Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
Elle est allée jusqu‘aux Roches de Morteville , à la pointe des fusils devant des Allemands qui voulaient qu’elle identifie des gens qui y avaient été tués”-------------------------- ( Souvenirs de Yeyette) .
Peut-on parler de résistance passive? Rien n’est moins sûr, toujours est-il que c’est dans ces circonstances difficiles qu’elle apprend l’hospitalisation au Thillot de Jeanne FRANCOIS, ma grand-mère paternelle.
- Que se passa-t-il après, ça reste un grand mystère pour beaucoup. Mais qu’y a-t-il à y chercher?
L’amour a ses raisons que la raison ignore.
Le décès de sa femme mit obligatoirement en relation mon grand-père, Henri PHILIPPE, avec Cécile VALENCE.
La mèche de cheveux bien appliquée sur une bribe de ruban tricolore passa de la main de celle qui l’avait coupée à celui à qui elle devait revenir.
Et puis…, et puis…, peut-être qu’une promesse faite à une mère de famille qui s’en allait, peut-être que le patriotisme chronique qui les réunissait , peut être que la situation dramatique de l’un, peut-être que le besoin de dévouement total de l’autre, peut-être que ….., l’amour, tout simplement est passé par là.
Comment et pourquoi, Cécile Valence, cette jeune femme célibataire, belle , cultivée, dont la compagnie était recherchée par beaucoup de gens influents dans la région .
- Comment et pourquoi cette jeune femme issue d’une famille aisée, qui avait un poste administratif important,
- Comment et pourquoi cette jeune femme, qui se faisait servir à table, qui avait une éducation religieuse stricte, accepte, du jour au lendemain ou presque de changer complètement de vie
- Comment et pourquoi se retrouve-t-elle, au lendemain d’une vie publique si active, à la tête d’une famille de sept gosses, dont le dernier n’a pas trois ans, dans une ferme à peine restaurée, à 800 mètres d’altitude, au fond de la vallée des Granges au Ménil ? La question reste posée.
Henri PHILIPPE et Cécile VALENCE se connaissaient à peine quand ils ont eu cette conversation:
“« Et vous, Monsieur PHILIPPE, comment ça va là- haut? »
« Comment voulez vous que ça aille? »
« Il ne faut pas rester tout seul, Monsieur PHILIPPE! »
« Oui, mais qui voudrait de moi, là- haut avec sept enfants? »
« moi, si vous voulez »”.------------------------------------( Souvenirs de François).
Peut-on parler de résistance passive? Rien n’est moins sûr, toujours est-il que c’est dans ces circonstances difficiles qu’elle apprend l’hospitalisation au Thillot de Jeanne FRANCOIS, ma grand-mère paternelle.
- Que se passa-t-il après, ça reste un grand mystère pour beaucoup. Mais qu’y a-t-il à y chercher?
L’amour a ses raisons que la raison ignore.
Le décès de sa femme mit obligatoirement en relation mon grand-père, Henri PHILIPPE, avec Cécile VALENCE.
La mèche de cheveux bien appliquée sur une bribe de ruban tricolore passa de la main de celle qui l’avait coupée à celui à qui elle devait revenir.
Et puis…, et puis…, peut-être qu’une promesse faite à une mère de famille qui s’en allait, peut-être que le patriotisme chronique qui les réunissait , peut être que la situation dramatique de l’un, peut-être que le besoin de dévouement total de l’autre, peut-être que ….., l’amour, tout simplement est passé par là.
Comment et pourquoi, Cécile Valence, cette jeune femme célibataire, belle , cultivée, dont la compagnie était recherchée par beaucoup de gens influents dans la région .
- Comment et pourquoi cette jeune femme issue d’une famille aisée, qui avait un poste administratif important,
- Comment et pourquoi cette jeune femme, qui se faisait servir à table, qui avait une éducation religieuse stricte, accepte, du jour au lendemain ou presque de changer complètement de vie
- Comment et pourquoi se retrouve-t-elle, au lendemain d’une vie publique si active, à la tête d’une famille de sept gosses, dont le dernier n’a pas trois ans, dans une ferme à peine restaurée, à 800 mètres d’altitude, au fond de la vallée des Granges au Ménil ? La question reste posée.
Henri PHILIPPE et Cécile VALENCE se connaissaient à peine quand ils ont eu cette conversation:
“« Et vous, Monsieur PHILIPPE, comment ça va là- haut? »
« Comment voulez vous que ça aille? »
« Il ne faut pas rester tout seul, Monsieur PHILIPPE! »
« Oui, mais qui voudrait de moi, là- haut avec sept enfants? »
« moi, si vous voulez »”.------------------------------------( Souvenirs de François).
yves philippe- MODERATEUR
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
“ Juste après la guerre, en juillet /Aaût 1945, Cécile VALENCE était allée en cure à Bussang . Elle fréquentait déjà Papa. Il faisait un bout de chemin vers Bussang, elle venait vers le Ménil et ils se voyaient ainsi.
En cure elle connaissait une voyante qui s‘appelait Mme DAUBATON, je crois qu’elle lisait dans les lignes de la main.
La voyante lui avait dit « Pour vous Cécile, ce sera un cœur et une chaumière »”.-----------------( Souvenirs de François et Yeyette).
Sa décision étant prise, Cécile VALENCE s’était mise en froid avec ses parents. Elle fait également part de cette décision à Ernest FRANÇOIS, le Maire du Thillot pour qui elle travaillait.
“ Le maire du Thillot lui avait dit:
« Ne faites pas ça! Restez, Cécile. Ou bien faites venir monsieur PHILIPPE au Thillot, on lui trouvera un travail aux abattoirs. Ses gosses seront tout près pour aller à l’école .
Cécile lui a répondu: « On ne déplace pas neuf personnes pour une seule »”----------------------------( Souvenirs de François).
En acceptant de venir vivre au Xerbenage, ce n’est pas une page de sa vie que Cécile VALENCE tournait, c’est un livre complet qu’elle fermait, pour en ouvrir un autre, ô combien moins rutilant pour elle.
Une vieille ferme isolée, des enfants, et une Grand-mère qui n’avait plus toute sa tête, sa nouvelle vie ne s’annonçait pas des plus faciles, pourtant, elle l’a acceptée, jusqu’au bout.
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L'enveloppe et la mèche de cheveux de Jeanne François, remises par Cécile Valence à Henri Philippe.
En cure elle connaissait une voyante qui s‘appelait Mme DAUBATON, je crois qu’elle lisait dans les lignes de la main.
La voyante lui avait dit « Pour vous Cécile, ce sera un cœur et une chaumière »”.-----------------( Souvenirs de François et Yeyette).
Sa décision étant prise, Cécile VALENCE s’était mise en froid avec ses parents. Elle fait également part de cette décision à Ernest FRANÇOIS, le Maire du Thillot pour qui elle travaillait.
“ Le maire du Thillot lui avait dit:
« Ne faites pas ça! Restez, Cécile. Ou bien faites venir monsieur PHILIPPE au Thillot, on lui trouvera un travail aux abattoirs. Ses gosses seront tout près pour aller à l’école .
Cécile lui a répondu: « On ne déplace pas neuf personnes pour une seule »”----------------------------( Souvenirs de François).
En acceptant de venir vivre au Xerbenage, ce n’est pas une page de sa vie que Cécile VALENCE tournait, c’est un livre complet qu’elle fermait, pour en ouvrir un autre, ô combien moins rutilant pour elle.
Une vieille ferme isolée, des enfants, et une Grand-mère qui n’avait plus toute sa tête, sa nouvelle vie ne s’annonçait pas des plus faciles, pourtant, elle l’a acceptée, jusqu’au bout.
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L'enveloppe et la mèche de cheveux de Jeanne François, remises par Cécile Valence à Henri Philippe.
