Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
Certains sont tombés trop loin, sur Ventron.
Je crois que ce largage-là était prévu au maquis de l'Ognon.
Ensuite, je suis redescendu chez nous, au Essieux, avec Maurice Justin ( Maurice Chevrier).
Le lendemain matin je suis remonté là-haut pour donner un coup de main. Sur le trajet je me suis arrêté chez Henri PHILIPPE pour lui dire mes intentions.
Il m'a dit textuellement “ Non, tu fais erreur”. Il a bien fait, les Allemands avaient envahi ce secteur là”.-------- ( Souvenirs d'Aristide FRESSE ).
Il est vrai, qu’à cette période-là, il n’y avait pas que des résistants.
Quelques personnes, une minorité heureusement, s’évertuaient aussi à rechercher le renseignement, mais pour l’ennemi.
Si les résistants cherchaient les « collabos », ces derniers faisaient de même.
Les années 1943 - 1944 furent terribles, l’insécurité était partout et tout le monde se méfiait de tout le monde.
Le maquis a d’ailleurs organisé quelques expéditions punitives.
Les soupçons allaient bon train. On pouvait être vendu par son voisin, simplement pour assouvir une vengeance personnelle.
Des innocents pouvaient être taxés de collabos simplement parce qu‘ils avaient été vus dans une situation équivoque, sans qu’on ait cherché les tenants et les aboutissants de cette situation.
“ On a eu une vie mouvementée, surtout en 44.
Moi j’étais mort de peur, j’avais 12 ans. Le danger était partout. A chaque instant il pouvait nous arriver le pire.
Gamin, lorsqu’on y pensait moins, les parents étaient là pour nous remettre en garde, ou bien c’était un Allemand qui venait voir s’il n’y avait pas de “ TERRORISTE” chez nous .
Rien que de les voir, j’étais tétanisé”--------------------( Souvenirs de Gilbert).
Lors d’une des réunions secrètes chez mon grand-père, le Commandant GONAND, appelé communément «Monsieur Lucien » a dit: « J’espère qu'il n'y a pas de traître parmi nous! » .
Un homme se sentit visé et « piqua un fard ». La question n'avait pas été posée par hasard.
L’atmosphère était électrique en 1943 / 1944.
La population Française se scindait alors en trois groupes: Ceux des résistants et des “collabos” qui étaient largement minoritaires en terme d'effectif mais farouchement opposés l'un à l'autre, et, au centre, la grande majorité , principalement pro française, qui courbait le dos, tout en facilitant quelques fois, l'action des maquisards.
Je crois que ce largage-là était prévu au maquis de l'Ognon.
Ensuite, je suis redescendu chez nous, au Essieux, avec Maurice Justin ( Maurice Chevrier).
Le lendemain matin je suis remonté là-haut pour donner un coup de main. Sur le trajet je me suis arrêté chez Henri PHILIPPE pour lui dire mes intentions.
Il m'a dit textuellement “ Non, tu fais erreur”. Il a bien fait, les Allemands avaient envahi ce secteur là”.-------- ( Souvenirs d'Aristide FRESSE ).
Il est vrai, qu’à cette période-là, il n’y avait pas que des résistants.
Quelques personnes, une minorité heureusement, s’évertuaient aussi à rechercher le renseignement, mais pour l’ennemi.
Si les résistants cherchaient les « collabos », ces derniers faisaient de même.
Les années 1943 - 1944 furent terribles, l’insécurité était partout et tout le monde se méfiait de tout le monde.
Le maquis a d’ailleurs organisé quelques expéditions punitives.
Les soupçons allaient bon train. On pouvait être vendu par son voisin, simplement pour assouvir une vengeance personnelle.
Des innocents pouvaient être taxés de collabos simplement parce qu‘ils avaient été vus dans une situation équivoque, sans qu’on ait cherché les tenants et les aboutissants de cette situation.
“ On a eu une vie mouvementée, surtout en 44.
Moi j’étais mort de peur, j’avais 12 ans. Le danger était partout. A chaque instant il pouvait nous arriver le pire.
Gamin, lorsqu’on y pensait moins, les parents étaient là pour nous remettre en garde, ou bien c’était un Allemand qui venait voir s’il n’y avait pas de “ TERRORISTE” chez nous .
Rien que de les voir, j’étais tétanisé”--------------------( Souvenirs de Gilbert).
Lors d’une des réunions secrètes chez mon grand-père, le Commandant GONAND, appelé communément «Monsieur Lucien » a dit: « J’espère qu'il n'y a pas de traître parmi nous! » .
Un homme se sentit visé et « piqua un fard ». La question n'avait pas été posée par hasard.
L’atmosphère était électrique en 1943 / 1944.
La population Française se scindait alors en trois groupes: Ceux des résistants et des “collabos” qui étaient largement minoritaires en terme d'effectif mais farouchement opposés l'un à l'autre, et, au centre, la grande majorité , principalement pro française, qui courbait le dos, tout en facilitant quelques fois, l'action des maquisards.
yves philippe- MODERATEUR
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
Comment se répartiraient ces trois groupes de
population aujourd'hui, je n'ose l'imaginer.
Les Allemands de leur côté ne parvenaient plus à avancer sur les différents fronts. L'armée ennemie commence même à reculer sur la scène internationale ( Campagnes de Tunisie et d'Italie).
L'occupant devient très irritable.
Mais plus les Allemands deviennent irritables, plus les résistants se montrent téméraires .
Courage ou inconscience du danger?
Que doit-on penser de ce morceau de bravoure organisé par les gens du maquis du Peu Haut qui se permettent le 14 juillet 1944 d’aller défiler en uniforme et en armes dans les rues du Thillot avant de se rendre devant le monument aux morts où ils déposent une gerbe puis se transportent toujours à pied jusqu’au cimetière pour rendre hommage aux morts de 1940 ?.
« Extrait de « A l’ombre de la Croix Gammée » publié par l’Ecole des garçons du Thillot.
Adrien VAXELAIRE, du Ménil était de ceux là.
“C'est vrai, c'était un risque, mais toutes les actions de la résistance étaient risquées” avait-il déclaré
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La 1ère stèle du maquis du Peu haut
population aujourd'hui, je n'ose l'imaginer.
Les Allemands de leur côté ne parvenaient plus à avancer sur les différents fronts. L'armée ennemie commence même à reculer sur la scène internationale ( Campagnes de Tunisie et d'Italie).
L'occupant devient très irritable.
Mais plus les Allemands deviennent irritables, plus les résistants se montrent téméraires .
Courage ou inconscience du danger?
Que doit-on penser de ce morceau de bravoure organisé par les gens du maquis du Peu Haut qui se permettent le 14 juillet 1944 d’aller défiler en uniforme et en armes dans les rues du Thillot avant de se rendre devant le monument aux morts où ils déposent une gerbe puis se transportent toujours à pied jusqu’au cimetière pour rendre hommage aux morts de 1940 ?.
« Extrait de « A l’ombre de la Croix Gammée » publié par l’Ecole des garçons du Thillot.
Adrien VAXELAIRE, du Ménil était de ceux là.
“C'est vrai, c'était un risque, mais toutes les actions de la résistance étaient risquées” avait-il déclaré
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La 1ère stèle du maquis du Peu haut
yves philippe- MODERATEUR
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
Toujours est-il que le cortège n’est pas passé inaperçu aux yeux des Allemands puisqu’il a fallu, peu de jours après, déplacer le maquis du Peu-Haut, et le rapatrier sur Bussang.
Le Peu-Haut n’est pas resté calme longtemps puisqu’un nouveau maquis y est recréé, en août 1944 sous l’appellation « Camp Koenig ». Reprenant le même cantonnement, il comprendra bientôt cent cinquante maquisards.
“Après une mission, ( ce pourrait être le 21 septembre 1944), Emile LUTTENBACHER se trouvait chez nous. Il était tard dans la nuit. Papa lui
a proposé de rester coucher mais il n’a pas voulu. Emile est parti et il s’est fait coincer par les Allemands en arrivant chez lui à la ferme du Drumont.
On ne retrouvera son corps qu’au printemps sous un tas de branches à l’Etang Jean, à Bussang”---------------------( Souvenirs de François).
“ Suite à l’arrestation à Bussang d’Emile LUTTENBACHER, sa famille, a fait prévenir Mr VANNSON, un instituteur de Bussang qui était dans la résistance. Ce dernier est venu au milieu de la nuit pour prévenir papa afin qu’il se sauve.
Au lieu de prendre la fuite, papa, penché par la fenêtre répond à son interlocuteur: « Bon, et bien on verra ça demain”” ------( Souvenirs de François).
Courage ou inconscience du danger?
Ce qui est certain c’est que l’attitude d’Henri vis-à-vis d’Emile LUTTENBACHER témoignait qu’il avait une confiance sans limite en son homologue de Bussang et qu’il était certain que, quoi qu’il lui soit arrivé, Emile n’avait pas parlé. Sinon, il aurait pris le maquis immédiatement .
“ Tu sais, Yves, quand on y repense, papa et maman Jeanne, ils n’avaient quand même pas peur. Avec tous les risques qu’ils ont pris, on aurait pu tous finir à Dachau.
Papa avait d’ailleurs dit un jour à maman: « Si vous devez un jour être évacués, fuyez vers l’intérieur» . Il savait que partir vers l’Alsace, c’était se rapprocher de la mort”.
------------------- ----------------------------------( Souvenirs de Yeyette) .
“ Un jour, je vois encore cet homme qui arrivait, les bras levés devant les fusils de deux Allemands.
Ils se trouvaient tous trois à pied, près de ce que l’on appelait « La pierre des renards », sur le chemin, un peu plus bas que chez nous. Ils sont venus en direction de chez “Louis Bitchon”, ( Entendez Louis Valdenaire). --------------------------------( Souvenirs de Paulette ) .
Le Peu-Haut n’est pas resté calme longtemps puisqu’un nouveau maquis y est recréé, en août 1944 sous l’appellation « Camp Koenig ». Reprenant le même cantonnement, il comprendra bientôt cent cinquante maquisards.
“Après une mission, ( ce pourrait être le 21 septembre 1944), Emile LUTTENBACHER se trouvait chez nous. Il était tard dans la nuit. Papa lui
a proposé de rester coucher mais il n’a pas voulu. Emile est parti et il s’est fait coincer par les Allemands en arrivant chez lui à la ferme du Drumont.
On ne retrouvera son corps qu’au printemps sous un tas de branches à l’Etang Jean, à Bussang”---------------------( Souvenirs de François).
“ Suite à l’arrestation à Bussang d’Emile LUTTENBACHER, sa famille, a fait prévenir Mr VANNSON, un instituteur de Bussang qui était dans la résistance. Ce dernier est venu au milieu de la nuit pour prévenir papa afin qu’il se sauve.
Au lieu de prendre la fuite, papa, penché par la fenêtre répond à son interlocuteur: « Bon, et bien on verra ça demain”” ------( Souvenirs de François).
Courage ou inconscience du danger?
Ce qui est certain c’est que l’attitude d’Henri vis-à-vis d’Emile LUTTENBACHER témoignait qu’il avait une confiance sans limite en son homologue de Bussang et qu’il était certain que, quoi qu’il lui soit arrivé, Emile n’avait pas parlé. Sinon, il aurait pris le maquis immédiatement .
“ Tu sais, Yves, quand on y repense, papa et maman Jeanne, ils n’avaient quand même pas peur. Avec tous les risques qu’ils ont pris, on aurait pu tous finir à Dachau.
Papa avait d’ailleurs dit un jour à maman: « Si vous devez un jour être évacués, fuyez vers l’intérieur» . Il savait que partir vers l’Alsace, c’était se rapprocher de la mort”.
------------------- ----------------------------------( Souvenirs de Yeyette) .
“ Un jour, je vois encore cet homme qui arrivait, les bras levés devant les fusils de deux Allemands.
