FRESSE SUR MOSELLE - SOUVENIRS D'ANDRE NOEL
FOREST :: VALLEE DE LA HAUTE MOSELLE, Rupt sur Moselle à Bussang :: "Recueil de témoignages sur le vécu sous la botte Allemande ( 39-45)
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FRESSE SUR MOSELLE - SOUVENIRS D'ANDRE NOEL
En 1940, j'avais seize ans et je portais des télégrammes pour le compte de la poste. Les hommes étant partis au front, c'étaient les jeunes qui les remplaçaient.
Le Maire de Fresse,Sur Moselle, Mr Lévy, a dû quitter la région précipitamment pour ne pas être ramassé par les Allemands, il était Juif.
Une fois que les Allemands sont arrivés, je suis allé travailler à la coupe (travaux forestiers - Ndr) avec mon père.
Nous devions exploiter deux parcelles de bois au niveau du Peu Haut. Nous travaillions pour le compte de « La Régie », l'équivalent des Eaux et Forêts à l'époque.
Une condition nous était imposée, celle d'embaucher quatre ou cinq chômeurs.
Avec mon père et un cousin, René Colle nous sommes montés au Peu Haut pour reconnaître les lieux.
Nous sommes tombées sur des tranchées qui avaient été faites par les soldats de 40, qui avaient déserté les lieux suite à l'avancée des Allemands et qui avaient abandonné sur place tout leur matériel.
Il y avait là des mitrailleuses, des mitraillettes, des fusils et tout un tas de matériel. Nous avons donc pris la décision de faire place nette avant de commencer les travaux forestiers.
On a fait savoir à la Régie qu'on ne commencerait que dans une huitaine de jours et nous avons mis à profit ces jours là pour enterrer tout le matériel dans les tranchées qui étaient faites.
Mon père pensait que moins il y aurait de gens à savoir cela, mieux ça vaudrait, d'autant qu'on ne connaissait pas les gens qui allaient travailler avec nous.
Seulement après ce nettoyage, nous avons commencé la coupe avec les gars qu'on avait embauchés.
J'avais récupéré un mulet de l'armée de 40. Régulièrement il fallait que j'aille le montrer aux autorités. Les Allemands l'avaient marqué au fer rouge en lui tamponnant un gros H au niveau de l'encolure.
Ce mulet travaillait comme un cheval et était très docile, il n'avait qu'un problème, il était douillet au niveau d'une patte postérieure. Il avait une blessure qui ne guérissait pas au niveau de l'articulation du genou.
Un jour, j'ai dû aller présenter mon mulet à la gare du Thillot. Il y avait une file d'attente énorme. Quand mon tour est arrivé, un Schleu, qui n'avait jamais dû apprendre à rire, m'a fait remarquer que le mulet n'était pas propre au niveau de sa patte arrière. Il a commis l'erreur de lui toucher la patte et s'est pris une ruade magistrale. Après être monté en l'air, il a quitté les lieux sur un brancard.
A croire que même mon mulet faisait de la résistance.
Après cela, mes copains m'ont fait le reproche, en riant, de ne pas être passé plus tôt, ça leur aurait évité d'attendre autant.
Par la suite, ce mulet a fait l'objet d'une réquisition et j'ai dû m'en séparer avec peine.
La vie a continué au rythme des événements, des départs en Allemagne et des réquisitions.
Un jour, nous avons su que les Allemands réquisitionnaient des cochons. Comme nous en avions un chez nous, nous avons préféré le tuer plutôt que de le leur donner. On a juste eu le temps de le saigner et nous l'avons caché sous un tas de chiffons. Manque de chance, les Allemands sont venus avec des chiens et notre cochon a tout de même été embarqué. Pour l'exemple, les Allemands ont même fait le tour du village avec le cochon sur le capot du camion.
J'ai aussi été requis pour aller faire des tranchées sur les dessus de Fresse Sur Moselle, sous la surveillance de vieux Allemands qui n'arrivaient même plus à marcher. Ils étaient requis, comme nous, par l'organisation Todt.
On s'arrangeait pour en faire le moins possible. Quand on minait, on oubliait nos outils sur les trous de mine si bien qu'on ne pouvait plus travailler après l'explosion puisque les manches étaient brisés.