Dernière édition par yves philippe le Lun 10 Avr 2017 - 19:56, édité 1 fois
yves philippe- MODERATEUR
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
Henri PHILIPPE et Cécile VALENCE se marièrent le 22 novembre 1945, justement le jour de la Ste Cécile.
“ Lorsque Cécile VALENCE, (qu’on appellera « Maman Bon ») est arrivée chez nous, c’était un peu une étrangère.
Moi j’étais petite, mais pour les grands qui avaient bien connu “Maman Jeanne”, ça a du être difficile pour eux”---------(Souvenirs de Chouchou).
“ “Maman Cécile” s’est ruinée la santé pour nous. Elle n’avait pas la force pour porter des marmites pour dix personnes. C’est Paulette qui lui a appris les proportions”--- ( Souvenirs de Yeyette).
“ “Maman Cécile” ne remplacera jamais notre mère dans notre cœur. Toutefois, on a beau chercher, on ne lui trouvera aucun défaut.
Il fallait que ce soit une sainte pour faire ce qu’elle a fait”. --------------( Souvenirs de François).
“En plus, comme elle était très pieuse, il fallait faire la prière à table avant d’aller se coucher.
Ça n’a pas duré longtemps, il en manquait toujours un à table. Il y en avait toujours un caché au grenier, ou bien à l’écurie, un autre dans une chambre. Ils ont vite compris.
« Quand “Maman Cécile” est arrivée chez nous, ça n’a pas été facile pour nous. On avait connu “Maman Jeanne” avant.
Avec “Maman Jeanne” , c’était bien, elle nous faisait à manger, c’étaient les travaux des champs, c’était tout pour nous “Maman Jeanne”.
Avec “Maman Cécile”, c’était plus du tout pareil. Elle était gentille avec nous, mais c’était plus comme avant. Elle était cultivée et nous expliquait plein de choses, mais elle n’était pas préparée à vivre avec et à faire vivre sept gosses.
Papa allait toujours dans son sens et se montrait autoritaire vis-à-vis de nous. Après tout ce qu’on avait vécu, ça avait du mal à passer. Avec lui, il fallait toujours travailler, toujours travailler. C’était dur et on n’était que des gosses”.------------ ------------------------------ ( Souvenirs de Raymond) .
“ La grand-mère qui ne comprenait plus rien à rien disait à papa: « Mais qu’est-ce que t’as fait de Jeanne. Il faut aller la rechercher. Qu’est-ce qu’elle fait là celle-là ». En parlant de maman Bon” ------------------------------( Souvenirs de Chouchou) .
yves philippe- MODERATEUR
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
“ Lorsque Cécile avait un problème qu'elle n'arrivait pas à résoudre avec l'un de nous, elle allait voir “Parrain” ou “Ninnenne” et demandait quelle solution il fallait apporter. Elle leur accordait sa totale confiance. Après une petite discussion, elle remontait chez nous ragaillardie et réagissait en convenance.
Sa démarche simple et sincère a contribué à resserrer les liens entre les familles FRANÇOIS et PHILIPPE, alors que Cécile n'était issue, ni de l'une , ni de l'autre”----------( Souvenirs de Yeyette).
“ Juste après guerre, ça a continué à être dur pour nous. Il y avait tellement à faire.
Je me souviens d’un dimanche après midi. Gilbert jouait de l’accordéon et Paulette chantait. On était là autour d’eux, c’était bien. Et puis Papa est entré dans la cuisine et a crié .
« Vous n’avez que ça à faire, allez, au boulot! » .
Il avait raison, il y avait tellement à faire et à refaire .
Je me souviens, “Papa Bon” disait aussi : « Le travail que tu fais le dimanche, c’est le travail que t’es quitte de faire la semaine»”.---------------- ( Souvenirs de Yeyette) .
“ Papa était dur avec nous, mais il l’était aussi avec lui-même. Il vivait de peu.
Je me souviens d’un jour où on avait beaucoup travaillé. Vers midi il me dit: « Allez, on arrête, on va aller manger une patate ou deux » .
Moi, je le regardais et je me disais que j’ allais bien en manger une marmite tellement j’avais faim.
Une patate ou deux, ça ne fait tout de même pas grand-chose comme repas pour un homme qui travaille dur.
Il avait toujours vécu de pas grand-chose et ne se plaignait pas”. -------- ( Souvenirs de Raymond.) .
“ Un jeudi, alors que je m'apprêtais à descendre au catéchisme au village, papa, qui était en train de tirer du foin pour les bêtes, m'a appelé.
Il m'a demandé de lui remonter, après le caté, la croix qui se trouvait sur la tombe de maman, parce qu'il voulait la refaire.
Sa demande m'a choqué et il l'a remarqué. Papa m'a serré contre lui.
Là , j'ai bien vu qu'il éprouvait des sentiments forts pour nous.
En sortant du caté, je suis passé au cimetière. Il m'a fallu du courage et du temps avant de pouvoir prendre cette croix. J'avais l'impression de faire quelque chose de mal.
J'avais alors 10 ou 11 ans.
J'ai donc dû remonter toute la colline avec cette croix. Ça a été pénible pour moi, je me souviens, je baissais la tête pour ne pas croiser les regards”-----------------------( Souvenirs de François).
Sa démarche simple et sincère a contribué à resserrer les liens entre les familles FRANÇOIS et PHILIPPE, alors que Cécile n'était issue, ni de l'une , ni de l'autre”----------( Souvenirs de Yeyette).
“ Juste après guerre, ça a continué à être dur pour nous. Il y avait tellement à faire.
Je me souviens d’un dimanche après midi. Gilbert jouait de l’accordéon et Paulette chantait. On était là autour d’eux, c’était bien. Et puis Papa est entré dans la cuisine et a crié .
« Vous n’avez que ça à faire, allez, au boulot! » .
Il avait raison, il y avait tellement à faire et à refaire .
Je me souviens, “Papa Bon” disait aussi : « Le travail que tu fais le dimanche, c’est le travail que t’es quitte de faire la semaine»”.---------------- ( Souvenirs de Yeyette) .
“ Papa était dur avec nous, mais il l’était aussi avec lui-même. Il vivait de peu.
Je me souviens d’un jour où on avait beaucoup travaillé. Vers midi il me dit: « Allez, on arrête, on va aller manger une patate ou deux » .
Moi, je le regardais et je me disais que j’ allais bien en manger une marmite tellement j’avais faim.
Une patate ou deux, ça ne fait tout de même pas grand-chose comme repas pour un homme qui travaille dur.
Il avait toujours vécu de pas grand-chose et ne se plaignait pas”. -------- ( Souvenirs de Raymond.) .
“ Un jeudi, alors que je m'apprêtais à descendre au catéchisme au village, papa, qui était en train de tirer du foin pour les bêtes, m'a appelé.
Il m'a demandé de lui remonter, après le caté, la croix qui se trouvait sur la tombe de maman, parce qu'il voulait la refaire.
Sa demande m'a choqué et il l'a remarqué. Papa m'a serré contre lui.
Là , j'ai bien vu qu'il éprouvait des sentiments forts pour nous.
En sortant du caté, je suis passé au cimetière. Il m'a fallu du courage et du temps avant de pouvoir prendre cette croix. J'avais l'impression de faire quelque chose de mal.
J'avais alors 10 ou 11 ans.
J'ai donc dû remonter toute la colline avec cette croix. Ça a été pénible pour moi, je me souviens, je baissais la tête pour ne pas croiser les regards”-----------------------( Souvenirs de François).
yves philippe- MODERATEUR
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
“ Oui, papa était dur, mais c'était un dur au cœur tendre. Quelle que soit l'heure à laquelle il rentrait le soir, il venait toujours nous embrasser” ------ ( Souvenirs de Yeyette ).
