FRESSE SUR MOSELLE - SOUVENIRS D’AIMÉ DUCHANOIS
FOREST :: VALLEE DE LA HAUTE MOSELLE, Rupt sur Moselle à Bussang :: "Recueil de témoignages sur le vécu sous la botte Allemande ( 39-45)
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FRESSE SUR MOSELLE - SOUVENIRS D’AIMÉ DUCHANOIS
Je n'avais que quinze ans lorsqu'en mai 1940, notre famille a décidé de fuir l'avancée ennemie.
Je suis parti avec mon oncle, ma tante et ma cousine, de deux ans de plus que moi.
Comme mon oncle s'était fait réquisitionner sa traction avant par l'armée française, il s'était improvisé chauffeur d''une dame qui travaillait dans les bureaux à la Tannerie.
La fuite vers le sud nous a conduits à Ambérieux en Bugey dans l'Ain où mon oncle avait des amis.
Je pensais qu'on y resterait qu'une semaine ou deux mais en fin de compte, j'y ai passé plus d'un an. J'y ai travaillé pour le compte d'un transporteur qui œuvrait pour le ravitaillement du département. Mes parents quant à eux sont remontés sur les Vosges quelque temps après.
Fin 1941, un appel téléphonique de mes parents nous apprend que nous pouvons revenir au Thillot.
Avec ma cousine, nous avons repris le train et sommes arrivés à Lons le Saunier dans le Jura.
A la descente du train, nous sommes harangués par des passeurs qui cherchaient des clients, en criant à haute voix. » Qui veut passer la ligne? ». Drôle de discrétion!
Parmi eux, je reconnais Eugène Clément, originaire du Thillot.
Les consignes étaient de prendre un car le soir même, lequel nous déposerait dans une ferme à proximité de la ligne.
Ainsi fut fait et vers minuit, guidés par une autre équipe de passeurs, nous avons traversé La Seille, une petite rivière qui constituait cette frontière entre la zone libre et la zone occupée.
Je me souviens que j'étais resté en compagnie d'un vieux prêtre qui avait bien du mal de marcher avec sa soutane.
Nous avons dû franchir le ruisseau sur un tronc de bois qui était couché en travers.
Nous nous sommes retrouvés à Sapois, près de Champagnole et avons passé le reste de la nuit dehors.
Nous avons repris ensuite le train et nous sommes revenus au Thillot. Je n'avais plus de papier d'identité valable puisque ma carte venait d'être refaite en Zone libre.
J'ai repris le travail à la Tannerie Grosjean, en espérant ne pas faire l'objet d'une rafle, puisque certains hommes étaient requis pour aller travailler en Allemagne.
Pour éviter cela, en 1942, je décide de m'engager dans l'armée, le problème était que je n'avais que 17 ans et demi. Je suis donc allé avec ma mère à la gendarmerie du Thillot pour faire un dossier de candidature dans l''aviation.
J'avais choisi de faire une école de mécanicien.
J'ai été incorporé le 20 août 1942 à Orange, puis me suis retrouvé, le 04 septembre, à Uzès dans le Gard où j'ai fait mes trois mois de classe.
Nous occupions une prison désaffectée.
Je me souviens qu'à cet endroit la nourriture était très limitée et le règlement draconien. J'ai fait mes trois mois de classe à cet endroit mais nous avons été délogés par les Boches.
Nous devions théoriquement partir pour l'école de Radio qui se trouvait à Fez au Maroc mais comme la rade de Toulon avait sauté, notre transfert n'a pu se faire.
Nous avons donc été démobilisés. Nous avons fait le trajet à pied jusqu'à Nîmes pour prendre le train avec tout notre barda. Le train était bondé. Comme je ne pouvais plus entrer par la porte, c'est un copain qui m'a fait la courte échelle et je suis entré dans le train par une fenêtre.
Comme il n'y avait pas de place pour s'assoir, j'ai fait le trajet Nimes - Lyon, debout dans le train, nous étions serrés comme des sardines.
Arrivé à Lyon, j'ai pris contact avec nos amis d'Ambérieux en Bugey dans l'Ain pour leur expliquer ma situation. Je n'arrivais même plus à marcher, je souffrais d'anthrax aux pieds.
