Libération de Saint Amé
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Libération de Saint Amé
Un extrait du bulletin municipal de La commune de 2015 .
Les récits des combats de la Libération de nos villages font
état de la mort de soldats tant américains, qu’allemands
et français, sans que le plus souvent nous en sachions
davantage sur eux. Il est vrai que, s’agissant des soldats
français, les archives et les journaux de marche des
régiments donnent quelques indications. De plus des
enquêtes peuvent être menées, comme celle qui a abouti
à la publication par Madame Faliguerho de l’ouvrage Jean
de Bédous relatant l’itinéraire de Jean Agnès depuis son
village de Bédous dans la vallée d’Aspe (64) jusqu’à sa
mort à Sapois à l’âge de 19 ans sous le feu ennemi.
On peut comprendre les raisons pour lesquelles les familles de
soldats allemands ne font pas de démarches afin de connaître
le sort de ceux qui ont combattu dans notre contrée.
Au contraire, beaucoup de familles de soldats américains
morts au combat se sont manifestées afin de visiter les lieux
où ceux-ci ont combattu et où ils sont tombés et, pour ceux
d’entre eux qui reposent sur notre sol, afin de se recueillir sur
leurs tombes au cimetière du Quéquement.
Ainsi deux familles américaines ont désiré obtenir des
précisions sur les circonstances de la mort de soldats lors des
combats pour la libération de Saint-Amé. Leurs démarches
ont permis de donner un visage aux libérateurs que nous
honorons chaque année.
Il s’agit tout d’abord de la famille de
Herbert Strickland, mort à Saint-Amé le 25 septembre 1944,
jour de la libération du bourg, et du capitaine Makins, tué
le 29 septembre 1944, qui commandait la compagnie B du
141ème régiment d’infanterie, qui a libéré Saint-Amé.
Herbert Strickland est né le 11 décembre 1910 à Kentwood
une petite ville ferroviaire de Louisiane. Son père était
d’ailleurs employé dans une compagnie ferroviaire. En 1918,
sa famille, s’installa à Vicksburg dans le Mississipi. Herbert
Strickland se maria et eut deux enfants, une fille Mary Louise
en 1939 et Herbert Junior en 1941. Le couple s’était alors
endetté pour construire une petite maison à Vicksburg.
Herbert Strickland a souscrit un engagement volontaire le
2 novembre 1943 dans l’armée américaine d’une part par
patriotisme, puisque le Pays avait besoin de volontaires, et
aussi pour offrir à sa famille de meilleurs conditions de vie. Il
subit un entrainement dans les camps de Shelby (Mississipi)
et de Macon (Géorgie) avant d’embarquer en avril 1944 pour
l’Italie. Il fut affecté au 1er bataillon de la compagnie B du 141e
régiment d’infanterie au sein de la 36e division d’infanterie.
C’est dans cette unité qu’il débarqua le 15 août 1944 en
Provence entre Fréjus et Cannes. Après avoir nettoyé la côte,
son régiment participa aux combats de la libération de la
Provence de Draguignan à Montélimar, puis remonta début
septembre vers Lyon et Besançon avant d’atteindre Vesoul
à la mi-septembre.
Le 19 septembre 1944, il se rassembla
à Raon-aux-Bois en vue de préparer la traversée de la
Moselle à Noirgueux, traversée qui eut lieu le 21 septembre.
Progressant sur la rive droite de la Moselle en direction de
Saint-Etienne, le premier bataillon établit un barrage aux
Traits de Roches et entreprit de libérer Saint-Amé.
Herbert Strickland fit alors partie d’un groupe de six fantassins
affecté à la protection d’un poste d’observation mis en place
par le 131e Field Artillery dans les carrières qui dominent
Saint-Amé. Alors que la jeep dans laquelle il avait pris place se
repliait en direction de Putières, elle se heurta à un barrage mis
en place par les Allemands. C’est au cours d’un échange de tirs
qu’Herbert Strickland fut tué d’une balle en pleine poitrine.
Sa dernière lettre, que sa femme reçut deux mois après sa
mort, porte témoignage, malgré les réticences de celui-ci, de
la dureté des combats à Saint-Amé et de l’état de fatigue
des combattants américains.