“ Papa nous disait toujours d’un ton autoritaire: « Dans la vie, on ne doit jamais baisser les bras!. On regarde devant, pas derrière! Ce qu’il y a derrière, c’est le passé!”------------------------------(Souvenirs de Chouchou).
“ Regarde sur cette photo qui date de 1947, alors que Raymond est au service militaire, tu peux voir Chouchou et François. Ils n’ont même pas de pantalon. Ils sont comme ça, les jambes nues dans la neige.
Je me souviens, Chouchou était encore pieds nus quand maman Cécile est arrivée aux Granges en novembre 1945.
On n’avait rien, je ne sais pas comment on n'a pas crevé là-haut. Il fallait qu’on soit solide” ----------------------------------( Souvenirs de Yeyette) .
“Je me souviens de ma première orange. “Maman Bon” avait dû en avoir quelque unes avec les cartes d'alimentation, ou au marché noir. Jusque là on ne connaissait pas les oranges. Elle les avait mises sur le buffet à “la petite chambre devant”
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"Tu peux voir Chouchou et François, ils n'ont même pas de pantalon. Ils sont comme ça, les jambes nues dans la neige”
“ Papa nous disait toujours d’un ton autoritaire: « Dans la vie, on ne doit jamais baisser les bras!. On regarde devant, pas derrière! Ce qu’il y a derrière, c’est le passé!”------------------------------(Souvenirs de Chouchou).
“ Regarde sur cette photo qui date de 1947, alors que Raymond est au service militaire, tu peux voir Chouchou et François. Ils n’ont même pas de pantalon. Ils sont comme ça, les jambes nues dans la neige.
Je me souviens, Chouchou était encore pieds nus quand maman Cécile est arrivée aux Granges en novembre 1945.
On n’avait rien, je ne sais pas comment on n'a pas crevé là-haut. Il fallait qu’on soit solide” ----------------------------------( Souvenirs de Yeyette) .
“Je me souviens de ma première orange. “Maman Bon” avait dû en avoir quelque unes avec les cartes d'alimentation, ou au marché noir. Jusque là on ne connaissait pas les oranges. Elle les avait mises sur le buffet à “la petite chambre devant”
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"Tu peux voir Chouchou et François, ils n'ont même pas de pantalon. Ils sont comme ça, les jambes nues dans la neige”
yves philippe- MODERATEUR
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
Nous étions neuf, il n'y avait sûrement pas une orange pour chacun.
C'était au printemps, probablement en 47, j'étendais le fumier à “la grindjotte du haut”, près de “chez Le Bon”.
J'avais piqué une orange et je l'ai mangée en cachette là-bas.
Tu ne peux pas savoir combien je l'ai appréciée cette orange- là!.
Après, avec la fourche, j'ai fait un trou pour enterrer la peau de l'orange afin qu'on ne la retrouve pas” -----------------( Souvenirs de Gilbert ).
“En 47, Papa a agrandi le canal qui alimentait la turbine. Ensuite il a réparé les machines-outils qui étaient restées chez “Le Bon” et les a descendues dans un abri qu'il avait fait près de la turbine et qui existe toujours.
Cette cabane, on l'appelle toujours “La Cabine”.
Comme ça, ses machines étaient directement entrainées par la turbine. Elles avaient plus de force qu'avec le 110 Kw”.---------- ( Souvenirs de Yeyette).
“ Heureusement que “Maman Bon” connaissait bien les commerçants du Thillot. Elle arrivait à avoir un habit, une gamelle par ici, une paire de chaussures par là .
En 46 / 47, on n’avait pas de chauffage. Il y avait de la glace à l’intérieur des fenêtres. On mettait chauffer une brique ou une pierre bleue dans le four qu’on mettait ensuite dans le lit.
On était gosse, le plus important était d’avoir chaud et de ne pas avoir faim. Le reste …… ”. -------------------------------( Souvenirs de Chouchou).
“ En 1947, je n’ai pas eu de pot. Les papiers n’avaient pas encore été enregistrés alors je n’ai pas pu bénéficier du soutien de famille.
Je suis donc parti à l’armée. Comme j’étais l’aîné, ça faisait encore deux bras en moins à la maison.
Là encore, je savais ce qui m’attendait chez nous quand je rentrais en permission, du boulot, par-dessus la tête.
C’est donc mon frère Michel qui a bénéficié du soutien de famille”. ---- ( Souvenirs de Raymond.) .
“Je détiens un symbole qui à lui seul reflète bien l'action et l'idéologie de mes trois parents pendant la guerre. C'est le drapeau des CVR, ( Combattants Volontaires de la Résistance) que je porte maintenant depuis plus de 15 ans, et après papa, aux cérémonies patriotiques.
C'était au printemps, probablement en 47, j'étendais le fumier à “la grindjotte du haut”, près de “chez Le Bon”.
J'avais piqué une orange et je l'ai mangée en cachette là-bas.
Tu ne peux pas savoir combien je l'ai appréciée cette orange- là!.
Après, avec la fourche, j'ai fait un trou pour enterrer la peau de l'orange afin qu'on ne la retrouve pas” -----------------( Souvenirs de Gilbert ).
“En 47, Papa a agrandi le canal qui alimentait la turbine. Ensuite il a réparé les machines-outils qui étaient restées chez “Le Bon” et les a descendues dans un abri qu'il avait fait près de la turbine et qui existe toujours.
Cette cabane, on l'appelle toujours “La Cabine”.
Comme ça, ses machines étaient directement entrainées par la turbine. Elles avaient plus de force qu'avec le 110 Kw”.---------- ( Souvenirs de Yeyette).
“ Heureusement que “Maman Bon” connaissait bien les commerçants du Thillot. Elle arrivait à avoir un habit, une gamelle par ici, une paire de chaussures par là .
En 46 / 47, on n’avait pas de chauffage. Il y avait de la glace à l’intérieur des fenêtres. On mettait chauffer une brique ou une pierre bleue dans le four qu’on mettait ensuite dans le lit.
On était gosse, le plus important était d’avoir chaud et de ne pas avoir faim. Le reste …… ”. -------------------------------( Souvenirs de Chouchou).
“ En 1947, je n’ai pas eu de pot. Les papiers n’avaient pas encore été enregistrés alors je n’ai pas pu bénéficier du soutien de famille.
Je suis donc parti à l’armée. Comme j’étais l’aîné, ça faisait encore deux bras en moins à la maison.
Là encore, je savais ce qui m’attendait chez nous quand je rentrais en permission, du boulot, par-dessus la tête.
C’est donc mon frère Michel qui a bénéficié du soutien de famille”. ---- ( Souvenirs de Raymond.) .
“Je détiens un symbole qui à lui seul reflète bien l'action et l'idéologie de mes trois parents pendant la guerre. C'est le drapeau des CVR, ( Combattants Volontaires de la Résistance) que je porte maintenant depuis plus de 15 ans, et après papa, aux cérémonies patriotiques.
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yves philippe- MODERATEUR
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
Ce drapeau a été fait par maman Jeanne avec de la toile de parachute que papa avait récupérée suite aux parachutages de la Kins-muss. On les avait enterrés dans le bout du champ, chez “Le Bon”.
Au départ , les inscriptions étaient faites à l'encre de chine sur ce drapeau, mais quand il pleuvait, elles ne tenaient pas. Alors c'est “Maman Bon” qui l'a brodé par la suite, tel qu'il est actuellement”.----------------- ( Souvenirs de Gilbert).
“ Oui, c'est vrai, ce drapeau-là, je l'avais enterré, bien emballé, dans le jardin ' Chez Coleille”, pour ne pas que les boches ne le trouvent.
C'est dire que papa et maman avaient confiance en l'avenir!”------( Souvenirs de Paulette).
