Les combats (39/45)
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Les combats (39/45)
Faut pas faire le modeste Yves....
Je viens de découvrir l'auteur de cet article par hasard dans des vieux journaux pour la déchetterie.
Ces documents valent le coup d’être partagés.
Merci
Bulletin municipal 2015
A Rupt Sur Moselle, comme dans les autres villages du secteur,
le Monument aux morts dédié aux poilus de 14-18 rappelle
le sacrifice de ses enfants. Aussi, la déclaration de guerre à
l’Allemagne le 03 Septembre 1939 met en émoi la population. Aux
Roches de Parier sera donc érigée le 1er Octobre 1939, la Croix de
la Paix. Hélas, les prières Ruppéennes ne seront pas entendues.
Début Juin 1940, on constate que les Allemands sont à nouveau
à nos portes. Alors, pour éviter toute incorporation de force à
l’image des « malgré nous », ordre est donné par la mairie aux
hommes en âge d’être incorporés, de se rassembler à la croisée
des routes, près de l’Hôtel Courroy, où ils seront embarqués à
bord de camions et camionnettes civils réquisitionnés.
Le 18 Juin, les troupes françaises, principalement basées à l’Hôtel
Perry, font sauter les ponts afin de retarder l’avancée des Allemands
qui bombarderont la rue de l’église le lendemain même depuis la
route des Forts. Le courage des soldats Français ne servira à rien
devant les chars allemands qui laisseront leurs empreintes durant
de longs mois dans les prés du Mont de fourche.
Cette bataille, bien que rapide, laissera des traces dans le village
par la destruction totale de plusieurs habitations dans la rue de
l’église. Plusieurs soldats seront tués au combat et seront inhumés
provisoirement dans un carré militaire à « la Croix des Morts ».
Plusieurs dizaines de soldats Ruppéens seront faits prisonniers
tandis que la Wermacht défile glorieusement sur la route nationale
comme le montre les clichés de Morice Hocquaux.
D’autres jeunes, plus chanceux, se retrouveront dans des
chantiers de jeunesse en zone libre à extraire du charbon de bois.
Tous reviendront au pays au petit bonheur la chance dans les mois
qui suivirent, en ayant pris le risque de franchir la fameuse ligne
de démarcation.
Rupt sur Moselle comme les autres villes de la zone interdite se
trouve donc maintenant sous administration allemande. La Kommandantur
s’installe au magasin Courroy tandis que le colonel
allemand s’installe dans l’habitation Andreux.
Un couvre feu est instauré, toute l’économie locale s’effondre,
l’industrie ne tourne plus qu’à un tiers de ses capacités.
La Municipalité de Rupt sur Moselle crée alors un comité d’aide
aux sinistrés tandis qu’apparaissent les cartes de rationnement et
les tickets d’alimentation.
Toutefois, le besoin de main d’oeuvre en Allemagne est tellement
important que tous les conscrits de la classe 42 et 43 sont
convoqués séance tenante à la visite médicale à Epinal pour être
conduits en train en Allemagne afin de soutenir l’effort de guerre.
Par la suite, beaucoup d’entre eux profiteront d’une permission
pour ne pas repartir.
Ces jeunes réfractaires, dépourvus de carte d’identité, donc de
carte d’alimentation, viendront gonfler les effectifs des maquis,
comme celui qui se dissimule maintenant à « La Cheve », dans les
Dessus de Rupt sur Moselle.
En 1943, la résistance se développe, des femmes et des hommes
courageux constituent un maillage destiné à supporter les
maquisards ou à aider les fugitifs à gagner la France libre.
Parallèlement l’occupant devient hargneux et soupçonneux,
plusieurs jeunes se feront arrêter lors de leurs aléas mais
parviendront à s’enfuir.
D’autres, directement lié au maquis de Rupt auront un sort
beaucoup plus funeste comme Georges Montémont, mort en
déportation ou Paul Urion tué lors de l’attaque du maquis de Rupt
sur Moselle dont il était le responsable.
