BUSSANG - SOUVENIRS DE MARCEL MANGEL
FOREST :: VALLEE DE LA HAUTE MOSELLE, Rupt sur Moselle à Bussang :: "Recueil de témoignages sur le vécu sous la botte Allemande ( 39-45)
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BUSSANG - SOUVENIRS DE MARCEL MANGEL
A Bussang, mon père était le directeur d'un petit tissage situé à La Hutte, chez Vogt. La famille Vogt avait deux tissages à Bussang, un à la Hutte et un autre, plus gros, au Pitat.
En 1937, naturellement et comme la plupart des jeunes qui sortaient de l'école, j'ai eu une place à l'usine.
La vie était belle en 37 pour l'ensemble de la population, et puis 38 est arrivé avec ses inquiétudes. En 39, une partie des hommes a été mobilisée et la vie a chaviré.
Quelques hommes ont quitté l'usine et se sont retrouvés sur les lignes, alors, je me suis retrouvé “Passeur de pièces” pour en remplacer un. C'était début 39.
Au bout d'un certain temps, les gars mobilisés ont repris leur travail, pour un temps seulement avant d'être mobilisés à nouveau.
En 40 les Allemands sont arrivés à Bussang le jour de la Saint Jean, au mois de Juin. Tristes feux de la Saint Jean puisque en guise de chavande, ce sont les maisons de la place du village qui ont brûlé suite à un bombardement ennemi.
Quelques jours avant l'arrivée des Allemands, nous avons commencé à voir une certaine quantité d'Alsaciens qui se dirigeaient vers l'intérieur avec leurs maigres moyens.
Un vent de panique a pris le village. Un seul mot d'ordre concernant les jeunes hommes circulait: “Direction Dijon!”. Certains sont partis, moi je suis resté.
Les Allemands étaient en Alsace et tiraient sur Bussang depuis Urbès. La ligne de maisons qui se trouvait sur la place, en face de la mairie a brûlé, seul le bureau de tabac actuel a été épargné.
Mon père m'a demandé de monter à la Tête des Russiers pour aller voir ce qu'il se passait de l'autre côté du Col.
Je suis monté là- haut avec des copains. En chemin nous avons rencontré des soldats français vers l'Etang Jean. Ils étaient cachés derrières des tas de bois, ils nous ont encerclés mais, après contrôle, nous ont laissé passer.
Nous sommes allés au bistrot de l'étang Jean pour boire un coup. Il était tenu par Albert Luttenbacher. Je me souviens qu'on avait bu du vin blanc et de la limonade.
Un bombardement est venu frapper les roches du tunnel, les vibrations se sont propagées jusqu'à nous. J'ai vu les verres vibrer sur les étagères du bistrot.
Il fallait se rendre à l'évidence, on ne pouvait pas aller plus loin. Nous avons fait demi-tour, emportant avec nous les litres de vin et de limonade. Nous avons recroisé à nouveau nos soldats qui avaient vraiment l'air dégoûtés de tout. Ils étaient plus malades que nous de voir ça, on leur a laissé nos bouteilles et sommes redescendus à La Hutte.
Les Allemands sont arrivés le lendemain à Bussang. Je me souviens encore, les voir descendre sur les pentes du Drumont, on aurait dit une invasion de poux.
Je suis allé me cacher dans l'usine de mon père. Il faut dire que les anciens nous avaient dit que les Boches coupaient les mains des gens.
Au final, on a bien dû constater que ces gens n'étaient pas plus mauvais que les autres.
Les choses ont trainé un peu parce qu'un officier français qui était posté avec son équipe à la Bouloie ne voulait pas abandonner son emplacement. Au final il a bien fallu qu'il se rende à l'évidence, le rouleau compresseur était en marche.
De plus les bruits couraient que la guerre était finie, c'était à ne plus rien y comprendre, elle n'avait pour ainsi dire pas eu lieu.
Les Allemands ont mis en place leur cantonnement à l’hôtel des Sources où ils ont passé l'hiver. Ils ne sont partis qu'au printemps 41.
La cohabitation s'est plutôt bien passée et il n'y a pas eu de gros problèmes particuliers.
