CORNIMONT - Bataille du Haut du Faing
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CORNIMONT - Bataille du Haut du Faing
6e R.T.M. "Sans Peur et sans Pitié"
(La libération de la France: 14 septembre 1944 - 8 mai 1945)
Front du Haut du Faing : 12 - 28 octobre 1944 prés de CORNIMONT dans les VOSGES
Le 6e RTM, détaché provisoirement de la 4e DMM, est "prêté" à la 3e DIA. Il forme un groupement tactique ou combat command, le CT2/4e DMM, sous les ordres du colonel Baillif avec le 1/64e RAA et la compagnie du génie 82/1.
L'opulence à laquelle avait habitué la logistique américaine en Italie n'est plus de mise dans les Vosges. Les munitions sont chichement attribuées. A la compagnie de mortiers, par manque de projectiles, il est prévu de garder la compagnie en réserve. Pour la première fois depuis le début de la campagne elle ne participerait pas au combat du régiment. Cependant, elle marchera vers les lignes avec les bataillons. Au 1/6, la section de mortiers va "emprunter" des obus aux stocks américains empilés en pleine nature, en évitant les sentinelles Yankees qui ont la détente facile. Le 12, les bataillons s' ébranlent à pied vers le front, dans les vallées vosgiennes. Le ravitaillement est à peine suffisant. Le 13 on atteint la région de Saint-Aimé, Vagney, Peccavilliers, où sont encore quelques unités américaines. Les trois bataillons et le PC sont réunis et le 14 l' échelon muletier les rejoint. Il y a là 4400 hommes dont 3000 marocains et plus, qui ne sont peut-être pas plus de 50 qui n'aient pas vu le feu, et un équipage de 500 mulets.
Le soir de 14, le colonel Baillif rassemble ses principaux subordonnés du CT2 et leur dévoile les projets du commandement : le 3e RTA, en tête de la 3e DIA, engagé de part et d'autre de Cornimont dans la vallée de la Moselotte et celle du ruisseau de Xoulces, est arrêté dans l'une et l'autre vallée par les réactions ennemies. Exténuées parce qu' elles combattent depuis le débarquement, les unités ne peuvent fournir l'effort de s'emparer de l'énorme belvédère qui domine de cinq cent mètres la vallée, le Haut du Faing 1003 mètres.
Le 6e RTM régiment frais jusqu' alors en réserve d'armée, devrait avoir la force d'enfoncer la porte qui mènerait en vue de Colmar...
Le dimanche 15 octobre, par un beau jour doré d' automne; les commandants des unités chargées de l'attaque vont reconnaître leurs objectifs depuis le Droit de Cornimont "enjambant la profonde vallée de la Moselotte....et la route de la Bresse, le regard pointe vers le Haut du Faing...en direction de l' Hospice de Cornimont.
De Cornimont, on y accède par un chemin de terre qui, laissant à main droite la Grande Roche, défile en balcon devant le hameau de la Charme, par-delà l'horizon visible le bois s'étend, fer à repasser géant de 1200 mètres en plein coeur des Vosges et, de la position ennemie. Les premiers barbelés sont installés sur la Grande Roche" écrit le capitaine Cothias.
L' affaire se fera avec deux bataillons en tête, III/6 à gauche, II/6 à droite et I/6 sera initialement en réserve.
L' affaire du Haut du Faing a fait l'objet de plusieurs relations officielles ou officieuses et de publications de souvenirs fragmentaires. Le récit qui suit tente de faire la synthèse des informations: compte-rendu du capitaine Cothias amené dès le début à commander le II/6e; relation du capitaine Fourrière, commandant la 6e Compagnie, unité qui a joué un rôle important; rapport du capitaine Collonnier, commandant la CB 2 et parlant pour la section d'éclaireurs du bataillon; rapport du colonel Baillif volontairement dépouillé de détails anecdotiques et celui du chef de bataillon Diebold, commandant le III/6e, succinct lui aussi.
Ces documents laissent des lacunes comblées en partie par les souvenirs écrits du lieutenant Frèches, des adjudants-chefs Detraz et Aniort et de divers autres témoins ayant tenus un journal.
Le résultat final est, qu'il manque certainement beaucoup de traits remarquables, d'actes de courage estompés dans les mémoires des survivants ou disparus avec des témoins de ce qui fut une action locale et limitée à l'échelon de la lere Armée, mais qui pour le 6e R.T.M. reste l'un des plus beaux faits d'armes du régiment.
L'attaque est prévue pour le 16 octobre, la base de départ sera la route nationale 486, entre Cornimont et La Bresse, de part et d'autre de l'Hospice de Cornirnont. On ne sait pas encore, à cette date, que le Haut du Faing est une position-clé de la Winterlinie, la Ligne d'hiver, sur laquelle Hitler compte défendre la Patrie allemande (qui inclut l'Alsace) en avant de la crête des Vosges.
Ecoutons François Aniort, alors adjudant-chef au PC du II/6 " le 16 à 0 heure le 6e R.T.M. commence son approche,il tombe une pluie fine, hargneuse ... Le froid est vif, la nuit est d'encre, trouée par les éclairs éblouissants des éclatements des obus et des mortiers. Les hommes, en silence, traversent le bois de Bamont, colonne par un, se tenant par le pan des capotes pour ne pas s'égarer, glissant, roulant dans la boue, se heurtant aux rochers, se déchirant les mains et le visage aux ronces, marche odieuse du biffin .... les tirailleurs, pourtant, sont joyeux: il y a du boche au bout... ".