Celui-ci écrit : « Je suis vraiment désolé de n’avoir pas
pu t’écrire plus tôt, mais je n’ai pas été aidé. Comme je
te l’ai déjà dit, ne t’alarme pas si tu ne reçois pas de mes
nouvelles. Cela ne veut pas dire que tout ne va pas bien
pour moi. Jusqu’ici tout s’est bien passé et actuellement je
me porte toujours bien. Je suis toujours sur le front, mais ne
t’en fais pas trop. C’est dur, et je ne peux peut-être pas le
dire maintenant, mais cela ne pourra pas durer beaucoup plus
longtemps... Le temps est assez pluvieux maintenant, mais
nous sommes bien équipés pour cela. Embrasse mes bébés.
Salue nos connaissances et nos amis. Tu sais que je t’aime. »
Monsieur Strickland, son fils, était venu à Saint-Amé en
1994 avec sa femme et son fils et s’était recueilli sur la
tombe de son père au cimetière du Quéquement.
Quant au capitaine Makins, son petit fils est venu à Saint
Amé l’été dernier afin de connaître les lieux où celui-ci avait
combattu de Noirgueux à Saint-Amé, et s’était enfin rendu
à Laveline-du-Houx où son grand père trouva la mort. Le
capitaine Makins, originaire d’Abilène dans le Kansas, était
militaire de carrière. Il débarqua en Provence le 15 août 1944
et participa aux combats qui menèrent la 36ème DIUS jusque
dans les Vosges. Il est mort le 29 septembre 1944 d’une
commotion causée par l’explosion d’un obus.
Hommage : Visages de la Libération (par M B. CUNIN)
L
Les récits des combats de la Libération de nos villages font
état de la mort de soldats tant américains, qu’allemands
et français, sans que le plus souvent nous en sachions
davantage sur eux. Il est vrai que, s’agissant des soldats
français, les archives et les journaux de marche des
régiments donnent quelques indications. De plus des
enquêtes peuvent être menées, comme celle qui a abouti
à la publication par Madame Faliguerho de l’ouvrage Jean
de Bédous relatant l’itinéraire de Jean Agnès depuis son
village de Bédous dans la vallée d’Aspe (64) jusqu’à sa
mort à Sapois à l’âge de 19 ans sous le feu ennemi.
On peut comprendre les raisons pour lesquelles les familles de
soldats allemands ne font pas de démarches afin de connaître
le sort de ceux qui ont combattu dans notre contrée.
Au contraire, beaucoup de familles de soldats américains
morts au combat se sont manifestées afin de visiter les lieux
où ceux-ci ont combattu et où ils sont tombés et, pour ceux
d’entre eux qui reposent sur notre sol, afin de se recueillir sur
leurs tombes au cimetière du Quéquement.
Ainsi deux familles américaines ont désiré obtenir des
précisions sur les circonstances de la mort de soldats lors des
combats pour la libération de Saint-Amé. Leurs démarches
ont permis de donner un visage aux libérateurs que nous
honorons chaque année.
Il s’agit tout d’abord de la famille de
Herbert Strickland, mort à Saint-Amé le 25 septembre 1944,
jour de la libération du bourg, et du capitaine Makins, tué
le 29 septembre 1944, qui commandait la compagnie B du
141ème régiment d’infanterie, qui a libéré Saint-Amé.
Herbert Strickland est né le 11 décembre 1910 à Kentwood
une petite ville ferroviaire de Louisiane. Son père était
d’ailleurs employé dans une compagnie ferroviaire. En 1918,
sa famille, s’installa à Vicksburg dans le Mississipi. Herbert
Strickland se maria et eut deux enfants, une fille Mary Louise
en 1939 et Herbert Junior en 1941. Le couple s’était alors
endetté pour construire une petite maison à Vicksburg.
Herbert Strickland a souscrit un engagement volontaire le
2 novembre 1943 dans l’armée américaine d’une part par
patriotisme, puisque le Pays avait besoin de volontaires, et
aussi pour offrir à sa famille de meilleurs conditions de vie. Il
subit un entrainement dans les camps de Shelby (Mississipi)
et de Macon (Géorgie) avant d’embarquer en avril 1944 pour
l’Italie. Il fut affecté au 1er bataillon de la compagnie B du 141e
régiment d’infanterie au sein de la 36e division d’infanterie.
C’est dans cette unité qu’il débarqua le 15 août 1944 en
Provence entre Fréjus et Cannes. Après avoir nettoyé la côte,
son régiment participa aux combats de la libération de la
Provence de Draguignan à Montélimar, puis remonta début
septembre vers Lyon et Besançon avant d’atteindre Vesoul
à la mi-septembre.
Le 19 septembre 1944, il se rassembla
à Raon-aux-Bois en vue de préparer la traversée de la
Moselle à Noirgueux, traversée qui eut lieu le 21 septembre.
