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LE THILLOT - SOUVENIRS DE GEORGETTE PERRY VVE MAURICE FEGELE

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LE THILLOT - SOUVENIRS DE GEORGETTE PERRY VVE MAURICE FEGELE Empty LE THILLOT - SOUVENIRS DE GEORGETTE PERRY VVE MAURICE FEGELE

Message par yves philippe Dim 16 Oct 2016 - 16:32

Lorsqu'il y a eu la déclaration de guerre, toutes les sirènes se sont mises à hurler. Toutes les femmes se sont mises à pleurer. J'avais six ans et je ne comprenais pas ce qui se passait, j'étais trop jeune pour comprendre mais je m'en souviens.
Par contre lorsque les soldats francais sont passés devant chez nous, au centre du Thillot, je suis montée sur le banc et j'ai chanté La Marseillaise.
Lorsque j'ai vu mon premier Allemand, j'étais terrorisée. Il est entré dans la chambre où dormait mon petit frère Michel. Malgré ma peur, je me suis mise en opposition entre lui et le lit de mon petit frère comme pour le protéger. J'avais peur qu'il lui fasse du mal ou qu'il le prenne.
L'Allemand m’a fait comprendre qu'il ne nous voulait pas de mal
A cette époque- là j'habitais dans la maison Cellier, dans la Grand rue, près de la mairie du Thillot, mais pas la mairie actuelle, celle qui se trouvait en face, de l'autre côté de la route. Celle qui a été brûlée en 40 mais en 40 je n'habitais plus là, en effet, ce que je viens de vous dire se passait à la première guerre mondiale.
Papa était mobilisé. Il travaillait dans une usine mécanique prés de Lyon. Il travaillait pour la guerre.
Je me souviens des noms des trois autres familles qui vivaient dans les trois autres appartements de notre maison. Il y avait là, en haut Marguerite Moissonier et son mari, en bas il y avait les Riblet dont le fils travaillait chez le docteur Schnep, de notre côté, en haut il y avait nous et en bas habitait madame Lallemand qui venait de Haute Saône.

En 1940 lorsqu'il y a eu l'explosion de la poudrière, mon gamin Pierre était dans son berceau. Il a été protégé des éclats uniquement parce que le berceau était tourné dans le bon sens.


( Les premiers combats sur Le Thillot éprouvèrent durement la commune, ainsi on peut lire sur le site internet de cette ville :
« Le 20 juin, les Allemands furieux d'avoir rencontré de la résistance pour la conquête du Thillot, mettaient le feu à l'Hôtel de Ville et aux immeubles voisins. Dommages en 1940 :
- 1 civil tué - Immeubles détruits totalement : 25 (comprenant 61 logements, 287 pièces et abritant 211 habitants). - Logements gravement sinistrés : 390 (composés de 1 242 pièces et abritant 1 588 habitants).
- 1 moulin totalement détruit, 3 tissages très gravement sinistrés et toutes les autres habitations ont subi des dégâts. – Ndr ).

Maurice, mon mari n'avait pas été mobilisé. Comme il était l'aîné de sept enfants, il n'avait pas fait le service militaire, de plus il avait un petit handicap de naissance à une main.
A ce moment-là nous habitions aux citées Sailley, route de la mouline au Thillot, près du parc Beluche. Nous travaillions tous les deux chez Sailley où Maurice était contremaître.
A cette époque là le parc Beluche n'était pas un parking comme maintenant, c'était un espace vert, ombragé où les gens allaient se promener. En son centre se trouvait un petit étang et une plantation de sapins se trouvait au bout du parc sur le côté donnant sur Ramonchamp.
Dans ce parc, les Allemands vivaient dans des roulottes qui étaient stationnées près de nos cités.
Un jour je m'affairais au lavoir qui était installé au parc Beluche lorsqu'un Allemand est venu et a tendu une tablette de chocolat à Pierre qui m'accompagnait. J'ai refusé cette tablette.
Ce n'est qu'après la guerre que mon mari m’a rapporté une tablette de chocolat qu'il s'était procurée lors de son passage en Suisse. Nous avions gardé ce chocolat dans le but de le manger à Noël. Manque de chance lorsque Noël est arrivé, le chocolat était fichu.


Vers la fin de la guerre, un jour Pierre jouait dans la rue avec Mireille Noël, une petite voisine de sept ou huit ans, lorsque la sirène a retenti. Pierre a juste eu le temps de revenir à la maison, la petite voisine a été tuée sur le pas de sa porte ainsi qu'Hélène Laurent qui devait avoir à peu près vingt ans.
On a vécu dans les caves, on entendait bien, par les larmiers, le bruit des bottes allemandes qui résonnaient dans la rue.

Comme tout le monde, je suis allée chercher des pommes de terre en Haute Saône, en passant par le tunnel du Tacot, qui reliait Le Thillot au village du Haut du Them. Je poussais mon vélo sur lequel je plaçais mon sac de pommes de terre.
Maurice élevait deux ou trois poules et quelques lapins, ce qui nous arrangeait bien. Je faisais les vêtements pour ma famille. Maurice faisait des sandales avec le cuir de la tannerie. Chacun se débrouillait comme il pouvait avec ce qu'il avait. Nous avions un petit jardin et un champ de pommes de terre.
J'avais une santé précaire ce qui me donnait droit à un peu plus dans les rations. Mme Eigler qui tenait la boulangerie sous les arcades me donnait toujours un peu plus.
Au tissage Sailley, ils avaient une vache. Les Sailley utilisaient le lait et la crème dont ils avaient besoin et partageaient le reste avec nous.
Plus tard, lorsque nous avons dû évacuer le Thillot en 1944, nous sommes partis sous les tirs alliés. A quelques centaines de mètres de chez nous, à proximité de l'endroit où le ruisseau traverse la route de la Mouline, un obus est tombé à proximité de nous. Monique ma gamine a eu la cape déchiquetée par le souffle. Heureusement, elle n'a pas été blessée.

Nous nous sommes cachés quelques instants dans la cave de chez “Chantôle” (Famille Philippe Ndr). Nous avons repris notre route un peu plus tard et avons passé les lignes. C'est un nommé Vincent Bontems du Ménil, le père à Jeanne, qui nous a montré le passage. Nous ne sommes pas montés jusqu'aux Fenesses, nous sommes montés par La Flaconnière, puis la baraque des Italiens avant de revenir sur Morbieux. Ce sont les soldats français qui nous ont accueillis à Morbieux. Ils nous ont donné un morceau de pain blanc.

Nous sommes ensuite partis sur Rupt Sur Moselle où nous avons pris une maison en location, avec la famille d'Henri Choffel. Cette maison appartenait à une famille dont les parents étaient décédés et dont les enfants étaient mobilisés.
C'est là que mon frère Michel, s'est enrôlé dans l'armée de libération.
Lorsque nous sommes revenus au Thillot, nous avons constaté qu'un obus avait traversé le toit puis la chambre de Monique, sans exploser.

Après la libération, les soldats allemands prisonniers étaient cantonnés au parc Beluche. Ils effectuaient du déminage. Il me semble qu'un soldat a été tué là en manœuvrant une mine, plusieurs arbres ont été arrachés, ce qui a conduit à la coupe des arbres du parc Beluche par la suite puisque le bostryche s'était mis dedans.

J'ai oublié beaucoup de choses, à mon âge, mais ce qu'on a vécu pendant les guerres, on ne peut pas l'oublier.

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Message par yves philippe Dim 16 Oct 2016 - 16:33

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