EPINAL: Bombardement
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GRAV88- MARECHAL DES LOGIS
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Ville : Vagney
Age : 57
Points : 180
Date d'inscription : 01/03/2017
Re: EPINAL: Bombardement
Merci du partage , je n'en savais rien de ces deux bombardement.
CottonBaler88- MARECHAL DES LOGIS
- Nombre de messages : 148
Ville : Vagney Area
Age : 25
Emploi/loisirs : Passionné par la WW2 dans les Hautes Vosges
Points : 176
Date d'inscription : 07/05/2016
Re: EPINAL: Bombardement
C'est vrai que ce n'est plus très connu, étant gamin ,un grand oncle l'a subi et je me souviens encore
qu'il en parlait avec une trouille incroyable dans la voix.
J'ai trouvé ce témoignage qui reflète bien le climat....
(Tiré du site "La bataille de Lorraine"
"11 mai 1944 (15h50) EPINAL est bombardée. 180 morts. Des centaines de blessés, 200 immeubles détruits ou gravement endommagés : A 15h45, on entend les ronronnements des Flying Fortress. Personne ne s’effraye, car presque chaque nuit ces bruits nous réveillent. D’ailleurs, l’alerte tarde à sonner (?). Il est vrai que cela n’aurait sans doute rien changé, les alertes se répétant.”
A 15h48, le premier “feulement” fait sursauter la ville. Deux secondes (ou minutes ?) ne se sont pas écoulées qu'un fracas effroyable fait gémir le sol. Un bruit semblable à celui de la tôle agitée, un bruit métallique horrible qui assourdit la cité. Un nuage de poussières, de cailloux, de fumée obscurcit le soleil. Dans de nombreux quartiers, la totalité des vitrages s’effondre. La première vague est passée. Son tir assez bien concentré a bouleversé le dépôt du chemin de fer et la gare qui flambent.
Deux ou trois minutes se passent ? Les ronronnements effrayants emplissent à nouveau le ciel.
La grêle mortelle s’abat à nouveau. Dans la fumée que le vent pousse au sud-ouest, une troisième, quatrième, cinquième vagues déversent leurs cargaisons, hors l’objectif. Enfin, vers 16h15, les vrombissements disparaissent au Nord.
C’est alors la recherche des victimes parmi les décombres. Le poste de secours, à l’école de la rue Durkheim, est tout de suite débordé. On y apporte morts, mourants et blessés. Ni eau, ni éther ! On dévalise la pharmacie Morel, on court à la recherche de matelas, de linge, de verrerie, etc... Une totale incurie !
Pendant trois longs jours, les incendies consument la gare et les casernes où, dit-on, plus de 100 prisonniers hindous auraient été tués. Le dimanche matin, on procède à un service funèbre (Mgr Blanchet) où sont bénis les 150 cercueils des morts retrouvés alors.
15h46 : ronronnements puissants (fenêtre fermée). J’ouvre la fenêtre. Je ne vois rien. Je cours à la chambre jaune. Je distingue nettement une escadrille, vers 2000 mètres, composée de 45 Flying Fortress à 4 moteurs. Le soleil m’aveugle. Je descends donc, pour mieux voir les avions, à la fenêtre d’escalier du 2ème étage. Je l’ouvre.
15h49 : je me penche et les montre du doigt à mon père. La sirène qui hurle depuis une minute et demie donne l’ambiance !
Soudain, une dizaine de boules noires, très visibles, s’abattent, sous nos yeux terrifiés, sur le dépôt du chemin de fer, dans un fracas épouvantable. Aussitôt, il est 15h50, un panache de fumée sort de terre et, à une vitesse vertigineuse, escalade le ciel.
Nous descendons quatre à quatre l’escalier et nous précipitons vers l’abri proche, creusé dans le jardin de l’école. La fumée qui retombe nous plonge dans la nuit. Une forte odeur de brûlé, de soufre, de terre nous prend à la gorge. Les avions s’éloignent.
Mais les ronronnements reviennent plus forts. Mon père essaye de retenir notre comptable, Mr Bonnet qui, enfourchant son vélo, veut monter à Chantraine où est sa famille. Nouveau fracas ; c’est la 2e vague. Je regarde les poutres de l’abri et crains d’être pris dessous. Je sors. La terre tremble et je suis projeté contre une cabane de jardin. Une pluie de terre me couvre. Je tremble, je tremble sans pouvoir m’arrêter... je me relève et vois à 20 mètres (?) l’entonnoir de la torpille qui m’a couverte de gravats. Comme un fou, je me précipite dans l’abri. Cette 3ème vague s’est abattue, de fait, sur notre quartier. On dénombrera, plus tard, 3 entonnoirs rue Lepage, 2 torpilles sur “les 3 sapins” où 3 personnes agonisent. Deux bombes, dont la “mienne”, derrière l’école maternelle, 2 autres torpilles sur la maison Raoul, rue du réservoir, 2 sur la rue Notre-Dame de Lorette, etc...