Fin 1943 et début 1944 feront entendre les prémices de la libération
par le ronflement vibrant des bombardiers alliés survolant le ciel
de Rupt sur Moselle pour aller pilonner l’Allemagne. C’est dans
ces circonstances qu’un Lancaster, suite à une collision en vol,
viendra s’écraser le 28 Avril 1944 à 01H20 du matin aux Haut Prés,
tuant les sept personnels d’équipage, blessant Mme Godet et
endommageant la ferme d’André Gauvain. Un carré militaire sera
d’ailleurs dévolu à ces aviateurs au sein du cimetière communal.
A la suite des débarquements de Normandie et de Provence, les
soldats de la 3ème division Américaine arrivent les premiers aux
portes des Vosges. C’est le 7ème et le 30ème régiment d’infanterie
US qui arriveront sur la route des Forts le 21 septembre 1944. Les
soldats Allemands auront préalablement fait sauter la plupart des
ponts afin de protéger leur repli.
Pour les libérateurs, outre le mur de l’Atlantique, la vraie
opposition commencera ici. En effet, si quatre mois leur auront
suffit pour traverser la France, il leur en faudra trois pour libérer
les Hautes Vosges, tellement la bataille sera ardue.
Les américains perdront une trentaine de soldats en trois jours rien
que sur la commune de Rupt avant d’être relevés le 26 Septembre
par les Français de la 3ème Division d’Infanterie Algérienne et les
goums du 3ème Groupement de Tabors Marocains, ces derniers
seront d’ailleurs cantonnés dans l’école des filles au début de la
Rue de la Dermanville.
L’arrivée des libérateurs avive l’esprit des jeunes hommes qui se
proposent de conduire les soldats devant les poches de résistance,
souvent au péril de leur vie comme le démontre la stèle de Gaston
Demange au Col de Morbieux, fauché à l’âge de 20 ans.
Les femmes, quant à elles, s’activent dans les secours à personne
comme Gisèle Chipot ou Marguerite Hingray et aident le courageux
docteur Mazurier à toute heure du jour ou de la nuit.
La proximité du front aura paradoxalement permis à la population
Ruppéenne de côtoyer le Général de Gaulle à Hielle ou le prince
Rainier de Monaco.
Le verrou Allemand ayant tenu jusqu’au 26 Novembre au niveau
de Ramonchamp, Rupt Sur Moselle accueillera alors par dizaine
les réfugiés civils qui fuient les bombardements du Thillot à
Bussang.
Le recul du front va alors permettre aux jeunes de la classe 44 de
s’incorporer, soit au château de Hielle, soit à La Roche, lesquels
partiront libérer l’Alsace avant de franchir le Rhin.
Les combats limités aux seules vallées de la Moselle et de la
Moselotte feront des victimes militaires par centaine ou civiles
par dizaine. Un cimetière militaire français sera implanté au
Bennevise totalisant plus de 1200 tombes. Là encore la population
se montrera volontaire, en tant que parrain ou marraine de
tombes afin de commémorer le souvenir de ces soldats, tout en
restant en relation avec les familles des défunts.
13 civils Ruppéens auront péri dans ces combats. 166 auront été
fait prisonniers, 144 auront été déportés dans les camps de travail.
Les dommages matériels seront également très importants
puisqu’on dénombrera plus de 200 sinistrés totaux ou partiels
auxquels il faudra ajouter les pillages en tous genres.
Les années qui suivirent la libération n’auront de cesse de rappeler
ces quatre années d’occupation par la découverte de corps de
soldats en forêt ou de munitions de toutes sortes, lesquelles
créeront plusieurs accidents graves.
Le comportement des Ruppéennes et des Ruppéens sous
l’occupation fera que la ville de Rupt sur Moselle se verra décerner
la croix de guerre 1939/45 avec étoile de Bronze.
Malgré toutes les souffrances endurées, la commune a su tourner
la page sans oublier son passé et quelques décennies plus tard elle
fera le choix de se jumeler avec la ville Allemande de Stadecken
Elsheim.
Merci à toutes les personnes qui ont participé par le prêt d’objets,
les témoignages, les écrits à notre exposition qui a eu lieu au mois
de septembre dernier.