Progressant sur la rive droite de la Moselle en direction de
Saint-Etienne, le premier bataillon établit un barrage aux
Traits de Roches et entreprit de libérer Saint-Amé.
Herbert Strickland fit alors partie d’un groupe de six fantassins
affecté à la protection d’un poste d’observation mis en place
par le 131e Field Artillery dans les carrières qui dominent
Saint-Amé. Alors que la jeep dans laquelle il avait pris place se
repliait en direction de Putières, elle se heurta à un barrage mis
en place par les Allemands. C’est au cours d’un échange de tirs
qu’Herbert Strickland fut tué d’une balle en pleine poitrine.
Sa dernière lettre, que sa femme reçut deux mois après sa
mort, porte témoignage, malgré les réticences de celui-ci, de
la dureté des combats à Saint-Amé et de l’état de fatigue
des combattants américains.
Celui-ci écrit : « Je suis vraiment désolé de n’avoir pas
pu t’écrire plus tôt, mais je n’ai pas été aidé. Comme je
te l’ai déjà dit, ne t’alarme pas si tu ne reçois pas de mes
nouvelles. Cela ne veut pas dire que tout ne va pas bien
pour moi. Jusqu’ici tout s’est bien passé et actuellement je
me porte toujours bien. Je suis toujours sur le front, mais ne
t’en fais pas trop. C’est dur, et je ne peux peut-être pas le
dire maintenant, mais cela ne pourra pas durer beaucoup plus
longtemps... Le temps est assez pluvieux maintenant, mais
nous sommes bien équipés pour cela. Embrasse mes bébés.
Salue nos connaissances et nos amis. Tu sais que je t’aime. »
Monsieur Strickland, son fils, était venu à Saint-Amé en
1994 avec sa femme et son fils et s’était recueilli sur la
tombe de son père au cimetière du Quéquement.
Quant au capitaine Makins, son petit fils est venu à Saint
Amé l’été dernier afin de connaître les lieux où celui-ci avait
combattu de Noirgueux à Saint-Amé, et s’était enfin rendu
à Laveline-du-Houx où son grand père trouva la mort. Le
capitaine Makins, originaire d’Abilène dans le Kansas, était
militaire de carrière. Il débarqua en Provence le 15 août 1944
et participa aux combats qui menèrent la 36ème DIUS jusque
dans les Vosges. Il est mort le 29 septembre 1944 d’une
commotion causée par l’explosion d’un obus.
Hommage : Visages de la Libération (par M B. CUNIN)
L
GRAV88- MARECHAL DES LOGIS
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Date d'inscription : 01/03/2017
Re: Libération de Saint Amé
Cinquantenaire de la Libération
Extrait du BM de SAINT AME 2015 (récit Mme ROBERT)
Texte recueilli par JM MICHEL
Mardi 25 septembre 2014, ce jour a marqué le 70e
anniversaire de la libération du village et beaucoup
d’anciens ont eu au fond d’eux-mêmes bien des souvenirs à
se remémorer. C’est pourquoi il semble opportun de publier
dans ce bulletin 2014, un petit manuscrit qui relate «vu de
l’intérieur» ces jours d’angoisse vécus sur notre sol.
Ce récit, duquel j’ai occulté des mots peu obligeants,
réveillera sûrement quelques douleurs que le temps avait
estompées, mais je demande aux familles de ne pas m’en
tenir rigueur, tant il est nécessaire que ces moments difficiles
ne disparaissent pas dans l’oubli.
Respectant rigoureusement le texte, j’ai mis en regard, en
bas de page, quelques notes permettant l’identification des
personnes et des lieux, pour une meilleure compréhension.
Quant à la personne qui rédigea ce carnet, facilement
identifiable par recoupements, il s’agit de Madame Louise
ROBERT, épouse de Lucien ROBERT (décédé en 1941)
boulangerie – épicerie – café, n° 2 de la Rue de l’Eglise à
SAINT-AME (boulangerie NURDIN actuellement).
«Nous avons été à la cave le vendredi 22 Septembre à
2 heures de l’après-midi, depuis ce moment-là, cela a
bombardé continuellement. La nuit de samedi à dimanche
cela a bombardé sans arrêt et nous avons eu bien peur. Ainsi
que le 24 dimanche sans interruption.
Mais ceci n’était rien en comparaison de la nuit du dimanche
24 au lundi 25, des bombes sans arrêt.
