SAINT MAURICE SUR MOSELLE - SOUVENIRS DE GABRIEL PERRY
FOREST :: VALLEE DE LA HAUTE MOSELLE, Rupt sur Moselle à Bussang :: "Recueil de témoignages sur le vécu sous la botte Allemande ( 39-45)
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SAINT MAURICE SUR MOSELLE - SOUVENIRS DE GABRIEL PERRY
A la déclaration de guerre, j'habitais aux Charbonniers. Lors de la débâcle mon père est parti dans le Sud, il est revenu quelques mois plus tard comme la plupart des hommes.
Moi j'avais 16 ans, j'allais au bois avec une paire de bœufs. Je travaillais en forêt depuis l'âge de 11 ans.
En 1943, tous les postes de radios ont été confisqués afin de couper la population des idées patriotes.
A la maison, nous avions fait un double fond dans la caisse à bois. Nous avions caché le poste en dessous, protégé par une planche, laquelle était dissimulée par quelques morceaux de bois.
Début Octobre 1944, j'ai fais partie des gens, avec mon père, qui ont été appelés à se rassembler sur la place du village par les allemands.
Ce jour là, le hasard a fait que j'ai été désigné pour monter une perforeuse aux Tertres où tous les hommes du coin étaient requis pour faire des trous individuels et des tranchées. De ce fait là, je n'ai fais que contourner la place du village avec mes bœufs et ma charrette, ce qui m'a peut être évité d'être déporté en Allemagne.
Le lendemain je suis allé charger du bois à la scierie Chenini afin de le monter au Ballon où les Boches construisaient des casemates. Arrivé la haut, nous avons été arrosés par l'aviation alliée qui visait les casemates. Les Boches se sont enfuis et certains se sont réfugiés dans les fermes les plus proches.
Les trois avions ont lancé des bombes incendiaires. L'une d'entre elles a enflammé la ferme Staffler.
Une autre fois les allemands avaient besoin de cinq paires de bœufs pour transporter des armes au ballon.
J'ai envoyé mon frère chez Lindecker, un voisin afin qu'il prépare ses bœufs. Un Allemand est parti avec lui.
Manque de chance, lorsqu'ils sont arrivés chez Lindecker, ils sont rentrés dans la maison alors que les gens du maquis s'y trouvaient.
L'allemand a trouvé drôle mais il n'a pas bronché. Plus tard il m'a demandé: “beaucoup homme la haut!”. Je lui ai répondu : “Oui, grande famille!”.
Le soir, nous avons fais un convois avec nos deux paires de bœufs, celle de Lindecker, celle de Marcel Grisvard et celle de mon grand père. Nous sommes allés au village chez le garde forestier Botton où nous avons passé la nuit à surveiller les bœufs parce qu'ils ne s'entendaient pas entre eux.
Le lendemain matin, nous avons attelé les bœufs devant les chevaux des allemands, lesquels n'étaient pas assez forts pour monter les voitures d'armes en haut du Ballon.
Comme les charrettes étaient recouvertes de bâches, nous n'avons pas su ce qu'elles transportaient
L'allemand qui nous escortait n'était pas fier, il avait peur que le convoi soit attaqué. Il a surement eu le doute en voyant tous les hommes chez Lindecker, mais au final il n'a rien dit et il n'y a pas eu de problème.
A chaque fois nos voyages étaient réglementés par des Ausweiss qu'il fallait montrer à chaque contrôle.
Une autre fois j'étais allé chercher le fourneau du garde champêtre pour le monter aux Charbonniers. J'ai été contrôlé par un Boche en civil. Il cherchait après le nommé Théodule Grosjean
Je lui ai montré ma pile de laissez passer et il m'a dit que je pouvais y aller mais qu'il allait se renseigner sur mes activités. Heureusement qu'il n'a pas vu mon sac qui était plein de ravitaillement au cas où il aurait fallu m'enfuir. Il aurait pu croire que je ravitaillais le maquis.
J'ai bien senti la pression qu'il me mettais, comme j'avais vingt ans, j'ai pensé qu'il était préférable de disparaître avant qu'ils ne m'embarquent.