J'ai repris le train et suis allé chez les Dupont, à Ambérieux qui m'ont hébergé un temps.
Ensuite, une fois guéri, je suis revenu au Thillot, mes papiers militaires m'y autorisant.
Un beau jour de juillet 1944, les Allemands ont encerclé le Thillot et ont obligé tous les hommes à se réunir au parc Bluche.
Un Officier allemand, qui était en fait un Autrichien, a pris la parole et nous a mis en garde sur notre comportement.
Je me souviens qu'il nous a dit qu'il ne voulait pas être méchant avec nous et qu'il comptait bien pouvoir venir boire une bière au café du Commerce avec nous après la guerre.
Ce rassemblement faisait visiblement suite à la marche des maquisards en pleine journée le 14 juillet au Thillot.
Cette situation ne m'a pas trop plu et j'ai pris la décision de rejoindre le maquis. Je connaissais bien Paul Claudel qui était chef de maquis de Bussang, puisqu'il avait demeuré pas loin de chez nous.
Fin juillet 1944, poussé par un copain, Marcel Grosdemange qui était au maquis, avec Bernard Louis également du Thillot, nous prenons la direction du maquis du Peu Haut. Arrivés au Peu Haut, ce maquis étant au complet, nous sommes orientés sur le maquis du Séchenat à Bussang où nous sommes restés jusqu'à sa dissolution.
On m'appelait déjà Toto, donc c'est resté mon surnom au maquis. Le cuistot était un Bressaud, il s'appelait Henri Géhin, on le surnommait Jules. Il était secondé par le nommé Sur, un ferblantier de Bussang.
Nous avons assisté à plusieurs parachutages au terrain de la Kinsmuss, terrain qui servait également au maquis du Peu Haut. Le dernier parachutage s'est mal déroulé, nous n'avons pas pu tout emporter et ce sont les Boches qui ont récupéré une partie du matériel.
A part cela, nos missions se limitaient à des patrouilles, à des gardes, à un peu d'entraînement militaire et à la manipulation des armes. C'est là que j'ai fait la connaissance des Russes, Alexis Fomin et Serge Michailov, lesquels s'étaient échappés du tunnel de Bussang où ils étaient fait prisonniers.
Après leur évasion, ils étaient passés par le maquis du Peu Haut avant de revenir à celui de Bussang.
Au maquis du Séchenat, les choses se passaient assez calmement mais nous ne savions pas que les Boches nous espionnaient depuis le Drumont. Toutefois, ils ne pouvaient apercevoir depuis là- haut qu'une toute petite partie de nos effectifs et de nos activités.
Le 08 septembre 1944, les sentinelles ont informé les responsables de maquis que les Allemands se dirigeaient sur nous.
Le dispositif de protection a été mis en place et je me suis retrouvé en poste avec cinq hommes, en bordure de chemin.
Se trouvaient avec moi Henri Géhin, Gilbert Vannson de St Maurice, le Belge D'Autremont et deux autres FFI, peut être originaires d'Uzemain et qui venaient déjà d''un autre maquis.
Nous devions surveiller ce qui venait du bas. Nous devions siffler dans une douille de fusil pour donner l'alerte.
Alors que le maquis allait être attaqué, un ordre de repli a été donné sans qu'on en soit informé. Nous avons alors été pris sous le feu des Allemands . Le FFI d'Autremont, a été atteint d' 'une balle au ventre.
Un miracle s'est produit puisque le brouillard et une forte pluie se sont soudainement abattus sur nous. Les Boches n'ont pas osé s'aventurer plus en avant et j'ai pu faire un brancard de fortune avec ma capote.
Avec mes compagnons nous avons transporté le blessé jusqu'au maquis où nous avons retrouvé quelques égarés. Dans la nuit les maquisards sont revenus au campement et nous avons décidé de décrocher.
Avec un plan de table nous avons confectionné un brancard plus rigide et sommes redescendus sur Bussang.
Il ne faisait pas encore jour lorsque nous sommes arrivés, toujours avec notre blessé, au Pont du Séchenat. Nous avons été surpris par une patrouille allemande, laquelle a eu aussi peur que nous. Nous n'avons pas eu le temps de nous cacher, et de toute façon, les deux mulets blancs qui se trouvaient avec nous étaient difficilement dissimulables.