Le lundi matin à 8 h la maison VIRIEUX (1) brûlait, Désiré (2)
qui était avec nous est sorti de la cave et rentré en nous disant
que chez Louis ROBERT (3) ça brûlait, sa femme n’était pas
chez elle.
Georges (4) arrive aux Fallières vers 11 heures pensant que
les Américains étaient déjà arrivés, mais ils ne sont arrivés que
vers midi et ici Georges arrive vers 3 h moins le ¼.
Comme nous avons été heureuses de le voir ; tous sains
et saufs, quelle joie de le voir, chez Mme LEROY (5) que
nous mettons à la grande cave de chez mémère (7) et le
bombardement continue.
Grâce à Dieu, nous sommes tous sains et saufs espérons qu’à
VAGNEY et tous nous aurons le grand bonheur de nous revoir,
que fait Germaine et maman et les cocos (8) nous espérons
que rien ne leur arrivera.
Quel malheur, c’est aujourd’hui mardi et nous sommes
toujours à la cave où nous allons manger car cela continue à
bombarder par intervalles.
Lundi soir, nous apprenons la mort du pauvre Joseph REMY
(9) tué par une grenade.
Mme Léon ALEXANDRE (10) est morte samedi vers 11 h du
matin, aujourd’hui mardi elle n’est pas encore enterrée, que
de malheurs mon Dieu et merci de nous avoir protégés. A la
cave, nous étions 10 personnes chez DUCHENE (11), mémère
DELON (12) et nous deux Malou (13) dans tous les cas Mémère
est ma fois bien pénible ! Enfin je continue mes mémoires.
Aujourd’hui mercredi 27 : journée terrible. Je remonte de la
cave vers 9 heures pour faire de la soupe car vraiment nous
avons faim.
Nous n’avons plus de pain depuis 3 jours, je commence une
soupe de légumes mais sitôt au feu, voici de nouveau le
canon. Avec Malou nous filons à notre cave, ou vraiment nous
sommes terrorisées, un violent bombardement. La maison
ADAM (14) a une bombe sur le devant de la maison, notre
propre maison est bien touchée, car une bombe est tombée
et tout le devant de la maison est inhabitable. Les devantures
et les volets de fer ont volé en éclats, ainsi qu’au café, enfin
vers 11 h ½, nous retournons à la cave avec notre soupe et
des haricots que j’ai chauffés sur mon réchaud à l’alcool qui
est à la cave.
anEnfin après avoir mangé, je retourne chez nous chercher ma
montre que j’avais enlevée le matin pour me laver, oh ! Je ne
la trouve plus, elle est volée, je vais faire un tour chez nous,
tout est retourné !. On a été partout, au rez-de-chaussée tous
les buffets sont renversés, qui donc sont ces vandales enfin
! Dans tous les cas, la maison n’est plus habitable, qu’est-ce
que je vais donc devenir, surtout que la boulangerie est bien
mal en point, je ne crois pas que nous pourrons refaire du
pain, la cheminée du four est trop endommagée.
Et comment est le four, je m’effraye de voir tout cela, quand
ce bombardement sera fini, j’essayerai de rentrer chez nous.
Il est 3 h ½, heure anglaise et nous sommes toujours à la cave,
où nous passerons encore la nuit, 6ème à la cave, mon Dieu
quand cela finira donc ?
Aujourd’hui jeudi 28, la première personne qui vient nous voir
est Mimile (6) qui m’apprend oh ! Malheur un obus est tombé
sur le coin de la maison du côté de la chambre de Malou. Tout
est bouleversé. Il n’y a plus un seul carreau aux fenêtres.
On m’a volé un tas de choses, qui ? Là le problème se pose,
enfin dans tous les cas nous n’avons pas mangé de pain
depuis 4 jours. Mimile vient de partir à Remiremont, je lui ai
dit d’aller chez Georges (4) chercher une boule de pain, et
puis il passera nous en chercher 300 grs que la municipalité
fait distribuer chez GROSDEMOUGE (15) du pain qui vient de
St-Etienne c’est HUMBERT de Celles (16) qui a été le chercher
avec ses boeufs, et nous allons passer notre 7ième nuit à la
cave !!.
Quand cela finira t-il ?.
Aujourd’hui mercredi, nous avons mangé de la soupe de pois
et de la viande en bocal. Après-midi, Mme DUCHENE (11) a
voulu un peu déménager notre magasin mais de nouveau une
rafale et il faut rentrer vite à la cave…
Le moral est parfois assez mauvais mais… aussi, le caractère
patriote français reprend le dessus…
Mais je le dis on les aura.
Et vive la France (17) !