Avec Maurice Poirot de Bussang qui s'était réfugié chez nous, nous sommes allés nous cacher jusqu'au 28 octobre, dans la forêt, à La Conche, près du tremplin de Bussang où nous avions une coupe de bois.
Le 28 Octobre, nous sommes redescendus au ravitaillement vers minuit, une heure du matin. Nous sommes rentrés chez moi, par un larmier de cave. Ça avait été difficile d'approcher discrètement avec nos souliers à clous.
Nous avons récupéré le ravitaillement que ma mère avait préparé et nous avons décidé de passer les lignes.
Nous sommes partis à vélo, accompagné d'un Lorenzi, espacés de plusieurs centaines de mètres afin de ne pas laisser croire que nous étions ensemble.
Par la route, nous sommes allés jusqu'au Ménil, puis, depuis la cabane des Italiens, avons rejoints Morbieux. Entre ces deux points, les Tabors nous sont tombés dessus par surprise, on ne faisait plus les malins.
De Morbieux, nous avons été conduits, à bord de Jeep, jusqu'à Ferdrupt où nous avons été interrogés par les soldats Français.
Comme je connaissais toutes les positions Allemandes, j'ai pu les positionner exactement sur leurs cartes, notamment l'emplacement des trois pièces d'artillerie allemandes qui étaient positionnées près de l'école de St Maurice
Ces positions ont donc été prises pour cible le jour de la Tousaint.
Je suis allé ensuite chez un de mes oncles à Dommartin les Remiremont et suis revenu à St Maurice le 28 Novembre. Le village était libéré depuis deux jours.
Dans les jours qui ont suivi j'ai servi d'éclaireur et d'indicateur au soldats du 1er régiment du Morvan qui participaient à la libération des Vosges.
Je présentais l'avantage de bien connaître le terrain, ce qui était un atout pour aller débusquer l'ennemi.
C'est ainsi que je les ai guidé, du côté de la Cuisine du diable, la tête des Bluets.
J'ai vu un soldat mourir devant moi alors qu'il avait été pris pour cible par les Allemands qui se trouvaient au refuge du Rouge Gazon.
Cette affaire là a duré une bonne semaine, à jouer à cache cache avec les balles, heureusement que notre jeunesse et notre désinvolture jouaient en notre faveur.
Moi j'avais 16 ans, j'allais au bois avec une paire de bœufs. Je travaillais en forêt depuis l'âge de 11 ans.
En 1943, tous les postes de radios ont été confisqués afin de couper la population des idées patriotes.
A la maison, nous avions fait un double fond dans la caisse à bois. Nous avions caché le poste en dessous, protégé par une planche, laquelle était dissimulée par quelques morceaux de bois.
Début Octobre 1944, j'ai fais partie des gens, avec mon père, qui ont été appelés à se rassembler sur la place du village par les allemands.
Ce jour là, le hasard a fait que j'ai été désigné pour monter une perforeuse aux Tertres où tous les hommes du coin étaient requis pour faire des trous individuels et des tranchées. De ce fait là, je n'ai fais que contourner la place du village avec mes bœufs et ma charrette, ce qui m'a peut être évité d'être déporté en Allemagne.
Le lendemain je suis allé charger du bois à la scierie Chenini afin de le monter au Ballon où les Boches construisaient des casemates. Arrivé la haut, nous avons été arrosés par l'aviation alliée qui visait les casemates. Les Boches se sont enfuis et certains se sont réfugiés dans les fermes les plus proches.
Les trois avions ont lancé des bombes incendiaires. L'une d'entre elles a enflammé la ferme Staffler.
Une autre fois les allemands avaient besoin de cinq paires de bœufs pour transporter des armes au ballon.
J'ai envoyé mon frère chez Lindecker, un voisin afin qu'il prépare ses bœufs. Un Allemand est parti avec lui.
Manque de chance, lorsqu'ils sont arrivés chez Lindecker, ils sont rentrés dans la maison alors que les gens du maquis s'y trouvaient.