Ils se trouvaient tous trois à pied, près de ce que l’on appelait « La pierre des renards », sur le chemin, un peu plus bas que chez nous. Ils sont venus en direction de chez “Louis Bitchon”, ( Entendez Louis Valdenaire). --------------------------------( Souvenirs de Paulette ) .
yves philippe- MODERATEUR
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
Après recoupements, il semblerait que cet homme travaillait autant pour le maquis que pour l'occupant. Ce n'était donc probablement qu'une mise en scène.
Malgré l’insécurité totale, l’activité patriote continue à grande échelle à la ferme du Xerbenage:
“ Si Dreyfus (*), qui était venu me prévenir de l’arrivée de Barbazangue au Thillot, alors que je me trouvais aux Granges du Ménil, chez Henri Philippe, et moi avions été là, que se serait-il passé ?”. (Extrait de « 3 années de résistance dans la montagne Vosgienne » du Commandant Gonand .
Cette remarque fait allusion à l’arrestation de la famille MUNSCH au Thillot par la Gestapo dans la nuit du 05 au 06 juin 1944. Le garage qu'il y tenait ayant été incendié.
Et comme par hasard, ma tante Paulette me déclare:
“On a hébergé René MUNSCH, du Thillot pendant deux mois. Il était recherché par les Boches. Sa femme et son fils ont été déportés”.
(*)Louis DREYFUS, alias “Prosper”, un Alsacien réfractaire, s'étant réfugié au Thillot où il avait de la famille. Capitaine, il commandait le secteur FFI de la Haute Moselle.
“J'ai une anecdote à ce sujet. J'ai été enrôlé dans l'armée Allemande du 09-04-1943 à novembre de la même année.
A l'occasion d'une permission, j'ai déserté. J'étais alors recherché par les Allemands.
Treize fois je crois qu'ils sont venus me chercher à la maison, mais je me cachais.
Durant l'été 44, alors que je dormais “à la ferme de la commune” ( une ferme inhabitée située au Frénat), avec Coco Camile Odile ( Charles Louis), qui se cachait lui aussi, je me suis réveillé vers 6 heures du matin.
J'ai vu que trois cars d'allemands encerclaient la maison de ma famille, située un peu plus bas.
Je suis allé prévenir ton grand-père aux Granges mais il n'était pas là. J'ai été accueilli par René Munsch, que je connaissais bien. Je lui ai dit ce que j'avais vu et il s'est chargé de prévenir le maquis”.-------------( Souvenirs de Gaston Wentzer).
Ceci m’est également confirmé par madame Hélène LOUIS du Ménil qui m’a dit:
“ Ici, au Ménil, c’était le « No man’s land » Alors on est parti de chez nous ( En face du Cimetière). Au niveau de chez Popaul VALDENAIRE, on est monté tout droit dans la forêt.
C’est Albert CHEVRIER qui nous faisait passer les lignes. Il conduisait Madelon ( Entendez Madeleine CHEVRIER, celle qui devait devenir sa femme par la suite) et une fille à Camille Bitchon ( entendez Camille Valdenaire) .
Il conduisait aussi un homme du Thillot qui avait été caché un bout de temps dans la cave d’Henri PHILIPPE et dont la maison avait brûlé. L’homme avait l’air hagard, il était terrorisé”
Malgré l’insécurité totale, l’activité patriote continue à grande échelle à la ferme du Xerbenage:
“ Si Dreyfus (*), qui était venu me prévenir de l’arrivée de Barbazangue au Thillot, alors que je me trouvais aux Granges du Ménil, chez Henri Philippe, et moi avions été là, que se serait-il passé ?”. (Extrait de « 3 années de résistance dans la montagne Vosgienne » du Commandant Gonand .
Cette remarque fait allusion à l’arrestation de la famille MUNSCH au Thillot par la Gestapo dans la nuit du 05 au 06 juin 1944. Le garage qu'il y tenait ayant été incendié.
Et comme par hasard, ma tante Paulette me déclare:
“On a hébergé René MUNSCH, du Thillot pendant deux mois. Il était recherché par les Boches. Sa femme et son fils ont été déportés”.
(*)Louis DREYFUS, alias “Prosper”, un Alsacien réfractaire, s'étant réfugié au Thillot où il avait de la famille. Capitaine, il commandait le secteur FFI de la Haute Moselle.
“J'ai une anecdote à ce sujet. J'ai été enrôlé dans l'armée Allemande du 09-04-1943 à novembre de la même année.
A l'occasion d'une permission, j'ai déserté. J'étais alors recherché par les Allemands.
Treize fois je crois qu'ils sont venus me chercher à la maison, mais je me cachais.
Durant l'été 44, alors que je dormais “à la ferme de la commune” ( une ferme inhabitée située au Frénat), avec Coco Camile Odile ( Charles Louis), qui se cachait lui aussi, je me suis réveillé vers 6 heures du matin.
J'ai vu que trois cars d'allemands encerclaient la maison de ma famille, située un peu plus bas.
Je suis allé prévenir ton grand-père aux Granges mais il n'était pas là. J'ai été accueilli par René Munsch, que je connaissais bien. Je lui ai dit ce que j'avais vu et il s'est chargé de prévenir le maquis”.-------------( Souvenirs de Gaston Wentzer).
Ceci m’est également confirmé par madame Hélène LOUIS du Ménil qui m’a dit:
“ Ici, au Ménil, c’était le « No man’s land » Alors on est parti de chez nous ( En face du Cimetière). Au niveau de chez Popaul VALDENAIRE, on est monté tout droit dans la forêt.
C’est Albert CHEVRIER qui nous faisait passer les lignes. Il conduisait Madelon ( Entendez Madeleine CHEVRIER, celle qui devait devenir sa femme par la suite) et une fille à Camille Bitchon ( entendez Camille Valdenaire) .
Il conduisait aussi un homme du Thillot qui avait été caché un bout de temps dans la cave d’Henri PHILIPPE et dont la maison avait brûlé. L’homme avait l’air hagard, il était terrorisé”
yves philippe- MODERATEUR
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
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Attestation délivrée par Mr René Munsch
“ Mr MUNSCH, qui était garagiste au Thillot a été réfugié chez nous vers la fin de l’été. Je me souviens qu’il fanait les regains avec nous pour s'occuper.
Il se mettait toujours dans un coin du champ pour pouvoir se sauver, au cas où….
Comme il était mécano , il a réparé la 350 Terrot latérale de Papa.
On a recueilli aussi deux soldats russes, évadés de l’armée d’occupation. Ils s’appelaient Alexis FOMIN et Serge MICHAILOV.
D'abord réfugiés en Haute Saône, ils ont été conduits au maquis par la suite”------------------------( Souvenirs de Gilbert).
“ Alexis et Serge étaient prisonniers des Allemands dans le tunnel de Bussang côté Alsace.
Ils parviennent à s’échapper le 14 Avril 44 et se réfugient en Haute Saône, dans une ferme près de Servance ( 70) , aux “Evaudois” je crois.
Dans cette ferme, Alexis est soigné d’une pneumonie par une nommée Suzanne PHILIPPE.
Ensuite, avec Serge, ils gagnent le Ménil pour rejoindre le maquis.
C’est papa qui les repère alors qu’ils sont cachés dans des broussailles.
Il les hébergera quelque temps chez « Le Bon”” . -----------------------( Souvenirs de François).
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Copie de la lettre adressée à mon grand-père par le Préfet des Vosges
Attestation délivrée par Mr René Munsch
“ Mr MUNSCH, qui était garagiste au Thillot a été réfugié chez nous vers la fin de l’été. Je me souviens qu’il fanait les regains avec nous pour s'occuper.
Il se mettait toujours dans un coin du champ pour pouvoir se sauver, au cas où….
Comme il était mécano , il a réparé la 350 Terrot latérale de Papa.
On a recueilli aussi deux soldats russes, évadés de l’armée d’occupation. Ils s’appelaient Alexis FOMIN et Serge MICHAILOV.
D'abord réfugiés en Haute Saône, ils ont été conduits au maquis par la suite”------------------------( Souvenirs de Gilbert).
“ Alexis et Serge étaient prisonniers des Allemands dans le tunnel de Bussang côté Alsace.
Ils parviennent à s’échapper le 14 Avril 44 et se réfugient en Haute Saône, dans une ferme près de Servance ( 70) , aux “Evaudois” je crois.
Dans cette ferme, Alexis est soigné d’une pneumonie par une nommée Suzanne PHILIPPE.
Ensuite, avec Serge, ils gagnent le Ménil pour rejoindre le maquis.
C’est papa qui les repère alors qu’ils sont cachés dans des broussailles.
Il les hébergera quelque temps chez « Le Bon”” . -----------------------( Souvenirs de François).
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
“ C’est bien simple, il y avait constamment des gens hébergés chez nous.
On t’a parlé des LEGRAND? Dédé LEGRAND a écrit un livre là-dessus”-----------------( Souvenirs de Chouchoux) .
“ Oui, les frères LEGRAND, André et Robert, peut- être bien leur père aussi, ils avaient une scierie dans la plaine, mais ils ne sont pas restés longtemps chez nous. C’étaient, eux aussi, des résistants, ils ont
rejoint le maquis”.------------( Souvenirs de Gilbert) .
“ Les LEGRAND? Ils étaient quatre, Il y avait le père , Paul, qui était Maire à Essegney, près de Charmes, et ses trois fils. Ils étaient au maquis, Robert se faisait appeler Michel, André se faisait appeler René et Philippe se faisait appeler Jean Marie”. -----------------------( Souvenirs de Paulette).
Ce livre d’André LEGRAND, intitulé « Page de ma vie » fait effectivement allusion à ce passage sur les hauteurs du Ménil:
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Attestation délivrée par Marcel SPINDLER
On t’a parlé des LEGRAND? Dédé LEGRAND a écrit un livre là-dessus”-----------------( Souvenirs de Chouchoux) .
“ Oui, les frères LEGRAND, André et Robert, peut- être bien leur père aussi, ils avaient une scierie dans la plaine, mais ils ne sont pas restés longtemps chez nous. C’étaient, eux aussi, des résistants, ils ont
rejoint le maquis”.------------( Souvenirs de Gilbert) .
“ Les LEGRAND? Ils étaient quatre, Il y avait le père , Paul, qui était Maire à Essegney, près de Charmes, et ses trois fils. Ils étaient au maquis, Robert se faisait appeler Michel, André se faisait appeler René et Philippe se faisait appeler Jean Marie”. -----------------------( Souvenirs de Paulette).
Ce livre d’André LEGRAND, intitulé « Page de ma vie » fait effectivement allusion à ce passage sur les hauteurs du Ménil:
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Attestation délivrée par Marcel SPINDLER
yves philippe- MODERATEUR
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
“ Avec beaucoup de précautions, nous sortons avec Robert et faisons la connaissance d’une autre famille accueillante, celle d’Henri PHILIPPE, qui demeurait dans les Hauts. Nous sommes reçus à bras ouverts…” .
“ Au début de 1944, on a recueilli aussi Marcel SPINDLER, un menuisier Alsacien qui avait été enrôlé dans le S.T.O ( Service du Travail Obligatoire).
Il s’était évadé et après avoir gagné la Bresse, village qu’il connaissait, il s’est réfugié dans un premier temps au Ménil chez « Camille Odile », ( entendez Camille LOUIS, une belle et grande famille de résistants, vivant au Col des Fenesses).
Ensuite Marcel SPINDLER est venu chez nous où il est resté deux ou trois mois.”-----------------------------( Souvenirs de Gilbert) .
“La présence chez nous de Marcel SPINDLER a fini par attirer l'attention de gens plus ou moins bien intentionnés.
Ils s'étonnaient d'entendre tourner les machines à bois placées “Chez Le Bon” alors que papa était remarqué aux travaux des champs”--------- ( Souvenirs de Yeyette).
* * * * * *
“ Au début de 1944, on a recueilli aussi Marcel SPINDLER, un menuisier Alsacien qui avait été enrôlé dans le S.T.O ( Service du Travail Obligatoire).
Il s’était évadé et après avoir gagné la Bresse, village qu’il connaissait, il s’est réfugié dans un premier temps au Ménil chez « Camille Odile », ( entendez Camille LOUIS, une belle et grande famille de résistants, vivant au Col des Fenesses).