Nous avons alors pris la direction de La Hutte où Paul Claudel a fait déposer le blessé chez une de ses connaissances.
Nous nous sommes reposés un peu à La Hutte mais comme l' 'alerte avait été donnée, nous avons subi une nouvelle attaque qui nous a obligés à nous replier vers les dessus du Ménil.
Paul Claudel a été coincé par les Boches et le commandement du maquis a été repris par le nommé Ferry.
Nous nous sommes tous retrouvés dans la ferme « d''Alphonse Palatte » ( Alphonse Valdenaire, qui demeurait aux Huttes du Ménil – Ndr) et dominions le Col du Ménil où nous apercevions les convois allemands. On regardait également des avions qui se battaient au dessus du ballon d'Alsace.
Nous étions encore au moins 80 à ce moment là dans le grenier de cette ferme.
Suite à un incident de manipulation d'une mitraillette Sten par un gars de Mirecourt, qu'on surnommait “Boussole”, le Russe Alexis Fomin a été blessé au bras. Mme Vitou, qui faisait partie de la résistance est venue là- haut pour le soigner.
Comme c'était une voisine de mes parents, nous nous sommes bien reconnus mais nous n'avons pas fait de semblant.
Nous étions vers le 11 septembre 1944 et Ferry nous a informés que nous allions être renforcés par des Russes, initialement enrôlés avec les Boches.
Comme nous n'avions pas confiance nous avons décidé de quitter le maquis, certains ont rejoint le maquis de la piquante pierre, d'autres sont revenus à la vie civile comme moi.
Avec un gars du Haut du Them et Pierrot Valdenaire du Thillot, nous sommes redescendus sur le Ménil, puis le Thillot, portant nos couvertures et notre barda.
Nous avons fait ça en plein jour, ce qui n'était pas très discret de notre part., j'en conviens.
Aujourd'hui, quand je repense à tous ces chargés de famille, comme Albert Grisvard, Charles Rivat, Paul Claudel, Clarles Antoine, il fallait quand même que ce soit des hommes solides mentalement et physiquement et courageux pour prendre les risques qu'ils ont pris afin d'alimenter et gérer les maquis.
Ce n'était pas seulement leur vie qu'ils mettaient en jeu, mais aussi celle de leurs familles. On peut les admirer car ils le méritent vraiment alors que d'autres ont eu des honneurs alors qu'ils avaient gagné des ronds facilement en faisant du marché noir sur le dos de la population.
Une fois revenu au Thillot, j'ai alors pris contact avec Cécile Valence, la secrétaire de Mairie qui m'a donné des tickets de pain, en douce.
Je suis revenu à la maison, au 33 rue de la Gare au Thillot où un poste de secours avait été aménagé dans la cave.
Je me suis donc mis à disposition pour aller chercher les blessés sur le Thillot et les conduire dans un premier temps dans cette petite infirmerie improvisée puis à l'hôpital du Thillot où le docteur Bralet, coupait les bras, coupait les jambes afin de tenter de sauver des vies.
Lorsque les blessés se trouvaient sur le secteur de la Courbe, il nous fallait traverser La Moselle dans le cours d'eau puisque les ponts étaient sautés.
La situation devenant critique pour les hommes, nous avons su que nous avions la possibilité de passer les lignes pour nous retrouver en zone libre puisque le bas de la vallée était libéré jusqu'à Ferdrupt.
J'ai donc quitté le Thillot et me suis retrouvé pour quelques jours à Remiremont. Nous dormions dans la salle des fêtes.
Ensuite, je suis parti sur Thaon les Vosges.
A cet endroit, je suis allé à la Gendarmerie afin de savoir où en était mon dossier d'engagement que j'avais déposé deux ans plus tôt à le Gendarmerie du Thillot.
Je suis revenu au Thillot une fois que le village a été libéré et j'ai reçu ma feuille d'incorporation début décembre 1944.