L'allemand a trouvé drôle mais il n'a pas bronché. Plus tard il m'a demandé: “beaucoup homme la haut!”. Je lui ai répondu : “Oui, grande famille!”.
Le soir, nous avons fais un convois avec nos deux paires de bœufs, celle de Lindecker, celle de Marcel Grisvard et celle de mon grand père. Nous sommes allés au village chez le garde forestier Botton où nous avons passé la nuit à surveiller les bœufs parce qu'ils ne s'entendaient pas entre eux.
Le lendemain matin, nous avons attelé les bœufs devant les chevaux des allemands, lesquels n'étaient pas assez forts pour monter les voitures d'armes en haut du Ballon.
Comme les charrettes étaient recouvertes de bâches, nous n'avons pas su ce qu'elles transportaient
L'allemand qui nous escortait n'était pas fier, il avait peur que le convoi soit attaqué. Il a surement eu le doute en voyant tous les hommes chez Lindecker, mais au final il n'a rien dit et il n'y a pas eu de problème.
A chaque fois nos voyages étaient réglementés par des Ausweiss qu'il fallait montrer à chaque contrôle.
Une autre fois j'étais allé chercher le fourneau du garde champêtre pour le monter aux Charbonniers. J'ai été contrôlé par un Boche en civil. Il cherchait après le nommé Théodule Grosjean
Je lui ai montré ma pile de laissez passer et il m'a dit que je pouvais y aller mais qu'il allait se renseigner sur mes activités. Heureusement qu'il n'a pas vu mon sac qui était plein de ravitaillement au cas où il aurait fallu m'enfuir. Il aurait pu croire que je ravitaillais le maquis.
J'ai bien senti la pression qu'il me mettais, comme j'avais vingt ans, j'ai pensé qu'il était préférable de disparaître avant qu'ils ne m'embarquent.
Avec Maurice Poirot de Bussang qui s'était réfugié chez nous, nous sommes allés nous cacher jusqu'au 28 octobre, dans la forêt, à La Conche, près du tremplin de Bussang où nous avions une coupe de bois.
Le 28 Octobre, nous sommes redescendus au ravitaillement vers minuit, une heure du matin. Nous sommes rentrés chez moi, par un larmier de cave. Ça avait été difficile d'approcher discrètement avec nos souliers à clous.
Nous avons récupéré le ravitaillement que ma mère avait préparé et nous avons décidé de passer les lignes.
Nous sommes partis à vélo, accompagné d'un Lorenzi, espacés de plusieurs centaines de mètres afin de ne pas laisser croire que nous étions ensemble.
Par la route, nous sommes allés jusqu'au Ménil, puis, depuis la cabane des Italiens, avons rejoints Morbieux. Entre ces deux points, les Tabors nous sont tombés dessus par surprise, on ne faisait plus les malins.
De Morbieux, nous avons été conduits, à bord de Jeep, jusqu'à Ferdrupt où nous avons été interrogés par les soldats Français.
Comme je connaissais toutes les positions Allemandes, j'ai pu les positionner exactement sur leurs cartes, notamment l'emplacement des trois pièces d'artillerie allemandes qui étaient positionnées près de l'école de St Maurice
Ces positions ont donc été prises pour cible le jour de la Tousaint.
Je suis allé ensuite chez un de mes oncles à Dommartin les Remiremont et suis revenu à St Maurice le 28 Novembre. Le village était libéré depuis deux jours.
Dans les jours qui ont suivi j'ai servi d'éclaireur et d'indicateur au soldats du 1er régiment du Morvan qui participaient à la libération des Vosges.
Je présentais l'avantage de bien connaître le terrain, ce qui était un atout pour aller débusquer l'ennemi.
C'est ainsi que je les ai guidé, du côté de la Cuisine du diable, la tête des Bluets.
J'ai vu un soldat mourir devant moi alors qu'il avait été pris pour cible par les Allemands qui se trouvaient au refuge du Rouge Gazon.
Cette affaire là a duré une bonne semaine, à jouer à cache cache avec les balles, heureusement que notre jeunesse et notre désinvolture jouaient en notre faveur.
yves philippe- MODERATEUR
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