LE THILLOT - SOIVENIR DE ROGER ULMANN
FOREST :: VALLEE DE LA HAUTE MOSELLE, Rupt sur Moselle à Bussang :: "Recueil de témoignages sur le vécu sous la botte Allemande ( 39-45)
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LE THILLOT - SOIVENIR DE ROGER ULMANN
Je suis né 10 juillet 1921, ce qui fait qu'à la débâcle du Thillot en juin 1940, si j'étais trop jeune pour m'engager dans l'armée, j'étais suffisamment âgé pour être concerné par les réquisitions en personnel qui avaient été décidées au profit des Allemands.
Les hommes de 18 à 60 ans devant fuir vers le Sud, nous avons été embarqués, un vendredi, place de la gare au Thillot, à bord des camions de la Tannerie Grosjean et des transports Peureux.
Quelque temps plus tard, Pétain a signé l'armistice et les Thillotins ont voulu remonter chez eux. En raison de ma religion, j'ai préféré rester en zone libre et suis parti seul, en auto-stop sur Toulouse (31).
Par l'intermédiaire d'une cousine dont j'avais l'adresse, j'ai pu retrouver mes parents à Montmorillon (86), cinq mois plus tard. Nous avons ensuite habité à Loche (37) pendant six mois.
L'hiver 41-42, j'ai été incorporé au chantier de jeunesse, ce qui remplaçait le service militaire sous Pétain.
J'ai fait ça dans les Alpes, au dessus de Grenoble à Séchilienne (38) précisément. Nous étions employés à la coupe de bois à 1200 mètres d'altitude. Nous étions mal habillés et logés dans des baraquements en bois.
A l'arrivée dans ce camp, il fallait remplir un formulaire et sans me méfier, j'ai mis, dans la rubrique religion, que j'étais Juif. Il y a des vérités qui ne sont pas bonnes à dire, surtout à ce moment là.
En raison de cela, je dois dire que ces six mois-là ont été plus durs pour moi sur les quatre années de guerre.
Du fait de ma confession israélite, je suis devenu la bête noire d'une partie des gens du camp, à telle point qu'un soir, ils se sont mis à quatre à me tabasser. J'ai reçu des coups de 9 heures du soir à 04 heures du matin, simplement parce que je n'avais pas la même religion qu'eux.
Les juifs étaient tout à coup devenus la cause de tous les problèmes que la France traversait, comme il en est aujourd'hui avec les Maghrébins ou les Noirs.
Il faut bien trouver un coupable, ce jour là, c'était moi, ce qui m'a valu un mois d'hôpital aux Alberges à Grenoble.
J'ai été soigné par un médecin qui s'est montré compréhensif. Je lui ai expliqué que si je retournais au chantier de jeunesse, je n'en sortirais pas vivant. Ce médecin, originaire de Mulhouse, comprenant ma situation m'a réformé. A la sortie de l'hôpital des Alberges, il m'a fallu remonter au camp pour récupérer mes affaires mais j'ai été accueilli avec un pistolet pointé sur moi, il m'a fallu rebrousser chemin et on m'a fait comprendre que les Juifs étaient indésirables au camp.
En 42, nous avons du faire apposer le tampon « «JUIF » sur nos cartes d'identité.
Je suis monté sur Lyon où j'ai trouvé un travail dans le textile. Un an après, j'ai reçu une convocation pour aller travailler au profit de l'organisation Todt, sur le mur de l'Atlantique.
Je n'ai pas voulu y aller parce que je savais qu'on passait par une porte pour passer la visite médicale et qu'on ressortait par une autre porte où on nous embarquait directement dans des camions sous bonne garde.
J'ai travaillé aussi un temps aux Docks Lyonnais, une grosse entreprise d'alimentation. Le patron était un résistant, c'est lui qui m'a permis de rejoindre le maquis dans les Alpes dans un premier temps puis le Haut Jura ensuite au sein des maquis de l'Ain. J'ai détruit ma pièce d'identité et en ai obtenu une autre sous le nom de Roger Laurent, domicilié rue de la Tête d'Or à Lyon.
Nous étions jeunes et inconscients puisque nous avons déménagé notre maquis par le train. Nous avons même été contrôlés par les Allemands à Ambérieux, heureusement que nous avions de fausses cartes d'identité. Au maquis, mon alias était devenu « Vosgien » tout simplement.
Nous avons fait des coups de main et beaucoup de combats sur Morez, les Rousses (39). Nous avions bénéficié du parachutage de quatre vingt forteresses volantes, ce qui donne une idée de la grosseur du maquis.