Je me suis retrouvé au service sanitaire dans l' 'aviation à Dijon puis Luxeuil puis Colmar puis Strasbourg-Henzheim
Comme le ministère des armées n'avait pas trouvé assez de bonshommes pour aller en Indochine, je me suis retrouvé à Marseille, embarqué sur un bateau avec peut être deux mille autres soldats, et direction l' 'Indochine alors que je n'avais jamais fait acte de volontariat.
Je suis parti avec mon oncle, ma tante et ma cousine, de deux ans de plus que moi.
Comme mon oncle s'était fait réquisitionner sa traction avant par l'armée française, il s'était improvisé chauffeur d''une dame qui travaillait dans les bureaux à la Tannerie.
La fuite vers le sud nous a conduits à Ambérieux en Bugey dans l'Ain où mon oncle avait des amis.
Je pensais qu'on y resterait qu'une semaine ou deux mais en fin de compte, j'y ai passé plus d'un an. J'y ai travaillé pour le compte d'un transporteur qui œuvrait pour le ravitaillement du département. Mes parents quant à eux sont remontés sur les Vosges quelque temps après.
Fin 1941, un appel téléphonique de mes parents nous apprend que nous pouvons revenir au Thillot.
Avec ma cousine, nous avons repris le train et sommes arrivés à Lons le Saunier dans le Jura.
A la descente du train, nous sommes harangués par des passeurs qui cherchaient des clients, en criant à haute voix. » Qui veut passer la ligne? ». Drôle de discrétion!
Parmi eux, je reconnais Eugène Clément, originaire du Thillot.
Les consignes étaient de prendre un car le soir même, lequel nous déposerait dans une ferme à proximité de la ligne.
Ainsi fut fait et vers minuit, guidés par une autre équipe de passeurs, nous avons traversé La Seille, une petite rivière qui constituait cette frontière entre la zone libre et la zone occupée.
Je me souviens que j'étais resté en compagnie d'un vieux prêtre qui avait bien du mal de marcher avec sa soutane.
Nous avons dû franchir le ruisseau sur un tronc de bois qui était couché en travers.
Nous nous sommes retrouvés à Sapois, près de Champagnole et avons passé le reste de la nuit dehors.
Nous avons repris ensuite le train et nous sommes revenus au Thillot. Je n'avais plus de papier d'identité valable puisque ma carte venait d'être refaite en Zone libre.
J'ai repris le travail à la Tannerie Grosjean, en espérant ne pas faire l'objet d'une rafle, puisque certains hommes étaient requis pour aller travailler en Allemagne.
Pour éviter cela, en 1942, je décide de m'engager dans l'armée, le problème était que je n'avais que 17 ans et demi. Je suis donc allé avec ma mère à la gendarmerie du Thillot pour faire un dossier de candidature dans l''aviation.
J'avais choisi de faire une école de mécanicien.
J'ai été incorporé le 20 août 1942 à Orange, puis me suis retrouvé, le 04 septembre, à Uzès dans le Gard où j'ai fait mes trois mois de classe.
Nous occupions une prison désaffectée.
Je me souviens qu'à cet endroit la nourriture était très limitée et le règlement draconien. J'ai fait mes trois mois de classe à cet endroit mais nous avons été délogés par les Boches.
Nous devions théoriquement partir pour l'école de Radio qui se trouvait à Fez au Maroc mais comme la rade de Toulon avait sauté, notre transfert n'a pu se faire.
Nous avons donc été démobilisés. Nous avons fait le trajet à pied jusqu'à Nîmes pour prendre le train avec tout notre barda. Le train était bondé. Comme je ne pouvais plus entrer par la porte, c'est un copain qui m'a fait la courte échelle et je suis entré dans le train par une fenêtre.
Comme il n'y avait pas de place pour s'assoir, j'ai fait le trajet Nimes - Lyon, debout dans le train, nous étions serrés comme des sardines.
Arrivé à Lyon, j'ai pris contact avec nos amis d'Ambérieux en Bugey dans l'Ain pour leur expliquer ma situation. Je n'arrivais même plus à marcher, je souffrais d'anthrax aux pieds.
J'ai repris le train et suis allé chez les Dupont, à Ambérieux qui m'ont hébergé un temps.
Ensuite, une fois guéri, je suis revenu au Thillot, mes papiers militaires m'y autorisant.