En 41, le ravitaillement en matière première a commencé à se faire rare, les usines ont réduit leur activité par manque de coton. Un beau jour, le patron du tissage nous a fait comprendre que les hommes ne devaient plus venir travailler, il ne garderait que les femmes afin de sauvegarder un salaire par ménage. Certaines femmes venaient à pied depuis le Pitat pour travailleur à la Hutte.
Comme la commune avait été mise en demeure de fournir une certaine quantité de bois pour l'occupant, ça a permis à certains de retrouver un travail comme bûcherons..
Le hasard a fait que le patron du tissage où nous travaillions apprenne par le garde forestier que quatre fours à charbon de bois tout neufs venaient d'arriver à la gare de Bussang. Il a saisi cette opportunité et a acheté les quatre fours.
Ça m'a permis de continuer à travailler sur place puisque j'habitais à côté de l'usine de la Hutte.
Je suis donc resté là à faire du charbon de bois, avec Pierrot Maurer.
Le procédé était simple, on chargeait et allumait les fours le lundi, je les surveillais toute la nuit en réglant le volume d'air. Ça carbonisait la nuit, on éteignait au matin, on laissait refroidir le mardi, on déchargeait et rechargeait le mercredi, et ainsi de suite.
Parallèlement à cela on mettait en sacs et on stockait le charbon, ce qui donnait du travail à quatre personnes, sans compter toutes les autres qui travaillaient en forêt pour faire la charbonnette.
Il faut rappeler qu'avec la pénurie de carburant, les véhicules circulaient avec des gazogènes, donc avaient besoin de charbon. Les Allemands, de leur côté n'avaient pas de problème de carburant.
Nous fournissions du charbon de bois à toute la vallée de la Moselle et aussi sur la Moselotte..
J'ai travaillé là jusqu'en janvier1943, date à laquelle j'ai été réquisitionné pour aller travailler en Allemagne. Avec les jeunes de mon âge, nous sommes donc allés “passer visite” à Epinal à la Kommandantur.
Nous avons reçu des papiers et nos affectations. Comme j'étais tisserand, j'avais demandé à entrer dans un tissage. On m'a répondu avec humour que j'irais tisser des parachutes parce qu'il n'y avait pas de tissage à Essen près de Francfort.
Au final j'étais affecté dans une usine qui travaillait pour l'aviation.
Toujours avec Pierrot Maurer, nous sommes donc allés prendre le train sans revenir chez nous.
Suivant la colonne d'appelés au STO, nous sommes montés à l'arrière du train afin d'y trouver une place. Comme j'étais à l'arrière de la colonne, je suis monté dans les derniers, si bien qu'il m'a fallu arriver jusqu'au devant du train pour trouver une place.
Arrivé dans le wagon qui était attelé à la locomotive, j'aperçois par la fenêtre que la micheline qui montait sur Bussang était en train de chauffer.
Je peux vous dire que notre décision a vite été prise. Nous sommes redescendus à contre voie et sommes montés dans la micheline.
La chance a été avec nous, nous étions à peine assis lorsque notre train s'est mis en route.
Le soir même j'étais revenu à la maison, toutefois, ma carte d'identité portait maintenant la mention “Deutsche Arbeit”, ce qui voulait dire que je n'étais plus libre de faire ce que je voulais.
Par l'intermédiaire du directeur du tissage du Pitat, qui avait son fils à l'école Ménans à Gy en Haute Saône, nous avons su que le Maire de Gray plaçait des jeunes dans des fermes.
Toujours avec Pierrot Maurer, nous sommes partis à Gray et sur instruction du Maire, nous nous sommes retrouvés à l'école deMénans qui était une école d'agriculture. A cet endroit se trouvait également un camp de jeunesse qui était hébergé dans un château qui appartenait à la marraine du Maréchal Lyautet.
L'école et le camp touchaient du matériel destiné à la réfection de ce château et à la réappropriation des terres.
Nous sommes restés là jusqu'à l'arrivée des Français en 44 qui remontaient la vallée du Rhône.
Comme nous avions 21 ans et que nous n'avions pas fait notre service militaire, nous en avons profité pour nous engager pour la durée de la guerre.
Je me suis retrouvé dans la 6ème batterie du 2ème Régiment d'Artillerie Coloniale du Maroc ( RACM). Nous étions équipés de canons de 105 longs qui tiraient jusqu'à 13 Km. Chaque batterie comportait 4 canons.