Ce jour, 27 jeudi, (18) j’ai remis à Georges (4) un peu d’argent
pour mettre à la banque en dépôt.
Je suis contente, Georges est venu et a déménagé la salle
à manger à la cave et il a cloué des planches sur toutes les
fenêtres et portes vers 5 h. Georges était sur le point de partir.
De nouveau le bombardement !de nouveau deux bombes sur
chez nous, la maison est dans un bel état ! Malou avait bien
peur, aussi elle est repartie avec Georges à Remiremont la
nuit a été assez calme, si l’on peut dire. papier. La première page est
manquante. Ce petit carnet ne raconte pas dans le détail
des opérations militaires, mais consigne les misères de nos
procheVendredi 29 (19), depuis ce matin, sans arrêt les avions, il y a
une bombe. Vers 2 heures de l’après-midi, nous apprenons
que Mme FAURE (20) a reçu un éclat dans le bassin et
TISSANDIER (21) est blessé à la tête, tous les deux sont
dirigés sur l’hôpital…
Il est 5 heures et le bombardement continue, nous sommes
toujours à la cave, jusque quand ?
Dimanche 1er octobre, je suis partie à Remiremont chez
Georges, où j’ai passé une bonne journée.
Je suis rentrée lundi après-midi, nous avons déménagé mes
meubles à la cave, la nuit du 2 au 3, grand branlebas : un
cantonnement arrive, et ils viennent nous trouver à la cave,
les Américains s’installent partout, même à la cave où mes
meubles sont rangés.
A la cuisine, ils ont fait du feu et se servent de toutes mes
casseroles.
Il est 10 h ½ et de nouveau des bombes, au moins 12 sur le
village, nous avons encore bien peur.
Ce matin 3 octobre, je viens de causer avec des gens de
Cleurie, qui me racontent que beaucoup de maisons sont
brûlées, l’usine de Julienrupt est brûlée d’hier après-midi.
Quel malheur et qu’allons-nous donc devenir ?
A Cleurie les maisons incendiées chez PENONE MULLER, la
mairie de Cleurie Vve MARCOT où 5 personnes sont restées
dans les flammes, chez THOMAS, et un grand nombre de
fermes anéanties sous les obus.
Le 12 janvier : cantonnement ! Ce sont des célèbres
qui boivent sans arrêt, c’est le 5ème biffin, ils sont bien
embêtants car tous voudraient du pain et n’y a pas moyen
de leur en avancer. Le bataillon médical est ici depuis 3 mois,
tous doivent partir le 13 janvier, ils occupent la salle de café,
Jean (22) fait du phono, hier soir nous avons joué aux petits
chevaux avec MESSARE (23) et 2 petits militaires qui voulaient
déserter aussi je les ai fait manger avec nous, et ils allaient
mieux pour repartir»….
1. Maison VIRIEUX, actuelle boucherie-charcuterie hôtel
restaurant LAMBERT, place de la Mairie.
2. Désiré DELON, greffier de la Mairie, habitait dans le
bâtiment de l’école des garçons (7, rue de l’Eglise) ou était
installée la Mairie au premier étage.
3. Louis ROBERT, boulangerie au n°5 de la rue de l’Eglise.
4. Georges APTEL, frère de la rédactrice, boulanger dans la
rue de la courtine à Remiremont.
5. Mme LEROY Philomène, habitait le n°3 rue de l’Eglise.
6. Mimile LEROY, fils de la précédente, notre regretté
cordonnier qui tiendra boutique, après la guerre, au n°1
de la rue des Vergers.
7. Vve Ernest ROBERT, même domicile 2, Rue de l’Eglise.
8. Germaine, soeur de Louise Robert qui était originaire de
VAGNEY.
9. Joseph REMY habitait la ferme n°19 rue de l’Eglise face
au cimetière.
10. L’épouse de Léon ALEXANDRE décédera par étouffement
dans la cave de chez Lucien THIRIET n°42 grande Rue.
Souffrant d’un abcès à la gorge, aucun médecin ne put
venir la soigner et elle ne sera inhumée que plus tard.
11. DUCHENE, le boulanger de Mme ROBERT, son épouse et
peut-être leur deux filles, Suzanne et Jeannine.
12. Valérie DELON, épouse de Désiré DELON, déjà cité (2)
13. Cousine de Mme ROBERT, domestique et serveuse au
magasin.
14. Café restaurant POTERLACAT actuel Place du Centre.
15. GROSDEMOUGE François, ferme n°95 grande Rue.
16. HUMBERT Justin, exploitant forestier, chemin du Vieux St-
Amé à Celles.