“Beaucoup de choses nous rappellent chaque jour, les dégâts occasionnés par la dernière guerre.
Ceux qui l'ont vécue ou subie ne peuvent l'oublier.
A l'occasion, tu demanderas à Yeyette qu'elle te montre, où elle habite maintenant chez “Le Bon”, les coups de crosses de fusil Allemand qui resteront à jamais marqués sur le buffet de cuisine” --------------------------------( Souvenirs de François ).
“En 1945/1946, des prisonniers allemands étaient cantonnés au tissage du Pont Charreau. Certains devaient aider dans les fermes du secteur, d'autres devaient déminer des secteurs comme “la Tête des Champs”.
C'est à cette occasion , lors d'un accident de déminage que Gilbert VAXELAIRE a été tué, il y a même eu plusieurs morts et blessés”.
“En octobre 1946, je me souviens d'un jour où on crochait les patates.
Du temps de midi, papa et les autres sont partis manger chez nous tandis que j'étais resté seul pour garder les vaches au champ.
J'ai vu deux boches qui arrivaient au “Plain du Grand Bois”. Ils ont rempli leurs poches de patates crues et sont venus me demander “Bussang”.
Je leur ai donné la direction. Ce devait être deux Allemands évadés du cantonnement de prisonniers du Pont Charreau”. -----------------------
----------------------------( Souvenirs de Gilbert).
“ Quand on y repense , après la guerre, le danger n'avait pas disparu pour autant. Je me demande comment on a fait pour être toujours de ce monde.
Je crois même que chez nous, après la guerre, ça n'a jamais canardé autant dans tous les coins. Tu penses, il trainait encore des munitions partout, et les gosses, qui avaient grandi avec la guerre, brandissaient les fusils dès que les parents avaient le dos tourné”. -------------------( Souvenirs de Gilbert).
“ Il y a eu des drames humains juste après la guerre. Les gosses jouaient avec des armes, des grenades, des obus. Il y a eu des blessés et même des morts. C'était affreux”- ( Souvenirs de Yeyette ).
“ Chez nous, c'étaient surtout les deux plus grands, Raymond et Michel. Ils en ont fait! Tu ne peux pas savoir!
Après la guerre il restait beaucoup plus de munitions que d'armes.
Une fois, ils avaient récupéré un fusil boche, et des cartouches. Les voilà partis chez Tantette ( une ferme située un peu plus bas ) avec le fusil et des balles plein les poches. Ils tiraient des balles partout.
Ils se sont attaqués à un épicéa gros comme ça ( 15 Cm de diamètre au niveau du tronc), ils n'ont pas arrêté de tirer dessus tant que l'arbre n'était pas tombé.
Je crois que c'était Raymond qui avait ramené ce fusil. Je crois qu'il l'avait trouvé dans la tournée de chez Paul Menmense, près de chez “P'tit Joseph”, (un peu plus bas, avant d'arriver à la ferme ), mais le fusil n'avait pas de culasse. Raymond ou Michel ont fini par en trouver une, à force de chercher partout”.--( Souvenirs de Gilbert).
Au départ , les inscriptions étaient faites à l'encre de chine sur ce drapeau, mais quand il pleuvait, elles ne tenaient pas. Alors c'est “Maman Bon” qui l'a brodé par la suite, tel qu'il est actuellement”.----------------- ( Souvenirs de Gilbert).
“ Oui, c'est vrai, ce drapeau-là, je l'avais enterré, bien emballé, dans le jardin ' Chez Coleille”, pour ne pas que les boches ne le trouvent.
C'est dire que papa et maman avaient confiance en l'avenir!”------( Souvenirs de Paulette).
“Beaucoup de choses nous rappellent chaque jour, les dégâts occasionnés par la dernière guerre.
Ceux qui l'ont vécue ou subie ne peuvent l'oublier.
A l'occasion, tu demanderas à Yeyette qu'elle te montre, où elle habite maintenant chez “Le Bon”, les coups de crosses de fusil Allemand qui resteront à jamais marqués sur le buffet de cuisine” --------------------------------( Souvenirs de François ).
“En 1945/1946, des prisonniers allemands étaient cantonnés au tissage du Pont Charreau. Certains devaient aider dans les fermes du secteur, d'autres devaient déminer des secteurs comme “la Tête des Champs”.
C'est à cette occasion , lors d'un accident de déminage que Gilbert VAXELAIRE a été tué, il y a même eu plusieurs morts et blessés”.
“En octobre 1946, je me souviens d'un jour où on crochait les patates.
Du temps de midi, papa et les autres sont partis manger chez nous tandis que j'étais resté seul pour garder les vaches au champ.
J'ai vu deux boches qui arrivaient au “Plain du Grand Bois”. Ils ont rempli leurs poches de patates crues et sont venus me demander “Bussang”.
Je leur ai donné la direction. Ce devait être deux Allemands évadés du cantonnement de prisonniers du Pont Charreau”. -----------------------
----------------------------( Souvenirs de Gilbert).
“ Quand on y repense , après la guerre, le danger n'avait pas disparu pour autant. Je me demande comment on a fait pour être toujours de ce monde.
Je crois même que chez nous, après la guerre, ça n'a jamais canardé autant dans tous les coins. Tu penses, il trainait encore des munitions partout, et les gosses, qui avaient grandi avec la guerre, brandissaient les fusils dès que les parents avaient le dos tourné”. -------------------( Souvenirs de Gilbert).
“ Il y a eu des drames humains juste après la guerre. Les gosses jouaient avec des armes, des grenades, des obus. Il y a eu des blessés et même des morts. C'était affreux”- ( Souvenirs de Yeyette ).
“ Chez nous, c'étaient surtout les deux plus grands, Raymond et Michel. Ils en ont fait! Tu ne peux pas savoir!
Après la guerre il restait beaucoup plus de munitions que d'armes.
Une fois, ils avaient récupéré un fusil boche, et des cartouches. Les voilà partis chez Tantette ( une ferme située un peu plus bas ) avec le fusil et des balles plein les poches. Ils tiraient des balles partout.
Ils se sont attaqués à un épicéa gros comme ça ( 15 Cm de diamètre au niveau du tronc), ils n'ont pas arrêté de tirer dessus tant que l'arbre n'était pas tombé.
Je crois que c'était Raymond qui avait ramené ce fusil. Je crois qu'il l'avait trouvé dans la tournée de chez Paul Menmense, près de chez “P'tit Joseph”, (un peu plus bas, avant d'arriver à la ferme ), mais le fusil n'avait pas de culasse. Raymond ou Michel ont fini par en trouver une, à force de chercher partout”.--( Souvenirs de Gilbert).
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
“Raymond ?, il était enragé avec les armes. Une fois, il a tellement insisté que j'ai dû tirer une fois avec un fusil. Je m'en souviens, c'était chez
nous, dans la descente de la cave. L'escalier en pierres tournait et depuis le haut il m'a fait tirer dans l'arrondi de la cave.
Avec le recul je suis partie en arrière et je suis tombée sur mon cul”.-------( Souvenirs de Paulette ).
“ Oui, dans le virage en descendant à la cave, papa avait mis un laurier qu'il avait abrité pour l'hiver.
Depuis la trappe, les gamins tiraient dans le laurier. Ca sentait le laurier partout dans la maison.
Le plus grave, c'est que toute la cave était en pierres. On a eu de la chance de ne pas se faire “chopper” par un ricochet”.( Souvenirs de Gilbert ).
“Ce que Yeyette ne t'a pas dit c'est que Raymond l'a fait tirer elle aussi au fusil ! ---------------------------------(Souvenirs de François).
“Raymond et Michel profitaient que papa et Maman-Bon soient partis pour faire ça.
En 45 / 46 ils étaient souvent partis. Papa avait beaucoup de papiers à faire juste après guerre, des attestations, des déclarations, à la mairie , aux administrations suite à la résistance.