Depuis Besançon, nous sommes montés sur St Hyppolite, au bord de la frontière Suisse, puis Pont de Roide, Belfort, Mulhouse, Colmar, Strasbourg. De là nous sommes allés prêter mains fortes aux Américains qui avaient été mis à mal sur Sarrebourg.
Ensuite nous avons fait retour sur Strasbourg avant de remonter à Spire, dans le Palatinat où nous avons franchi le Rhin, ce devait être dans la nuit du 1er avril 45.
Nous avons fait route sur Karlsruhe qui était en flammes. Les Allemands fuyaient tellement vite que nous n'avions pas le temps de mettre nos canons en batterie.
Nous avons poursuivi notre route sur Baden Baden puis sur la forêt noire et avons stoppé notre progression à Rietheim à côté de Tuttlingen le 8 mai 1945.
La fin de la guerre était arrivée et nous sommes passés en troupe d'occupation, autant dire que nous ne faisions plus rien.
Je me suis retrouvé opérateur radio, je recevais les ordres de tirs et les transmettais aux batteries.
Dans notre verbiage, nous utilisions encore les termes septante et nonante pour plus de fiabilité et de rapidité, ce qui ne me gênait pas puisque c'est ce qu'on disait en patois.
J'ai été dans les premiers du régiment à revenir en France, c'était mi septembre 1945. Nous sommes redescendus en véhicule sur St Marcel à côté de Marseille où j'ai séjourné du 05 octobre à début novembre.
Là, on nous a demandé si on voulait aller aider les Américains qui étaient en bataille contre les Japonais aux Philippines. On nous avait dit qu'on allait passer par les Amériques, afin de toucher du matériel amphibie américain et qu'on allait partir dans les îles.
Présenté comme ça, ça semblait appétissant, ça sentait bon l'aventure. Pour ma part, je ne savais même pas ce qu'était un Japonais, je savais juste que ça existait et que ça ressemblait à un Chinois. Je pensais qu'il suffisait de souffler sur un Japonais pour qu'il disparaisse.
C'est une image mais c'est pour vous dire que je m'étais mis le doigt dans l'œil jusqu'au coude.
Comme j'étais engagé pour la durée de la guerre et qu'on nous a bien fait comprendre qu'on avait encore besoin de nous, je me suis retrouvé embarqué pour l'Indochine pour une durée d'un an. En fait d'un an il m'a fallu faire presque deux ans de plus, ce qui fait que je ne suis revenu qu'en 1948.
En 1937, naturellement et comme la plupart des jeunes qui sortaient de l'école, j'ai eu une place à l'usine.
La vie était belle en 37 pour l'ensemble de la population, et puis 38 est arrivé avec ses inquiétudes. En 39, une partie des hommes a été mobilisée et la vie a chaviré.
Quelques hommes ont quitté l'usine et se sont retrouvés sur les lignes, alors, je me suis retrouvé “Passeur de pièces” pour en remplacer un. C'était début 39.
Au bout d'un certain temps, les gars mobilisés ont repris leur travail, pour un temps seulement avant d'être mobilisés à nouveau.
En 40 les Allemands sont arrivés à Bussang le jour de la Saint Jean, au mois de Juin. Tristes feux de la Saint Jean puisque en guise de chavande, ce sont les maisons de la place du village qui ont brûlé suite à un bombardement ennemi.
Quelques jours avant l'arrivée des Allemands, nous avons commencé à voir une certaine quantité d'Alsaciens qui se dirigeaient vers l'intérieur avec leurs maigres moyens.
Un vent de panique a pris le village. Un seul mot d'ordre concernant les jeunes hommes circulait: “Direction Dijon!”. Certains sont partis, moi je suis resté.
Les Allemands étaient en Alsace et tiraient sur Bussang depuis Urbès. La ligne de maisons qui se trouvait sur la place, en face de la mairie a brûlé, seul le bureau de tabac actuel a été épargné.
Mon père m'a demandé de monter à la Tête des Russiers pour aller voir ce qu'il se passait de l'autre côté du Col.
Je suis monté là- haut avec des copains. En chemin nous avons rencontré des soldats français vers l'Etang Jean. Ils étaient cachés derrières des tas de bois, ils nous ont encerclés mais, après contrôle, nous ont laissé passer.
Nous sommes allés au bistrot de l'étang Jean pour boire un coup. Il était tenu par Albert Luttenbacher. Je me souviens qu'on avait bu du vin blanc et de la limonade.
