande vient nous prendre et nous conduits à Ollans (25) où on se retrouve à trois cents dans un vieux château. On passe la nuit dans le grenier.
Le lendemain, fouille générale, ceinturons, couteaux etc.

Le 25 Juin 1940, nous sommes rassemblés et à pied, nous sommes emmenés jusqu'à Besançon (38 Km).
Arrivée à la caserne Vauban vers 21h, où nous dormons au 4ème étage, à même le plancher.
Heureusement, il me restait ma capote (très chaude) pour me couvrir. Nous passons là trois jours sans nourriture.
Nous touchons le quatrième jour une couverture.
Le 27 Juin 1940 , une boule de pain d'un kilo pour dix et une cuillère de riz dans une gamelle d'eau. Ce régime dura dix jours.
Nous formons une équipe à quatre et rencontrons beaucoup de copains du 156ème Rap.
Je connais pour la première fois de ma vie ce que c'est que la faim. Je retrouve des camarades du pays, Georges Desjardins, Henri Daval, Henri Vanet, l'employé de la gare qui était à Ferdrupt et Pierre ?

Le 5 juillet 1940 nous parvenons à écrire à notre marraine Jeannette qui habite Besançon. Elle avait un pied à terre dans cette ville car elle était secrétaire chez un plombier.
Le lendemain, nous recevions un colis copieux avec un mot nous disant qu'elle ne nous abandonnerait pas et qu'il ne fallait pas se gêner de lui dire ce dont nous avions besoin. Ça nous remonta le moral.
Quelques jours après, je reçois le premier colis de mes parents. Nous partageons même avec les autres qui ne faisaient pas partie de l'équipe.

Le 02 Aout 1940 au matin, on nous emmène à la gare. A 50 par wagon, nous passons à Vesoul où nous avons pu revivre avec émotion les combats et les heures tragiques que nous avions vécues quelques jours auparavant.
Direction Belfort (90) et Colmar (68) où nous arrivons le 2 au soir à 20h30, caserne Tapp où nous sommes enfermés durant quatre jours.
Si nous avions su où nous allions, la caserne aurait bientôt été vide.

Le 6 Aout 1940 à 21h: rassemblement pour un nouveau départ. Nous quittons la caserne à 22h30, direction la gare où nous attendons jusqu'au lendemain pour embarquer dans un train. Arrivée à Strasbourg (67) à 05H30 environ.
Colonne par cinq, nous traversons la ville toujours évacuée où tous les ponts ont sauté. Direction Le Pont de Kehl où nous montons dans un bateau (l'Ostmark), à environ deux mille à deux mille cinq cents bonshommes.

Nous démarrons le 7 Aout 1940 à la borne 312, nous passons Mayence, Coblence, Cologne vers 14h00, borne 993, ce qui fait un bon nombre de kilomètres.
Nous débarquons à Wessel sur le Rhin.
Nous sommes emmenés dans un grand parc où nous attendons 19h pour prendre à nouveau le train, entassés encore une fois à 50 par wagon à bestiaux. Trajet 380 kilomètres.

Nous arrivons en gare de Bathorn le 09 Aout à 7 h du matin.
On arrive peu après dans un grand camp où il fait très froid.
Nous couchons sous des tentes avec une seule couverture
C'est ce que nous appelons le Stalag ou Stamlager.
Nous sommes à même le sol, sur de la paille où nous attrapons pour la première fois des poux de corps.
Le lendemain, Jojo Schuller est appelé, comme Breton, et sont obligés de changer de camp à la grande tristesse de tous car on ne voulait pas se séparer.
Je retrouve G. Desjardins et Pierre de Ferdrupt et nous reformons l'équipe à cinq.
Comme nourriture: Un litre de soupe à midi, autant dire de l'eau, une boule de pain de seigle pour cinq avec un peu de confiture.