J'ai bricolé un peu avec le maquis mais je n'étais pas cantonné la haut. Une seule fois, je suis monté pour un parachutage, mais on m'a fait monter la garde, avec Dédé Garnier, en haut de la chapelle des Vés.
Plus tard, en 44, j'ai été requis pour conduire une vache sur Belfort. Un immense troupeau remontait la vallée, et était rassemblé au Thillot. Du Thillot, nous avons pris la direction de St Maurice avec nos bêtes. Dédé Colle était avec moi.
Arrivés au niveau de chez “Ninon”, à St Maurice, nous avons profité d'un moment propice pour lâcher nos vaches en direction de la forêt. Nous les avons suivies mais nous ne savions pas que des Boches se trouvaient dans la scierie Périnet. Ils nous ont vus nous enfuir et nous ont tiré dessus.
Nous ne nous sommes plus occupés de nos vaches et sommes revenus en passant par les dessus. Les balles coupaient les feuilles au dessus de nos têtes. Je peux vous dire que dans ces moments- là, vous oubliez vos rhumatismes!.
Un de mes cousins, Charles Noël, avait dû aller jusqu'à Belfort avec sa vache. Lorsqu'il est revenu, il avait les pieds en sang.
Une autre fois, je devais conduire une des vaches de ma tante à Bussang, toujours pour la réquisition.
Avec nous se trouvait Robert Lévèque dit “Marguet” de Fresse qui conduisait un taureau, lequel avait mauvais caractère.
Il avait prévu son coup et a lâché son taureau au milieu du troupeau créant une certaine panique.
Comme il nous avait prévenus, on a profité de la confusion pour nous enfuir une nouvelle fois.
Les Allemands ont été obligés de tuer le taureau au niveau de chez “La Frite” à Bussang. C'était toujours une bête qu'ils n'emporteraient pas.
Tout au début où la résistance s'est développée, j'ai été contacté par un copain “Zizi Antoine, de Fresse, dit “Charron”.
Il comptait passer les lignes pour revenir dans les Vosges et m'avait fait savoir qu'il comptait organiser quelque chose pour mettre fin à l'occupation. Il m'avait demandé si je connaissais quelqu'un qui pouvait nous fournir en armes. Je lui ai répondu que je savais où m'en procurer.
Notre projet n'est pas arrivé à son terme puisqu'il s'est tué en revenant, en faisant une sortie de route avec une jeep.
Zizi en avait parlé à son père, Henri Antoine, dit Henri Brice, qui s'occupait un peu de la résistance.
La résistance se développant, avec Henri Antoine, le père Collilieux et un surnommé “Gazo”, nous sommes remontés au Peu Haut pour récupérer les armes qu'on avait enfouies en 40. Nous étions accompagnés d'Alfred Febvay avec son cheval et sa charrette.
On a chargé les armes qu'on avait retrouvées sur la charrette et on les a dissimulées sous un tas de branches.
En redescendant, nous avons caché une partie des armes dans la ferme abandonnée de ma grand mère et sommes allés chez Henri Antoine avec le reste.
Le problème, c'est que dans le secteur où nous habitions, il y avait “La Pouponnière”, c'est à dire une sorte de crèche qui gardait les gosses des gens qui étaient partis travailler volontairement en Allemagne.
La pouponnière était gérée par une dame qui, parait-il, traficotait avec les Allemands, donc il fallait qu'on soit discret, je passais donc le plus clair de mon temps chez ma tante à la colline de Fresse, chez Gustave Dechambenoit.
On ne sait pas trop comment, le fait que des armes avaient été cachées chez ma grand- mère a été porté à la connaissance de la Gendarmerie, et pire encore, il avait même été dit que c'était moi qui les avais mises là.
Un jour, un gendarme en civil est venu chez mes parents pour me voir. Mon père lui a dit que j'étais chez ma tante à la colline. Il est monté chez ma tante mais ce jour là j'étais parti faire des courses sur Bussang. Le gendarme lui a dit qu'il fallait que je me cache parce que j'étais recherché.
J'aurais bien voulu remercier ce gendarme de m'avoir fait avertir, mais à la gendarmerie du Thillot, ils n'étaient pas tous du bon côté alors je me suis abstenu.