17. La rédactrice a ici reproduit un drapeau avant de
poursuivre le texte.
18. Erreur évidente de date il s’agit du jeudi 28
19. A nouveau date erronée, c’est le vendredi 29.
20. Mme FAURE, épouse de Camille FAURE, tenait la
quincaillerie 49, Grande Rue, elle décédera de ses
blessures.
21. TISSANDIER, neveu de M. Auguste FAURE, était employé
dans leur quincaillerie. Plus chanceux que Mme FAURE, M.
TISSANDIER en réchappera.
22. Personnage non identifié – peut-être Jean BEGEL ?
23. MESSARE ou TRESSARE, non identifié.
Il s’agit d’un petit carnet d’épicier, format 105 mm s
Extrait du BM de SAINT AME 2015 (récit Mme ROBERT)
Texte recueilli par JM MICHEL
Mardi 25 septembre 2014, ce jour a marqué le 70e
anniversaire de la libération du village et beaucoup
d’anciens ont eu au fond d’eux-mêmes bien des souvenirs à
se remémorer. C’est pourquoi il semble opportun de publier
dans ce bulletin 2014, un petit manuscrit qui relate «vu de
l’intérieur» ces jours d’angoisse vécus sur notre sol.
Ce récit, duquel j’ai occulté des mots peu obligeants,
réveillera sûrement quelques douleurs que le temps avait
estompées, mais je demande aux familles de ne pas m’en
tenir rigueur, tant il est nécessaire que ces moments difficiles
ne disparaissent pas dans l’oubli.
Respectant rigoureusement le texte, j’ai mis en regard, en
bas de page, quelques notes permettant l’identification des
personnes et des lieux, pour une meilleure compréhension.
Quant à la personne qui rédigea ce carnet, facilement
identifiable par recoupements, il s’agit de Madame Louise
ROBERT, épouse de Lucien ROBERT (décédé en 1941)
boulangerie – épicerie – café, n° 2 de la Rue de l’Eglise à
SAINT-AME (boulangerie NURDIN actuellement).
«Nous avons été à la cave le vendredi 22 Septembre à
2 heures de l’après-midi, depuis ce moment-là, cela a
bombardé continuellement. La nuit de samedi à dimanche
cela a bombardé sans arrêt et nous avons eu bien peur. Ainsi
que le 24 dimanche sans interruption.
Mais ceci n’était rien en comparaison de la nuit du dimanche
24 au lundi 25, des bombes sans arrêt.
Le lundi matin à 8 h la maison VIRIEUX (1) brûlait, Désiré (2)
qui était avec nous est sorti de la cave et rentré en nous disant
que chez Louis ROBERT (3) ça brûlait, sa femme n’était pas
chez elle.
Georges (4) arrive aux Fallières vers 11 heures pensant que
les Américains étaient déjà arrivés, mais ils ne sont arrivés que
vers midi et ici Georges arrive vers 3 h moins le ¼.
Comme nous avons été heureuses de le voir ; tous sains
et saufs, quelle joie de le voir, chez Mme LEROY (5) que
nous mettons à la grande cave de chez mémère (7) et le
bombardement continue.
Grâce à Dieu, nous sommes tous sains et saufs espérons qu’à
VAGNEY et tous nous aurons le grand bonheur de nous revoir,
que fait Germaine et maman et les cocos (8) nous espérons
que rien ne leur arrivera.
Quel malheur, c’est aujourd’hui mardi et nous sommes
toujours à la cave où nous allons manger car cela continue à
bombarder par intervalles.
Lundi soir, nous apprenons la mort du pauvre Joseph REMY
(9) tué par une grenade.
Mme Léon ALEXANDRE (10) est morte samedi vers 11 h du
matin, aujourd’hui mardi elle n’est pas encore enterrée, que
de malheurs mon Dieu et merci de nous avoir protégés. A la
cave, nous étions 10 personnes chez DUCHENE (11), mémère
DELON (12) et nous deux Malou (13) dans tous les cas Mémère
est ma fois bien pénible ! Enfin je continue mes mémoires.
Aujourd’hui mercredi 27 : journée terrible. Je remonte de la
cave vers 9 heures pour faire de la soupe car vraiment nous
avons faim.