Ensuite Marcel SPINDLER est venu chez nous où il est resté deux ou trois mois.”-----------------------------( Souvenirs de Gilbert) .
“La présence chez nous de Marcel SPINDLER a fini par attirer l'attention de gens plus ou moins bien intentionnés.
Ils s'étonnaient d'entendre tourner les machines à bois placées “Chez Le Bon” alors que papa était remarqué aux travaux des champs”--------- ( Souvenirs de Yeyette).
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yves philippe- MODERATEUR
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
VII
*** LA FOUDRE FRAPPE ***
Octobre 1944
Avec la jonction, près de Dijon, des troupes alliées, issues des débarquements de Normandie et de Provence, le 12 Septembre 1944, les Allemands se replient vers le Rhin.
Blessé dans son orgueil, l’occupant profite du rempart naturel que forme le relief Vosgien pour protéger sa retraite .
Chacun sait quelle agressivité peut dégager un être blessé, il suffit donc de remplacer cet être par une troupe d’occupation et on pourra imaginer quels sentiments les Allemands nourrissaient envers les Français et encore plus précisément ce qu’ils pensaient des maquisards qui, et c’est reconnu tout à fait officiellement, ont grandement éclairé et facilité l’avancée de nos libérateurs.
“ Papa se savait recherché par les Allemands. Lorsqu’il était à table, il s’asseyait au bout de la table, à côté du poêle, près de la porte de la petite chambre. En cas de problème, il passait dans la chambre et se sauvait par la fenêtre” ---------------------------------- ( Souvenirs de Gilbert).
Voici un fait dramatique qui se déroule le 08 octobre 1944:
“Le 05 octobre, le jeune Maurice PHILIPPE est arrêté par la Gestapo.
Trois jours plus tard, à la pointe du fusil, les bras levés devant deux Allemands, Maurice PHILIPPE est pieds nus,, et partiellement défiguré lorsqu‘il arrive à hauteur de la ferme de Louis Bitchon, (Entendez Louis VALDENAIRE), aux Granges.
Maurice PHILIPPE est sommé de désigner les endroits où se cachent les résistants et les caches d’armes.
Un fils VALDENAIRE parvient à s’échapper tandis qu’un autre est maltraité. « t’as de la chance, tu es trop jeune pour mourir » lui aurait dit un Allemand avant de mettre le feu à la maison.”---------------------( Souvenirs de Raymond).
“ Les Boches avaient une liste de résistants qu’ils voulaient arrêter. Ils avaient donc déjà coincé Maurice PHILIPPE. Avec lui ils sont allés chez Georges Séraphin ( Entendez Georges CHEVRIER ) au Frénat.
Comme ils ne l‘ont pas trouvé, ils ont brûlé sa maison.
Ensuite ils sont venus chez Louis Bitchon, c’était un ancien combattant de 14. Louis les a vus mais ne s’est pas montré. Un de ses fils, Maurice a pu s’échapper, mais ils ont attrapé René qu’ils ont rudement secoué. Ensuite ils ont mis aussi le feu à la maison”------------------------( Souvenirs de Gilbert).
“ Le trio reprend sa route vers le fond de la colline des granges.
La cache d’armes située en bas de notre pré, dans la grange de Colas Garçon est également brûlée.
Maurice PHILIPPE quant à lui sera exécuté un peu plus haut et abandonné sur place.”--------------- -------------------------------( Souvenirs de Raymond).
“ Maurice PHILIPPE était le fils d’un industriel du Ménil ». (Je précise avec respect, qu’il ne s’agit pas de la même famille que la mienne).
Maurice avait vingt cinq ans, il faisait aussi de la résistance. Il venait chez nous pour porter des plis.
On n’a jamais trop su s'il n’y avait pas eu confusion de nom entre lui et papa, de la part des Allemands. Je sais qu’on nous en a voulu pour ça.” ----------------------------------( Souvenirs de Gilbert).
“ Prévenu par la jeune Marguerite Philippe, la fille du “P'tit Joseph” ( encore une autre famille Philippe demeurant à proximité) , qui avait été envoyée par ses parents, papa s’est alors enfui.
Il s’est caché dans un aqueduc mais le chien qui l’avait suivi jusque là ne cessait d’aboyer devant la cache.
Heureusement que l’animal a fini par se lasser avant d’attirer l’attention des Boches.”-------------- --------------------------------( Souvenirs de François).
“ Quand papa s’est sauvé, il est allé dans une première ferme pour demander asile. Mais les gens ont pris peur et ne l’ont pas accueilli. Il est allé alors chez « Alix du coucou » ( Entendez Alix CHEVRIER) un peu plus loin qui l’a caché un temps.
L’après-midi étant passé, on a trouvé le temps long chez nous, on ne savait pas ce qui lui était arrivé .
Dans la soirée, il faisait déjà nuit, Célina, la femme d’Alix est venue avec une tétine de biberon qui était fichue. La tétine était juste l’excuse pour avoir un motif de venir chez nous en cas de contrôle par les Allemands.
En réalité Célina venait juste nous donner des nouvelles de papa”. --------- ( Souvenirs de Gilbert).
yves philippe- MODERATEUR
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
“Ensuite papa est parti se réfugier chez ses beaux-parents.
Une des sœurs de maman, Jeanne, venait à la maison, officiellement pour voir sa sœur, officieusement pour prendre de nos nouvelles et les rapporter à papa et vice versa”---------------------------------( Souvenirs de Yeyette).
Début octobre 1944, les lignes ennemies continuent de reculer devant l’avancée des Américains et des autres troupes alliées.
Le 6 octobre, les Goumiers et les Paras du 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes, basé à Pau, lancent une première attaque sur le Ménil.
“Je m'en souviens. Ça canardait de partout. Tu parles, nous on entendait bien, perchés en haut des Granges, ça résonnait jusqu'à chez nous”.-------( Souvenirs de Gilbert ).
Avant la mi-octobre, le maquis du Peu Haut s’est replié aux Huttes du Ménil. Les lignes Allemandes reculent et s’implantent entre autres à La Lochère au Ménil.
“ J’ai été réquisitionné avec d’autres hommes du village pour aller faire des tranchées pour les Schleux, juste après le Col du Ménil, en redescendant sur Travexin.
Tout à coup, on a été bombardé par les Américains qui se trouvaient à Morbieux.
J’ai vu les éclats d’obus sectionner des sapins devant moi. Ça fait drôle. Je ne me suis occupé de personne, j’ai pris ma musette et suis monté tout droit dans la forêt. Je suis rentré chez nous par le Frénat.
Je me souviens qu’une fois rentré chez nous, je n’en ai parlé à personne, comme si c‘était un fait banal.
Avec la guerre, on était tous un peu abrutis. On vivait au jour le jour, on ne voyait pas vraiment le danger, il était partout. C’était plutôt la vie ou la mort.
Avec le recul du front, les Allemands ont construit des casemates, deux cent mètres à l’intérieur de la forêt, au dessus de chez nous.
Un jour ils m’ont réquisitionné, avec une charrette et une paire de bœufs pour que j’y transporte des planches qu’ils avaient fait scier à la scierie chez « Bitchon», ( Entendez VALDENAIRE) en dessous de chez nous.
En bordure du chemin, entre deux souches , où j’avais coupé des arbres trois semaines avant, j’ai vu le corps d’un homme.
Les boches me regardaient pour voir comment j’allais réagir. J’ai reconnu le corps, c’était celui de Maurice PHILIPPE. Il n‘était pas beau à voir.
C’est tout près de l’endroit où un monument à sa mémoire a été édifié”------------------------------- -------------------------------( Souvenirs de Raymond) .
Une des sœurs de maman, Jeanne, venait à la maison, officiellement pour voir sa sœur, officieusement pour prendre de nos nouvelles et les rapporter à papa et vice versa”---------------------------------( Souvenirs de Yeyette).
Début octobre 1944, les lignes ennemies continuent de reculer devant l’avancée des Américains et des autres troupes alliées.
Le 6 octobre, les Goumiers et les Paras du 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes, basé à Pau, lancent une première attaque sur le Ménil.
“Je m'en souviens. Ça canardait de partout. Tu parles, nous on entendait bien, perchés en haut des Granges, ça résonnait jusqu'à chez nous”.-------( Souvenirs de Gilbert ).
Avant la mi-octobre, le maquis du Peu Haut s’est replié aux Huttes du Ménil. Les lignes Allemandes reculent et s’implantent entre autres à La Lochère au Ménil.
“ J’ai été réquisitionné avec d’autres hommes du village pour aller faire des tranchées pour les Schleux, juste après le Col du Ménil, en redescendant sur Travexin.
Tout à coup, on a été bombardé par les Américains qui se trouvaient à Morbieux.
J’ai vu les éclats d’obus sectionner des sapins devant moi. Ça fait drôle. Je ne me suis occupé de personne, j’ai pris ma musette et suis monté tout droit dans la forêt. Je suis rentré chez nous par le Frénat.
Je me souviens qu’une fois rentré chez nous, je n’en ai parlé à personne, comme si c‘était un fait banal.
Avec la guerre, on était tous un peu abrutis. On vivait au jour le jour, on ne voyait pas vraiment le danger, il était partout. C’était plutôt la vie ou la mort.
Avec le recul du front, les Allemands ont construit des casemates, deux cent mètres à l’intérieur de la forêt, au dessus de chez nous.
Un jour ils m’ont réquisitionné, avec une charrette et une paire de bœufs pour que j’y transporte des planches qu’ils avaient fait scier à la scierie chez « Bitchon», ( Entendez VALDENAIRE) en dessous de chez nous.
En bordure du chemin, entre deux souches , où j’avais coupé des arbres trois semaines avant, j’ai vu le corps d’un homme.
Les boches me regardaient pour voir comment j’allais réagir. J’ai reconnu le corps, c’était celui de Maurice PHILIPPE. Il n‘était pas beau à voir.
C’est tout près de l’endroit où un monument à sa mémoire a été édifié”------------------------------- -------------------------------( Souvenirs de Raymond) .
yves philippe- MODERATEUR
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
Cette macabre découverte se déroule le 14 octobre .
“ Tandis qu’ils construisaient les casemates au “Plain du Grand Bois” au dessus de chez nous , les Boches avaient annexé notre ferme.
Ils nous ont laissé deux chambres et la « petite chambre» transformée en cuisine.
Puis après quelques jours, ils nous ont chassés, purement et simplement.”----------------------( Souvenirs de Paulette).
“ Les Gradés annexaient le bas de la ferme où ils avaient fait leur QG. La troupe dormait dans le grenier.
Les soldats n’étaient pas méchants, ils obéissaient, c’est tout.
Ils nous donnaient du pain qui ressemblait au pain d‘épice. On le trouvait bon.
Je me souviens, le grenier était vert de Boches. “------------------------(Souvenirs de Yeyette).
“ Une fois , je me souviens, devant “Chez Le Bon”, un officier de la Wermacht interrogeait rudement un jeune de 17 / 18 ans qui pleurait à chaudes larmes.
Je pense qu'il s'agissait d'un jeune Alsacien enrôlé dans le STO. Le jeune disait uniquement “ya , ya , ya”. Ça a bien duré une heure et puis ils
sont partis. On n'a jamais su ce qu'ils étaient venus y faire.
Une autre fois, toujours chez “le Bon”, j'ai trouvé une grenade à manche posée sur une machine outil. Je l'ai prise dans les mains sans savoir ce que c'était. Les Allemands qui étaient accroupis près de la cheminée m'ont regardé avec des gros yeux. J'ai tout de suite compris que c'était dangereux. J'ai reposé la grenade et je suis parti.
Je crois que j'ai eu chaud le coup-là---------------------------( Souvenirs de Raymond).
“ Une fois, chez nous, je me souviens, l'ordonnance des Allemands avait préparé des tartines, de pâté et d'autres choses, avec leur pain carré. Il les avait mises sur une planche à la cave, au frais.
J'ai fait semblant de descendre à la cave avec un seau, et j'ai piqué une tartine. C'était du pâté ou je ne sais plus quoi d'autre.