A 5 heures 30 on atteint la base de départ. La section d'éclaireurs du 1er Bataillon est envoyée en bouchon sur la route de La Bresse prés du 3e RTA. Le commandant Franco installe le P.C du II/6e RTM prés de l'Usine sur la route; le commandant Diebold place celui du III/6e RTM au nord-est de L'Hospice. Le I/6e est encore dans le bois de Bamont.
L'objectif du IIII/6e est le Canton des Hiez, plateau découvert au nord du Haut du Faing, celui du II/6e est le bois du Haut du Faing avec comme objectif intermédiaire la "route en balcon" qui passe au-dessus du hameau de La Charme.
A 5 heures 45 l'artillerie commence le tir de préparation. A 6 heures l'attaque démarre. Au II/6e, en premier échelon, la 5e Compagnie (Jean-Pierre) à gauche, la 6e (Fourrière) à droite, la section d'éclaireurs (Establie) faisant la liaison entre les deux, la 2e section de la C.M (Courtois) en appui direct, en deuxième échelon la 7e (Lapostolle) et la 8e (Castel). Les pentes sont gravies allègrement, les guetteurs ennemis débusqués.
A 7 heures 15 une rafale d'obus de 150 tombe sur le P.C du II/6e : le commandant Franco est gravement blessé ainsi que le médecin capitaine Mathieu, l'officier de liaison d'artillerie et quelques autres. Le capitaine adjudant major Cothias prend le commandement, le médecin auxiliaire Benoliel assure le service de santé.
Au lever du jour, les sections de tête tiennent sous leur feu le chemin en balcon mais ne peuvent s'y installer. L'ennemi pousse des renforts vers La Charme où se déroule pendant deux heures un combat acharné conduit par la S.M.E.2 de murette en murette, à la grenade et au pistolet-mitrailleur, parfois au corps à corps. Le capitaine Cothias envoie l'ordre de reprendre la progression à partir de 13 heures, tandis que la 7e Compagnie doublera la 6e pour déborder par la gauche. La 8e Compagnie est sérieusement accrochée à la Grande Roche face à la vallée de Xoulces.
A 13 heures, profitant du brouillard, le II/6e reprend son attaque : la limite nord-est du bois du Haut du Faing, objectif final, est atteinte par la 6e Compagnie, la S.M.E.2 et une partie de la 5e sans grande opposition, la 7e Compagnie monte derrière la 6e et va se placer sur la face ouest du bois tandis que la 8e reste toujours fixée à la Grande Roche par un ennemi qui remonte de Xoulces vers le Droit de Xoulces. L'artillerie et les mortiers arrêtent les contre-attaques allemandes.
A la nuit, le II/6e a rempli sa mission au prix de 14 tués et 38 blessés. Le P.C. du bataillon s'est transporté à La Charme avec la 1er Section (Frèches) de la CM. On a fait 42 prisonniers.
Le III/6e a progressé dans un terrain difficile, réduisant successivement les résistances ennemies au prix de pertes relativement faibles. Cependant le lieutenant Bayon, de la 10e Compagnie, est tué. Vers 16 heures l'objectif est atteint, le revers nord-est du Canton des Hiez où l'on s'installe sous la Roche de Minuit ; la droite en liaison avec le 2e Bataillon. Le régiment a perdu environ 130 hommes. Les deux bataillons s'installent pour la nuit dans la pluie et le froid ; on ne peut guère creuser sur le sol granitique. Le ravitaillement et les munitions n'ont pu être poussés. Mais comme l'écrira le capitaine Cothias « la vraie bataille du Haut du Faing n'est pas encore commencée ».
Le 17 au lever du jour, à 7 heures, après une préparation d'artillerie et sous une pluie battante, le 291e Grenadier Bataillon ZBV attaque à la pointe nord-est du bois sur la S.E.M.2 et les 6e et 7e Compagnies. Ce bataillon est formé de condamnés militaires amenés par camions de Karlsruhe et à qui l'occasion est fournie de se racheter. Dans la nuit les assaillants ont pu se rapprocher à distance d'assaut, mais vingt fusils-mitrailleurs et les lance-roquettes antichars fauchent la première vague dès qu'elle a démarré. Pour y voir clair les tirailleurs ont dû se mettre debout, chacun plaqué à un tronc de sapin. Une deuxième vague est reçue comme la première, mais les munitions menacent de manquer.
Vers 9 heures 30 l'ennemi renonce: il a perdu probablement 700 hommes, 70% de l'effectif. La S.E.M.2 dénombrera 33 cadavres devant son front.
Dés 8 heures 30, bien que le III/6e soit moins fortement assailli, devant la pression ennemie de plus en plus forte sur la jonction II/6e - III/6e, le commandant Diebold lance sa section d'éclaireurs (adjudant-chef Mollard) à l'assaut de la crête dénudée où l'ennemi a installé deux mitrailleuses à la corne sud-ouest du bois. La SEM.3 réussit mais perd la moitié de son effectif.
Le I/6e s'est mis en route au lever du jour et arrive dans Cornimont par la route de Saulxures, dont une partie des maisons brûlent. Le P.C du bataillon s'installe prés de l'église, la 2e Compagnie (Roux) et la section de mortiers (Ropars) sur le chemin de terre qui monte vers La Charme, la 4e (Mathieu) dans le hameau de La Charme, le reste du bataillon, S.E.M. (Detraz) en tête, s'engage sur le flanc droit du II/6e, mais peut difficilement progresser sous les tirs d'écharpes venant du Droit de Xoulces. Dans la nuit, la 6e Compagnie est relevée dans le bois par la 8e, elle même remplacée à la Grande Roche par la 4e. Le III/6e ne peut bouger, de son côté, car dans son terrain découvert il est pris à partie par les automoteurs de la région de Ladonchamp.