Un beau jour de juillet 1944, les Allemands ont encerclé le Thillot et ont obligé tous les hommes à se réunir au parc Bluche.
Un Officier allemand, qui était en fait un Autrichien, a pris la parole et nous a mis en garde sur notre comportement.
Je me souviens qu'il nous a dit qu'il ne voulait pas être méchant avec nous et qu'il comptait bien pouvoir venir boire une bière au café du Commerce avec nous après la guerre.
Ce rassemblement faisait visiblement suite à la marche des maquisards en pleine journée le 14 juillet au Thillot.
Cette situation ne m'a pas trop plu et j'ai pris la décision de rejoindre le maquis. Je connaissais bien Paul Claudel qui était chef de maquis de Bussang, puisqu'il avait demeuré pas loin de chez nous.
Fin juillet 1944, poussé par un copain, Marcel Grosdemange qui était au maquis, avec Bernard Louis également du Thillot, nous prenons la direction du maquis du Peu Haut. Arrivés au Peu Haut, ce maquis étant au complet, nous sommes orientés sur le maquis du Séchenat à Bussang où nous sommes restés jusqu'à sa dissolution.
On m'appelait déjà Toto, donc c'est resté mon surnom au maquis. Le cuistot était un Bressaud, il s'appelait Henri Géhin, on le surnommait Jules. Il était secondé par le nommé Sur, un ferblantier de Bussang.
Nous avons assisté à plusieurs parachutages au terrain de la Kinsmuss, terrain qui servait également au maquis du Peu Haut. Le dernier parachutage s'est mal déroulé, nous n'avons pas pu tout emporter et ce sont les Boches qui ont récupéré une partie du matériel.
A part cela, nos missions se limitaient à des patrouilles, à des gardes, à un peu d'entraînement militaire et à la manipulation des armes. C'est là que j'ai fait la connaissance des Russes, Alexis Fomin et Serge Michailov, lesquels s'étaient échappés du tunnel de Bussang où ils étaient fait prisonniers.
Après leur évasion, ils étaient passés par le maquis du Peu Haut avant de revenir à celui de Bussang.
Au maquis du Séchenat, les choses se passaient assez calmement mais nous ne savions pas que les Boches nous espionnaient depuis le Drumont. Toutefois, ils ne pouvaient apercevoir depuis là- haut qu'une toute petite partie de nos effectifs et de nos activités.
Le 08 septembre 1944, les sentinelles ont informé les responsables de maquis que les Allemands se dirigeaient sur nous.
Le dispositif de protection a été mis en place et je me suis retrouvé en poste avec cinq hommes, en bordure de chemin.
Se trouvaient avec moi Henri Géhin, Gilbert Vannson de St Maurice, le Belge D'Autremont et deux autres FFI, peut être originaires d'Uzemain et qui venaient déjà d''un autre maquis.
Nous devions surveiller ce qui venait du bas. Nous devions siffler dans une douille de fusil pour donner l'alerte.
Alors que le maquis allait être attaqué, un ordre de repli a été donné sans qu'on en soit informé. Nous avons alors été pris sous le feu des Allemands . Le FFI d'Autremont, a été atteint d' 'une balle au ventre.
Un miracle s'est produit puisque le brouillard et une forte pluie se sont soudainement abattus sur nous. Les Boches n'ont pas osé s'aventurer plus en avant et j'ai pu faire un brancard de fortune avec ma capote.
Avec mes compagnons nous avons transporté le blessé jusqu'au maquis où nous avons retrouvé quelques égarés. Dans la nuit les maquisards sont revenus au campement et nous avons décidé de décrocher.
Avec un plan de table nous avons confectionné un brancard plus rigide et sommes redescendus sur Bussang.
Il ne faisait pas encore jour lorsque nous sommes arrivés, toujours avec notre blessé, au Pont du Séchenat. Nous avons été surpris par une patrouille allemande, laquelle a eu aussi peur que nous. Nous n'avons pas eu le temps de nous cacher, et de toute façon, les deux mulets blancs qui se trouvaient avec nous étaient difficilement dissimulables.
Nous avons alors pris la direction de La Hutte où Paul Claudel a fait déposer le blessé chez une de ses connaissances.