Je suis allée me cacher pour la manger en haut du tas de foin au grenier.
Qu'est ce qu'il était bon leur pain ! Tu penses, nous on n'avait plus grand chose à nous mettre sous la dent.
Mais après, j'ai été un bon bout de temps à me faire du souci. J'avais peur qu'il s'en aperçoive”--------------------( Souvenirs de Paulette).
“ Tandis qu’ils construisaient les casemates au “Plain du Grand Bois” au dessus de chez nous , les Boches avaient annexé notre ferme.
Ils nous ont laissé deux chambres et la « petite chambre» transformée en cuisine.
Puis après quelques jours, ils nous ont chassés, purement et simplement.”----------------------( Souvenirs de Paulette).
“ Les Gradés annexaient le bas de la ferme où ils avaient fait leur QG. La troupe dormait dans le grenier.
Les soldats n’étaient pas méchants, ils obéissaient, c’est tout.
Ils nous donnaient du pain qui ressemblait au pain d‘épice. On le trouvait bon.
Je me souviens, le grenier était vert de Boches. “------------------------(Souvenirs de Yeyette).
“ Une fois , je me souviens, devant “Chez Le Bon”, un officier de la Wermacht interrogeait rudement un jeune de 17 / 18 ans qui pleurait à chaudes larmes.
Je pense qu'il s'agissait d'un jeune Alsacien enrôlé dans le STO. Le jeune disait uniquement “ya , ya , ya”. Ça a bien duré une heure et puis ils
sont partis. On n'a jamais su ce qu'ils étaient venus y faire.
Une autre fois, toujours chez “le Bon”, j'ai trouvé une grenade à manche posée sur une machine outil. Je l'ai prise dans les mains sans savoir ce que c'était. Les Allemands qui étaient accroupis près de la cheminée m'ont regardé avec des gros yeux. J'ai tout de suite compris que c'était dangereux. J'ai reposé la grenade et je suis parti.
Je crois que j'ai eu chaud le coup-là---------------------------( Souvenirs de Raymond).
“ Une fois, chez nous, je me souviens, l'ordonnance des Allemands avait préparé des tartines, de pâté et d'autres choses, avec leur pain carré. Il les avait mises sur une planche à la cave, au frais.
J'ai fait semblant de descendre à la cave avec un seau, et j'ai piqué une tartine. C'était du pâté ou je ne sais plus quoi d'autre.
Je suis allée me cacher pour la manger en haut du tas de foin au grenier.
Qu'est ce qu'il était bon leur pain ! Tu penses, nous on n'avait plus grand chose à nous mettre sous la dent.
Mais après, j'ai été un bon bout de temps à me faire du souci. J'avais peur qu'il s'en aperçoive”--------------------( Souvenirs de Paulette).
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
“En plus de ne plus être libre chez nous, il fallait parler tout bas. Je me souviens du jour où j'ai trouvé le corps de Maurice PHILIPPE, je l'ai dit à maman en arrivant chez nous. Elle m'a repris sévèrement en me disant “parle pas si fort! Les Boches sont là, à côté”. C'était frustrant, on ne pouvait même pas manifester nos émotions”. ------------------------------( Souvenirs de Raymond).
“ Un matin, vers le 10 Octobre, un Officier Allemand en poste à La Lochère arrive chez nous vers 7h30, 8h00 du matin. Il nous donne 24 heures pour quitter la ferme.
On peut dire qu’ils nous ont foutus dehors comme des malpropres.
Papa était déjà parti et s'était réfugié chez “Parrain”.
Maman Jeanne, Paulette, peut être Raymond et Michel aussi, ont chargé une ou deux voitures à échelles de ce qu’on pouvait emporter. On a pris des matelas, des habits, quelques papiers et on est parti, comme ça et on est allé chez « parrain » , c’est comme ça qu‘on appelait le grand père FRANCOIS”-------------------( Souvenirs de Gilbert).
“ La grand-mère Justine qui n’avait plus toute sa tête ne voulait pas partir. Il a bien fallu qu’elle le fasse son baluchon !”. --- (Souvenirs de Chouchou) .
“ La grand-mère Justine est allée chez « Nonon Albert » tandis que nous, nous sommes allés nous réfugier chez « Ninnenne », c’est comme ça qu’on appelait notre autre grand-mère.
La maison de chez « Ninnenne » n’était déjà pas grosse, les grands-parents vivaient là avec quatre de leurs filles. Quand on y est arrivé ça faisait huit personnes de plus”-------------- ----------------------------------( Souvenirs de Paulette).
“ On avait pris les vaches aussi, on les a dispersées dans les fermes des environs, chez « Colas-colie » ( Entendez PARMENTIER), chez « Tutur » ( Entendez chez Arthur FRANCOIS)”. -----------------------------------( Souvenirs de Gilbert).
“ Chez le grand-père FRANÇOIS, il y avait aussi des gens réfugiés du village. Ils étaient tous entassés dans la cave, une vingtaine de personnes au moins.
Comme l’entrée de la cave se faisait par l’extérieur, le grand-père avait fait comme un paravent avec des branches, des tôles et des planches pour protéger les allées et venues entre la cave et l’entrée de l’habitation.
Je me souviens qu'il y avait là Pierrot MASSON, les filles LAPORTE, “Marthe Moussepierre” ( entendez Marthe LOUIS ) et ses filles, Jeannette et Marguerite”.-------------------------------------( Souvenirs de Yeyette).
“ Un matin, vers le 10 Octobre, un Officier Allemand en poste à La Lochère arrive chez nous vers 7h30, 8h00 du matin. Il nous donne 24 heures pour quitter la ferme.
On peut dire qu’ils nous ont foutus dehors comme des malpropres.
Papa était déjà parti et s'était réfugié chez “Parrain”.
Maman Jeanne, Paulette, peut être Raymond et Michel aussi, ont chargé une ou deux voitures à échelles de ce qu’on pouvait emporter. On a pris des matelas, des habits, quelques papiers et on est parti, comme ça et on est allé chez « parrain » , c’est comme ça qu‘on appelait le grand père FRANCOIS”-------------------( Souvenirs de Gilbert).
“ La grand-mère Justine qui n’avait plus toute sa tête ne voulait pas partir. Il a bien fallu qu’elle le fasse son baluchon !”. --- (Souvenirs de Chouchou) .
“ La grand-mère Justine est allée chez « Nonon Albert » tandis que nous, nous sommes allés nous réfugier chez « Ninnenne », c’est comme ça qu’on appelait notre autre grand-mère.
La maison de chez « Ninnenne » n’était déjà pas grosse, les grands-parents vivaient là avec quatre de leurs filles. Quand on y est arrivé ça faisait huit personnes de plus”-------------- ----------------------------------( Souvenirs de Paulette).
“ On avait pris les vaches aussi, on les a dispersées dans les fermes des environs, chez « Colas-colie » ( Entendez PARMENTIER), chez « Tutur » ( Entendez chez Arthur FRANCOIS)”. -----------------------------------( Souvenirs de Gilbert).
“ Chez le grand-père FRANÇOIS, il y avait aussi des gens réfugiés du village. Ils étaient tous entassés dans la cave, une vingtaine de personnes au moins.
Comme l’entrée de la cave se faisait par l’extérieur, le grand-père avait fait comme un paravent avec des branches, des tôles et des planches pour protéger les allées et venues entre la cave et l’entrée de l’habitation.
Je me souviens qu'il y avait là Pierrot MASSON, les filles LAPORTE, “Marthe Moussepierre” ( entendez Marthe LOUIS ) et ses filles, Jeannette et Marguerite”.-------------------------------------( Souvenirs de Yeyette).
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
“Moi, Michel et peut être Raymond avons été placés chez « Tutur » (*), qui habitait juste un peu plus loin” ---------------------(Souvenirs de Gilbert).
“Oui, j'étais chez “Tutur”.
Un jour, avec “Tutur”, je crochais les patates. Les Boches ont commencé à nous canarder avec des obus depuis “La Revauche”, ( un des sommets du Ménil). Les obus sont tombés à 200 mètres de nous.
On a laissé la schlitte et les sacs de patates et on a juste eu le temps d'aller se cacher.
Quand on est revenu dans le champ, le sac de patates à côté duquel je me trouvais précédemment avait été étêté par un éclat d'obus.
Toujours chez Tutur, un soir on voyait des lueurs rouges derrière la montagne. C'était La Bresse qui brûlait. ( Cela se passe certainement entre les 12 et 18 novembre).
Une autre fois, on revenait d'avoir conduit les vaches avec “Tutur”, un obus est venu éclater dans le coin de la ferme.
Le jeune Gérard FONTAINE, ( 10 ans), un petit réfugié, qui jouait avec “René Tutur” ( entendez René François, le fils), a été tué par les éclats.
(*) Arthur François dit “Tutur” était marié à Hélène François, une des sœurs de ma grand-mère.
René a été sérieusement blessé, Ginette, la sœur de Gérard n'a rien eu. (Ces faits se déroulent le 17 novembre 1944).
Une autre fois, toujours avec Tutur, on était allé chercher les vaches de “Paul Menmense”, ( entendez Paul CUNAT) pour les sauver et les descendre au Pont Charreau.
Les Boches nous ont arrosés à la mitrailleuse depuis “Chez Berthe” à la Revauche.
On voyait les gazons gicler devant nos pieds.------------------------ ( Souvenirs de Raymond).
“ Le 18 Octobre 1944, dans l’après midi, le temps est couvert, il fait froid.
Maman Jeanne descend au village pour aller chercher des vivres avec sa sœur Raymonde” --------------( Souvenirs de Paulette).
“ Les allemands obligeaient une partie de la population des Granges à passer par le « Pont Châly »pour descendre au village.
On ne pouvait donc plus passer par le Pont Charreau”---------------------( Souvenirs de Gilbert) .
“ Comme les lignes avaient bougé dans la nuit, maman a sauté sur une mine en passant au « Pont Chaly» . Elle a été gravement blessée au dos.”-( Souvenirs de Paulette).
“Oui, j'étais chez “Tutur”.
Un jour, avec “Tutur”, je crochais les patates. Les Boches ont commencé à nous canarder avec des obus depuis “La Revauche”, ( un des sommets du Ménil). Les obus sont tombés à 200 mètres de nous.
On a laissé la schlitte et les sacs de patates et on a juste eu le temps d'aller se cacher.
Quand on est revenu dans le champ, le sac de patates à côté duquel je me trouvais précédemment avait été étêté par un éclat d'obus.
Toujours chez Tutur, un soir on voyait des lueurs rouges derrière la montagne. C'était La Bresse qui brûlait. ( Cela se passe certainement entre les 12 et 18 novembre).
Une autre fois, on revenait d'avoir conduit les vaches avec “Tutur”, un obus est venu éclater dans le coin de la ferme.
Le jeune Gérard FONTAINE, ( 10 ans), un petit réfugié, qui jouait avec “René Tutur” ( entendez René François, le fils), a été tué par les éclats.
(*) Arthur François dit “Tutur” était marié à Hélène François, une des sœurs de ma grand-mère.
René a été sérieusement blessé, Ginette, la sœur de Gérard n'a rien eu. (Ces faits se déroulent le 17 novembre 1944).
Une autre fois, toujours avec Tutur, on était allé chercher les vaches de “Paul Menmense”, ( entendez Paul CUNAT) pour les sauver et les descendre au Pont Charreau.
Les Boches nous ont arrosés à la mitrailleuse depuis “Chez Berthe” à la Revauche.
On voyait les gazons gicler devant nos pieds.------------------------ ( Souvenirs de Raymond).
“ Le 18 Octobre 1944, dans l’après midi, le temps est couvert, il fait froid.
Maman Jeanne descend au village pour aller chercher des vivres avec sa sœur Raymonde” --------------( Souvenirs de Paulette).
“ Les allemands obligeaient une partie de la population des Granges à passer par le « Pont Châly »pour descendre au village.
On ne pouvait donc plus passer par le Pont Charreau”---------------------( Souvenirs de Gilbert) .