Quant à Mr Bonnet, il pédalait à hauteur des “3 sapins” quand la maison s’écroulait. La figure en sang et la cuisse cassée, il a été porté par mon père au poste de “secours”. Il s’en tirera.
Se succèdent les 4e et 5e vagues, toujours dans le même fracas, mais le vent aidant, ”n’intéressent“ plus notre coin ! Enfin, ”ils“ s’éloignent définitivement et l’ont émergent, hébétés, de notre si précaire “abri”.
18 mai 44 : Au lendemain du bombardement d’Epinal, les allemands ont déménagés dans les bois (Verrerie de Portieux) leurs ateliers de montage de moteurs d’avions de Charmes et de Thaon (dans le magasin d'expédition réquisitionné de la verrerie).
A la Libération, Mr Aubry, cultivateur et maire sous Vichy, sera accusé de dénonciation, emprisonné, et, finalement, libéré. Notre rue de ”la Jue” sera rebaptisée rue Gustave Chardot.
23 mai 44 : Et zou, de deux ! Alerte, ce matin, au lycée, à 8h15. Descente rapide aux abris. Le courant est coupé. Il fait noir comme dans un four. On chante, un ”gosse” pleure. On entend des avions, ça résonne terriblement. Le proviseur fait preuve d’une confiance imperturbable dans la solidité de l’abri.
A 9h20 les chants s’interrompent car un horrible fracas se fait entendre. L’air chaud rentre en trombe dans l’abri soufflant la lanterne d’écurie que l’on avait réussi à allumer. Peur intense !... Une vague, deux, trois... Ouf ! C’est fini.
On sort : beau spectacle ! Une grêle de bombes incendiaires a arrosé la ville. Le feu dévore le quai des Bons-Enfants ; des plaquettes enflammées (phosphore) descendent la Moselle. L’Hôpital brûle, la Préfecture aussi.
Je traverse la ville en courant. La Générale est détruite, les Magasins Réunis sont atteints, les colonnes, seules, de l’église Notre-Dame subsistent. Le cinéma Royal flambe. Ce qui restait de la rue de la gare à la suite du premier bombardement s’est écroulé. La rue Notre-Dame de Lorette flambe, la maison Girol s’est écroulée sur son abri. Les écoles sont en feu.
Ouf ! Notre maison n’a rien. Dans ma chambre, un engin incendiaire qui a traversé le toit et le plafond, s’est échoué sur mon lit, projetant sur les murs gomme, essence, phosphore ! Par miracle, le mélange, amorti, absorbé par la literie (?) ne s’est pas enflammé."
qu'il en parlait avec une trouille incroyable dans la voix.
J'ai trouvé ce témoignage qui reflète bien le climat....
(Tiré du site "La bataille de Lorraine"
"11 mai 1944 (15h50) EPINAL est bombardée. 180 morts. Des centaines de blessés, 200 immeubles détruits ou gravement endommagés : A 15h45, on entend les ronronnements des Flying Fortress. Personne ne s’effraye, car presque chaque nuit ces bruits nous réveillent. D’ailleurs, l’alerte tarde à sonner (?). Il est vrai que cela n’aurait sans doute rien changé, les alertes se répétant.”
A 15h48, le premier “feulement” fait sursauter la ville. Deux secondes (ou minutes ?) ne se sont pas écoulées qu'un fracas effroyable fait gémir le sol. Un bruit semblable à celui de la tôle agitée, un bruit métallique horrible qui assourdit la cité. Un nuage de poussières, de cailloux, de fumée obscurcit le soleil. Dans de nombreux quartiers, la totalité des vitrages s’effondre. La première vague est passée. Son tir assez bien concentré a bouleversé le dépôt du chemin de fer et la gare qui flambent.
Deux ou trois minutes se passent ? Les ronronnements effrayants emplissent à nouveau le ciel.
La grêle mortelle s’abat à nouveau. Dans la fumée que le vent pousse au sud-ouest, une troisième, quatrième, cinquième vagues déversent leurs cargaisons, hors l’objectif. Enfin, vers 16h15, les vrombissements disparaissent au Nord.
C’est alors la recherche des victimes parmi les décombres. Le poste de secours, à l’école de la rue Durkheim, est tout de suite débordé. On y apporte morts, mourants et blessés. Ni eau, ni éther ! On dévalise la pharmacie Morel, on court à la recherche de matelas, de linge, de verrerie, etc... Une totale incurie !
Pendant trois longs jours, les incendies consument la gare et les casernes où, dit-on, plus de 100 prisonniers hindous auraient été tués. Le dimanche matin, on procède à un service funèbre (Mgr Blanchet) où sont bénis les 150 cercueils des morts retrouvés alors.
15h46 : ronronnements puissants (fenêtre fermée). J’ouvre la fenêtre. Je ne vois rien. Je cours à la chambre jaune. Je distingue nettement une escadrille, vers 2000 mètres, composée de 45 Flying Fortress à 4 moteurs. Le soleil m’aveugle. Je descends donc, pour mieux voir les avions, à la fenêtre d’escalier du 2ème étage. Je l’ouvre.