Le 13 Aout 1940 , nous passons une nouvelle fois à la fouille, ce qui se traduit pas des heures interminables, nus dans la cour.
Photographie et désinfection, tous les vêtements passent à l'étuve, et nous à la douche.
Le lendemain, travail dans la tourbe et le sable.
Le 22 Aout 1940 à 7h, nous quittons Bathorn et à 19h45 le soir même, nous arrivons à Krefeld stalag VI-J. ( Trajet 250 Km).
J'écris ma deuxième carte à mes parents où je demande un colis car nous avons faim.
On ne se figure pas ce que c'est que la faim, je ne le souhaite à personne.
Nouvelle adresse: RO Kriegefangener N° 23733 Stalag VI-C , Deutchland.
Au camp, Pierre Desjardins, Auger, Pierron me quittent et je reste seul quelques jours, avec le cafard bien sûr.

Départ de Krefeld le 25 Aout 1940 au soir et arrivée à Orsoy aux établissements Thyssen.
Travail dans la mine de houille. Travail très dur: extraction de charbon, chargement des wagonnets etc.
Trois semaines m'ont suffi pour comprendre ce que c'est que le travail de mineur.
J'avais remarqué qu'en cas de maladie on ne revenait jamais au dernier lieu de travail.
Je préviens donc les copains et leur dit de ne pas s'inquiéter car je vais prendre deux cachets de Calomel et un cachet d'aspirine broyé dans du tabac.
Je deviens donc jaune verdâtre et l'aspirine qui agit me fait monter les pulsations à 100 ou 120.
Je fais le mort et on m'évacue le 10 octobre 1940 à l'infirmerie de Krefeld.

Après dix jours de repos, une sentinelle vient me chercher pour repartir au travail, cette fois à Dormagen, dans une sucrerie où je tombe encore une fois au chargement des wagonnets de houille dans la chaufferie des chaudières.
Je me fais une nouvelle fois porter malade et réussi à obtenir un papier qui précise « Leicht Arbeit », c'est à dire « Travaux légers », car je leur ai dit que j'étais bureaucrate dans le civil.
Je passe donc au soutirage à la sortie du sucre au 1er étage de l'usine, (sucre cristallisé, poudre, et glace).
Je profite de la place pour me faire de succulentes tartines de sucre.
C'est alors que je tombe réellement malade. Direction l'infirmerie où les médecins craignent une appendicite, mais au bout de cinq jours, il n'en est rien.
Je retourne donc au travail à la même place et reçois alors la première lettre de mes parents.
J'étais sans nouvelle depuis le 7 Mai.

Le 27 octobre 1940, je reprends courage et le boulot et reçois le lendemain le premier colis de Ramonchamp : Biscottes, pain d'épice, lait, cigarettes, chaussettes etc.

Le 28 octobre1940, après de nombreux remaniements, je quitte la sucrerie et cette fois j'arrive dans une grande usine de machines outils de dénomination SHIESS A.G à Dusseldorf.
Il fallait en effet plus de personnel dans la métallurgie mais avec mon papier de « Leicht Arbeit » j'étais exempté des durs travaux alors je me retrouve placé aux cuisines à faire les peluches.
Effectif 8 hommes avec un chef, Adolphe, ça ne s'invente pas, un vrai nazi.

Le 30 octobre 1940, mon deuxième colis de 5 kg arrive. Les colis sont bien entendu déballés et fouillés par une sentinelle qui ouvre tout, casse les cigarettes.
C'est un mélange insensé que nous touchons par rapport au colis originel.
A compter de cette date là, nombreuses alertes et bombardements.
Les bombes tombent sur la ville de Dusseldorf et font de gros dégâts.
Dans mon souvenir, ce sont de longues nuits sans sommeil et d'angoisse.
Le travail se passe normalement aux cuisines et le chef allemand me demande toujours à l'aider à confectionner le repas. Le commando français est toujours à l'extérieur de l'usine, les prisonniers passent au guichet pour le repas.
Je demande aux copains de confectionner une chaine sans fin actionnée par une manivelle afin d'y déposer les plats et d'accélérer la distribution, ce qui est bien accepté par tous.
Le 21 décembre 1940, le troisième colis arrive. Je travail et mange assez bien. Je ne reçois que peu de courrier et suis dans l'inquiétude car je sais que Ramonchamp est occupé. J'ai un peu le cafard.