“ Comme les lignes avaient bougé dans la nuit, maman a sauté sur une mine en passant au « Pont Chaly» . Elle a été gravement blessée au dos.”-( Souvenirs de Paulette).
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
“ Avec sa sœur, Maman Jeanne est parvenue à rejoindre la maison Holvec, qui était en fait un QG Allemand. Elle a été visitée par un médecin Allemand, qui s'y trouvait et qui a diagnostiqué la gravité de ses blessures”---( Souvenirs de Yeyette ) .
“Elle a été descendue je ne sais pas trop comment au village.
Elle a été emballée dans une couverture et dans un premier temps transportée chez Augustin Chotel au village, par Jules VIRY, puis a été conduite à l'hôpital du Thillot”-------- ( Souvenirs de Paulette).
“ Maman Jeanne a été placée sur une charrette à roues et conduite au Thillot.
En passant devant chez Mme ALBERT (maison actuelle de mon oncle François, au 36 Route du Ménil au Thillot), les Allemands qui se trouvaient dans la cave de la maison ont contrôlé le cortège.
Constatant qu’il s’agissait d’un cas grave, l'officier allemand a fait arrêter les tirs sur le Thillot afin que maman arrive à l’hôpital dans les meilleures conditions possibles”.----------------------- ---------------------------------( Souvenirs de François).
Hospitalisée au THILLOT, Jeanne FRANCOIS, est grièvement blessée au dos par des éclats de mine. Elle souffre également d’un poumon perforé.
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Jeanne FRANCOIS, ma grand-mère
“Elle a été descendue je ne sais pas trop comment au village.
Elle a été emballée dans une couverture et dans un premier temps transportée chez Augustin Chotel au village, par Jules VIRY, puis a été conduite à l'hôpital du Thillot”-------- ( Souvenirs de Paulette).
“ Maman Jeanne a été placée sur une charrette à roues et conduite au Thillot.
En passant devant chez Mme ALBERT (maison actuelle de mon oncle François, au 36 Route du Ménil au Thillot), les Allemands qui se trouvaient dans la cave de la maison ont contrôlé le cortège.
Constatant qu’il s’agissait d’un cas grave, l'officier allemand a fait arrêter les tirs sur le Thillot afin que maman arrive à l’hôpital dans les meilleures conditions possibles”.----------------------- ---------------------------------( Souvenirs de François).
Hospitalisée au THILLOT, Jeanne FRANCOIS, est grièvement blessée au dos par des éclats de mine. Elle souffre également d’un poumon perforé.
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
Sur son lit elle ne cesse d’avoir des pensées pour sa famille. Elle se confie à une femme qu’elle connaît et qui vient la voir pour tenter de soulager ses douleurs morales et physiques .
A cette femme, Jeanne FRANCOIS dira : « Mon dieu, mes gosses, mes pauvres gosses, que vont-ils devenir si je venais à mourir ».
Ses enfants ont alors entre 17 ans et 22 mois.
A l’age de 36 ans, mère de sept enfants, Jeanne FRANCOIS décède le 20 octobre 1944 à l'hôpital du THILLOT.
La femme qui a assisté Jeanne FRANCOIS dans ses derniers instants se nomme Cécile VALENCE.
Elle est la fille d’un coiffeur du THILLOT et exerce la profession de secrétaire de mairie dans cette localité. Le maire du THILLOT se nommait Ernest FRANCOIS, et le secrétaire général de mairie Marcel PARMENTIER.
Cécile VALENCE est également totalement impliquée dans ce qu’on appelait « La Défense Passive », c’est-à-dire qu’elle s’engageait dans toutes les actions qui lui permettaient de porter assistance à ses compatriotes.
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Cécile VALENCE, à son bureau, à la mairie du THILLOT 88160
A cette femme, Jeanne FRANCOIS dira : « Mon dieu, mes gosses, mes pauvres gosses, que vont-ils devenir si je venais à mourir ».
Ses enfants ont alors entre 17 ans et 22 mois.
A l’age de 36 ans, mère de sept enfants, Jeanne FRANCOIS décède le 20 octobre 1944 à l'hôpital du THILLOT.
La femme qui a assisté Jeanne FRANCOIS dans ses derniers instants se nomme Cécile VALENCE.
Elle est la fille d’un coiffeur du THILLOT et exerce la profession de secrétaire de mairie dans cette localité. Le maire du THILLOT se nommait Ernest FRANCOIS, et le secrétaire général de mairie Marcel PARMENTIER.
Cécile VALENCE est également totalement impliquée dans ce qu’on appelait « La Défense Passive », c’est-à-dire qu’elle s’engageait dans toutes les actions qui lui permettaient de porter assistance à ses compatriotes.
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
Les deux femmes se connaissaient, Jeanne allant voir Cécile à la mairie pour se faire payer les travaux de convoyage de bois que son mari faisait pour cette commune. Toutefois, Cécile ne connaissait pas, ou très peu Henri PHILIPPE.
Aux Granges du Ménil, chez « Ninnenne » rien ne va plus ce 20 octobre 44.
L’horrible nouvelle abasourdit toute la famille FRANÇOIS.
Ce sont les heures les plus sombres des jours les plus noirs.
Ces jours-là, les Allemand se sont montrés encore plus pressants, encore plus présents.
Raymond vient d’être embarqué dans une rafle. Paulette, Yeyette, Chouchou, et François ont été déplacés une nouvelle fois et se trouvent réfugiés chez Henri LOUIS au Pont Charreau.
Les deux seules vaches, rescapées du cheptel sont également abritées, dans une usine textile, avec celles de la famille PARMENTIER, entre autres.
“Avec Léa Laure Parmentier, j'allais traire les vaches à l'usine.
On remontait chez « Tutur » aux Granges pour aller chercher le foin pour les vaches”---------------------( Souvenirs de Paulette).
“ On n'est pas resté longtemps réfugié chez « Tutur », parce que Ferdrupt venait d’être libéré.( Ferdrupt fut libéré le 07 octobre 1944 - Ndr) Raymond venait de se faire embarquer avec «Tutur» , André DAVID, Jules ANTOINE, etc.
Fin octobre début novembre, papa nous a fait savoir qu’il fallait qu’on passe les lignes.
Avec Michel, nous sommes donc descendus au Pont Charreau sous la protection de « Mémé Noni » ( Aimé CHEVRIER).
Dans la neige, nous sommes montés aux Huttes, puis avons rejoint la « Cabane des Italiens » puis Morbieux où nous avons été recueillis par les Américains.
Ensuite, avec Papa, nous avons trouvé refuge chez GUENOT à Ferdrupt , ( Le restaurant du Chatelet actuellement).
On est resté à Ferdrupt jusqu’au mois de décembre.
On couchait sous le toit, on mangeait dans une petite maison en face de l’école, chez Mme GUILLER.
“Henri Charles Brice” ( Henri ANTOINE de Fresse Sur Moselle), et papa se cachaient là tandis que les maquisards revenaient eux aussi en zone libre pour s’engager dans la 1ère armée”-------- -----------------------------------( Souvenirs de Gilbert).
“ Chez GUENOT, Michel et Gilbert se chamaillaient pour un bout de pain ou quelque chose comme ça. Michel avait mis Gilbert dans un coin de la pièce et l’empêchait de manger.
Un tirailleur Sénégalais attrapa Michel et lui dit : « EH! POUQUOI, Y MANGE PAS LUI »”-----. -------------( Souvenirs de Michel repris par Yeyette).
Gilbert et Michel se trouvent donc maintenant à Ferdrupt avec leur père.
Jeanne FRANCOIS est enterrée provisoirement au cimetière du Thillot .
Paulette, Yeyette, Chouchou et François se trouvent au Pont Charreau .
Raymond est quant à lui fait prisonnier.
“ Une rafle (*) avait été organisée par les Allemands sur le secteur des Granges. Jules ANTOINE dit “Julot”, André DAVID, “Tutur” (Arthur FRANCOIS), un « Petit Bon », (Entendez un VALDENAIRE), c'était Elie je crois, Paulin Houbre, “Joseph du Chamoiseur” ( entendez Joseph PHILIPPE), Paul Menmense ( entendez Paul CUNAT) au total une quinzaine d’hommes, dont moi-même, partons à pied, encadrés par des Boches.
J’avais une paire de bottes trouées, “Julot” ( entendez Jules ANTOINE) était pieds nus.
Nous sommes partis par les Granges, avons pris le chemin , au “ Plain du Grand Bois”, avons fait une pause de trois quarts d'heure à la ferme de Louis Laporte, en redescendant “ la colline de Fresse ”, sommes arrivés près de l'épicerie PETITGENET et sommes remontés au “Pont Jean” à St Maurice en longeant la route.
Ce n’est que là que Julot a été doté d’une paire de chaussures qui avait été trouvée dans une ferme. Jusque là, il avait marché pieds nus tout le long sur la neige gelée.
Nous avons continué à marcher jusqu'au col de Bussang. Nous sommes passés par le tunnel.
On a du être les derniers à passer par ce tunnel puisque les Allemands l'ont fait sauter quelques jours après.
De l'autre côté du col , ils nous ont embarqués dans des camions, nous ont conduits jusqu’à Wesserling (68) à l'usine Boussac. Là ils nous ont mis dans un train. Nous sommes descendus du train à Mulhouse (68) et avons été emprisonnés à la prison de Mulhouse.
A la prison de Mulhouse, nous les jeunes on était confiants, mais André David nous disait: “Vo'n'sèvez mi s'qué so, vo n'a mi vu s'qué so”
Traduction : Vous ne savez pas ce que c'est, vous n'avez pas vu ce que c'est”
Aux Granges du Ménil, chez « Ninnenne » rien ne va plus ce 20 octobre 44.
L’horrible nouvelle abasourdit toute la famille FRANÇOIS.
Ce sont les heures les plus sombres des jours les plus noirs.
Ces jours-là, les Allemand se sont montrés encore plus pressants, encore plus présents.
Raymond vient d’être embarqué dans une rafle. Paulette, Yeyette, Chouchou, et François ont été déplacés une nouvelle fois et se trouvent réfugiés chez Henri LOUIS au Pont Charreau.
Les deux seules vaches, rescapées du cheptel sont également abritées, dans une usine textile, avec celles de la famille PARMENTIER, entre autres.
“Avec Léa Laure Parmentier, j'allais traire les vaches à l'usine.
On remontait chez « Tutur » aux Granges pour aller chercher le foin pour les vaches”---------------------( Souvenirs de Paulette).
“ On n'est pas resté longtemps réfugié chez « Tutur », parce que Ferdrupt venait d’être libéré.( Ferdrupt fut libéré le 07 octobre 1944 - Ndr) Raymond venait de se faire embarquer avec «Tutur» , André DAVID, Jules ANTOINE, etc.
Fin octobre début novembre, papa nous a fait savoir qu’il fallait qu’on passe les lignes.
Avec Michel, nous sommes donc descendus au Pont Charreau sous la protection de « Mémé Noni » ( Aimé CHEVRIER).
Dans la neige, nous sommes montés aux Huttes, puis avons rejoint la « Cabane des Italiens » puis Morbieux où nous avons été recueillis par les Américains.
Ensuite, avec Papa, nous avons trouvé refuge chez GUENOT à Ferdrupt , ( Le restaurant du Chatelet actuellement).
On est resté à Ferdrupt jusqu’au mois de décembre.
On couchait sous le toit, on mangeait dans une petite maison en face de l’école, chez Mme GUILLER.
“Henri Charles Brice” ( Henri ANTOINE de Fresse Sur Moselle), et papa se cachaient là tandis que les maquisards revenaient eux aussi en zone libre pour s’engager dans la 1ère armée”-------- -----------------------------------( Souvenirs de Gilbert).
“ Chez GUENOT, Michel et Gilbert se chamaillaient pour un bout de pain ou quelque chose comme ça. Michel avait mis Gilbert dans un coin de la pièce et l’empêchait de manger.
Un tirailleur Sénégalais attrapa Michel et lui dit : « EH! POUQUOI, Y MANGE PAS LUI »”-----. -------------( Souvenirs de Michel repris par Yeyette).