Nous nous sommes reposés un peu à La Hutte mais comme l' 'alerte avait été donnée, nous avons subi une nouvelle attaque qui nous a obligés à nous replier vers les dessus du Ménil.
Paul Claudel a été coincé par les Boches et le commandement du maquis a été repris par le nommé Ferry.
Nous nous sommes tous retrouvés dans la ferme « d''Alphonse Palatte » ( Alphonse Valdenaire, qui demeurait aux Huttes du Ménil – Ndr) et dominions le Col du Ménil où nous apercevions les convois allemands. On regardait également des avions qui se battaient au dessus du ballon d'Alsace.
Nous étions encore au moins 80 à ce moment là dans le grenier de cette ferme.
Suite à un incident de manipulation d'une mitraillette Sten par un gars de Mirecourt, qu'on surnommait “Boussole”, le Russe Alexis Fomin a été blessé au bras. Mme Vitou, qui faisait partie de la résistance est venue là- haut pour le soigner.
Comme c'était une voisine de mes parents, nous nous sommes bien reconnus mais nous n'avons pas fait de semblant.
Nous étions vers le 11 septembre 1944 et Ferry nous a informés que nous allions être renforcés par des Russes, initialement enrôlés avec les Boches.
Comme nous n'avions pas confiance nous avons décidé de quitter le maquis, certains ont rejoint le maquis de la piquante pierre, d'autres sont revenus à la vie civile comme moi.
Avec un gars du Haut du Them et Pierrot Valdenaire du Thillot, nous sommes redescendus sur le Ménil, puis le Thillot, portant nos couvertures et notre barda.
Nous avons fait ça en plein jour, ce qui n'était pas très discret de notre part., j'en conviens.
Aujourd'hui, quand je repense à tous ces chargés de famille, comme Albert Grisvard, Charles Rivat, Paul Claudel, Clarles Antoine, il fallait quand même que ce soit des hommes solides mentalement et physiquement et courageux pour prendre les risques qu'ils ont pris afin d'alimenter et gérer les maquis.
Ce n'était pas seulement leur vie qu'ils mettaient en jeu, mais aussi celle de leurs familles. On peut les admirer car ils le méritent vraiment alors que d'autres ont eu des honneurs alors qu'ils avaient gagné des ronds facilement en faisant du marché noir sur le dos de la population.
Une fois revenu au Thillot, j'ai alors pris contact avec Cécile Valence, la secrétaire de Mairie qui m'a donné des tickets de pain, en douce.
Je suis revenu à la maison, au 33 rue de la Gare au Thillot où un poste de secours avait été aménagé dans la cave.
Je me suis donc mis à disposition pour aller chercher les blessés sur le Thillot et les conduire dans un premier temps dans cette petite infirmerie improvisée puis à l'hôpital du Thillot où le docteur Bralet, coupait les bras, coupait les jambes afin de tenter de sauver des vies.
Lorsque les blessés se trouvaient sur le secteur de la Courbe, il nous fallait traverser La Moselle dans le cours d'eau puisque les ponts étaient sautés.
La situation devenant critique pour les hommes, nous avons su que nous avions la possibilité de passer les lignes pour nous retrouver en zone libre puisque le bas de la vallée était libéré jusqu'à Ferdrupt.
J'ai donc quitté le Thillot et me suis retrouvé pour quelques jours à Remiremont. Nous dormions dans la salle des fêtes.
Ensuite, je suis parti sur Thaon les Vosges.
A cet endroit, je suis allé à la Gendarmerie afin de savoir où en était mon dossier d'engagement que j'avais déposé deux ans plus tôt à le Gendarmerie du Thillot.
Je suis revenu au Thillot une fois que le village a été libéré et j'ai reçu ma feuille d'incorporation début décembre 1944.
Je me suis retrouvé au service sanitaire dans l' 'aviation à Dijon puis Luxeuil puis Colmar puis Strasbourg-Henzheim
Comme le ministère des armées n'avait pas trouvé assez de bonshommes pour aller en Indochine, je me suis retrouvé à Marseille, embarqué sur un bateau avec peut être deux mille autres soldats, et direction l' 'Indochine alors que je n'avais jamais fait acte de volontariat.
yves philippe- MODERATEUR
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Date d'inscription : 28/12/2010
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