Dans la nuit du 27 au 28 mai 1941, il y eu un formidable bombardement sur Dusseldorf qui a duré 1h20. Notre commando l'échappe belle.
Il y a des milliers de morts. Je vous signale que la pointe du jour n'est apparue que vers 15h00 le 28, tellement les fumées couvraient la ville. Il y avait pourtant un soleil éclatant. Ce fut une nuit à devenir fou.
Nous aidions les allemands à charger les victimes sur les camions, emballés dans des sacs de papier, car un corps carbonisé, ça tient parfaitement dans un sac de ciment.
A signaler la fugue de quatre camarades, les frères Grasset et deux autres.
Le lendemain, nous apprenons qu'ils sont repris et retour au stalag. L'évasion est très difficile.

Le 15 juin 1941, je vais chez le dentiste qui m'arrache tout bonnement 4 dents. J'y retourne le 5 juillet pour 5 autres. Tout se passe bien.
On passe du commando 517-A au 517-B. De plus en plus de bombardements, plusieurs usines détruites.

Le 17 juin 1941, nous apprenons que la Russie est entrée en guerre contre l'Allemagne. Des bruits courent sur l'intervention de l'Amérique.

A dater du 17 juin 1941, les alertes se répètent toutes les nuits pendant deux heures de 1h à 3h ou de 1h30 à 3h30 exactement.
On peut se préparer à l'heure et passer à l'abri. Tout le monde est très fatigué.

Le 19 Juin 1941, 15 autres nous quittent pour aller travailler dans les fermes des environs. Nous regrettons deux d'entre eux, Parisse et Escalier, qui étaient vraiment pour moi de bons copains.
Je reste avec Tintin, Grolleau et Raymond.
Nombreux bombardements des anglais. Une bombe de 500 kg tombe à 80 mètres du commando, nombreux dégâts.
La discipline devient plus serrée car les nouvelles du front sont mauvaises.

Le 11 juillet 1941, je reçois un colis avec chaussettes, conserves, cigarettes, fromage et gâteries.

Le 16 juillet 1941, nous apprenons qu'une grande bataille est engagée sur le front Russe: 400 000 hommes en présence. Les allemands qui nous annonçaient toujours des avancées foudroyantes se taisent. Nous pensons qu'ils ont trouvé une importante résistance.
Vie normale jusqu'au 8 novembre 1942. Je commence à organiser et à monter une troupe théâtrale avec recherche de musiciens pour un orchestre.
Le 24 , nous jouons ' « Le père la cloche » et « La Bridge », où j'ai moi même deux rôles dans ces pièces.
Le 25, le fils Fleurot, du Val D'ajol, arrive à mon commando.
Je le gâte comme je peux car c'est un Vosgepatte.
Nous sommes obligés, après les succès obtenus, de rejouer le 30 novembre. Ce sont les autorités allemandes qui nous demandent de rejouer et d'inviter plusieurs commandos. Nous faisons un joli bénéfice.
Pièces exécutées: « Qui a tué », et « l'article 330 » de Courteline.
Nous avons une grande pièce à notre disposition qui peut contenir quatre cents personnes.

Le 3 décembre 1941, distribution des rôles et nouvelles pièces pour les fêtes de Noël.
Nous espérons le même succès car les commandos invités ont promis leur retour.
Nous mettons en route « Les gaietés de l'escadron » pour jouer en février.

Le 6 janvier 1942, deux de mes meilleurs copains sont virés, c'est à dire envoyés au stalag et changés de travail.
J'organise des fêtes le plus possible afin d'améliorer le sort de mes camarades.

Le 5 Février 1942, je reçois un colis de mes parents avec laine spéciale, c'est à dire une lettre au centre de la pelote.