Extraits du discours de Yves Philippe prononcé à la
commémoration du 70ème anniversaire le 26 septembre 2014
Je viens de découvrir l'auteur de cet article par hasard dans des vieux journaux pour la déchetterie.
Ces documents valent le coup d’être partagés.
Merci
Bulletin municipal 2015
A Rupt Sur Moselle, comme dans les autres villages du secteur,
le Monument aux morts dédié aux poilus de 14-18 rappelle
le sacrifice de ses enfants. Aussi, la déclaration de guerre à
l’Allemagne le 03 Septembre 1939 met en émoi la population. Aux
Roches de Parier sera donc érigée le 1er Octobre 1939, la Croix de
la Paix. Hélas, les prières Ruppéennes ne seront pas entendues.
Début Juin 1940, on constate que les Allemands sont à nouveau
à nos portes. Alors, pour éviter toute incorporation de force à
l’image des « malgré nous », ordre est donné par la mairie aux
hommes en âge d’être incorporés, de se rassembler à la croisée
des routes, près de l’Hôtel Courroy, où ils seront embarqués à
bord de camions et camionnettes civils réquisitionnés.
Le 18 Juin, les troupes françaises, principalement basées à l’Hôtel
Perry, font sauter les ponts afin de retarder l’avancée des Allemands
qui bombarderont la rue de l’église le lendemain même depuis la
route des Forts. Le courage des soldats Français ne servira à rien
devant les chars allemands qui laisseront leurs empreintes durant
de longs mois dans les prés du Mont de fourche.
Cette bataille, bien que rapide, laissera des traces dans le village
par la destruction totale de plusieurs habitations dans la rue de
l’église. Plusieurs soldats seront tués au combat et seront inhumés
provisoirement dans un carré militaire à « la Croix des Morts ».
Plusieurs dizaines de soldats Ruppéens seront faits prisonniers
tandis que la Wermacht défile glorieusement sur la route nationale
comme le montre les clichés de Morice Hocquaux.
D’autres jeunes, plus chanceux, se retrouveront dans des
chantiers de jeunesse en zone libre à extraire du charbon de bois.
Tous reviendront au pays au petit bonheur la chance dans les mois
qui suivirent, en ayant pris le risque de franchir la fameuse ligne
de démarcation.
Rupt sur Moselle comme les autres villes de la zone interdite se
trouve donc maintenant sous administration allemande. La Kommandantur
s’installe au magasin Courroy tandis que le colonel
allemand s’installe dans l’habitation Andreux.
Un couvre feu est instauré, toute l’économie locale s’effondre,
l’industrie ne tourne plus qu’à un tiers de ses capacités.
La Municipalité de Rupt sur Moselle crée alors un comité d’aide
aux sinistrés tandis qu’apparaissent les cartes de rationnement et
les tickets d’alimentation.
Toutefois, le besoin de main d’oeuvre en Allemagne est tellement
important que tous les conscrits de la classe 42 et 43 sont
convoqués séance tenante à la visite médicale à Epinal pour être
conduits en train en Allemagne afin de soutenir l’effort de guerre.
Par la suite, beaucoup d’entre eux profiteront d’une permission
pour ne pas repartir.
Ces jeunes réfractaires, dépourvus de carte d’identité, donc de
carte d’alimentation, viendront gonfler les effectifs des maquis,
comme celui qui se dissimule maintenant à « La Cheve », dans les
Dessus de Rupt sur Moselle.
En 1943, la résistance se développe, des femmes et des hommes
courageux constituent un maillage destiné à supporter les
maquisards ou à aider les fugitifs à gagner la France libre.
Parallèlement l’occupant devient hargneux et soupçonneux,
plusieurs jeunes se feront arrêter lors de leurs aléas mais
parviendront à s’enfuir.
D’autres, directement lié au maquis de Rupt auront un sort
beaucoup plus funeste comme Georges Montémont, mort en
déportation ou Paul Urion tué lors de l’attaque du maquis de Rupt
sur Moselle dont il était le responsable.
