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LE THILLOT - SOUVENIRS DE LUCIEN PEDUZZI

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Message par yves philippe Dim 16 Oct 2016 - 16:18

Quand les Allemands sont arrivés en 1940, ils étaient relativement gentils, c'est normal, ils étaient vainqueurs.
Juste avant leur arrivée ma famille s'était réfugiée dans la ferme Grisvard à Couard. Nous étions là quand les ponts et la poudrière ont sauté.
Nous avons eu de la chance que les grosses pierres qui tenaient les tuiles des faîtages de la ferme n'ont fait que glisser sur les tuiles et ne sont pas passées à travers le toit!
Mes souvenirs sont assez vagues, je n'avais que quinze ans.
Quelques années plus tard, quand j'ai eu l'autorisation de sortir, on allait danser au château Lambert en Haute Saône.
Il n'y avait que deux bistrots dans ce village, un tenu par Mme Walsch, une Alsacienne et un second « Chez Joland ».
Les Allemands allaient chez Walsch et nous chez Joland.
Il y a des soirs où ça n'allait pas toujours tout seul entre eux et nous.
Je me souviens d'un soir où un nommé Arnould chantait à tue tête. Un Allemand est venu le voir et lui a dit « Ferme ta gueule » Le nommé Arnould ne s'est pas démonté et a donné une grande gifle au Boche.
Le temps qu'il aille chercher ses copains dans l'autre bistrot, nous sommes allés nous cacher dans la mine qui était encore en activité. Heureusement que des mineurs se trouvaient avec nous


Heureusement aussi que les Boches ne connaissaient pas les boyaux de la mine, ils n'ont pas osé venir nous y chercher.
Après cette affaire les choses se sont calmées. Je me souviens qu'on redescendait au Thillot en évitant la route pour ne pas se faire contrôler. Nous ne passions pas les bois, l'heure du couvre feu était dépassée depuis bien longtemps.

En 1943, j'ai été requis pour le STO mais je ne suis jamais allé à la visite, ce qui fait que je ne suis jamais parti. Les Allemands devaient m'envoyer à Chalons Sur Marne, mais ils m'attendent encore.

Il m'a fallu me cacher et faire attention pendant une bonne année. Un jour, alors qu'on travaillait au Haut du Them, ma tante est venue nous prévenir que les Allemands avaient réuni tous les hommes devant la mairie provisoire du Thillot. Il me semble que c'est à ce moment là que le garage Munsch a été incendié.
Comme nous connaissions pas mal de gens et de commerçants de l'autre côté du Col des Croix, on est resté quelque temps en Haute Saône, sans revenir.

Avec l'arrivée des alliés en 44, il y a eu des bombardements, je crois que le premier civil tué au Thillot, c'était Gaston Ziegler qui était boulanger. Il y eu aussi madame Clément qui a pris un petit éclat d'obus en plein coeur. Elle tenait la « Sanal » au Thillot.
Je crois que c'est aussi à cette occasion qu’Olympe Marchal, de la chapelle des Vés, a perdu un pied.
Un nommé Félix a eu également un pied coupé, comme ce n'était pas le même pied qu'Olympe Marchal et qu'ils avaient à peu près la même pointure, ils s'achetaient une paire de chaussures pour les deux.

En 1944, nous avons été réquisitionnés pour faire des tranchées. Je ne sais pas pourquoi ils nous faisaient faire ça, ces tranchées n'ont servi à rien, je pense que c'était pour nous occuper, tant qu'on faisait ça, on ne faisait pas autre chose.
Je me souviens aussi de ce jour où je travaillais à Belonchamp (70) avec mon oncle et mon frère André. Nous étions en train de réparer un vélo dans une grange.
La porte a été ouverte à grands coups de botte par 3 Allemands. Ils nous ont fait sortir et nous ont mis dos à un mur. Mon frère André a juste eu le temps de se cacher derrière la porte.
Nous sommes restés devant la maison, au moins deux heures de temps, tenus en respect par un Allemand avec un fusil mitrailleur. C'était le jour où les Allemands ont attaqué le maquis de Ternuay.
Après le massacre du maquis, le chef du dispositif a dit au soldat qui nous tenait en respect de quitter les lieux.
Ils ont pris toutes leurs affaires et sont partis sur Lure. Nous croyons bien qu'ils allaient nous embarquer avec eux.

Vers le 17 - 18 octobre 1944, avec Henri Lieffroy, Camille Henri et d'autres nous avons décidé de passer les lignes. A vrai dire, nous étions dix sept jeunes du Thillot à partir cette fois là.
Nous sommes montés de jour au Ménil, puis revenus le long de la forêt du Géhant jusqu'à Morbieux, ensuite nous sommes redescendus sur Saulxures sur Moselotte qui était libéré et où se trouvaient les Goumiers.

Avec mon frère nous sommes descendus sur Epinal. Comme nous étions charpentiers, nous y avons travaillé pour nous faire deux ou trois sous et nous payer le voyage sur Paris où nous avions de la famille, dans l'Aisne.
Lorsque nous sommes revenus au Thillot en Avril 1945, nous avons été surpris de retrouver les tickets de rationnement dont certains ont perduré jusque 1948.

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Message par yves philippe Dim 16 Oct 2016 - 16:19

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