Le 9 février 1942, les camarades font grève, personne ne bouge pour aller au travail.
Causes: Demande d'amélioration de l'ordinaire. Ils ont gain de cause car les trois quart des ouvriers de l'usine sont des Prisonniers de guerre.
Cette même semaine, visite d'un camarade du 156 RAP, Bégin Léon.
En effet, les visites entre copains se produisaient souvent. Il suffisait de demander au poste pour aller d'un commando à l'autre.
Ils détachaient une sentinelle et on pouvait visiter les autres commandos. Nous recevions aussi la visite de civils français, enrôlés dans ce que l'on appelait le STO ( service du travail obligatoire).
Nous disposions des listes des camps et on se recherchait.
A la cuisine, nous sommes toujours cinq hommes. Le chef Allemand devient mauvais car il a reçu sa feuille de route pour partir sur le front russe. A son départ, je suis désigné Chef de cuisine. J'en suis étonné mais plutôt heureux car je prévois que je vais pouvoir améliorer l'ordinaire des copains avec un peu de débrouillardise.
Les prisonniers russes arrivent à l'usine et sont logés à côté de ma cuisine au 1er étage dans un grand dortoir.
Ils sont environ 115.
Nous héritons de trois femmes en cuisine, Nina, Doucia et Slava, des Russes qui étaient employées dans la fonction publique.
Nous nous en accommodons facilement.
J'ai donc à ce moment là, quatre sortes de cuisines à confectionner pour: 115 Russes, 120 Français, 15 soldats pour la garde des Russes et des Français, plus une équipe de 40 civils de nuit.
Nous ne comptons pas les heures de travail. Levés à 6h, couchés à 23h.
J'ai obtenu une chambre accolée à la cuisine, que je partage avec Gaston Ragot, Chef de commando.
Nous faisons également office d'infirmiers et nous avons de nombreux soins à donner aux copains: paille dans les yeux, angines, furoncles, blessures diverses.
Malgré tout ce travail, les samedis et dimanches, les camarades qui allaient au sport me laissaient leur gamelle avec ce qu'ils avaient reçu dans leur colis.
C'est à dire qu'il fallait cuire du riz, des haricots, du lard, confectionner des desserts avec les biscuits, le chocolat, la farine.
J'avais en moyenne 40 à 60 plats à réaliser.
La confiance régnait et quant ils rentraient, tous leur repas étaient distribués, j'avais donc moins de préparations à faire pour le diner.
Ceux qui ne recevaient pas de colis, et il y en avait, étaient intégrés à un groupe et tout le monde était satisfait.
J'ai donc rempli cette tache durant trois longues années sans un jour d’arrêt.
Pour me prouver leur reconnaissance, les copains se sont cotisés et un jour de fête, m'ont offert un bel accordéon chromatique (touches piano et 4 registres) marque Cantulia ( Italie) avec un son formidable.
J'en conserve la photo car à la libération, ce sont les Américains qui me l'ont volé. Ils ne valent pas mieux que les Allemands ceux-là, voyez-vous!.

Entre le 15 et le 30 Mai 1942, de gros bombardements ont eu lieu sur Cologne, Duisbourg, Esen et Dusseldorf.
Début Juin , la population de ces villes se révolte mais la police a bientôt fini par mettre de l'ordre.

Le 10 Juin 1942, nous changeons de commando, il est situé à 500 mètres de l'usine. Deux copains sont virés après quelques histoires.
Cela m'embêtait car nous ne restions plus que deux hommes et les trois femmes russes.
Nous sommes dans un baraquement spécial pour la cuisine et couchons dans une chambre à côté.
Gros bombardement sur la ville.

Le 14, au petit matin, un gros bombardier quadrimoteur anglais, touché par la DCA allemande, vient percuter les maisons à 200 mètres de notre baraquement.
Quelle frayeur et quel bruit avec l'explosion des réservoirs et de son chargement de bombes.
Nous comptons environ 200 morts, autant de blessés et 2000 sans abri.
Cette fois, nous avions eu très peur car nous n'étions pas à l'abri.

Le 15, le sous-officier du commando nous ordonne d'aller à l'abri.
Nous comptons le nombre de bombardements toutes les nuits de 9h à 11h et de 3h à 5h.
48 alertes pour le mois et toujours aux heures exactes.
Les bombes ont détruit les usines et il ne reste plus de Dusseldorf et des autres villes industrielles que des tas de pierres et un tuyau qui indiquait qu'il y avait de la vie dans les caves.
50 de nos camarades ont trouvé la mort dans les différents commandos ainsi qu'un nombre impressionnant de civils allemands.
Nous entendons que la fin de la guerre approche, car les civils deviennent de plus en plus mauvais.