Nous n’avons plus de pain depuis 3 jours, je commence une
soupe de légumes mais sitôt au feu, voici de nouveau le
canon. Avec Malou nous filons à notre cave, ou vraiment nous
sommes terrorisées, un violent bombardement. La maison
ADAM (14) a une bombe sur le devant de la maison, notre
propre maison est bien touchée, car une bombe est tombée
et tout le devant de la maison est inhabitable. Les devantures
et les volets de fer ont volé en éclats, ainsi qu’au café, enfin
vers 11 h ½, nous retournons à la cave avec notre soupe et
des haricots que j’ai chauffés sur mon réchaud à l’alcool qui
est à la cave.
anEnfin après avoir mangé, je retourne chez nous chercher ma
montre que j’avais enlevée le matin pour me laver, oh ! Je ne
la trouve plus, elle est volée, je vais faire un tour chez nous,
tout est retourné !. On a été partout, au rez-de-chaussée tous
les buffets sont renversés, qui donc sont ces vandales enfin
! Dans tous les cas, la maison n’est plus habitable, qu’est-ce
que je vais donc devenir, surtout que la boulangerie est bien
mal en point, je ne crois pas que nous pourrons refaire du
pain, la cheminée du four est trop endommagée.
Et comment est le four, je m’effraye de voir tout cela, quand
ce bombardement sera fini, j’essayerai de rentrer chez nous.
Il est 3 h ½, heure anglaise et nous sommes toujours à la cave,
où nous passerons encore la nuit, 6ème à la cave, mon Dieu
quand cela finira donc ?
Aujourd’hui jeudi 28, la première personne qui vient nous voir
est Mimile (6) qui m’apprend oh ! Malheur un obus est tombé
sur le coin de la maison du côté de la chambre de Malou. Tout
est bouleversé. Il n’y a plus un seul carreau aux fenêtres.
On m’a volé un tas de choses, qui ? Là le problème se pose,
enfin dans tous les cas nous n’avons pas mangé de pain
depuis 4 jours. Mimile vient de partir à Remiremont, je lui ai
dit d’aller chez Georges (4) chercher une boule de pain, et
puis il passera nous en chercher 300 grs que la municipalité
fait distribuer chez GROSDEMOUGE (15) du pain qui vient de
St-Etienne c’est HUMBERT de Celles (16) qui a été le chercher
avec ses boeufs, et nous allons passer notre 7ième nuit à la
cave !!.
Quand cela finira t-il ?.
Aujourd’hui mercredi, nous avons mangé de la soupe de pois
et de la viande en bocal. Après-midi, Mme DUCHENE (11) a
voulu un peu déménager notre magasin mais de nouveau une
rafale et il faut rentrer vite à la cave…
Le moral est parfois assez mauvais mais… aussi, le caractère
patriote français reprend le dessus…
Mais je le dis on les aura.
Et vive la France (17) !
Ce jour, 27 jeudi, (18) j’ai remis à Georges (4) un peu d’argent
pour mettre à la banque en dépôt.
Je suis contente, Georges est venu et a déménagé la salle
à manger à la cave et il a cloué des planches sur toutes les
fenêtres et portes vers 5 h. Georges était sur le point de partir.
De nouveau le bombardement !de nouveau deux bombes sur
chez nous, la maison est dans un bel état ! Malou avait bien
peur, aussi elle est repartie avec Georges à Remiremont la
nuit a été assez calme, si l’on peut dire. papier. La première page est
manquante. Ce petit carnet ne raconte pas dans le détail
des opérations militaires, mais consigne les misères de nos
procheVendredi 29 (19), depuis ce matin, sans arrêt les avions, il y a
une bombe. Vers 2 heures de l’après-midi, nous apprenons
que Mme FAURE (20) a reçu un éclat dans le bassin et
TISSANDIER (21) est blessé à la tête, tous les deux sont
dirigés sur l’hôpital…
Il est 5 heures et le bombardement continue, nous sommes
toujours à la cave, jusque quand ?
Dimanche 1er octobre, je suis partie à Remiremont chez
Georges, où j’ai passé une bonne journée.
Je suis rentrée lundi après-midi, nous avons déménagé mes
meubles à la cave, la nuit du 2 au 3, grand branlebas : un
cantonnement arrive, et ils viennent nous trouver à la cave,
les Américains s’installent partout, même à la cave où mes
meubles sont rangés.
A la cuisine, ils ont fait du feu et se servent de toutes mes
casseroles.
Il est 10 h ½ et de nouveau des bombes, au moins 12 sur le
village, nous avons encore bien peur.
Ce matin 3 octobre, je viens de causer avec des gens de
Cleurie, qui me racontent que beaucoup de maisons sont
brûlées, l’usine de Julienrupt est brûlée d’hier après-midi.