Le 18, le colonel Baillif vient inspecter ses bataillons. Une nouvelle contre-attaque est repoussée à 13 heures dans le bois, où la 6e Compagnie vient de remonter. Le I/6e échoue dans une tentative de s'emparer du Droit de Xoulces : la S.E.M.2 s'infiltre et va tenir les premières maisons du village de Xoulces dans la vallée. Un calme relatif s'établit. La pluie n'a pas cessé. Les muletiers ont pu monter munitions et vivres et redescendre blessés et cadavres par le chemin de terre qui., partant de la sortie nord-ouest de Cornimont, passe sous la Grande Roche et traverse La Charme. Cette « voie sacrée » d'un petit Verdun verra passer pendant des jours les files de mulets échangeant du matériel contre des hommes meurtris ou morts. Le courant entretenu est de 200 mulets par jour.
A partir du 19 l'ennemi change de tactique et tente de rendre le bois intenable à ses conquérants. Un déluge d'artillerie de tous calibres (y compris les mortiers de 350 « perceurs de poumons ») s'abat sur le bois et ses arrières. Les Allemands peuvent tirer de trois côtés car la position française est en doigt de gant. « L'insomnie, la soif - parce que dans les Vosges ruisselantes d'eau ce sommet n'est qu'un rocher - le froid, la mort habitent ce haut lieu du sacrifice. Nulle équipe qui monte au bois ne revient au complet ; cependant toutes s'y engagent autant de fois qu'il le faut... les sapeurs, les ravitailleurs, les brancardiers, les téléphonistes dont tout l'effectif restera sur la piste sanglante... » pourra écrire Henry Cothias . A 15 heures 30, une attaque sur la 4e Compagnie est bloquée par les mortiers de la section Fréches de la CM. Un nouvel essai. du II/6e sur le Droit de Xoulces échoue.
Le 20 le déluge d'artillerie continue. La S.E.M.2 est anéantie ; Establie blessé fait déposer son fanion au P.C du Ill/6e et la 4e Compagnie quitte la Grande Roche pour prendre sa place dans le bois. Le capitaine Castel, de la 8e Compagnie, et l'aspirant Peugniez, de la 2e sont tués, le chef de bataillon Mariaux est blessé et le capitaine adjudant-major Lorenzi prend le commandement du Il/6e . Les pertes de la journée sont de 125 hommes. La tension est à l'extrême. Le général Guillaume commandant la 3e DIA vient dans l'après-midi au PC du régiment. II sait qu'il faudrait au moins relever le Il/6e, mais n'a pas un bataillon frais.
Le 20 au soir le capitaine Cothias fait au colonel Baillif le bilan de la situation. Il énumère ses pertes qui dépassent 300 hommes, 11 officiers tués et blessés. Une compagnie, la 6e, n'a plus un seul sous-officier français. Il souligne le manque de cadres, tous à bout de forces, et il termine: « Vous m'excuserez de Ma franchise, je ne puis assurer de pouvoir repousser la prochaine contre-attaque qui est sans doute pour demain matin ». Ce billet est daté de 19 heures... Et puis... c'est au moment où tout parait sur le point de casser que la roue tourne... La nuit du 20 au 21 est calme, et surtout il cesse de pleuvoir...
On peut faire redescendre les compagnies les plus épuisées et qui ne présentent plus de forces réelles : la 7e, la 9e, la 4e, la 5e... des gens hirsutes, aux traits tirés, aux yeux brillants... tous posent avec peine sur le sol leurs pieds endoloris, blessés par la gelure... » (Relation du colonel Baillif).
Le 21 l'artillerie ne cesse pas. Le capitaine Mathieu, de la 4e Compagnie, est tué. Les pertes du régiment sont de 150 hommes. Le 22 est moins meurtrier, l'artillerie ennemie semble viser un peu plus les arrières, les positions de mortiers, le centre de ravitaillement. Plusieurs mulets sont blessés. Le 23 l'intensité du feu diminue encore. Il est vrai que l'artillerie et l'aviation alliées s'appliquent à la contrebatterie. La 8e Compagnie est réduite à 38 hommes, la 7ee à 21, la SEM2 à 1. Le poids décroissant de l'orage d'acier se confirme le 24 : la 3e Compagnie relève la 4e. Le 25 et le 26 sont presque calmes, c'est-à-dire qu'il ne tombe que des rafales sporadiques.
Enfin le 27 octobre le 7e RTA vient remplacer le 6e RTM. Après passage des consignes dans un brouillard qui paraît gêner les artilleurs ennemis, le I/6e et la 7e Compagnie quittent Cornimont à 21 heures. Il fait un beau clair de lune pleine. Le 28, c'est le tour des 5e et 6e Compagnies et de la CM, puis des unités régimentaires. Le III/6e, relevé le 28, redescend à son tour. Le régiment se regroupe entre Cornimont et Saulxures pour embarquer en camions.