En revenant de Bussang je suis allé changer les armes de cache et le lendemain, les gendarmes sont venus. J'étais allé me cacher dans un sapin au Petit Drube. Je voyais tout ce qu'il se passait depuis là. Je suis redescendu chez ma tante après leur passage.
Quelques jours plus tard, ce sont les Allemands qui sont montés. Ils avaient comme consigne de brûler les fermes où étaient cachées les armes. Ils ne se sont pas arrêtés chez ma tante, ni chez ma grand mère, ils ont continué jusqu'à la croix de Fresse et se sont arrêtés à la ferme Chevrier. Ils y ont mis le feu bien qu'ils n'y avaient rien trouvé.
Les choses commençant à se faire plus pressantes sur mes épaules, j'ai décidé de passer les lignes puisque le bas de la vallée venait d'être libéré.
Je suis parti avec Aimé Colle et Georges Noël en direction du Ménil puisque c'était le passage obligé.
C'est “Noni” qui nous a escortés avec ses bœufs et une charrette qui servait à porter les bagages.
Pour ma part j'avais seulement emporté ce que j'avais sur le dos. J'ai vu des gens chargés comme des mulets, qui ne pouvaient plus avancer. S'ils avaient pu emporter leur chambre à coucher, ils l'auraient fait.
Noni donnait les consignes pour éviter les dangers, mais son dévouement n'a pas suffi puisqu'un Italien du Thillot, qui était avec nous et qui ne comprenait que deux ou trois mots de français a marché sur une mine qui l'a emporté avec une partie de la charrette.
Noni nous a donné l'ordre de continuer notre route, et de ne pas l'attendre. En effet, la déflagration avait toutes les chances d'avoir mis les Allemands en alerte.
Nous avons donc rejoint la cabane des Italiens, puis Morbieux où les Goumiers nous ont accueillis.
Par la suite je me suis engagé à Belfort au sein du 12ème RDR, un régiment de dragon. J'ai participé à la libération de l'Alsace, j'ai fait la campagne d'Allemagne.
En Allemagne, j'ai vu des scènes horribles, des villes entières complètement rasées, des cadavres partout.
Nous avions dû réquisitionner des prisonniers allemands pour rassembler les morts. Les cadavres étaient rassemblés par sexe et par âge. Ce n'était pas beau à voir.
-------- ( Monsieur André NOEL nous a quitté le 23 Mai 2009 )
Le Maire de Fresse,Sur Moselle, Mr Lévy, a dû quitter la région précipitamment pour ne pas être ramassé par les Allemands, il était Juif.
Une fois que les Allemands sont arrivés, je suis allé travailler à la coupe (travaux forestiers - Ndr) avec mon père.
Nous devions exploiter deux parcelles de bois au niveau du Peu Haut. Nous travaillions pour le compte de « La Régie », l'équivalent des Eaux et Forêts à l'époque.
Une condition nous était imposée, celle d'embaucher quatre ou cinq chômeurs.
Avec mon père et un cousin, René Colle nous sommes montés au Peu Haut pour reconnaître les lieux.
Nous sommes tombées sur des tranchées qui avaient été faites par les soldats de 40, qui avaient déserté les lieux suite à l'avancée des Allemands et qui avaient abandonné sur place tout leur matériel.
Il y avait là des mitrailleuses, des mitraillettes, des fusils et tout un tas de matériel. Nous avons donc pris la décision de faire place nette avant de commencer les travaux forestiers.
On a fait savoir à la Régie qu'on ne commencerait que dans une huitaine de jours et nous avons mis à profit ces jours là pour enterrer tout le matériel dans les tranchées qui étaient faites.
Mon père pensait que moins il y aurait de gens à savoir cela, mieux ça vaudrait, d'autant qu'on ne connaissait pas les gens qui allaient travailler avec nous.
Seulement après ce nettoyage, nous avons commencé la coupe avec les gars qu'on avait embauchés.
J'avais récupéré un mulet de l'armée de 40. Régulièrement il fallait que j'aille le montrer aux autorités. Les Allemands l'avaient marqué au fer rouge en lui tamponnant un gros H au niveau de l'encolure.
Ce mulet travaillait comme un cheval et était très docile, il n'avait qu'un problème, il était douillet au niveau d'une patte postérieure. Il avait une blessure qui ne guérissait pas au niveau de l'articulation du genou.