Gilbert et Michel se trouvent donc maintenant à Ferdrupt avec leur père.
Jeanne FRANCOIS est enterrée provisoirement au cimetière du Thillot .
Paulette, Yeyette, Chouchou et François se trouvent au Pont Charreau .
Raymond est quant à lui fait prisonnier.
“ Une rafle (*) avait été organisée par les Allemands sur le secteur des Granges. Jules ANTOINE dit “Julot”, André DAVID, “Tutur” (Arthur FRANCOIS), un « Petit Bon », (Entendez un VALDENAIRE), c'était Elie je crois, Paulin Houbre, “Joseph du Chamoiseur” ( entendez Joseph PHILIPPE), Paul Menmense ( entendez Paul CUNAT) au total une quinzaine d’hommes, dont moi-même, partons à pied, encadrés par des Boches.
J’avais une paire de bottes trouées, “Julot” ( entendez Jules ANTOINE) était pieds nus.
Nous sommes partis par les Granges, avons pris le chemin , au “ Plain du Grand Bois”, avons fait une pause de trois quarts d'heure à la ferme de Louis Laporte, en redescendant “ la colline de Fresse ”, sommes arrivés près de l'épicerie PETITGENET et sommes remontés au “Pont Jean” à St Maurice en longeant la route.
Ce n’est que là que Julot a été doté d’une paire de chaussures qui avait été trouvée dans une ferme. Jusque là, il avait marché pieds nus tout le long sur la neige gelée.
Nous avons continué à marcher jusqu'au col de Bussang. Nous sommes passés par le tunnel.
On a du être les derniers à passer par ce tunnel puisque les Allemands l'ont fait sauter quelques jours après.
De l'autre côté du col , ils nous ont embarqués dans des camions, nous ont conduits jusqu’à Wesserling (68) à l'usine Boussac. Là ils nous ont mis dans un train. Nous sommes descendus du train à Mulhouse (68) et avons été emprisonnés à la prison de Mulhouse.
A la prison de Mulhouse, nous les jeunes on était confiants, mais André David nous disait: “Vo'n'sèvez mi s'qué so, vo n'a mi vu s'qué so”
Traduction : Vous ne savez pas ce que c'est, vous n'avez pas vu ce que c'est”
Dernière édition par yves philippe le Lun 10 Avr 2017 - 19:35, édité 1 fois
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
Il parlait des conditions de détention , il savait de quoi il parlait lui, il avait déjà été fait prisonnier en 40.
Au bout de je ne sais pas combien de jours, les Allemands nous ordonnent de nous aligner dans le couloir de la prison. Ils nous comptent: eins, zwei, drei etc.
Alors ça , je m'en souviendrai toute ma vie.
Tout à coup , le téléphone sonne dans le couloir, une brève discussion et les boches s'en vont.
( Imaginez ce que craignaient les prisonniers à ce moment-là ).
Au bout de deux heures, un homme arrive et nous dit « Je suis l’ancien gardien de la prison. On va être libéré, les Américains ne sont pas loin.
On ne l'a su qu'après, mais les camions étaient prêts dans la cour pour nous emmener dans un camp de concentration. Au final les boches les ont pris pour battre en retraite”----( Souvenirs de Raymond).
Selon le Bulletin de la Haute Moselle N° 22, (page 20), il semblerait qu'une première rafle se soit déroulée au Ménil le 12 Novembre, dont faisait partie Camille Louis ( Camille Odile).
Selon le Bulletin de la Haute Moselle N° 14, une Bussenette note à la date du 18 novembre : “Des hommes de Fresse et du Ménil passent en lamentable cortège sous la garde de quelques sentinelles allemandes” . Je pense qu'il s'agit de la rafle dont a fait partie mon oncle Raymond.
Cette remarque semble être confirmée par la déclaration qui m'a été faite par Aristide FRESSE, demeurant aux Essieux au Ménil:. “ Le 18 novembre, j'ai été pris. Ils m'ont emmené dans un premier temps chez “Louis Laporte, en descendant la Colline de Fresse.
On est ensuite parti à pied en passant St Maurice.
Il y avait avec nous, entre autres, Jules Blaison, un Grandclaude des Granges et Camille “Meillon” ( entendez Camille Louis, un homonyme de “ Camille Odile ” le résistant ).
Je me souviens qu'arrivé à la prison de Mulhouse, je suis tombé sur Camille Odile ( Camille Louis) . Il s'y trouvait déjà depuis quelques jours”.
Ces prisonniers seront libérés à Mulhouse les 22 et 23 novembre et quitteront cette ville deux ou trois jours plus tard.
Le 25 novembre, c’est enfin la libération du Ménil, qui je le rappelle avait commencé de 6 octobre.
“Nous sommes restés à Ferdrupt six semaines environ.
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
A la libération du Ménil papa est remonté à la ferme du Xerbenage pour la remettre en état.
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La libération. La fierté patriote s'exalte au Xerbenage.
L'assurance que tout cela n'a pas été vécu pour rien
Moi et Michel, on a donc passé encore une semaine à Fresse Sur Moselle. chez Henri ANTOINE, le charron”-------( Souvenirs de Gilbert).
“A partir du moment où on a été évacué de chez nous, on a été presque six semaines sans ravitaillement. On en a mangé des topinambours!” ----( Souvenirs de Yeyette).
“ Une fois délivrés, à la prison de Mulhouse, on a encore attendu environ trois ou quatre jours.
Comme plus personne ne s’occupait de nous, on est revenu à pied de Mulhouse en passant par Belfort puis le Col des Croix.
On est parti à pied. Je me souviens , les Alsaciens jetaient des choses par les fenêtres. Ils avaient fait des feux au milieu de la route.
J'ai vu qu'ils brûlaient des portraits d'Hitler.
On a mis huit jours pour revenir à pied, on mangeait ça et là dans des fermes. J’avais toujours mes bottes trouées.
Sur le trajet, vers Belfort, alors que Mulhouse était déjà libérée, on a été canardé par une poche de résistance Allemande (*). On a plongé dans le fossé.
Ils nous ont envoyé des obus, pas beaucoup, cinq ou six, mais ils sont tombés tout près de nous.
On a eu de la chance, personne n'a été blessé.
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La libération. La fierté patriote s'exalte au Xerbenage.
L'assurance que tout cela n'a pas été vécu pour rien
Moi et Michel, on a donc passé encore une semaine à Fresse Sur Moselle. chez Henri ANTOINE, le charron”-------( Souvenirs de Gilbert).
“A partir du moment où on a été évacué de chez nous, on a été presque six semaines sans ravitaillement. On en a mangé des topinambours!” ----( Souvenirs de Yeyette).
“ Une fois délivrés, à la prison de Mulhouse, on a encore attendu environ trois ou quatre jours.
Comme plus personne ne s’occupait de nous, on est revenu à pied de Mulhouse en passant par Belfort puis le Col des Croix.
On est parti à pied. Je me souviens , les Alsaciens jetaient des choses par les fenêtres. Ils avaient fait des feux au milieu de la route.
J'ai vu qu'ils brûlaient des portraits d'Hitler.
On a mis huit jours pour revenir à pied, on mangeait ça et là dans des fermes. J’avais toujours mes bottes trouées.
Sur le trajet, vers Belfort, alors que Mulhouse était déjà libérée, on a été canardé par une poche de résistance Allemande (*). On a plongé dans le fossé.
Ils nous ont envoyé des obus, pas beaucoup, cinq ou six, mais ils sont tombés tout près de nous.
On a eu de la chance, personne n'a été blessé.
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
(*) La poche de résistance de Colmar (68), par exemple a résisté jusqu'en février 1945.
Arrivé au Thillot, j’ai croisé Mr DREYFUS, un résistant qu’on connaissait.
Ensuite je suis remonté au Ménil,chez « Tutur » puis chez nous”.----------- (Souvenirs de Raymond).
“ Chez nous, il n’y avait plus rien, il ne restait que le toit et les murs. Les Allemands avaient tout pris, les portes et les fenêtres etc .
Papa a du récupérer un fourneau à quatre pots, il a remis des fenêtres et des portes, comme il a pu.
Nous sommes remontés vivre chez nous vers le 15 décembre”. ------------- ( Souvenirs de Paulette) .
“ Papa est allé rechercher les portes et les fenêtres que les Boches nous avaient prises.
Ils les avaient adaptées sur leurs casemates dans la forêt.
Je me souviens, on dormait dans des couvertures de l’armée. On avait trois lits pour sept”----------------------------( Souvenirs de Yeyette) .
“ Quand je suis arrivé la haut, c’était la désolation. A part les murs et le toit, il ne devait rester que deux bancs comme mobilier”. ----( Souvenirs de Raymond) .
“Les Allemands avaient pris toute la menuiserie pour construire leurs casemates, ainsi que tous les outils”.-- -------( Souvenirs de Paulette).
“ La fontaine ne coulait plus. Nous n’avions plus d’eau à la ferme, c’était l’hiver, il y avait de la neige.
Les obus avaient détruit les canalisations.
Il fallait qu’on prenne deux seaux pour aller chercher l’eau en bas du pré. En remontant, l’eau nous mouillait le bas de pantalon.
Quand on rentrait chez nous, on était congelé et il n’y avait presque pas de chauffage.
Un seul fourneau pour la maison et aucune isolation.
Les Allemands avaient alimenté leurs casemates avec l’électricité de la turbine. Il n’y avait plus un fil, plus une ampoule chez nous.
Les Boches avaient démonté la « ballonge » du poêle et en avait fait un alambic. Ils avaient distillé les tonneaux de fruits et avaient brûlé les meubles pour faire chauffer l’alambic.
Ils aimaient bien boire les Schleux”.
“ On est allé récupérer nos fenêtres et nos portes sur les casemates. Les “Teutons”, ( Entendez les Allemands) avaient creusé à plus de deux mètres de profondeur. Ils avaient recouvert les trous avec trois rangées de troncs de sapins entrecroisées qu’ils avaient encore recouverts de terre.
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
Les obus pouvaient leur tomber dessus, ils ne risquaient rien”------------ (Souvenirs de Raymond) .
“ Je me souviens que lorsqu’on était hébergé chez le grand père François, on voyait les obus qui partaient de Morbieux et frappaient autour de la ferme chez nous.
Il aurait mieux valu que la ferme brûle, vu l’état dans lequel on l’a retrouvée. Comme ça on en aurait eu une neuve.” ------( Souvenirs de Yeyette.) .
“ On n’avait pas de voiture à cette époque là, papa avait juste une moto.
Les Allemands avaient voulu la démarrer. Ils l’ont traînée jusqu’au milieu du pré, mais n’ont pas réussi.
Ils l’ont abandonnée là, contre un « boùchon » ( entendez un arbuste), près de la « Grindjotte du haut » ( Entendez une petite grange).
Même nos vélos avaient été réquisitionnés.”- -----------------------------------( Souvenirs de Gilbert).
“ Quand on est remonté la haut, il n’y avait plus rien à manger.
On n’avait pu récupérer qu’une ou deux vaches.
On n’avait pas eu le temps de récolter toutes les patates avant d’être mis dehors par les Boches en octobre. Heureusement d’ailleurs, on a pu quand même en récolter après, mais le sol était gelé en novembre - décembre.”---- ( Souvenirs de Paulette).
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Printemps 1945, la famille PHILIPPE enfin réunie,
sans “Maman Jeanne”
“ Je me souviens que lorsqu’on était hébergé chez le grand père François, on voyait les obus qui partaient de Morbieux et frappaient autour de la ferme chez nous.
Il aurait mieux valu que la ferme brûle, vu l’état dans lequel on l’a retrouvée. Comme ça on en aurait eu une neuve.” ------( Souvenirs de Yeyette.) .
“ On n’avait pas de voiture à cette époque là, papa avait juste une moto.
Les Allemands avaient voulu la démarrer. Ils l’ont traînée jusqu’au milieu du pré, mais n’ont pas réussi.
Ils l’ont abandonnée là, contre un « boùchon » ( entendez un arbuste), près de la « Grindjotte du haut » ( Entendez une petite grange).