En plus il faisait tout les “linquants” du coin pour acheter ce dont on avait besoin.
Un jour il était à Fresse, un jour à Ramonchamp, etc”.-----------( Souvenirs de Gilbert).
“Une fois, les grands ont mis des balles dans la cuisinière, juste pour faire peur à Paulette”. ----------------------------------( Souvenirs de François).
“Un coup , avec Michel, on a décidé d'aller à la chasse. On a pris chacun un mousqueton et on a fait le grand tour pour aller au “derrière de l'Olah”. On a tiré des balles dans tous les coins et on est revenu bredouille. C'était au printemps 45.
Chez nous, à force de tirer sur les corbeaux, on en voyait plus un seul dans le secteur.
Je me souviens aussi qu'on s'amusait avec un fusil de la guerre de 70. On avait juste que le canon. On récupérait la poudre noire des balles qu'on démontait. On bourrait le canon avec la poudre, ensuite on y mettait des petites rondelles et on tirait en bas du pré. Les rondelles partaient en sifflant.--( Souvenirs de Raymond ).
“Juste en-dessous de chez nous, il y avait de la tourbe, là où on a planté des saules. Un soir, alors qu'il faisait déja nuit, depuis la porte, Raymond a lancé une grenade à manche boche dans la tourbe avant de rentrer vite fait chez nous.
On était tous là à attendre l'explosion derrière la porte. Juste après l'explosion on est tous sortis pour voir. A ce moment-là tout ce qui était monté en l'air retombait, la boue , les cailloux. Il y en avait partout dans le chemin.
nous, dans la descente de la cave. L'escalier en pierres tournait et depuis le haut il m'a fait tirer dans l'arrondi de la cave.
Avec le recul je suis partie en arrière et je suis tombée sur mon cul”.-------( Souvenirs de Paulette ).
“ Oui, dans le virage en descendant à la cave, papa avait mis un laurier qu'il avait abrité pour l'hiver.
Depuis la trappe, les gamins tiraient dans le laurier. Ca sentait le laurier partout dans la maison.
Le plus grave, c'est que toute la cave était en pierres. On a eu de la chance de ne pas se faire “chopper” par un ricochet”.( Souvenirs de Gilbert ).
“Ce que Yeyette ne t'a pas dit c'est que Raymond l'a fait tirer elle aussi au fusil ! ---------------------------------(Souvenirs de François).
“Raymond et Michel profitaient que papa et Maman-Bon soient partis pour faire ça.
En 45 / 46 ils étaient souvent partis. Papa avait beaucoup de papiers à faire juste après guerre, des attestations, des déclarations, à la mairie , aux administrations suite à la résistance.
En plus il faisait tout les “linquants” du coin pour acheter ce dont on avait besoin.
Un jour il était à Fresse, un jour à Ramonchamp, etc”.-----------( Souvenirs de Gilbert).
“Une fois, les grands ont mis des balles dans la cuisinière, juste pour faire peur à Paulette”. ----------------------------------( Souvenirs de François).
“Un coup , avec Michel, on a décidé d'aller à la chasse. On a pris chacun un mousqueton et on a fait le grand tour pour aller au “derrière de l'Olah”. On a tiré des balles dans tous les coins et on est revenu bredouille. C'était au printemps 45.
Chez nous, à force de tirer sur les corbeaux, on en voyait plus un seul dans le secteur.
Je me souviens aussi qu'on s'amusait avec un fusil de la guerre de 70. On avait juste que le canon. On récupérait la poudre noire des balles qu'on démontait. On bourrait le canon avec la poudre, ensuite on y mettait des petites rondelles et on tirait en bas du pré. Les rondelles partaient en sifflant.--( Souvenirs de Raymond ).
“Juste en-dessous de chez nous, il y avait de la tourbe, là où on a planté des saules. Un soir, alors qu'il faisait déja nuit, depuis la porte, Raymond a lancé une grenade à manche boche dans la tourbe avant de rentrer vite fait chez nous.
On était tous là à attendre l'explosion derrière la porte. Juste après l'explosion on est tous sortis pour voir. A ce moment-là tout ce qui était monté en l'air retombait, la boue , les cailloux. Il y en avait partout dans le chemin.
yves philippe- MODERATEUR
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
On est rentré à la cuisine d'une sacrée vitesse! On n'a réagi qu'après. Le lendemain , on est allé voir, il y avait un trou gros comme une baignoire, il était plein d'eau.
Je ne me souviens plus bien comment ça se passait, mais les gamins tiraient aussi des petits obus qu'on plaçait au bout des fusils. Ils étaient gros comme mon poing, ils étaient jaunes et gris ou jaunes et verts. Au bout il y avait une amorce . Ca n'allait pas très loin.
Une autre fois, c'était avec Michel, on avait fait un montage avec un machin comme ça et on l'avait coincé dans la fourche d'un arbre près de chez “Le Bon”. On s'était caché derrière un gros caillou et Michel devait le faire éclater à l'aide d'une ficelle.
Michel a tiré plusieurs fois sur la ficelle mais ça n'a pas explosé. A force de tirer dessus, l'obus s'est détaché de l'arbre, a roulé vers nous et est venu exploser juste derrière la pierre où nous étions.
Tu penses d'une connerie, on aurait pu y passer cette fois-là”.
Ça a fait un trou comme le poing dans la pierre, si tu veux un jour, je pourrai te le montrer, le caillou y est toujours.
Ou bien on fixait un étau sur la table de la cuisine. On serrait des douilles de fusil dedans. On prenait le crochet d'un arrêtoir de volet qu'on plaçait sur l'amorce et avec un marteau on faisait “péter”l'amorce”.------------( Souvenirs de Gilbert).
“ C'étaient des obus qui étaient tirés avec des fusils “Mauser”, les fusils boches.. Je ne sais pas comment on a fait, on a trouvé le truc pour utiliser ces obus mais sans les fusils.
On dévissait un peu le culot, on mettait une ficelle entre le culot et l'obus. On tenait un bout de la ficelle et on lançait l'obus.
La tension de la ficelle séparait le culot de l'obus, ce qui déclenchait le percuteur.
Une fois , avec Michel , on est parti en faire péter un à la “tête des renards”. (un des sommets du Ménil). On l'a lancé en bas dans les roches. Comme il n'avait pas explosé, Michel a retiré la ficelle pour qu'on recommence.
A un moment, je ne sais pas pourquoi, je lui ai dit d'arrêter, c'est à ce moment là que l'obus a éclaté. Il devait être à deux mètres de nous, juste en contrebas. ----------------- ( Souvenirs de Raymond).
Je ne me souviens plus bien comment ça se passait, mais les gamins tiraient aussi des petits obus qu'on plaçait au bout des fusils. Ils étaient gros comme mon poing, ils étaient jaunes et gris ou jaunes et verts. Au bout il y avait une amorce . Ca n'allait pas très loin.
Une autre fois, c'était avec Michel, on avait fait un montage avec un machin comme ça et on l'avait coincé dans la fourche d'un arbre près de chez “Le Bon”. On s'était caché derrière un gros caillou et Michel devait le faire éclater à l'aide d'une ficelle.
Michel a tiré plusieurs fois sur la ficelle mais ça n'a pas explosé. A force de tirer dessus, l'obus s'est détaché de l'arbre, a roulé vers nous et est venu exploser juste derrière la pierre où nous étions.
Tu penses d'une connerie, on aurait pu y passer cette fois-là”.
Ça a fait un trou comme le poing dans la pierre, si tu veux un jour, je pourrai te le montrer, le caillou y est toujours.
Ou bien on fixait un étau sur la table de la cuisine. On serrait des douilles de fusil dedans. On prenait le crochet d'un arrêtoir de volet qu'on plaçait sur l'amorce et avec un marteau on faisait “péter”l'amorce”.------------( Souvenirs de Gilbert).