En douze jours et onze nuits de combat et de souffrances le 6e RTM a percé la Winterlinie et s'est maintenu sur ses positions, comme il avait forcé la ligne Gustav cinq mois auparavant. Le régiment a perdu:
- 127 tués dont 8 officiers,
- 764 blessés dont 13 officiers (et 103 pieds gelés),
- 24 disparus
- soit 915 pertes sur un effectif combattant de quelque 3000 hommes,
- c'est-à-dire 30,5 %. en douze jours, cela représente presque 60% des pertes subies en Italie en cinq mois.
Le 2e Bataillon à lui seul a perdu 456 hommes dont 11 officiers.
Les cadres et les tirailleurs français ont payé de leur personne avec 13 sous-officiers et 15 caporaux et tirailleurs tués, environ le double de blessés.
Il n'est pas surprenant que le Haut du Faing soit resté dans le souvenir des survivants une des grandes affaires du régiment, digne de figurer sur son drapeau...
Tiré du site deu de Fernand MICO "Mon histoire Pieds-Noirs"
(La libération de la France: 14 septembre 1944 - 8 mai 1945)
Front du Haut du Faing : 12 - 28 octobre 1944 prés de CORNIMONT dans les VOSGES
Le 6e RTM, détaché provisoirement de la 4e DMM, est "prêté" à la 3e DIA. Il forme un groupement tactique ou combat command, le CT2/4e DMM, sous les ordres du colonel Baillif avec le 1/64e RAA et la compagnie du génie 82/1.
L'opulence à laquelle avait habitué la logistique américaine en Italie n'est plus de mise dans les Vosges. Les munitions sont chichement attribuées. A la compagnie de mortiers, par manque de projectiles, il est prévu de garder la compagnie en réserve. Pour la première fois depuis le début de la campagne elle ne participerait pas au combat du régiment. Cependant, elle marchera vers les lignes avec les bataillons. Au 1/6, la section de mortiers va "emprunter" des obus aux stocks américains empilés en pleine nature, en évitant les sentinelles Yankees qui ont la détente facile. Le 12, les bataillons s' ébranlent à pied vers le front, dans les vallées vosgiennes. Le ravitaillement est à peine suffisant. Le 13 on atteint la région de Saint-Aimé, Vagney, Peccavilliers, où sont encore quelques unités américaines. Les trois bataillons et le PC sont réunis et le 14 l' échelon muletier les rejoint. Il y a là 4400 hommes dont 3000 marocains et plus, qui ne sont peut-être pas plus de 50 qui n'aient pas vu le feu, et un équipage de 500 mulets.
Le soir de 14, le colonel Baillif rassemble ses principaux subordonnés du CT2 et leur dévoile les projets du commandement : le 3e RTA, en tête de la 3e DIA, engagé de part et d'autre de Cornimont dans la vallée de la Moselotte et celle du ruisseau de Xoulces, est arrêté dans l'une et l'autre vallée par les réactions ennemies. Exténuées parce qu' elles combattent depuis le débarquement, les unités ne peuvent fournir l'effort de s'emparer de l'énorme belvédère qui domine de cinq cent mètres la vallée, le Haut du Faing 1003 mètres.
Le 6e RTM régiment frais jusqu' alors en réserve d'armée, devrait avoir la force d'enfoncer la porte qui mènerait en vue de Colmar...
Le dimanche 15 octobre, par un beau jour doré d' automne; les commandants des unités chargées de l'attaque vont reconnaître leurs objectifs depuis le Droit de Cornimont "enjambant la profonde vallée de la Moselotte....et la route de la Bresse, le regard pointe vers le Haut du Faing...en direction de l' Hospice de Cornimont.
De Cornimont, on y accède par un chemin de terre qui, laissant à main droite la Grande Roche, défile en balcon devant le hameau de la Charme, par-delà l'horizon visible le bois s'étend, fer à repasser géant de 1200 mètres en plein coeur des Vosges et, de la position ennemie. Les premiers barbelés sont installés sur la Grande Roche" écrit le capitaine Cothias.
L' affaire se fera avec deux bataillons en tête, III/6 à gauche, II/6 à droite et I/6 sera initialement en réserve.
L' affaire du Haut du Faing a fait l'objet de plusieurs relations officielles ou officieuses et de publications de souvenirs fragmentaires. Le récit qui suit tente de faire la synthèse des informations: compte-rendu du capitaine Cothias amené dès le début à commander le II/6e; relation du capitaine Fourrière, commandant la 6e Compagnie, unité qui a joué un rôle important; rapport du capitaine Collonnier, commandant la CB 2 et parlant pour la section d'éclaireurs du bataillon; rapport du colonel Baillif volontairement dépouillé de détails anecdotiques et celui du chef de bataillon Diebold, commandant le III/6e, succinct lui aussi.
Ces documents laissent des lacunes comblées en partie par les souvenirs écrits du lieutenant Frèches, des adjudants-chefs Detraz et Aniort et de divers autres témoins ayant tenus un journal.
Le résultat final est, qu'il manque certainement beaucoup de traits remarquables, d'actes de courage estompés dans les mémoires des survivants ou disparus avec des témoins de ce qui fut une action locale et limitée à l'échelon de la lere Armée, mais qui pour le 6e R.T.M. reste l'un des plus beaux faits d'armes du régiment.
L'attaque est prévue pour le 16 octobre, la base de départ sera la route nationale 486, entre Cornimont et La Bresse, de part et d'autre de l'Hospice de Cornirnont. On ne sait pas encore, à cette date, que le Haut du Faing est une position-clé de la Winterlinie, la Ligne d'hiver, sur laquelle Hitler compte défendre la Patrie allemande (qui inclut l'Alsace) en avant de la crête des Vosges.