15h49 : je me penche et les montre du doigt à mon père. La sirène qui hurle depuis une minute et demie donne l’ambiance !
Soudain, une dizaine de boules noires, très visibles, s’abattent, sous nos yeux terrifiés, sur le dépôt du chemin de fer, dans un fracas épouvantable. Aussitôt, il est 15h50, un panache de fumée sort de terre et, à une vitesse vertigineuse, escalade le ciel.
Nous descendons quatre à quatre l’escalier et nous précipitons vers l’abri proche, creusé dans le jardin de l’école. La fumée qui retombe nous plonge dans la nuit. Une forte odeur de brûlé, de soufre, de terre nous prend à la gorge. Les avions s’éloignent.
Mais les ronronnements reviennent plus forts. Mon père essaye de retenir notre comptable, Mr Bonnet qui, enfourchant son vélo, veut monter à Chantraine où est sa famille. Nouveau fracas ; c’est la 2e vague. Je regarde les poutres de l’abri et crains d’être pris dessous. Je sors. La terre tremble et je suis projeté contre une cabane de jardin. Une pluie de terre me couvre. Je tremble, je tremble sans pouvoir m’arrêter... je me relève et vois à 20 mètres (?) l’entonnoir de la torpille qui m’a couverte de gravats. Comme un fou, je me précipite dans l’abri. Cette 3ème vague s’est abattue, de fait, sur notre quartier. On dénombrera, plus tard, 3 entonnoirs rue Lepage, 2 torpilles sur “les 3 sapins” où 3 personnes agonisent. Deux bombes, dont la “mienne”, derrière l’école maternelle, 2 autres torpilles sur la maison Raoul, rue du réservoir, 2 sur la rue Notre-Dame de Lorette, etc...
Quant à Mr Bonnet, il pédalait à hauteur des “3 sapins” quand la maison s’écroulait. La figure en sang et la cuisse cassée, il a été porté par mon père au poste de “secours”. Il s’en tirera.
Se succèdent les 4e et 5e vagues, toujours dans le même fracas, mais le vent aidant, ”n’intéressent“ plus notre coin ! Enfin, ”ils“ s’éloignent définitivement et l’ont émergent, hébétés, de notre si précaire “abri”.
18 mai 44 : Au lendemain du bombardement d’Epinal, les allemands ont déménagés dans les bois (Verrerie de Portieux) leurs ateliers de montage de moteurs d’avions de Charmes et de Thaon (dans le magasin d'expédition réquisitionné de la verrerie).
A la Libération, Mr Aubry, cultivateur et maire sous Vichy, sera accusé de dénonciation, emprisonné, et, finalement, libéré. Notre rue de ”la Jue” sera rebaptisée rue Gustave Chardot.
23 mai 44 : Et zou, de deux ! Alerte, ce matin, au lycée, à 8h15. Descente rapide aux abris. Le courant est coupé. Il fait noir comme dans un four. On chante, un ”gosse” pleure. On entend des avions, ça résonne terriblement. Le proviseur fait preuve d’une confiance imperturbable dans la solidité de l’abri.
A 9h20 les chants s’interrompent car un horrible fracas se fait entendre. L’air chaud rentre en trombe dans l’abri soufflant la lanterne d’écurie que l’on avait réussi à allumer. Peur intense !... Une vague, deux, trois... Ouf ! C’est fini.
On sort : beau spectacle ! Une grêle de bombes incendiaires a arrosé la ville. Le feu dévore le quai des Bons-Enfants ; des plaquettes enflammées (phosphore) descendent la Moselle. L’Hôpital brûle, la Préfecture aussi.
Je traverse la ville en courant. La Générale est détruite, les Magasins Réunis sont atteints, les colonnes, seules, de l’église Notre-Dame subsistent. Le cinéma Royal flambe. Ce qui restait de la rue de la gare à la suite du premier bombardement s’est écroulé. La rue Notre-Dame de Lorette flambe, la maison Girol s’est écroulée sur son abri. Les écoles sont en feu.
Ouf ! Notre maison n’a rien. Dans ma chambre, un engin incendiaire qui a traversé le toit et le plafond, s’est échoué sur mon lit, projetant sur les murs gomme, essence, phosphore ! Par miracle, le mélange, amorti, absorbé par la literie (?) ne s’est pas enflammé."
GRAV88- MARECHAL DES LOGIS
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Re: EPINAL: Bombardement
A signaler dans les archives de l'INA (vidéo) , le reportage suivant :"RUINES ET DEUIL OU LES VOSGES SINISTRÉES" .
On y commente des films sur les communes vosgiennes sinistrées dont une qui me tient à cœur :Rochesson.
A bon entendeur ,Cottonbaler .
Bye
On y commente des films sur les communes vosgiennes sinistrées dont une qui me tient à cœur :Rochesson.
A bon entendeur ,Cottonbaler .
Bye
GRAV88- MARECHAL DES LOGIS
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