Même nos vélos avaient été réquisitionnés.”- -----------------------------------( Souvenirs de Gilbert).
“ Quand on est remonté la haut, il n’y avait plus rien à manger.
On n’avait pu récupérer qu’une ou deux vaches.
On n’avait pas eu le temps de récolter toutes les patates avant d’être mis dehors par les Boches en octobre. Heureusement d’ailleurs, on a pu quand même en récolter après, mais le sol était gelé en novembre - décembre.”---- ( Souvenirs de Paulette).
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Printemps 1945, la famille PHILIPPE enfin réunie,
sans “Maman Jeanne”
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
“ On cueillait les patates à la pioche. On a été obligé d’emmener une marmite avec des braises dedans au milieu du champ pour pouvoir se réchauffer les mains. La neige était partie, mais le sol était resté bien gelé.
On a donc bouffé des patates gelées tout l’hiver.
François, qui avait maintenant deux ans, était resté chez la grand-mère”.( Souvenirs de Raymond).
“ Comme la maison n’avait pas brûlé, nous n’avons été reconnus que sinistrés partiels. Il aurait mieux valu qu’elle brûle, on aurait été sinistré total.
On a touché un peu de meubles, des « meubles de sinistrés » comme ils appelaient ça. Et encore, il
fallait réclamer pour avoir quelque chose”--------------------------( Souvenirs de Raymond).
“On est tous remontés vivre là-haut. Seul François a été laissé chez “parrain”. Il n'est remonté avec nous que vers la fin de 1945.--------( Souvenirs de Gilbert).
Voici donc dans quelles conditions de vie Henri PHILIPPE et ses enfants terminent l’année 1944.
“ Le 05 janvier 1945, “Maman Jeanne” est exhumée du cimetière du THILLOT.
Le temps est pluvieux et froid.
Elle est transportée par Paul BERNARD du THILLOT et des obsèques dignes de ce nom sont célébrées au MENIL en présence de la famille et de deux ou trois de chez nous, les plus petits étaient restés chez “Ninnenne”.
Concordance tragique de date, pour nous et surtout pour papa, le 05 janvier était aussi la date du décès du grand- père Bénoni”--------( Souvenirs de Raymond).
Il est probable que cette cérémonie religieuse ne fut qu’un violent rappel de ce qui s’était passé le 20 octobre 1944.
Je peux vous témoigner, qu’aujourd’hui encore, pour mes tantes, mes oncles et mon père, la seule allusion de cette disparition tragique, malgré la différence d’âge qui les sépare et les années qui ont défilé, fait remonter en eux une peine aussi intense qu’identique, comme s’il s’agissait de sextuplés.
“ La dernière fois que mes parents se sont vus, c’était devant chez le grand-père FRANCOIS où on avait trouvé refuge.
Papa, qui était recherché par les Boches, était venu nous voir.
J’avais dix huit mois, j’étais sur les bras de maman. Je ne m’en souviens pas, bien sûr c’est papa qui me l’a dit.
Papa a embrassé maman et est parti.
Maman l’a rappelé et lui a dit:
« Hé!, t’embrasses pas ton petit gamin? »
Papa a fait demi tour, m’a embrassé et est parti.
C’était la dernière fois qu’il voyait sa femme” ---------------------------------( Souvenirs de François).
On a donc bouffé des patates gelées tout l’hiver.
François, qui avait maintenant deux ans, était resté chez la grand-mère”.( Souvenirs de Raymond).
“ Comme la maison n’avait pas brûlé, nous n’avons été reconnus que sinistrés partiels. Il aurait mieux valu qu’elle brûle, on aurait été sinistré total.
On a touché un peu de meubles, des « meubles de sinistrés » comme ils appelaient ça. Et encore, il
fallait réclamer pour avoir quelque chose”--------------------------( Souvenirs de Raymond).
“On est tous remontés vivre là-haut. Seul François a été laissé chez “parrain”. Il n'est remonté avec nous que vers la fin de 1945.--------( Souvenirs de Gilbert).
Voici donc dans quelles conditions de vie Henri PHILIPPE et ses enfants terminent l’année 1944.
“ Le 05 janvier 1945, “Maman Jeanne” est exhumée du cimetière du THILLOT.
Le temps est pluvieux et froid.
Elle est transportée par Paul BERNARD du THILLOT et des obsèques dignes de ce nom sont célébrées au MENIL en présence de la famille et de deux ou trois de chez nous, les plus petits étaient restés chez “Ninnenne”.
Concordance tragique de date, pour nous et surtout pour papa, le 05 janvier était aussi la date du décès du grand- père Bénoni”--------( Souvenirs de Raymond).
Il est probable que cette cérémonie religieuse ne fut qu’un violent rappel de ce qui s’était passé le 20 octobre 1944.
Je peux vous témoigner, qu’aujourd’hui encore, pour mes tantes, mes oncles et mon père, la seule allusion de cette disparition tragique, malgré la différence d’âge qui les sépare et les années qui ont défilé, fait remonter en eux une peine aussi intense qu’identique, comme s’il s’agissait de sextuplés.
“ La dernière fois que mes parents se sont vus, c’était devant chez le grand-père FRANCOIS où on avait trouvé refuge.
Papa, qui était recherché par les Boches, était venu nous voir.
J’avais dix huit mois, j’étais sur les bras de maman. Je ne m’en souviens pas, bien sûr c’est papa qui me l’a dit.
Papa a embrassé maman et est parti.
Maman l’a rappelé et lui a dit:
« Hé!, t’embrasses pas ton petit gamin? »
Papa a fait demi tour, m’a embrassé et est parti.
C’était la dernière fois qu’il voyait sa femme” ---------------------------------( Souvenirs de François).
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
“ Oui, il me reste des souvenirs de “Maman Jeanne”:
Je la vois toujours mettre des « tocs » ( entendez des gros morceaux de bois), dans le feu. J’étais gamine, j’avais sept ou huit ans.
Je me demandais comment elle faisait pour ne pas se brûler les doigts alors que les flammes lui léchaient la main.
Aujourd’hui, je fais comme elle et je comprends, mais tu sais Yves, lorsque je mets du bois au feu, en regardant les flammes, je repense à elle”. ---( Souvenirs de Yeyette ) .
“ J’étais tout petit, pourtant j’ai compris très tôt que maman était partie.
Je me souviens d’un jour, j’avais peut-être quatre ou cinq ans, je me trouvais chez nous, près de la maison. J’ai trébuché près d’un mur et je me suis écorché correctement. Je suis tombé sur le chemin.
J’ai pleuré et j’ai crié « Maman », naturellement.
Et puis j’ai eu une réaction, je me suis assis et je me suis dit :« C’est pas la peine de crier maman puisqu’elle n’est plus là ».
J’étais petit, pourtant, quand j’y repense …… .
J'ai un autre souvenir à ce sujet là, je devais avoir sept ou huit ans, je remontais de l'école avec René Bitchon ( René Valdenaire), nous nous sommes arrêtés chez lui et je l'ai vu sauter sur les genoux de sa mère.
Je le regardais en l'enviant, je ne pouvais pas en faire autant. Ça a été dur pour moi de voir ça. En remontant chez moi, j'y pensais et j'avais mal au coeur.
Maman aurait tellement aimé que ça se passe comme ça aussi pour nous”.----------------------------(Souvenirs de François ).
“ J’ai 68 ans. Il m‘a fallu arriver à 60 ans pour parvenir à faire le deuil de maman Jeanne. J‘arrive enfin à aller la voir au cimetière sereine.
Elle aurait 99 ans maintenant, peut être que c’est ce qui m’a permis de passer ce cap.
Aujourd’hui ce ne serait pas anormal qu’elle soit là où elle se trouve actuellement.
Tous les ans je rêvais d’elle. Je faisais toujours le même rêve. Dans ce rêve, j’allais la voir au paradis avec Paulette.
Paulette me la montrait mais je ne distinguais que sa silhouette.
Quand je m’approchais d’elle pour
l’embrasser, je me retrouvais dans le vide et ce cauchemar me réveillait.
Et puis la nuit de mes 60 ans, j’ai fait un autre rêve:
J’étais allée la voir au cimetière. On a ouvert son cercueil comme si on ouvrait une porte. Maman Jeanne était là.
Elle s’est mise assise, nous a sourit et nous a dit:
« Mes enfants, qu’est-ce que je suis contente de vous voir, je vais vite faire le café » .
C’était la première fois que je voyais maman sourire” --------------------( Souvenirs de Chouchou).
Je la vois toujours mettre des « tocs » ( entendez des gros morceaux de bois), dans le feu. J’étais gamine, j’avais sept ou huit ans.
Je me demandais comment elle faisait pour ne pas se brûler les doigts alors que les flammes lui léchaient la main.
Aujourd’hui, je fais comme elle et je comprends, mais tu sais Yves, lorsque je mets du bois au feu, en regardant les flammes, je repense à elle”. ---( Souvenirs de Yeyette ) .
“ J’étais tout petit, pourtant j’ai compris très tôt que maman était partie.
Je me souviens d’un jour, j’avais peut-être quatre ou cinq ans, je me trouvais chez nous, près de la maison. J’ai trébuché près d’un mur et je me suis écorché correctement. Je suis tombé sur le chemin.
J’ai pleuré et j’ai crié « Maman », naturellement.
Et puis j’ai eu une réaction, je me suis assis et je me suis dit :« C’est pas la peine de crier maman puisqu’elle n’est plus là ».
J’étais petit, pourtant, quand j’y repense …… .
J'ai un autre souvenir à ce sujet là, je devais avoir sept ou huit ans, je remontais de l'école avec René Bitchon ( René Valdenaire), nous nous sommes arrêtés chez lui et je l'ai vu sauter sur les genoux de sa mère.
Je le regardais en l'enviant, je ne pouvais pas en faire autant. Ça a été dur pour moi de voir ça. En remontant chez moi, j'y pensais et j'avais mal au coeur.
Maman aurait tellement aimé que ça se passe comme ça aussi pour nous”.----------------------------(Souvenirs de François ).
“ J’ai 68 ans. Il m‘a fallu arriver à 60 ans pour parvenir à faire le deuil de maman Jeanne. J‘arrive enfin à aller la voir au cimetière sereine.
Elle aurait 99 ans maintenant, peut être que c’est ce qui m’a permis de passer ce cap.
Aujourd’hui ce ne serait pas anormal qu’elle soit là où elle se trouve actuellement.
Tous les ans je rêvais d’elle. Je faisais toujours le même rêve. Dans ce rêve, j’allais la voir au paradis avec Paulette.
Paulette me la montrait mais je ne distinguais que sa silhouette.
Quand je m’approchais d’elle pour
l’embrasser, je me retrouvais dans le vide et ce cauchemar me réveillait.
Et puis la nuit de mes 60 ans, j’ai fait un autre rêve:
J’étais allée la voir au cimetière. On a ouvert son cercueil comme si on ouvrait une porte. Maman Jeanne était là.
Elle s’est mise assise, nous a sourit et nous a dit:
« Mes enfants, qu’est-ce que je suis contente de vous voir, je vais vite faire le café » .
C’était la première fois que je voyais maman sourire” --------------------( Souvenirs de Chouchou).
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
“J'ai travaillé à l'hospice du Thillot de 1973 à 1990, à l'endroit même où maman est décédée. J'ai tenté de me renseigner sur le lieu précis de son lit de mort, mais je ne l'ai jamais su exactement. C'était au fond, dans les caves mais je n'en sais pas plus, et quelque part ça me manque de ne pas savoir”.-------( Souvenirs de Yeyette).
“ Ça me fait penser aussi qu‘un jour papa m‘a dit, en parlant de “Maman Jeanne” : « Ce que tu ne sais pas, c’est que tu n’étais peut-être pas le dernier»
Ca veut dire que le 20 octobre 1944, ce sont peut être deux vies qui sont parties”-----------------------( Souvenirs de François.).
“ Oui, ça a été dur pour nous, je me souviens qu'au printemps 1945, on n’avait plus de patates, et pas de semence pour en replanter. J’ai dû aller avec une paire de vaches et une charrette jusqu’au Rupt de Bâmont ( Au dessus de Saulxures sur Moselotte), chez un frère à Mémé CHEVRIER qui habitait la haut.