Le 21 Juin 1942, je reçois une lettre de papa m'annonçant le mariage d'Irène qui avait mis « Pentecôte avant Pâques ». Que voulez vous, c'est la vie.
Ma nièce et filleule Janine naîtra le 5 Novembre 1942. C'est une jolie petite fille.

Très gros bombardements la nuit du 15 au 16 et la nuit du 18 Septembre 1942, durant lesquels les dernières maisons ayant résisté jusqu'ici sont complètement rasées. Il y a un gros incendie dans notre usine.
Ce jour là également, je reçois une lettre de mes parents m'informant que Maurice est en Allemagne à Kassel, c'est à dire 5 Km de mon commando.
J'attendais sa visite mais j'ai compris par la suite, m'étant informé sur l'endroit où il travaillait, pourquoi il n'a pas osé venir me voir. Il était volontaire pour aller travailler avec les allemands.
Originaire de la région de Sarreguemine et parlant alsacien, cela lui était facile. J'ai toujours conservé cette histoire pour moi, mais il fallait que l'on sache...

Le 18 Mai 1943, grand bombardement sur Duisbourg, Dresde, Essen, Cologne etc.
Alerte de 16h00 à 5h du matin. Ce n'était pas de la rigolade!

La nuit du 11 au 12 juin 1943 , attaque sur Dusseldorf, Cologne, Coblence, avec parait-il 60 appareils. Jamais de ma vie je n'ai vu pareil bombardement, sans discontinuer pendant 1h40.
Tout ce qui restait de la grande ville de Dusseldorf était rasé, l'usine détruite et tout ce qui l'entourait, sauf la cuisine et notre chambre, c'est à dire un baraquement en bois légèrement disloqué mais facilement réparable, puisque 3 jours plus tard, il n'y paraissait plus rien. Les allemands en étaient même jaloux. C'était incroyable.
Ce qui me remet en mémoire une anecdote qui m'était sortie de l'esprit.
Cela se passait à la cuisine. Cette dernière était fermée à clé et personne ne pouvait y pénétrer.
Pendant que les soupes cuisaient sur les réchauds à gaz, ou cuisinières, dans 2 gros pots au feu bleus, qui contenaient la cuisine des soldats allemands, et après nous être assurés que la porte et le guichet étaient bien clos, on traçait une ligne à approximativement trois mètres des récipients.
Un camarade se tenait auprès de ceux-ci afin de « requiller » avec un torchon et tous en ligne, on envoyait des crachats qui tombaient dans leur soupe.
Un coup de louche et le tour était joué. On marquait même les points.
Pour ce qui était de la margarine, j'attendais la fin de la cuisson et alors que je devais mettre 500g par casserole, je raclais bien le pain de margarine afin qu'il y ait des traces de graisse en surface. Il me restait donc 400g sur 500 que je mettais au frigo pour faire un extra aux copains.
J'entends encore les « Verts de gris » dire : « Schön olive, Gut Prima ». C'était une distraction comme une autre.
Autre anecdote: j'allais au ravitaillement régulier avec mon trolley électrique à ce qu'on appelait la campagne, à l'extérieur de la ville. Je passais devant chez le laitier qui était hollandais et anti-nazi.
Après un coup de klaxon spécial, je passais derrière et ramenais au commando deux cannes (bidons) de lait.
Je lui laissais en échange du chocolat que tous les copains me laissaient au reçu de leurs colis contrôlés par le chef du commando et l'interprète.
Je pouvais ainsi leur préparer une bonne soupe au lait et semoule. Tout le monde se régalait, même les trois gardes qu'il nous restait, afin qu'ils ferment les yeux... et les narines. C'étaient de braves vieux de 14-18.
Le laitier, ces jours là affichait à la devanture à l'intention des civils: « Heute kein milch » (Aujourd'hui, pas de lait). C'était drôle et si ça fait sourire aujourd'hui, à l'époque, ça nous réjouissait énormément.

Le 12 Juillet 1943, nous apprenons que la Sicile est prise par les Américains et que de violents bombardements secouent l'Italie.