“ C'étaient des obus qui étaient tirés avec des fusils “Mauser”, les fusils boches.. Je ne sais pas comment on a fait, on a trouvé le truc pour utiliser ces obus mais sans les fusils.
On dévissait un peu le culot, on mettait une ficelle entre le culot et l'obus. On tenait un bout de la ficelle et on lançait l'obus.
La tension de la ficelle séparait le culot de l'obus, ce qui déclenchait le percuteur.
Une fois , avec Michel , on est parti en faire péter un à la “tête des renards”. (un des sommets du Ménil). On l'a lancé en bas dans les roches. Comme il n'avait pas explosé, Michel a retiré la ficelle pour qu'on recommence.
A un moment, je ne sais pas pourquoi, je lui ai dit d'arrêter, c'est à ce moment là que l'obus a éclaté. Il devait être à deux mètres de nous, juste en contrebas. ----------------- ( Souvenirs de Raymond).
yves philippe- MODERATEUR
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
“ A force de tirer comme ça partout, les voisins se sont plaints.
Ils voyaient les balles traçantes passer au dessus de la tête des champs. ( La montagne située juste en face du Xerbenage).
Je crois même qu'une fois, les gendarmes sont montés.
Une autre fois, c'est “parrain” qui a sermonné papa. Tu penses! depuis en bas, il entendait bien ce qui se passait là-haut”. ----( Souvenirs de Yeyette ).
“Il est arrivé un moment où il a bien fallu que papa mette le “ho là”. Je pense qu'il a confisqué tout ce qui traînait, je ne sais pas ce qu'il en a fait. Heureusement, parce qu'à ce train- là, ça aurait mal fini!”.---------------------------( Souvenirs de Gilbert ).
“ Au final, dans notre malheur, on peut dire qu'on a eu de la chance. Ça aurait pu être bien pire encore pour nous.
J'ai quand même failli y passer cinq ou six fois, rien que pendant la guerre et au final, je suis encore là et j'ai 80 ans”. A part maman, on est tous passé entre les mailles
D'autres familles ont souffert bien plus que nous encore. Quand on pense à tous ceux qui ont été déportés et qui ne sont jamais revenus.... . --( Souvenirs de Raymond ).
***********************
Ainsi se termine cette tranche d’histoire.
Je dédie donc tout naturellement cet ouvrage à mes trois grands-parents paternels, Jeanne FRANÇOIS, Cécile VALENCE et Henri PHILIPPE ainsi qu' à leurs sept enfants que je salue bien bas.
A ces mémoires individuelles, je voudrais ajouter ces deux remarques:
----“ Dommage que notre frère Michel n'est plus là, il en aurait eu des choses à dire”-------------------------------( Remarque de Paulette ).
----“ Je voudrais avoir un mot pour ma sœur Paulette, et qui j'en suis sûr est partagé par mes frères et sœurs.
Paulette, tu as été comme notre petite mère dans ces moments très durs et nous t'en sommes reconnaissants.
Lorsque tu t'es mariée, ce fut une nouvelle déchirure pour nous.
Aujourd'hui encore, tu restes et resteras toujours un peu notre petite mère”. --------------------------------( Remarque de François).
* * * * * *
Ils voyaient les balles traçantes passer au dessus de la tête des champs. ( La montagne située juste en face du Xerbenage).
Je crois même qu'une fois, les gendarmes sont montés.
Une autre fois, c'est “parrain” qui a sermonné papa. Tu penses! depuis en bas, il entendait bien ce qui se passait là-haut”. ----( Souvenirs de Yeyette ).
“Il est arrivé un moment où il a bien fallu que papa mette le “ho là”. Je pense qu'il a confisqué tout ce qui traînait, je ne sais pas ce qu'il en a fait. Heureusement, parce qu'à ce train- là, ça aurait mal fini!”.---------------------------( Souvenirs de Gilbert ).
“ Au final, dans notre malheur, on peut dire qu'on a eu de la chance. Ça aurait pu être bien pire encore pour nous.
J'ai quand même failli y passer cinq ou six fois, rien que pendant la guerre et au final, je suis encore là et j'ai 80 ans”. A part maman, on est tous passé entre les mailles
D'autres familles ont souffert bien plus que nous encore. Quand on pense à tous ceux qui ont été déportés et qui ne sont jamais revenus.... . --( Souvenirs de Raymond ).
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Ainsi se termine cette tranche d’histoire.
Je dédie donc tout naturellement cet ouvrage à mes trois grands-parents paternels, Jeanne FRANÇOIS, Cécile VALENCE et Henri PHILIPPE ainsi qu' à leurs sept enfants que je salue bien bas.
A ces mémoires individuelles, je voudrais ajouter ces deux remarques:
----“ Dommage que notre frère Michel n'est plus là, il en aurait eu des choses à dire”-------------------------------( Remarque de Paulette ).
----“ Je voudrais avoir un mot pour ma sœur Paulette, et qui j'en suis sûr est partagé par mes frères et sœurs.
Paulette, tu as été comme notre petite mère dans ces moments très durs et nous t'en sommes reconnaissants.
Lorsque tu t'es mariée, ce fut une nouvelle déchirure pour nous.
Aujourd'hui encore, tu restes et resteras toujours un peu notre petite mère”. --------------------------------( Remarque de François).
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yves philippe- MODERATEUR
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
IV
*** LA PATRIE RECONNAISSANTE ***
Article de « La Liberté de l’Est » de 1947,
Rubrique Le Ménil
Promotion à titre posthume
Par décision de la Commission Nationale d’Homologation, le grade de Sergent FFI est décerné à titre posthume, à Jeanne François, épouse d’Henri Philippe, du Ménil Thillot, blessée mortellement par une mine allemande le 20/10/1944.
Les patriotes de la région savent que cet hommage est pleinement justifié et s’y associeront dans une pensée respectueuse et reconnaissante.
*
Dès l’après guerre, jusqu’à son décès le 21/10/1991, Henri PHILIPPE continua le combat comme responsable de l’amicale du sous-secteur des FFI, section le Ménil et comme porte-drapeau CVR aux cérémonies patriotiques.
Il fut décoré de la croix du combattant, de la croix du combattant volontaire guerre 1939/1945, de la croix du combattant volontaire de la résistance et de la médaille de l'Europe.
Cécile Valence fut quant à elle décorée de la Croix de guerre 1939/1945
* * * * * *
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Cécile Valence et son mari Henri Philippe
*** LA PATRIE RECONNAISSANTE ***
Article de « La Liberté de l’Est » de 1947,
Rubrique Le Ménil
Promotion à titre posthume
Par décision de la Commission Nationale d’Homologation, le grade de Sergent FFI est décerné à titre posthume, à Jeanne François, épouse d’Henri Philippe, du Ménil Thillot, blessée mortellement par une mine allemande le 20/10/1944.
Les patriotes de la région savent que cet hommage est pleinement justifié et s’y associeront dans une pensée respectueuse et reconnaissante.
*
Dès l’après guerre, jusqu’à son décès le 21/10/1991, Henri PHILIPPE continua le combat comme responsable de l’amicale du sous-secteur des FFI, section le Ménil et comme porte-drapeau CVR aux cérémonies patriotiques.
Il fut décoré de la croix du combattant, de la croix du combattant volontaire guerre 1939/1945, de la croix du combattant volontaire de la résistance et de la médaille de l'Europe.
Cécile Valence fut quant à elle décorée de la Croix de guerre 1939/1945
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
X
*** JE VOULAIS VOUS DIRE ***
(Dernier mot de l’auteur)
Chères tantes, chers oncles, papa, je voulais vous dire merci et surtout pardon.