Ecoutons François Aniort, alors adjudant-chef au PC du II/6 " le 16 à 0 heure le 6e R.T.M. commence son approche,il tombe une pluie fine, hargneuse ... Le froid est vif, la nuit est d'encre, trouée par les éclairs éblouissants des éclatements des obus et des mortiers. Les hommes, en silence, traversent le bois de Bamont, colonne par un, se tenant par le pan des capotes pour ne pas s'égarer, glissant, roulant dans la boue, se heurtant aux rochers, se déchirant les mains et le visage aux ronces, marche odieuse du biffin .... les tirailleurs, pourtant, sont joyeux: il y a du boche au bout... ".
A 5 heures 30 on atteint la base de départ. La section d'éclaireurs du 1er Bataillon est envoyée en bouchon sur la route de La Bresse prés du 3e RTA. Le commandant Franco installe le P.C du II/6e RTM prés de l'Usine sur la route; le commandant Diebold place celui du III/6e RTM au nord-est de L'Hospice. Le I/6e est encore dans le bois de Bamont.
L'objectif du IIII/6e est le Canton des Hiez, plateau découvert au nord du Haut du Faing, celui du II/6e est le bois du Haut du Faing avec comme objectif intermédiaire la "route en balcon" qui passe au-dessus du hameau de La Charme.
A 5 heures 45 l'artillerie commence le tir de préparation. A 6 heures l'attaque démarre. Au II/6e, en premier échelon, la 5e Compagnie (Jean-Pierre) à gauche, la 6e (Fourrière) à droite, la section d'éclaireurs (Establie) faisant la liaison entre les deux, la 2e section de la C.M (Courtois) en appui direct, en deuxième échelon la 7e (Lapostolle) et la 8e (Castel). Les pentes sont gravies allègrement, les guetteurs ennemis débusqués.
A 7 heures 15 une rafale d'obus de 150 tombe sur le P.C du II/6e : le commandant Franco est gravement blessé ainsi que le médecin capitaine Mathieu, l'officier de liaison d'artillerie et quelques autres. Le capitaine adjudant major Cothias prend le commandement, le médecin auxiliaire Benoliel assure le service de santé.
Au lever du jour, les sections de tête tiennent sous leur feu le chemin en balcon mais ne peuvent s'y installer. L'ennemi pousse des renforts vers La Charme où se déroule pendant deux heures un combat acharné conduit par la S.M.E.2 de murette en murette, à la grenade et au pistolet-mitrailleur, parfois au corps à corps. Le capitaine Cothias envoie l'ordre de reprendre la progression à partir de 13 heures, tandis que la 7e Compagnie doublera la 6e pour déborder par la gauche. La 8e Compagnie est sérieusement accrochée à la Grande Roche face à la vallée de Xoulces.
A 13 heures, profitant du brouillard, le II/6e reprend son attaque : la limite nord-est du bois du Haut du Faing, objectif final, est atteinte par la 6e Compagnie, la S.M.E.2 et une partie de la 5e sans grande opposition, la 7e Compagnie monte derrière la 6e et va se placer sur la face ouest du bois tandis que la 8e reste toujours fixée à la Grande Roche par un ennemi qui remonte de Xoulces vers le Droit de Xoulces. L'artillerie et les mortiers arrêtent les contre-attaques allemandes.
A la nuit, le II/6e a rempli sa mission au prix de 14 tués et 38 blessés. Le P.C. du bataillon s'est transporté à La Charme avec la 1er Section (Frèches) de la CM. On a fait 42 prisonniers.
Le III/6e a progressé dans un terrain difficile, réduisant successivement les résistances ennemies au prix de pertes relativement faibles. Cependant le lieutenant Bayon, de la 10e Compagnie, est tué. Vers 16 heures l'objectif est atteint, le revers nord-est du Canton des Hiez où l'on s'installe sous la Roche de Minuit ; la droite en liaison avec le 2e Bataillon. Le régiment a perdu environ 130 hommes. Les deux bataillons s'installent pour la nuit dans la pluie et le froid ; on ne peut guère creuser sur le sol granitique. Le ravitaillement et les munitions n'ont pu être poussés. Mais comme l'écrira le capitaine Cothias « la vraie bataille du Haut du Faing n'est pas encore commencée ».
Le 17 au lever du jour, à 7 heures, après une préparation d'artillerie et sous une pluie battante, le 291e Grenadier Bataillon ZBV attaque à la pointe nord-est du bois sur la S.E.M.2 et les 6e et 7e Compagnies. Ce bataillon est formé de condamnés militaires amenés par camions de Karlsruhe et à qui l'occasion est fournie de se racheter. Dans la nuit les assaillants ont pu se rapprocher à distance d'assaut, mais vingt fusils-mitrailleurs et les lance-roquettes antichars fauchent la première vague dès qu'elle a démarré. Pour y voir clair les tirailleurs ont dû se mettre debout, chacun plaqué à un tronc de sapin. Une deuxième vague est reçue comme la première, mais les munitions menacent de manquer.
Vers 9 heures 30 l'ennemi renonce: il a perdu probablement 700 hommes, 70% de l'effectif. La S.E.M.2 dénombrera 33 cadavres devant son front.