Un bombardement est venu frapper les roches du tunnel, les vibrations se sont propagées jusqu'à nous. J'ai vu les verres vibrer sur les étagères du bistrot.
Il fallait se rendre à l'évidence, on ne pouvait pas aller plus loin. Nous avons fait demi-tour, emportant avec nous les litres de vin et de limonade. Nous avons recroisé à nouveau nos soldats qui avaient vraiment l'air dégoûtés de tout. Ils étaient plus malades que nous de voir ça, on leur a laissé nos bouteilles et sommes redescendus à La Hutte.
Les Allemands sont arrivés le lendemain à Bussang. Je me souviens encore, les voir descendre sur les pentes du Drumont, on aurait dit une invasion de poux.
Je suis allé me cacher dans l'usine de mon père. Il faut dire que les anciens nous avaient dit que les Boches coupaient les mains des gens.
Au final, on a bien dû constater que ces gens n'étaient pas plus mauvais que les autres.
Les choses ont trainé un peu parce qu'un officier français qui était posté avec son équipe à la Bouloie ne voulait pas abandonner son emplacement. Au final il a bien fallu qu'il se rende à l'évidence, le rouleau compresseur était en marche.
De plus les bruits couraient que la guerre était finie, c'était à ne plus rien y comprendre, elle n'avait pour ainsi dire pas eu lieu.
Les Allemands ont mis en place leur cantonnement à l’hôtel des Sources où ils ont passé l'hiver. Ils ne sont partis qu'au printemps 41.
La cohabitation s'est plutôt bien passée et il n'y a pas eu de gros problèmes particuliers.
En 41, le ravitaillement en matière première a commencé à se faire rare, les usines ont réduit leur activité par manque de coton. Un beau jour, le patron du tissage nous a fait comprendre que les hommes ne devaient plus venir travailler, il ne garderait que les femmes afin de sauvegarder un salaire par ménage. Certaines femmes venaient à pied depuis le Pitat pour travailleur à la Hutte.
Comme la commune avait été mise en demeure de fournir une certaine quantité de bois pour l'occupant, ça a permis à certains de retrouver un travail comme bûcherons..
Le hasard a fait que le patron du tissage où nous travaillions apprenne par le garde forestier que quatre fours à charbon de bois tout neufs venaient d'arriver à la gare de Bussang. Il a saisi cette opportunité et a acheté les quatre fours.
Ça m'a permis de continuer à travailler sur place puisque j'habitais à côté de l'usine de la Hutte.
Je suis donc resté là à faire du charbon de bois, avec Pierrot Maurer.
Le procédé était simple, on chargeait et allumait les fours le lundi, je les surveillais toute la nuit en réglant le volume d'air. Ça carbonisait la nuit, on éteignait au matin, on laissait refroidir le mardi, on déchargeait et rechargeait le mercredi, et ainsi de suite.
Parallèlement à cela on mettait en sacs et on stockait le charbon, ce qui donnait du travail à quatre personnes, sans compter toutes les autres qui travaillaient en forêt pour faire la charbonnette.
Il faut rappeler qu'avec la pénurie de carburant, les véhicules circulaient avec des gazogènes, donc avaient besoin de charbon. Les Allemands, de leur côté n'avaient pas de problème de carburant.
Nous fournissions du charbon de bois à toute la vallée de la Moselle et aussi sur la Moselotte..
J'ai travaillé là jusqu'en janvier1943, date à laquelle j'ai été réquisitionné pour aller travailler en Allemagne. Avec les jeunes de mon âge, nous sommes donc allés “passer visite” à Epinal à la Kommandantur.
Nous avons reçu des papiers et nos affectations. Comme j'étais tisserand, j'avais demandé à entrer dans un tissage. On m'a répondu avec humour que j'irais tisser des parachutes parce qu'il n'y avait pas de tissage à Essen près de Francfort.
Au final j'étais affecté dans une usine qui travaillait pour l'aviation.
Toujours avec Pierrot Maurer, nous sommes donc allés prendre le train sans revenir chez nous.
Suivant la colonne d'appelés au STO, nous sommes montés à l'arrière du train afin d'y trouver une place. Comme j'étais à l'arrière de la colonne, je suis monté dans les derniers, si bien qu'il m'a fallu arriver jusqu'au devant du train pour trouver une place.