Eux, ils avaient pu récolter leurs patates et n’avaient pas été réquisitionnés comme nous. Et 1944, c’était une année de patates.
Je me souviens, j’ai été parti deux jours pour ces patates-là”------------ ( Souvenirs de Raymond) .
Le printemps 1945 est également une sorte de renouveau pour les membres de la famille PHILIPPE, même si les derniers mois de 1944 restent désormais gravés à jamais dans le marbre le plus noir de leur mémoire.
En effet, une sorte de petit soleil vient éclairer le veuf et les orphelins. Un soleil qui s’évertuera également à tenter de réchauffer leurs cœurs et sécher leurs larmes .
Pour bien comprendre, il nous faut donc remonter au 20 octobre 1944, date du décès de ma grand mère.
“ Ça me fait penser aussi qu‘un jour papa m‘a dit, en parlant de “Maman Jeanne” : « Ce que tu ne sais pas, c’est que tu n’étais peut-être pas le dernier»
Ca veut dire que le 20 octobre 1944, ce sont peut être deux vies qui sont parties”-----------------------( Souvenirs de François.).
“ Oui, ça a été dur pour nous, je me souviens qu'au printemps 1945, on n’avait plus de patates, et pas de semence pour en replanter. J’ai dû aller avec une paire de vaches et une charrette jusqu’au Rupt de Bâmont ( Au dessus de Saulxures sur Moselotte), chez un frère à Mémé CHEVRIER qui habitait la haut.
Eux, ils avaient pu récolter leurs patates et n’avaient pas été réquisitionnés comme nous. Et 1944, c’était une année de patates.
Je me souviens, j’ai été parti deux jours pour ces patates-là”------------ ( Souvenirs de Raymond) .
Le printemps 1945 est également une sorte de renouveau pour les membres de la famille PHILIPPE, même si les derniers mois de 1944 restent désormais gravés à jamais dans le marbre le plus noir de leur mémoire.
En effet, une sorte de petit soleil vient éclairer le veuf et les orphelins. Un soleil qui s’évertuera également à tenter de réchauffer leurs cœurs et sécher leurs larmes .
Pour bien comprendre, il nous faut donc remonter au 20 octobre 1944, date du décès de ma grand mère.
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
* * * * * *
VIII
*** LE CIEL S’ECLAIRCIT ENFIN ***
Le 20 Octobre 1944, à l’hôpital du Thillot, Jeanne François, une jeune mère de famille nombreuse, décède des suites de ses blessures, à l’âge de 36 ans.
Elle avait été grièvement blessée par une mine anti-personnel allemande, deux jours plus tôt au
“ Pont Châly” au Ménil .
Une femme du Thillot, nommée Cécile Valence, a recueilli ses derniers mots et accompagné son dernier souffle
Que se sont-elles dit exactement, nul ne le saura vraiment. Seules quelques phrases nous ont été répétées par celle qui les a entendues .
Ainsi, on est certain toutefois que les dernières pensées de la mourante se sont adressées à ses enfants et à sa famille .
Penchée sur la couche mortuaire de Jeanne FRANÇOIS, Cécile VALENCE emprunte une mèche
de cheveux sur la défunte et la brode sur un ruban tricolore.
Elle les place dans une enveloppe à l'entête de la Mairie sur laquelle elle inscrit la mention “ à remettre à Henri PHILIPPE, Le Ménil”.
Hommage flagrant d’une jeune femme de la résistance à une jeune femme de la résistance. Reconnaissance poignante d’une femme bonne et cultivée à une famille désormais en deuil .
Fallait-il que Cécile VALENCE soit une Sainte pour prendre les décisions qui font suite ?.
Dès le début de la Guerre, Cécile VALENCE, s’engage dans la « Défense passive ».
En la matière, le terme « passive » me dérange un peu car il ne reflète pas exactement la vérité. Cette défense-là n’avait rien de passif, bien au contraire, c’était une résistance omniprésence, active, et permanente. Seule sa finesse et sa discrétion la rendait passive aux yeux de l’occupant, parce que: sans arme et sans uniforme.
En effet, chaque acte, si léger soit-il, qui pouvait soulager ou aider la France et ses alliés, devenait un poids de plus dans le sac à dos de l’occupant.
VIII
*** LE CIEL S’ECLAIRCIT ENFIN ***
Le 20 Octobre 1944, à l’hôpital du Thillot, Jeanne François, une jeune mère de famille nombreuse, décède des suites de ses blessures, à l’âge de 36 ans.
Elle avait été grièvement blessée par une mine anti-personnel allemande, deux jours plus tôt au
“ Pont Châly” au Ménil .
Une femme du Thillot, nommée Cécile Valence, a recueilli ses derniers mots et accompagné son dernier souffle
Que se sont-elles dit exactement, nul ne le saura vraiment. Seules quelques phrases nous ont été répétées par celle qui les a entendues .
Ainsi, on est certain toutefois que les dernières pensées de la mourante se sont adressées à ses enfants et à sa famille .
Penchée sur la couche mortuaire de Jeanne FRANÇOIS, Cécile VALENCE emprunte une mèche
de cheveux sur la défunte et la brode sur un ruban tricolore.
Elle les place dans une enveloppe à l'entête de la Mairie sur laquelle elle inscrit la mention “ à remettre à Henri PHILIPPE, Le Ménil”.
Hommage flagrant d’une jeune femme de la résistance à une jeune femme de la résistance. Reconnaissance poignante d’une femme bonne et cultivée à une famille désormais en deuil .
Fallait-il que Cécile VALENCE soit une Sainte pour prendre les décisions qui font suite ?.
Dès le début de la Guerre, Cécile VALENCE, s’engage dans la « Défense passive ».
En la matière, le terme « passive » me dérange un peu car il ne reflète pas exactement la vérité. Cette défense-là n’avait rien de passif, bien au contraire, c’était une résistance omniprésence, active, et permanente. Seule sa finesse et sa discrétion la rendait passive aux yeux de l’occupant, parce que: sans arme et sans uniforme.
En effet, chaque acte, si léger soit-il, qui pouvait soulager ou aider la France et ses alliés, devenait un poids de plus dans le sac à dos de l’occupant.
yves philippe- MODERATEUR
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
Par sa position clé à la mairie du Thillot, par son idée du patriotisme, par sa connaissance profonde des faits et gestes de la population
Thillotine, par les informations qu’elle détenait, Cécile VALENCE devenait un pilier clé de la résistance locale.
Et Dieu sait que les agents de renseignements fiables n’étaient pas si nombreux que ça à cette époque -là.
La peur de la barbarie nazie, la peur de ne pas savoir qui gouvernerait la France à la fin des combats, poussait au mutisme ou à l'indécision bon nombre de personnes.
“ Lors de l’incendie de la Mairie du Thillot, au soir du 19 juin 1944, Cécile a sauvé bon nombre de documents dont les lourds livres de l’état civil.
Elle a continué ses fonctions de secrétaire de mairie dans la cave du bâtiment nommé depuis “Espace Marcel PARMENTIER” (*), qui abrite aujourd’hui la “Radio Des Ballons”.
Dans un livre d'état civil, Cécile avait caché un drapeau Français.
Une fois, un soldat Allemand éreinté s’est servi de ce livre comme oreiller sans savoir ce qu’il contenait ». -----------------( Souvenirs de François).
(*) Marcel PARMENTIER était le secrétaire Général de Mairie au THILLOT. Il travaillait avec Cécile Valence . Résistant actif, alias “MAPA” il était “Chef de centre du Thillot et travaillait avec Charles Rivat. Il fût arrêté et fusillé à l'âge de 57 ans, par la Gestapo, le 24 Septembre 1944 au Steingraben ( en descendant le col de Bussang, côté Alsacien) aux côtés de Nicolas et Paul LUTTENBACHER, Georges SAC, et Maurice BLAISE.
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Cécile Valence sur son lieu de travail, en compagnie de Marcel PARMENTIER, le secrétaire général de mairie.
Thillotine, par les informations qu’elle détenait, Cécile VALENCE devenait un pilier clé de la résistance locale.
Et Dieu sait que les agents de renseignements fiables n’étaient pas si nombreux que ça à cette époque -là.
La peur de la barbarie nazie, la peur de ne pas savoir qui gouvernerait la France à la fin des combats, poussait au mutisme ou à l'indécision bon nombre de personnes.
“ Lors de l’incendie de la Mairie du Thillot, au soir du 19 juin 1944, Cécile a sauvé bon nombre de documents dont les lourds livres de l’état civil.
Elle a continué ses fonctions de secrétaire de mairie dans la cave du bâtiment nommé depuis “Espace Marcel PARMENTIER” (*), qui abrite aujourd’hui la “Radio Des Ballons”.
Dans un livre d'état civil, Cécile avait caché un drapeau Français.
Une fois, un soldat Allemand éreinté s’est servi de ce livre comme oreiller sans savoir ce qu’il contenait ». -----------------( Souvenirs de François).
(*) Marcel PARMENTIER était le secrétaire Général de Mairie au THILLOT. Il travaillait avec Cécile Valence . Résistant actif, alias “MAPA” il était “Chef de centre du Thillot et travaillait avec Charles Rivat. Il fût arrêté et fusillé à l'âge de 57 ans, par la Gestapo, le 24 Septembre 1944 au Steingraben ( en descendant le col de Bussang, côté Alsacien) aux côtés de Nicolas et Paul LUTTENBACHER, Georges SAC, et Maurice BLAISE.
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Cécile Valence sur son lieu de travail, en compagnie de Marcel PARMENTIER, le secrétaire général de mairie.
yves philippe- MODERATEUR
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
« Ayant su que les Allemands recherchaient René CHOFFEL qui habitait à la Mouline au Thillot, Cécile prit un livre et fit mine d’aller se promener. Comme par hasard, sa promenade la conduisit chez l’intéressé, lequel put prendre la seule solution qui s’imposait, s’enfuir.”---------------------------( Souvenirs de Yeyette) .
“ Cécile fut amenée à soigner le Lieutenant BELHOMME qui avait été blessé au combat et qui a été finalement tué au Col des Croix lors de l'invasion allemande. ( probablement lors de l'attaque du 20 juin 1940 sur le THILLOT).
Elle a également porté assistance à un certain Mr TOUFFLET.
Les familles de ces gens-là ont repris contact avec nous après la guerre”--------------------------( Souvenirs de François).
“ A la mairie, elle savait tout sur tout. Elle faisait des fausses cartes d’identité qu’elle vieillissait comme elle pouvait. Je sais qu’elle nous a raconté qu’elle en mettait par terre, qu’elle marchait dessus pour leur “donner de l’ancienneté”.
Tiens, je vais te montrer quelque chose. (…) Tu sais ce que c’est ça? C’est le casque de Cécile quand elle partait pour certaines missions.
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Le casque que portait Cécile VALENCE lors de ses interventions.
De part et d'autre de la grenade, on remarque les lettres D et P qui signifient “ Défense Passive”.
“ Cécile fut amenée à soigner le Lieutenant BELHOMME qui avait été blessé au combat et qui a été finalement tué au Col des Croix lors de l'invasion allemande. ( probablement lors de l'attaque du 20 juin 1940 sur le THILLOT).
Elle a également porté assistance à un certain Mr TOUFFLET.
Les familles de ces gens-là ont repris contact avec nous après la guerre”--------------------------( Souvenirs de François).
“ A la mairie, elle savait tout sur tout. Elle faisait des fausses cartes d’identité qu’elle vieillissait comme elle pouvait. Je sais qu’elle nous a raconté qu’elle en mettait par terre, qu’elle marchait dessus pour leur “donner de l’ancienneté”.
Tiens, je vais te montrer quelque chose. (…) Tu sais ce que c’est ça? C’est le casque de Cécile quand elle partait pour certaines missions.
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Le casque que portait Cécile VALENCE lors de ses interventions.
De part et d'autre de la grenade, on remarque les lettres D et P qui signifient “ Défense Passive”.
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