( Les plus gros combats se sont déroulés aux alentours de Pâques 1944 où des villages comme Lavancia (39) ont été totalement brûlés, Village reconstruit à proximité en 1950 – Ndr)
Fin 1944, à la dissolution des maquis, je me suis engagé pour la durée de la guerre auprès du 99ème Régiment d'Infanterie Alpine à Briançon (05).
Après la libération, je suis revenu au Thillot vers le mois de juillet 1945 pour travailler avec mes parents. Notre magasin et notre maison y avaient été totalement pillés.
Les hommes de 18 à 60 ans devant fuir vers le Sud, nous avons été embarqués, un vendredi, place de la gare au Thillot, à bord des camions de la Tannerie Grosjean et des transports Peureux.
Quelque temps plus tard, Pétain a signé l'armistice et les Thillotins ont voulu remonter chez eux. En raison de ma religion, j'ai préféré rester en zone libre et suis parti seul, en auto-stop sur Toulouse (31).
Par l'intermédiaire d'une cousine dont j'avais l'adresse, j'ai pu retrouver mes parents à Montmorillon (86), cinq mois plus tard. Nous avons ensuite habité à Loche (37) pendant six mois.
L'hiver 41-42, j'ai été incorporé au chantier de jeunesse, ce qui remplaçait le service militaire sous Pétain.
J'ai fait ça dans les Alpes, au dessus de Grenoble à Séchilienne (38) précisément. Nous étions employés à la coupe de bois à 1200 mètres d'altitude. Nous étions mal habillés et logés dans des baraquements en bois.
A l'arrivée dans ce camp, il fallait remplir un formulaire et sans me méfier, j'ai mis, dans la rubrique religion, que j'étais Juif. Il y a des vérités qui ne sont pas bonnes à dire, surtout à ce moment là.
En raison de cela, je dois dire que ces six mois-là ont été plus durs pour moi sur les quatre années de guerre.
Du fait de ma confession israélite, je suis devenu la bête noire d'une partie des gens du camp, à telle point qu'un soir, ils se sont mis à quatre à me tabasser. J'ai reçu des coups de 9 heures du soir à 04 heures du matin, simplement parce que je n'avais pas la même religion qu'eux.
Les juifs étaient tout à coup devenus la cause de tous les problèmes que la France traversait, comme il en est aujourd'hui avec les Maghrébins ou les Noirs.
Il faut bien trouver un coupable, ce jour là, c'était moi, ce qui m'a valu un mois d'hôpital aux Alberges à Grenoble.
J'ai été soigné par un médecin qui s'est montré compréhensif. Je lui ai expliqué que si je retournais au chantier de jeunesse, je n'en sortirais pas vivant. Ce médecin, originaire de Mulhouse, comprenant ma situation m'a réformé. A la sortie de l'hôpital des Alberges, il m'a fallu remonter au camp pour récupérer mes affaires mais j'ai été accueilli avec un pistolet pointé sur moi, il m'a fallu rebrousser chemin et on m'a fait comprendre que les Juifs étaient indésirables au camp.
En 42, nous avons du faire apposer le tampon « «JUIF » sur nos cartes d'identité.
Je suis monté sur Lyon où j'ai trouvé un travail dans le textile. Un an après, j'ai reçu une convocation pour aller travailler au profit de l'organisation Todt, sur le mur de l'Atlantique.
Je n'ai pas voulu y aller parce que je savais qu'on passait par une porte pour passer la visite médicale et qu'on ressortait par une autre porte où on nous embarquait directement dans des camions sous bonne garde.
J'ai travaillé aussi un temps aux Docks Lyonnais, une grosse entreprise d'alimentation. Le patron était un résistant, c'est lui qui m'a permis de rejoindre le maquis dans les Alpes dans un premier temps puis le Haut Jura ensuite au sein des maquis de l'Ain. J'ai détruit ma pièce d'identité et en ai obtenu une autre sous le nom de Roger Laurent, domicilié rue de la Tête d'Or à Lyon.
Nous étions jeunes et inconscients puisque nous avons déménagé notre maquis par le train. Nous avons même été contrôlés par les Allemands à Ambérieux, heureusement que nous avions de fausses cartes d'identité. Au maquis, mon alias était devenu « Vosgien » tout simplement.
Nous avons fait des coups de main et beaucoup de combats sur Morez, les Rousses (39). Nous avions bénéficié du parachutage de quatre vingt forteresses volantes, ce qui donne une idée de la grosseur du maquis.
( Les plus gros combats se sont déroulés aux alentours de Pâques 1944 où des villages comme Lavancia (39) ont été totalement brûlés, Village reconstruit à proximité en 1950 – Ndr)
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yves philippe- MODERATEUR
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