Dés 8 heures 30, bien que le III/6e soit moins fortement assailli, devant la pression ennemie de plus en plus forte sur la jonction II/6e - III/6e, le commandant Diebold lance sa section d'éclaireurs (adjudant-chef Mollard) à l'assaut de la crête dénudée où l'ennemi a installé deux mitrailleuses à la corne sud-ouest du bois. La SEM.3 réussit mais perd la moitié de son effectif.
Le I/6e s'est mis en route au lever du jour et arrive dans Cornimont par la route de Saulxures, dont une partie des maisons brûlent. Le P.C du bataillon s'installe prés de l'église, la 2e Compagnie (Roux) et la section de mortiers (Ropars) sur le chemin de terre qui monte vers La Charme, la 4e (Mathieu) dans le hameau de La Charme, le reste du bataillon, S.E.M. (Detraz) en tête, s'engage sur le flanc droit du II/6e, mais peut difficilement progresser sous les tirs d'écharpes venant du Droit de Xoulces. Dans la nuit, la 6e Compagnie est relevée dans le bois par la 8e, elle même remplacée à la Grande Roche par la 4e. Le III/6e ne peut bouger, de son côté, car dans son terrain découvert il est pris à partie par les automoteurs de la région de Ladonchamp.
Le 18, le colonel Baillif vient inspecter ses bataillons. Une nouvelle contre-attaque est repoussée à 13 heures dans le bois, où la 6e Compagnie vient de remonter. Le I/6e échoue dans une tentative de s'emparer du Droit de Xoulces : la S.E.M.2 s'infiltre et va tenir les premières maisons du village de Xoulces dans la vallée. Un calme relatif s'établit. La pluie n'a pas cessé. Les muletiers ont pu monter munitions et vivres et redescendre blessés et cadavres par le chemin de terre qui., partant de la sortie nord-ouest de Cornimont, passe sous la Grande Roche et traverse La Charme. Cette « voie sacrée » d'un petit Verdun verra passer pendant des jours les files de mulets échangeant du matériel contre des hommes meurtris ou morts. Le courant entretenu est de 200 mulets par jour.
A partir du 19 l'ennemi change de tactique et tente de rendre le bois intenable à ses conquérants. Un déluge d'artillerie de tous calibres (y compris les mortiers de 350 « perceurs de poumons ») s'abat sur le bois et ses arrières. Les Allemands peuvent tirer de trois côtés car la position française est en doigt de gant. « L'insomnie, la soif - parce que dans les Vosges ruisselantes d'eau ce sommet n'est qu'un rocher - le froid, la mort habitent ce haut lieu du sacrifice. Nulle équipe qui monte au bois ne revient au complet ; cependant toutes s'y engagent autant de fois qu'il le faut... les sapeurs, les ravitailleurs, les brancardiers, les téléphonistes dont tout l'effectif restera sur la piste sanglante... » pourra écrire Henry Cothias . A 15 heures 30, une attaque sur la 4e Compagnie est bloquée par les mortiers de la section Fréches de la CM. Un nouvel essai. du II/6e sur le Droit de Xoulces échoue.
Le 20 le déluge d'artillerie continue. La S.E.M.2 est anéantie ; Establie blessé fait déposer son fanion au P.C du Ill/6e et la 4e Compagnie quitte la Grande Roche pour prendre sa place dans le bois. Le capitaine Castel, de la 8e Compagnie, et l'aspirant Peugniez, de la 2e sont tués, le chef de bataillon Mariaux est blessé et le capitaine adjudant-major Lorenzi prend le commandement du Il/6e . Les pertes de la journée sont de 125 hommes. La tension est à l'extrême. Le général Guillaume commandant la 3e DIA vient dans l'après-midi au PC du régiment. II sait qu'il faudrait au moins relever le Il/6e, mais n'a pas un bataillon frais.
Le 20 au soir le capitaine Cothias fait au colonel Baillif le bilan de la situation. Il énumère ses pertes qui dépassent 300 hommes, 11 officiers tués et blessés. Une compagnie, la 6e, n'a plus un seul sous-officier français. Il souligne le manque de cadres, tous à bout de forces, et il termine: « Vous m'excuserez de Ma franchise, je ne puis assurer de pouvoir repousser la prochaine contre-attaque qui est sans doute pour demain matin ». Ce billet est daté de 19 heures... Et puis... c'est au moment où tout parait sur le point de casser que la roue tourne... La nuit du 20 au 21 est calme, et surtout il cesse de pleuvoir...
On peut faire redescendre les compagnies les plus épuisées et qui ne présentent plus de forces réelles : la 7e, la 9e, la 4e, la 5e... des gens hirsutes, aux traits tirés, aux yeux brillants... tous posent avec peine sur le sol leurs pieds endoloris, blessés par la gelure... » (Relation du colonel Baillif).
Le 21 l'artillerie ne cesse pas. Le capitaine Mathieu, de la 4e Compagnie, est tué. Les pertes du régiment sont de 150 hommes. Le 22 est moins meurtrier, l'artillerie ennemie semble viser un peu plus les arrières, les positions de mortiers, le centre de ravitaillement. Plusieurs mulets sont blessés. Le 23 l'intensité du feu diminue encore. Il est vrai que l'artillerie et l'aviation alliées s'appliquent à la contrebatterie. La 8e Compagnie est réduite à 38 hommes, la 7ee à 21, la SEM2 à 1. Le poids décroissant de l'orage d'acier se confirme le 24 : la 3e Compagnie relève la 4e. Le 25 et le 26 sont presque calmes, c'est-à-dire qu'il ne tombe que des rafales sporadiques.