Arrivé dans le wagon qui était attelé à la locomotive, j'aperçois par la fenêtre que la micheline qui montait sur Bussang était en train de chauffer.
Je peux vous dire que notre décision a vite été prise. Nous sommes redescendus à contre voie et sommes montés dans la micheline.
La chance a été avec nous, nous étions à peine assis lorsque notre train s'est mis en route.
Le soir même j'étais revenu à la maison, toutefois, ma carte d'identité portait maintenant la mention “Deutsche Arbeit”, ce qui voulait dire que je n'étais plus libre de faire ce que je voulais.
Par l'intermédiaire du directeur du tissage du Pitat, qui avait son fils à l'école Ménans à Gy en Haute Saône, nous avons su que le Maire de Gray plaçait des jeunes dans des fermes.
Toujours avec Pierrot Maurer, nous sommes partis à Gray et sur instruction du Maire, nous nous sommes retrouvés à l'école deMénans qui était une école d'agriculture. A cet endroit se trouvait également un camp de jeunesse qui était hébergé dans un château qui appartenait à la marraine du Maréchal Lyautet.
L'école et le camp touchaient du matériel destiné à la réfection de ce château et à la réappropriation des terres.
Nous sommes restés là jusqu'à l'arrivée des Français en 44 qui remontaient la vallée du Rhône.
Comme nous avions 21 ans et que nous n'avions pas fait notre service militaire, nous en avons profité pour nous engager pour la durée de la guerre.
Je me suis retrouvé dans la 6ème batterie du 2ème Régiment d'Artillerie Coloniale du Maroc ( RACM). Nous étions équipés de canons de 105 longs qui tiraient jusqu'à 13 Km. Chaque batterie comportait 4 canons.
Depuis Besançon, nous sommes montés sur St Hyppolite, au bord de la frontière Suisse, puis Pont de Roide, Belfort, Mulhouse, Colmar, Strasbourg. De là nous sommes allés prêter mains fortes aux Américains qui avaient été mis à mal sur Sarrebourg.
Ensuite nous avons fait retour sur Strasbourg avant de remonter à Spire, dans le Palatinat où nous avons franchi le Rhin, ce devait être dans la nuit du 1er avril 45.
Nous avons fait route sur Karlsruhe qui était en flammes. Les Allemands fuyaient tellement vite que nous n'avions pas le temps de mettre nos canons en batterie.
Nous avons poursuivi notre route sur Baden Baden puis sur la forêt noire et avons stoppé notre progression à Rietheim à côté de Tuttlingen le 8 mai 1945.
La fin de la guerre était arrivée et nous sommes passés en troupe d'occupation, autant dire que nous ne faisions plus rien.
Je me suis retrouvé opérateur radio, je recevais les ordres de tirs et les transmettais aux batteries.
Dans notre verbiage, nous utilisions encore les termes septante et nonante pour plus de fiabilité et de rapidité, ce qui ne me gênait pas puisque c'est ce qu'on disait en patois.
J'ai été dans les premiers du régiment à revenir en France, c'était mi septembre 1945. Nous sommes redescendus en véhicule sur St Marcel à côté de Marseille où j'ai séjourné du 05 octobre à début novembre.
Là, on nous a demandé si on voulait aller aider les Américains qui étaient en bataille contre les Japonais aux Philippines. On nous avait dit qu'on allait passer par les Amériques, afin de toucher du matériel amphibie américain et qu'on allait partir dans les îles.
Présenté comme ça, ça semblait appétissant, ça sentait bon l'aventure. Pour ma part, je ne savais même pas ce qu'était un Japonais, je savais juste que ça existait et que ça ressemblait à un Chinois. Je pensais qu'il suffisait de souffler sur un Japonais pour qu'il disparaisse.
C'est une image mais c'est pour vous dire que je m'étais mis le doigt dans l'œil jusqu'au coude.
Comme j'étais engagé pour la durée de la guerre et qu'on nous a bien fait comprendre qu'on avait encore besoin de nous, je me suis retrouvé embarqué pour l'Indochine pour une durée d'un an. En fait d'un an il m'a fallu faire presque deux ans de plus, ce qui fait que je ne suis revenu qu'en 1948.
yves philippe- MODERATEUR
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Date d'inscription : 28/12/2010
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