Fin 1943 et début 1944 feront entendre les prémices de la libération
par le ronflement vibrant des bombardiers alliés survolant le ciel
de Rupt sur Moselle pour aller pilonner l’Allemagne. C’est dans
ces circonstances qu’un Lancaster, suite à une collision en vol,
viendra s’écraser le 28 Avril 1944 à 01H20 du matin aux Haut Prés,
tuant les sept personnels d’équipage, blessant Mme Godet et
endommageant la ferme d’André Gauvain. Un carré militaire sera
d’ailleurs dévolu à ces aviateurs au sein du cimetière communal.
A la suite des débarquements de Normandie et de Provence, les
soldats de la 3ème division Américaine arrivent les premiers aux
portes des Vosges. C’est le 7ème et le 30ème régiment d’infanterie
US qui arriveront sur la route des Forts le 21 septembre 1944. Les
soldats Allemands auront préalablement fait sauter la plupart des
ponts afin de protéger leur repli.
Pour les libérateurs, outre le mur de l’Atlantique, la vraie
opposition commencera ici. En effet, si quatre mois leur auront
suffit pour traverser la France, il leur en faudra trois pour libérer
les Hautes Vosges, tellement la bataille sera ardue.
Les américains perdront une trentaine de soldats en trois jours rien
que sur la commune de Rupt avant d’être relevés le 26 Septembre
par les Français de la 3ème Division d’Infanterie Algérienne et les
goums du 3ème Groupement de Tabors Marocains, ces derniers
seront d’ailleurs cantonnés dans l’école des filles au début de la
Rue de la Dermanville.
L’arrivée des libérateurs avive l’esprit des jeunes hommes qui se
proposent de conduire les soldats devant les poches de résistance,
souvent au péril de leur vie comme le démontre la stèle de Gaston
Demange au Col de Morbieux, fauché à l’âge de 20 ans.
Les femmes, quant à elles, s’activent dans les secours à personne
comme Gisèle Chipot ou Marguerite Hingray et aident le courageux
docteur Mazurier à toute heure du jour ou de la nuit.
La proximité du front aura paradoxalement permis à la population
Ruppéenne de côtoyer le Général de Gaulle à Hielle ou le prince
Rainier de Monaco.
Le verrou Allemand ayant tenu jusqu’au 26 Novembre au niveau
de Ramonchamp, Rupt Sur Moselle accueillera alors par dizaine
les réfugiés civils qui fuient les bombardements du Thillot à
Bussang.
Le recul du front va alors permettre aux jeunes de la classe 44 de
s’incorporer, soit au château de Hielle, soit à La Roche, lesquels
partiront libérer l’Alsace avant de franchir le Rhin.
Les combats limités aux seules vallées de la Moselle et de la
Moselotte feront des victimes militaires par centaine ou civiles
par dizaine. Un cimetière militaire français sera implanté au
Bennevise totalisant plus de 1200 tombes. Là encore la population
se montrera volontaire, en tant que parrain ou marraine de
tombes afin de commémorer le souvenir de ces soldats, tout en
restant en relation avec les familles des défunts.
13 civils Ruppéens auront péri dans ces combats. 166 auront été
fait prisonniers, 144 auront été déportés dans les camps de travail.
Les dommages matériels seront également très importants
puisqu’on dénombrera plus de 200 sinistrés totaux ou partiels
auxquels il faudra ajouter les pillages en tous genres.
Les années qui suivirent la libération n’auront de cesse de rappeler
ces quatre années d’occupation par la découverte de corps de
soldats en forêt ou de munitions de toutes sortes, lesquelles
créeront plusieurs accidents graves.
Le comportement des Ruppéennes et des Ruppéens sous
l’occupation fera que la ville de Rupt sur Moselle se verra décerner
la croix de guerre 1939/45 avec étoile de Bronze.
Malgré toutes les souffrances endurées, la commune a su tourner
la page sans oublier son passé et quelques décennies plus tard elle
fera le choix de se jumeler avec la ville Allemande de Stadecken
Elsheim.
Merci à toutes les personnes qui ont participé par le prêt d’objets,
les témoignages, les écrits à notre exposition qui a eu lieu au mois
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commémoration du 70ème anniversaire le 26 septembre 2014
GRAV88- MARECHAL DES LOGIS
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Date d'inscription : 01/03/2017
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