Enfin le 27 octobre le 7e RTA vient remplacer le 6e RTM. Après passage des consignes dans un brouillard qui paraît gêner les artilleurs ennemis, le I/6e et la 7e Compagnie quittent Cornimont à 21 heures. Il fait un beau clair de lune pleine. Le 28, c'est le tour des 5e et 6e Compagnies et de la CM, puis des unités régimentaires. Le III/6e, relevé le 28, redescend à son tour. Le régiment se regroupe entre Cornimont et Saulxures pour embarquer en camions.
En douze jours et onze nuits de combat et de souffrances le 6e RTM a percé la Winterlinie et s'est maintenu sur ses positions, comme il avait forcé la ligne Gustav cinq mois auparavant. Le régiment a perdu:
- 127 tués dont 8 officiers,
- 764 blessés dont 13 officiers (et 103 pieds gelés),
- 24 disparus
- soit 915 pertes sur un effectif combattant de quelque 3000 hommes,
- c'est-à-dire 30,5 %. en douze jours, cela représente presque 60% des pertes subies en Italie en cinq mois.
Le 2e Bataillon à lui seul a perdu 456 hommes dont 11 officiers.
Les cadres et les tirailleurs français ont payé de leur personne avec 13 sous-officiers et 15 caporaux et tirailleurs tués, environ le double de blessés.
Il n'est pas surprenant que le Haut du Faing soit resté dans le souvenir des survivants une des grandes affaires du régiment, digne de figurer sur son drapeau...
Tiré du site deu de Fernand MICO "Mon histoire Pieds-Noirs"
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Re: CORNIMONT - Bataille du Haut du Faing
A noter que sur le site: "Tirailleurs. fr" L'épopée des régiments de tirailleurs , cartes très compréhensives et textes très clairs m'ont bien aidés pour mes recherches sur la Libération de nos vallées.
Presque indispensable pour imaginer les opérations des GTM . (Il fallait le souligner )
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Re: CORNIMONT - Bataille du Haut du Faing
Merci pour le reportage photo , ça donne envie d'y aller !
Effectivement ce site très intéressant aide bien à comprendre.
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Re: CORNIMONT - Bataille du Haut du Faing
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Et le sommet .
Un plateau étroit d'environ 2 Km arrivant au Brabant , véritable toboggan vers La Bresse .
Pas étonnant que l'ennemi tienne tant à conserver l'avantage de ce verrou sur la vallée.
Ça a dû rappeler Monte Cassino ou le Belvédère à nos Goumiers...
D'ailleurs ,cette bataille a été surnommée "le Cassino vosgien", parait il .
Et le sommet .
Un plateau étroit d'environ 2 Km arrivant au Brabant , véritable toboggan vers La Bresse .
Pas étonnant que l'ennemi tienne tant à conserver l'avantage de ce verrou sur la vallée.
Ça a dû rappeler Monte Cassino ou le Belvédère à nos Goumiers...
D'ailleurs ,cette bataille a été surnommée "le Cassino vosgien", parait il .
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Re: CORNIMONT - Bataille du Haut du Faing
Le Haut du Faing fait partie de la «Winterlinie », la ligne de défense que les Allemands veulent garder tout l’hiver sur les HautesVosges.
Le 15 octobre 1944, le 6e Tirailleurs marocains (4000 officiers, sousofficiers et tirailleurs dont un millier de Français, et 500 mulets) est mis à la disposition de la 3e DIA pour gagner ce point stratégique. Or, jusqu’à la mi-novembre, la ligne de front ne bouge guère. Les violents combats du Haut-du-Faing (cote 1003), du Faing-Beret et de la Roche de Minuit (cote 948) sont très coûteux en homme. Le front allemand finit par céder, des renforts arrivent d’urgence (deux bataillons disciplinaires : les 291e et 292e Grenadiers), mais sont décimés.
Pendant tous ces combats, le Brabant est une base arrière allemande. Un PC est notamment installé dans la ferme de Joseph Mengin, ce qui n’a pas manqué de la faire bombarder copieusement. Quand, le 26 novembre, le bataillon 1/51 arrive au col du Brabant par le chemin de la bourrique de Xoulces, il est bombardé et mitraillé par les Allemands retirés dans la forêt des Bouchaux.
Les démineurs qui leur préparent le terrain ne sont pas en reste : une ferme visitée disparait dans une énorme explosion qui ensevelit les démineurs.
Dans une autre ferme, une femme âgée, en haillons signale que le cadavre de son domestique, déposé devant la maison, est piégé : il s’agit de «La Lune ».
Née le 11 mai 1876, Joséphine Leduc, ou plus couramment Fifine, est surnommée «La Lune ». Elle est la fille de Louis-Joseph Leduc, fromager né en 1845, et de Marie Joséphine Mougel née en 1848 que l’on appelait déjà «La Lune ». Elle vivait seule dans sa ferme au col du Brabant, avec un peu de bétail et un chien. On la voyait faucher, faner dans ses champs ou porter sa lourde hotte pleine de foin avec la force d’un homme robuste, même dans ses dernières années. Pleine de bon sens, et d’une mémoire impressionnante, elle aurait tenu un bistrot au Brabant où elle racontait les épisodes anciens du passage des Cosaques en 1814- 1815, de la Révolution ou de la Guerre de Trente Ans. Pendant la Guerre, elle est atteinte à l’épaule et au côté par un éclat d’obus. En novembre 1944, elle héberge pour quelques nuits des gens qui partent pour Xoulces : certains racontent avoir dormi sur le tas de patates de la cave !