Le 12 Aout 1943, gros bombardement sur Essen. Hambourg est rasée en dix attaques successives et en une semaine. Avec la peur d'un débarquement, la discipline se resserre. Nous ne dormons plus et sommes réellement fatigués.

06 Juin 1944, nous apprenons le débarquement des Anglos Américains à l'ouest de la France, en Normandie. C'est alors que le moral remonte chez les prisonniers.

Le 26 Juin 1944 le port de Cherbourg (50) est aux mains des alliés. Grande offensive sur le front Russe. Nous ne recevons plus de nouvelles, plus de colis pendant deux mois.
Dans le courant du mois de juillet, nous apprenons que les Russes vont arriver à la frontière de la Prusse Orientale.

Le 22 Juillet 1944 a lieu l'attentat contre Adolphe Hitler par des officiers de son Etat Major. Il est à peine blessé.
Au commando, tout le monde chante et les gardes n'osent sévir.
La situation devient critique pour eux et on leur fait comprendre, car en dernier nous avions de bons vieux réservistes plutôt compréhensifs.

Le 20 Aout 1944, je suis désigné avec d'autres camarades restant à Dusseldorf, (car il faut préciser que la majorité des prisonniers de guerre étaient évacués à l'intérieur), pour travailler au garage de l'usine.
Je suis donc affecté à la conduite d'un tracteur fonctionnant au gaz de ville.
Sur ce dernier étaient attachées douze bouteilles que je faisais remplir à l'usine à gaz, située à la sortie de Dusseldorf, à environ 6 Kms..
J'étais chargé de conduire des remorques de coke aux usines qui étaient encore susceptibles de marcher. Les réparations étaient rapides après chaque bombardement.

A dater du 26 Aout 1944 nous sommes très heureux de recevoir un colis américain par mois, assez copieux: conserves, chocolats, café, crème de cacahuètes, 10 paquets de cigarettes. Nous fumons alors que les allemands civils n'ont plus rien.
A chacun son tour de regarder l'autre.
On m'a demandé ensuite à conduire une Mercedes flambant neuve, bleu marine, pour transporter les autorités de leur domicile au grand bunker (abri), se situant à 5 km de la ville. Je n'ai pas refusé car j'avais ma petite idée.
Je sentais que je pouvais faire quelque chose pour venir en aide à une dizaine de camarades camouflés dans les ruines d'une habitation.
J'avais repéré que dans ce bunker, il y avait pas mal de ravitaillement. Comme les Américains arrivaient aux frontières allemandes, les grosses légumes en profitaient pour faire des orgies, car il y avait beaucoup de femmes dans cet abri.
Je profitais de mon attente pour remplir le coffre de la voiture de ravitaillement divers; conserves, farine, pain, sucre et cigarettes.
Ces chargements étaient livrés aux copains dans leur cave jusqu'au jour où les Américains sont arrivés de l'autre côté du Rhin, face à Dusseldorf.
J'ai même réussi à partir avec la Mercedes et avais décidé de rentrer en France avec, mais hélas, il en fut autrement.
Les Américains m'ont demandé de conduire cette dernière à leur cantonnement... peinture kaki et adieu voiture.
Arrive pour nous le grand rassemblement dans de grands camps et on attend le retour au pays.
Embarquement dans les GMC américains jusqu'à la frontière française où on nous fait le rituel de la douche et la désinfection.
Là, à la descente du camion, je pose mon accordéon avec ma valise à terre, ayant reconnu un camarade du Thillot.
En me retournant, j'ai aperçu un Américain qui partait avec mon instrument et rien à faire pour le récupérer.

Rentrés en France le 5 mai 1945, nous partons par le train le 10 mai, sur Epinal où m'attendait papa avec Paul Murat, pour me ramener à Ramonchamp, ou plutôt nous ramener, car il a chargé trois autres copains qui allaient dans la même direction.

Papa pleurait naturellement car il ne m'avait vu qu'une fois, en permission depuis 1938, ce qui faisait 7 années d'absence, 7 années de ma jeunesse, fichues en l'air


( ----- Monsieur Olivier ROLLOT s'est éteint le 17 Mars 2009 à l'âge de 91 ans - NDR)








yves philippe
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