Un jour, j'ai dû aller présenter mon mulet à la gare du Thillot. Il y avait une file d'attente énorme. Quand mon tour est arrivé, un Schleu, qui n'avait jamais dû apprendre à rire, m'a fait remarquer que le mulet n'était pas propre au niveau de sa patte arrière. Il a commis l'erreur de lui toucher la patte et s'est pris une ruade magistrale. Après être monté en l'air, il a quitté les lieux sur un brancard.
A croire que même mon mulet faisait de la résistance.
Après cela, mes copains m'ont fait le reproche, en riant, de ne pas être passé plus tôt, ça leur aurait évité d'attendre autant.
Par la suite, ce mulet a fait l'objet d'une réquisition et j'ai dû m'en séparer avec peine.
La vie a continué au rythme des événements, des départs en Allemagne et des réquisitions.
Un jour, nous avons su que les Allemands réquisitionnaient des cochons. Comme nous en avions un chez nous, nous avons préféré le tuer plutôt que de le leur donner. On a juste eu le temps de le saigner et nous l'avons caché sous un tas de chiffons. Manque de chance, les Allemands sont venus avec des chiens et notre cochon a tout de même été embarqué. Pour l'exemple, les Allemands ont même fait le tour du village avec le cochon sur le capot du camion.
J'ai aussi été requis pour aller faire des tranchées sur les dessus de Fresse Sur Moselle, sous la surveillance de vieux Allemands qui n'arrivaient même plus à marcher. Ils étaient requis, comme nous, par l'organisation Todt.
On s'arrangeait pour en faire le moins possible. Quand on minait, on oubliait nos outils sur les trous de mine si bien qu'on ne pouvait plus travailler après l'explosion puisque les manches étaient brisés.
J'ai bricolé un peu avec le maquis mais je n'étais pas cantonné la haut. Une seule fois, je suis monté pour un parachutage, mais on m'a fait monter la garde, avec Dédé Garnier, en haut de la chapelle des Vés.
Plus tard, en 44, j'ai été requis pour conduire une vache sur Belfort. Un immense troupeau remontait la vallée, et était rassemblé au Thillot. Du Thillot, nous avons pris la direction de St Maurice avec nos bêtes. Dédé Colle était avec moi.
Arrivés au niveau de chez “Ninon”, à St Maurice, nous avons profité d'un moment propice pour lâcher nos vaches en direction de la forêt. Nous les avons suivies mais nous ne savions pas que des Boches se trouvaient dans la scierie Périnet. Ils nous ont vus nous enfuir et nous ont tiré dessus.
Nous ne nous sommes plus occupés de nos vaches et sommes revenus en passant par les dessus. Les balles coupaient les feuilles au dessus de nos têtes. Je peux vous dire que dans ces moments- là, vous oubliez vos rhumatismes!.
Un de mes cousins, Charles Noël, avait dû aller jusqu'à Belfort avec sa vache. Lorsqu'il est revenu, il avait les pieds en sang.
Une autre fois, je devais conduire une des vaches de ma tante à Bussang, toujours pour la réquisition.
Avec nous se trouvait Robert Lévèque dit “Marguet” de Fresse qui conduisait un taureau, lequel avait mauvais caractère.
Il avait prévu son coup et a lâché son taureau au milieu du troupeau créant une certaine panique.
Comme il nous avait prévenus, on a profité de la confusion pour nous enfuir une nouvelle fois.
Les Allemands ont été obligés de tuer le taureau au niveau de chez “La Frite” à Bussang. C'était toujours une bête qu'ils n'emporteraient pas.
Tout au début où la résistance s'est développée, j'ai été contacté par un copain “Zizi Antoine, de Fresse, dit “Charron”.
Il comptait passer les lignes pour revenir dans les Vosges et m'avait fait savoir qu'il comptait organiser quelque chose pour mettre fin à l'occupation. Il m'avait demandé si je connaissais quelqu'un qui pouvait nous fournir en armes. Je lui ai répondu que je savais où m'en procurer.
Notre projet n'est pas arrivé à son terme puisqu'il s'est tué en revenant, en faisant une sortie de route avec une jeep.