Dans un article de presse du 15 mars 1955, Albert Laurent raconte :
Un soir d’automne de 1944, un officier allemand l’avait forcée de l’accompagner afin de lui montrer les sentiers les plus rapides permettant à lui et à ses hommes d’atteindre le Collet du Lac des Corbeaux. Quand il eut jugé superflue la présence de son guide, il la renvoya. Mais comme le jour était presque tombé, il offrit à la pauvre vieille de prendre son couteau afin, lui dit-il, de se défendre éventuellement contre de fâcheuses rencontres ou autres dangers imprévus. Alors, elle, se redressant : «Monsieur l’officier, gardez votre couteau. Je ne prendrai jamais les branches de genêts pour des bras de fantômes ». Elle fit mieux encore. Peu satisfaits de sa conduite à leur égard, des soldats allemands, sur l’ordre de leur officier, un jour, la mirent en joue. Fifine se recueillit un instant, les mains croisées sur sa poitrine, puis, se redressant, de toutes ses forces, elle s’écria : «Vive la France, vive l’Angleterre, vive l’Amérique, à bas les Boches ! » Et elle attendit l’ordre fatal. Devant un tel courage, l’officier qui n’était peut-être pas inaccessible aux beaux sentiments d’un adversaire, abattit de la main les fusils menaçants, puis, s’adressant à la vieille femme, il dit : «Madame, si tous les Français étaient comme vous, nous ne serions pas ici ! »
Bulletin d'information de La Bresse N°328 – Décembre 2015
Le 15 octobre 1944, le 6e Tirailleurs marocains (4000 officiers, sousofficiers et tirailleurs dont un millier de Français, et 500 mulets) est mis à la disposition de la 3e DIA pour gagner ce point stratégique. Or, jusqu’à la mi-novembre, la ligne de front ne bouge guère. Les violents combats du Haut-du-Faing (cote 1003), du Faing-Beret et de la Roche de Minuit (cote 948) sont très coûteux en homme. Le front allemand finit par céder, des renforts arrivent d’urgence (deux bataillons disciplinaires : les 291e et 292e Grenadiers), mais sont décimés.
Pendant tous ces combats, le Brabant est une base arrière allemande. Un PC est notamment installé dans la ferme de Joseph Mengin, ce qui n’a pas manqué de la faire bombarder copieusement. Quand, le 26 novembre, le bataillon 1/51 arrive au col du Brabant par le chemin de la bourrique de Xoulces, il est bombardé et mitraillé par les Allemands retirés dans la forêt des Bouchaux.
Les démineurs qui leur préparent le terrain ne sont pas en reste : une ferme visitée disparait dans une énorme explosion qui ensevelit les démineurs.
Dans une autre ferme, une femme âgée, en haillons signale que le cadavre de son domestique, déposé devant la maison, est piégé : il s’agit de «La Lune ».
Née le 11 mai 1876, Joséphine Leduc, ou plus couramment Fifine, est surnommée «La Lune ». Elle est la fille de Louis-Joseph Leduc, fromager né en 1845, et de Marie Joséphine Mougel née en 1848 que l’on appelait déjà «La Lune ». Elle vivait seule dans sa ferme au col du Brabant, avec un peu de bétail et un chien. On la voyait faucher, faner dans ses champs ou porter sa lourde hotte pleine de foin avec la force d’un homme robuste, même dans ses dernières années. Pleine de bon sens, et d’une mémoire impressionnante, elle aurait tenu un bistrot au Brabant où elle racontait les épisodes anciens du passage des Cosaques en 1814- 1815, de la Révolution ou de la Guerre de Trente Ans. Pendant la Guerre, elle est atteinte à l’épaule et au côté par un éclat d’obus. En novembre 1944, elle héberge pour quelques nuits des gens qui partent pour Xoulces : certains racontent avoir dormi sur le tas de patates de la cave !
Dans un article de presse du 15 mars 1955, Albert Laurent raconte :
Un soir d’automne de 1944, un officier allemand l’avait forcée de l’accompagner afin de lui montrer les sentiers les plus rapides permettant à lui et à ses hommes d’atteindre le Collet du Lac des Corbeaux. Quand il eut jugé superflue la présence de son guide, il la renvoya. Mais comme le jour était presque tombé, il offrit à la pauvre vieille de prendre son couteau afin, lui dit-il, de se défendre éventuellement contre de fâcheuses rencontres ou autres dangers imprévus. Alors, elle, se redressant : «Monsieur l’officier, gardez votre couteau. Je ne prendrai jamais les branches de genêts pour des bras de fantômes ». Elle fit mieux encore. Peu satisfaits de sa conduite à leur égard, des soldats allemands, sur l’ordre de leur officier, un jour, la mirent en joue. Fifine se recueillit un instant, les mains croisées sur sa poitrine, puis, se redressant, de toutes ses forces, elle s’écria : «Vive la France, vive l’Angleterre, vive l’Amérique, à bas les Boches ! » Et elle attendit l’ordre fatal. Devant un tel courage, l’officier qui n’était peut-être pas inaccessible aux beaux sentiments d’un adversaire, abattit de la main les fusils menaçants, puis, s’adressant à la vieille femme, il dit : «Madame, si tous les Français étaient comme vous, nous ne serions pas ici ! »
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Re: CORNIMONT - Bataille du Haut du Faing
Salut !
Merci pour récit ;)
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