Pardon d’avoir fait intrusion dans votre convalescence d’après guerre et d’avoir remué cette période de votre vie que vous auriez voulu ne jamais connaître .
Il m’est difficile de vous dire ô combien j’ai ressenti votre émoi, lorsque, un par un, je vous ai écoutés. A chaque fois, que vous ayez 80 ou 65 ans, j’ai constaté de votre part la même douleur, celle que vous avez ressentie il y a un peu plus de 60 ans à l’aube du 20 octobre 1944 .
J’ai pu mesurer quel amour vous nourrissez toujours pour votre chère « Maman Jeanne» . Cette chère mère qui vous a donné la vie et dont vous ne parviendrez jamais à vous éloigner .
J’ai pu constater quel profond respect vous avez pour « Papa Bon », votre père, malgré sa rudesse et les sentiments retenus qu’il nourrissait pour vous.
Oui, c’est vrai qu’il vous a toujours demandé beaucoup, et quelquefois, probablement trop. Mais comment le juger, lui qui n’a presque pas connu son père, lui qui n’a connu que la difficulté. Lui était-il possible de réagir autrement?
Qu’aurions-nous fait, dans les mêmes circonstances à sa place?
J’ai constaté l’infinie gratitude que vous accordez à «Maman Bon », c’est-à-dire Cécile VALENCE, qui a probablement tout fait pour remplacer votre mère au mieux sans prendre sa place dans vos cœurs.
Comment a-t-elle fait pour parvenir à vous apporter cet équilibre primordial alors que vous étiez tous brisés ?
Si cet écrit ne devait servir qu’à une chose, je souhaiterais qu’il vous aide à poursuivre le travail de deuil de votre maman, que je sens inachevé.
Je sais votre pudeur, je sais votre discrétion sur ce qui touche à cette période-là, mais je sais aussi votre rancœur suite à l’oubli trop rapide, ou à
l’ignorance dont certains font ou ont pu faire preuve suite au départ de vos trois parents. A cela s’ajoute quelques médisances faciles et insipides sur leurs actions.
A ceux- là, j'oppose ces faits matériels que nul ne peut discuter.
Aussi, si cet ouvrage pouvait servir aussi à une plus grande reconnaissance de ce que mes grands parents ont fait et à une réelle prise en compte de toutes les pupilles de la nation , je serais assuré de ne pas avoir écrit pour rien.
Chères tantes, chers oncles, papa, je profite également de mon implication dans cet hommage pour m’attribuer encore quelques lignes et m’adresser dans un premier temps à vos descendants à venir puis aux gens de leur génération.
Chers cousins, cousines, neveux et nièces, que je ne connais pas encore, à quelque degré que ce soit, je voudrais vous dire: - Pour vous, cette histoire, si tragique soit-elle, appartient désormais au passé, au siècle dernier, en 1900 quelque chose.
Pour vous, c’était hier.
Et bien, je peux vous assurer que pour vos aïeux que j’ai entendus, cette période-là, qui remonte déjà à plus de soixante ans, la guerre 39/45 fait toujours partie de leur présent.
C’est la raison pour laquelle j’espère vivement vous avoir fait passer leurs émotions par le biais de ces quelques pages qui, sans le vouloir vous raccrocheront un peu au Ménil et vous rapprocheront de vos racines car c'est là qu'elles se trouvent.
yves philippe- MODERATEUR
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
Il serait indécent pour moi, à une époque où on date les choses millénaires au carbone 14, que cette histoire si proche passe déjà aux oubliettes.
Outre le fait de m’être imposé comme « trait d’union » entre eux et vous , je voulais aussi leur rendre hommage, pour ne pas avoir “ baissé les bras” et pour leur humilité.
En effet, lorsque je leur ai demandé, de manière insolente, les raisons qui les poussaient à ne pas trop parler de ces années-là, ils n’ont pas fait de nombrilisme comme ils auraient pu le faire, ils n’ont pas prétexté la pudeur, la douleur, non, ils m’ont simplement répondu.
« Pourquoi parler de nos souffrances?
Combien de familles ont vécu la même chose que nous?
On n'a pas été les seuls dans ce cas- là, alors , à quoi bon en parler, c’était le lot commun »
A vous autres enfin qui, peut être, lirez ces lignes dans un avenir proche:
Je voudrais vous dire, si vous ne l’avez pas fait, que je vous invite, tant qu’il est encore temps, à vous pencher d’un peu plus près sur le passé de vos parents et grand-parents guédons ( ou d'ailleurs) et d’acter leurs mémoires sur le support qui vous conviendra le mieux.
En effet, si un souvenir dans une boîte, une photo sur le coin d’un meuble constitue effectivement un lien entre vous et celle ou celui qui vous l’a offert, qu’en restera-t-il dans quelques temps?
Une photo, un bibelot, c’est bien, mais une histoire, c’est mieux.
Aussi je pense qu'il est très important de relater l'histoire de cette personne-là, et si possible avec son concours.
L’histoire n’existe que parce qu’elle est constituée d’une multitude d’histoires concordantes.
Les faits que je vous ai rapportés dans cet ouvrage viennent s’imbriquer dans d’autres déjà relatés par d’autres familles et compléter une petite partie d’une période de l’histoire du Ménil et du secteur de la Haute Moselle.
Beaucoup de pièces manquent encore, et ces pièces-là se trouvent dans vos mémoires, vos tiroirs , vos hangars.
En conséquence, il n’y a que vous qui puissiez continuer le puzzle de cette histoire locale.
Combien de gens m’ont dit:
« Yves, c’est bien ce que tu fais, tu as du mérite, on devrait faire pareil »
Je n’ose leur répondre: « eh bien , faites le » tant je sais le niveau d’émotion que cette requête demande à celles et ceux qui se souviennent et qui arrivent à en parler.
Mais y a-t-il une autre solution pour coller le plus possible à la réalité historique?
Alors bon courage à vous et merci par avance .
Merci aussi à « Coco » qui a accepté si gentiment de préfacer mon livre, et à toutes les personnes qui sont intervenues directement ou indirectement, dans la réalisation de cet ouvrage et qui se reconnaîtront .
Yves PHILIPPE
Outre le fait de m’être imposé comme « trait d’union » entre eux et vous , je voulais aussi leur rendre hommage, pour ne pas avoir “ baissé les bras” et pour leur humilité.
En effet, lorsque je leur ai demandé, de manière insolente, les raisons qui les poussaient à ne pas trop parler de ces années-là, ils n’ont pas fait de nombrilisme comme ils auraient pu le faire, ils n’ont pas prétexté la pudeur, la douleur, non, ils m’ont simplement répondu.
« Pourquoi parler de nos souffrances?
Combien de familles ont vécu la même chose que nous?
On n'a pas été les seuls dans ce cas- là, alors , à quoi bon en parler, c’était le lot commun »
A vous autres enfin qui, peut être, lirez ces lignes dans un avenir proche:
Je voudrais vous dire, si vous ne l’avez pas fait, que je vous invite, tant qu’il est encore temps, à vous pencher d’un peu plus près sur le passé de vos parents et grand-parents guédons ( ou d'ailleurs) et d’acter leurs mémoires sur le support qui vous conviendra le mieux.
En effet, si un souvenir dans une boîte, une photo sur le coin d’un meuble constitue effectivement un lien entre vous et celle ou celui qui vous l’a offert, qu’en restera-t-il dans quelques temps?
Une photo, un bibelot, c’est bien, mais une histoire, c’est mieux.
Aussi je pense qu'il est très important de relater l'histoire de cette personne-là, et si possible avec son concours.
L’histoire n’existe que parce qu’elle est constituée d’une multitude d’histoires concordantes.