Quel malheur et qu’allons-nous donc devenir ?
A Cleurie les maisons incendiées chez PENONE MULLER, la
mairie de Cleurie Vve MARCOT où 5 personnes sont restées
dans les flammes, chez THOMAS, et un grand nombre de
fermes anéanties sous les obus.
Le 12 janvier : cantonnement ! Ce sont des célèbres
qui boivent sans arrêt, c’est le 5ème biffin, ils sont bien
embêtants car tous voudraient du pain et n’y a pas moyen
de leur en avancer. Le bataillon médical est ici depuis 3 mois,
tous doivent partir le 13 janvier, ils occupent la salle de café,
Jean (22) fait du phono, hier soir nous avons joué aux petits
chevaux avec MESSARE (23) et 2 petits militaires qui voulaient
déserter aussi je les ai fait manger avec nous, et ils allaient
mieux pour repartir»….
1. Maison VIRIEUX, actuelle boucherie-charcuterie hôtel
restaurant LAMBERT, place de la Mairie.
2. Désiré DELON, greffier de la Mairie, habitait dans le
bâtiment de l’école des garçons (7, rue de l’Eglise) ou était
installée la Mairie au premier étage.
3. Louis ROBERT, boulangerie au n°5 de la rue de l’Eglise.
4. Georges APTEL, frère de la rédactrice, boulanger dans la
rue de la courtine à Remiremont.
5. Mme LEROY Philomène, habitait le n°3 rue de l’Eglise.
6. Mimile LEROY, fils de la précédente, notre regretté
cordonnier qui tiendra boutique, après la guerre, au n°1
de la rue des Vergers.
7. Vve Ernest ROBERT, même domicile 2, Rue de l’Eglise.
8. Germaine, soeur de Louise Robert qui était originaire de
VAGNEY.
9. Joseph REMY habitait la ferme n°19 rue de l’Eglise face
au cimetière.
10. L’épouse de Léon ALEXANDRE décédera par étouffement
dans la cave de chez Lucien THIRIET n°42 grande Rue.
Souffrant d’un abcès à la gorge, aucun médecin ne put
venir la soigner et elle ne sera inhumée que plus tard.
11. DUCHENE, le boulanger de Mme ROBERT, son épouse et
peut-être leur deux filles, Suzanne et Jeannine.
12. Valérie DELON, épouse de Désiré DELON, déjà cité (2)
13. Cousine de Mme ROBERT, domestique et serveuse au
magasin.
14. Café restaurant POTERLACAT actuel Place du Centre.
15. GROSDEMOUGE François, ferme n°95 grande Rue.
16. HUMBERT Justin, exploitant forestier, chemin du Vieux St-
Amé à Celles.
17. La rédactrice a ici reproduit un drapeau avant de
poursuivre le texte.
18. Erreur évidente de date il s’agit du jeudi 28
19. A nouveau date erronée, c’est le vendredi 29.
20. Mme FAURE, épouse de Camille FAURE, tenait la
quincaillerie 49, Grande Rue, elle décédera de ses
blessures.
21. TISSANDIER, neveu de M. Auguste FAURE, était employé
dans leur quincaillerie. Plus chanceux que Mme FAURE, M.
TISSANDIER en réchappera.
22. Personnage non identifié – peut-être Jean BEGEL ?
23. MESSARE ou TRESSARE, non identifié.
Il s’agit d’un petit carnet d’épicier, format 105 mm s
GRAV88- MARECHAL DES LOGIS
- Nombre de messages : 142
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Points : 180
Date d'inscription : 01/03/2017
Re: Libération de Saint Amé
Merci Manu pour la retranscription de ces détails
qui ne figurent dans aucun grand livre de référence
Merci aussi à cette dame d avoir eu la présence d'esprit
de prendre un crayon afin de graver dans la grande Histoire
ces événements d'un petit bout de pays Vosgien
désormais, ils serviront ( comme tes autres interventions) à éclairer ceux qui cherchent
l histoire de leurs anciens ou sur leurs lieux de vie
en ces moments intenses et pénibles
qui ne figurent dans aucun grand livre de référence
Merci aussi à cette dame d avoir eu la présence d'esprit
de prendre un crayon afin de graver dans la grande Histoire
ces événements d'un petit bout de pays Vosgien
désormais, ils serviront ( comme tes autres interventions) à éclairer ceux qui cherchent
l histoire de leurs anciens ou sur leurs lieux de vie
en ces moments intenses et pénibles
yves philippe- MODERATEUR
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