Zizi en avait parlé à son père, Henri Antoine, dit Henri Brice, qui s'occupait un peu de la résistance.
La résistance se développant, avec Henri Antoine, le père Collilieux et un surnommé “Gazo”, nous sommes remontés au Peu Haut pour récupérer les armes qu'on avait enfouies en 40. Nous étions accompagnés d'Alfred Febvay avec son cheval et sa charrette.
On a chargé les armes qu'on avait retrouvées sur la charrette et on les a dissimulées sous un tas de branches.
En redescendant, nous avons caché une partie des armes dans la ferme abandonnée de ma grand mère et sommes allés chez Henri Antoine avec le reste.
Le problème, c'est que dans le secteur où nous habitions, il y avait “La Pouponnière”, c'est à dire une sorte de crèche qui gardait les gosses des gens qui étaient partis travailler volontairement en Allemagne.
La pouponnière était gérée par une dame qui, parait-il, traficotait avec les Allemands, donc il fallait qu'on soit discret, je passais donc le plus clair de mon temps chez ma tante à la colline de Fresse, chez Gustave Dechambenoit.
On ne sait pas trop comment, le fait que des armes avaient été cachées chez ma grand- mère a été porté à la connaissance de la Gendarmerie, et pire encore, il avait même été dit que c'était moi qui les avais mises là.
Un jour, un gendarme en civil est venu chez mes parents pour me voir. Mon père lui a dit que j'étais chez ma tante à la colline. Il est monté chez ma tante mais ce jour là j'étais parti faire des courses sur Bussang. Le gendarme lui a dit qu'il fallait que je me cache parce que j'étais recherché.
J'aurais bien voulu remercier ce gendarme de m'avoir fait avertir, mais à la gendarmerie du Thillot, ils n'étaient pas tous du bon côté alors je me suis abstenu.
En revenant de Bussang je suis allé changer les armes de cache et le lendemain, les gendarmes sont venus. J'étais allé me cacher dans un sapin au Petit Drube. Je voyais tout ce qu'il se passait depuis là. Je suis redescendu chez ma tante après leur passage.
Quelques jours plus tard, ce sont les Allemands qui sont montés. Ils avaient comme consigne de brûler les fermes où étaient cachées les armes. Ils ne se sont pas arrêtés chez ma tante, ni chez ma grand mère, ils ont continué jusqu'à la croix de Fresse et se sont arrêtés à la ferme Chevrier. Ils y ont mis le feu bien qu'ils n'y avaient rien trouvé.
Les choses commençant à se faire plus pressantes sur mes épaules, j'ai décidé de passer les lignes puisque le bas de la vallée venait d'être libéré.
Je suis parti avec Aimé Colle et Georges Noël en direction du Ménil puisque c'était le passage obligé.
C'est “Noni” qui nous a escortés avec ses bœufs et une charrette qui servait à porter les bagages.
Pour ma part j'avais seulement emporté ce que j'avais sur le dos. J'ai vu des gens chargés comme des mulets, qui ne pouvaient plus avancer. S'ils avaient pu emporter leur chambre à coucher, ils l'auraient fait.
Noni donnait les consignes pour éviter les dangers, mais son dévouement n'a pas suffi puisqu'un Italien du Thillot, qui était avec nous et qui ne comprenait que deux ou trois mots de français a marché sur une mine qui l'a emporté avec une partie de la charrette.
Noni nous a donné l'ordre de continuer notre route, et de ne pas l'attendre. En effet, la déflagration avait toutes les chances d'avoir mis les Allemands en alerte.
Nous avons donc rejoint la cabane des Italiens, puis Morbieux où les Goumiers nous ont accueillis.
Par la suite je me suis engagé à Belfort au sein du 12ème RDR, un régiment de dragon. J'ai participé à la libération de l'Alsace, j'ai fait la campagne d'Allemagne.
En Allemagne, j'ai vu des scènes horribles, des villes entières complètement rasées, des cadavres partout.
Nous avions dû réquisitionner des prisonniers allemands pour rassembler les morts. Les cadavres étaient rassemblés par sexe et par âge. Ce n'était pas beau à voir.
-------- ( Monsieur André NOEL nous a quitté le 23 Mai 2009 )
yves philippe- MODERATEUR
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Date d'inscription : 28/12/2010
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