Les faits que je vous ai rapportés dans cet ouvrage viennent s’imbriquer dans d’autres déjà relatés par d’autres familles et compléter une petite partie d’une période de l’histoire du Ménil et du secteur de la Haute Moselle.
Beaucoup de pièces manquent encore, et ces pièces-là se trouvent dans vos mémoires, vos tiroirs , vos hangars.
En conséquence, il n’y a que vous qui puissiez continuer le puzzle de cette histoire locale.
Combien de gens m’ont dit:
« Yves, c’est bien ce que tu fais, tu as du mérite, on devrait faire pareil »
Je n’ose leur répondre: « eh bien , faites le » tant je sais le niveau d’émotion que cette requête demande à celles et ceux qui se souviennent et qui arrivent à en parler.
Mais y a-t-il une autre solution pour coller le plus possible à la réalité historique?
Alors bon courage à vous et merci par avance .
Merci aussi à « Coco » qui a accepté si gentiment de préfacer mon livre, et à toutes les personnes qui sont intervenues directement ou indirectement, dans la réalisation de cet ouvrage et qui se reconnaîtront .
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
Salut à tous
je vais prendre le temps de lire tout ça ,car il y a de quoi faire .
Très intéressant
Merci tout plein .
je vais prendre le temps de lire tout ça ,car il y a de quoi faire .
Très intéressant
Merci tout plein .
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
Waouh !
Alors là Yves ,chapeau bas et merci pour cette histoire.
Une très belle histoire malgré tout - la guerre et ses malheurs- car un esprit de famille comme ça dans des moments pareils est tout simplement magnifique. L’après guerre ,je crois,est encore plus poignant.
Le "parler de chez nous"(tutur et consort...), la façon de manger le peu que l 'on a dans nos fermes , les sobriquets et surnoms des gens , les patates , le travail.... Tout ça , ma mère me l'a raconté 1000 fois aussi (ils étaient une fratrie de 11 dans les Hauts de St Etienne avec la seule Grand mère ).
Eux aussi en ont bavé pendant cette période et l'aide des Américains étaient la bienvenue , les couvertures , les chemises de soldats que ma grand mère retaillaient pour ces fils et que l'ont a redécouverts dans les vieilles armoires en 1986 à sa mort et à la vente de la ferme.
Je ne parle pas des dizaines de cartouches enterrées dans la cave et chaque printemps celles que l'on déterraient en bêchant , ni des boites de munitions américaines qui servent encore de caisses à outils , ni des outils (barre à mine de Sherman , masse...)
La guerre est encore présente dans ma famille aussi . Malheureusement , les aînés sont disparus , il ne reste que Maman (née en 1939 ) donc petite sous l'occupation , et 2 tantes plus âgées mais que je ne vois pas souvent.
Mon père , décédé l 'année dernière , racontait plus de choses .Son père était gendarme et ont connus les baraquements en planches de la reconstruction en 1945 à Gerardmer pendant des années très difficiles (froid , promiscuité , rationnement...).
Il nous racontait aussi que le principal jeu de gosses à cette époque était de bruler la poudre des cartouches qui pullulaient partout. Une fois , il est revenu à la gendarmerie avec des grenades à manches...pour s'amuser !
Oui , tu as raison . Il est grand temps (s'il n'est pas déjà trop tard ) de revenir sur ce passé .
Moi , je regrette, à 50 ans,de ne pas l'avoir su le faire et pourtant je suis très curieux de l 'histoire en général.
Mais pourquoi ne pas le publier plus largement ce récit ? Il intéresserait , j'en suis sûr beaucoup de gens .
En tout cas , encore merci
A bientôt .
Manu
Alors là Yves ,chapeau bas et merci pour cette histoire.
Une très belle histoire malgré tout - la guerre et ses malheurs- car un esprit de famille comme ça dans des moments pareils est tout simplement magnifique. L’après guerre ,je crois,est encore plus poignant.
Le "parler de chez nous"(tutur et consort...), la façon de manger le peu que l 'on a dans nos fermes , les sobriquets et surnoms des gens , les patates , le travail.... Tout ça , ma mère me l'a raconté 1000 fois aussi (ils étaient une fratrie de 11 dans les Hauts de St Etienne avec la seule Grand mère ).
Eux aussi en ont bavé pendant cette période et l'aide des Américains étaient la bienvenue , les couvertures , les chemises de soldats que ma grand mère retaillaient pour ces fils et que l'ont a redécouverts dans les vieilles armoires en 1986 à sa mort et à la vente de la ferme.
Je ne parle pas des dizaines de cartouches enterrées dans la cave et chaque printemps celles que l'on déterraient en bêchant , ni des boites de munitions américaines qui servent encore de caisses à outils , ni des outils (barre à mine de Sherman , masse...)
La guerre est encore présente dans ma famille aussi . Malheureusement , les aînés sont disparus , il ne reste que Maman (née en 1939 ) donc petite sous l'occupation , et 2 tantes plus âgées mais que je ne vois pas souvent.
Mon père , décédé l 'année dernière , racontait plus de choses .Son père était gendarme et ont connus les baraquements en planches de la reconstruction en 1945 à Gerardmer pendant des années très difficiles (froid , promiscuité , rationnement...).
Il nous racontait aussi que le principal jeu de gosses à cette époque était de bruler la poudre des cartouches qui pullulaient partout. Une fois , il est revenu à la gendarmerie avec des grenades à manches...pour s'amuser !
Oui , tu as raison . Il est grand temps (s'il n'est pas déjà trop tard ) de revenir sur ce passé .
Moi , je regrette, à 50 ans,de ne pas l'avoir su le faire et pourtant je suis très curieux de l 'histoire en général.
Mais pourquoi ne pas le publier plus largement ce récit ? Il intéresserait , j'en suis sûr beaucoup de gens .
En tout cas , encore merci
A bientôt .
Manu
GRAV88- MARECHAL DES LOGIS
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Re: Pépé Cadum, ou trois résistant de la première heure dans la vallée de la Haute Moselle
Salut Manu et merci de ta critique positive
comme je l ai écrit, c'est le décès d'un de mes oncles
qui m a poussé à écrire ce livre
je venais de comprendre que leur histoire ( sur laquelle il ne parvenaient pas à revenir
à cause du décès de leur mère et du travail de deuil qui n avait pas été faits )
allait m'échapper définitivement
c'est le décès de mon oncle Michel qui ma pousser à oser
pousser cette fratrie à se faire mal et à passer ce cap douloureux
ils ont accepté, comme une thérapie
j'ai enfin compris ce qu'ils avaient vécu
et ils en ont même appris sur eux même, 70 ans après.
j'ai publié pépé Cadum à 500 exemplaires
Aujourd'hui j'ai la satisfaction d'une mémoire sauvegardée
certes j'ai travaillé dans l urgence, mais j'ai bien fait
aujourd'hui, l oncle François est parti à son tour
mon père n est plus en mesure de se souvenir
et les autres ont tous pris dix ans...
comme je l ai écrit, c'est le décès d'un de mes oncles
qui m a poussé à écrire ce livre
je venais de comprendre que leur histoire ( sur laquelle il ne parvenaient pas à revenir
à cause du décès de leur mère et du travail de deuil qui n avait pas été faits )
allait m'échapper définitivement
c'est le décès de mon oncle Michel qui ma pousser à oser
pousser cette fratrie à se faire mal et à passer ce cap douloureux
ils ont accepté, comme une thérapie
j'ai enfin compris ce qu'ils avaient vécu
et ils en ont même appris sur eux même, 70 ans après.
j'ai publié pépé Cadum à 500 exemplaires
Aujourd'hui j'ai la satisfaction d'une mémoire sauvegardée
certes j'ai travaillé dans l urgence, mais j'ai bien fait
aujourd'hui, l oncle François est parti à son tour
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et les autres ont tous pris dix ans...
yves philippe- MODERATEUR
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