BUSSANG - SOUVENIRS D’ÉMILE LOMBARD
FOREST :: VALLEE DE LA HAUTE MOSELLE, Rupt sur Moselle à Bussang :: "Recueil de témoignages sur le vécu sous la botte Allemande ( 39-45)
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BUSSANG - SOUVENIRS D’ÉMILE LOMBARD
J'ai été concerné par la guerre dès les premiers mois de ma naissance.
Je suis né en 1915, nous sommes dans ce que les poilus appelleront à tort « la Der des ders ».
Les Allemands bombardaient déjà Bussang et je suis descendu dans la cave de ma maison sur les bras de ma mère, je ne marchais pas encore. A l'époque nous habitions dans une ferme appartenant à un menuisier, au Pitat, à proximité de l'endroit où ils ont fait le tremplin à Noiregoutte à Bussang.
Probablement que le bruit de l'artillerie m’a plu puisque je me suis engagé volontairement pour quatre ans, le 01 octobre 1935, au titre du 10ème RTS d'Epinal (Régiment de Tirailleurs Sénégalais) pour le service Général des Troupes Coloniales.
J'ai donc embarqué à Marseille le 12 Octobre de la même année et suis arrivé à Tunis le 14.
Mon contrat a été annulé le 22 pour insuffisance dentaire et j'ai été renvoyé dans mes foyers.
Je me suis fait soigner les dents et je me suis à nouveau engagé pour quatre ans le 23 janvier 1936 à Epinal avant d'être affecté au 39ème R.I.M (Régiment d'Infanterie Motorisée), en Normandie.
Le 27 Aout 1939, nous sommes donc mobilisés à l'approche de la guerre. J'obtiens le grade de sergent Chef le premier Janvier 1940.
Notre régiment a été envoyé sur la frontière Franco Belge du 10 et 19 Mai 1940. Nous avons dû nous replier. Je me suis retrouvé affecté au 236èmeRIL (Régiment d'Infanterie Légère).
J'ai été fait prisonnier à Combrée (Maine et Loire ) le 22 juin 1940 et interné à Coëtquidan ( Morbillan) d'où je me suis évadé le 28 Septembre.
Comme j'étais paysan, je travaillais dans une ferme. On appelait ça des commandos.
Un jour le Vaguemestre allemand est tombé en panne avec son vélo, il m'a demandé de le lui réparer.
Lorsque le vélo a été réparé, j'ai assommé l'Allemand et j'ai pris la fuite avec son vélo. J'ai mis six jours pour revenir chez moi au Thillot, au Prey plus exactement.
Comme j'étais recherché et qu'il y avait des Allemands partout au Thillot, j'ai passé la ligne de démarcation à Villers-Farley dans le Jura, et me suis engagé à Bourg en Bresse ( Ain) le 06 novembre 1940 auprès du 15-3 RIA ( Régiment d'Infanterie Alpine), qui lui, était basé à Grenoble.
Mon contrat étant arrivé à échéance, je me suis rengagé pour un an le 30 Novembre.
Comme je n'étais plus trop solide, j'ai été affecté au 15-9 et placé à l'habillement des Alsaciens Lorrains.
En effet, tous les Alsaciens et Lorrains qui voulaient repartir chez eux, aux termes de l'armistice, pouvaient le faire. Je leur donnais donc des habits, un complet bleu comme celui des prisonniers, pour le retour.
Je leur disais « Mais vous êtes fous!, les jeunes d'Alsace passent la ligne de démarcation pour venir ici et vous vous voulez rentrer chez vous. Vous allez vous retrouver en Russie! ».
Alors évidemment, certains jeunes ne savaient plus quoi faire et sont allés voir le Colonel pour en savoir plus. Comme ils lui ont donné mon nom, j'ai été convoqué dans son bureau pour une explication.
Le colonel m'a demandé si j'étais plus malin que le Maréchal Pétain. Comme il ne parlait et ne voyait que par Pétain, j'ai levé la main et j'ai crié « Vive De Gaulle! ».
Je me suis retrouvé simple sergent le 26 Octobre 1941.
Ils m'ont foutu à la porte du 15-9 et je me suis retrouvé en congé d'armistice, (pour dépassement d'effectif selon l'armée) et mis à la disposition du résident général de France au Maroc.
C'est là que je suis entré dans les Méhallas Chérifiennes, la police Militaire du Maroc.
Le 1er décembre 1942, j'ai signé pour trois ans dans les Goums
On parle souvent des Goums et des Tabors sans trop savoir ce que c'est. En fait, un Goum correspond à une compagnie dans l'infanterie Française et un tabor représente un bataillon.
Un GTM (Groupe de Tabors Marocains ) est composé de quatre Tabors . Dans un tabor il y a quatre Goums.
Communément les mots Goum et Tabor sont donnés aux soldats servant dans ces unités alors qu'ils désignent initialement l'organisation de cette armée.
Les soldats sont les Goumiers. En ce qui concerne les grades, un caporal était un Maoun, un Caporal Chef un Maoun Aouel, un sergent un Mokkadem, un sergent Chef un Mokkadem Aouel, un adjudant un Mia, un adjudant Chef un Mia Aouel
Moi j'étais donc affecté au 3ème Groupe de Tabors Marocains, 10ème tabor, 86ème Goum
J'ai participé successivement aux campagnes d'Italie, de France et d'Allemagne. Entre temps, j'ai récupéré mon grade de sergent Chef le 1er Octobre 1943.
( - Effectif d'un GTM : 50 officiers - 165 sous-officiers et gradés français - 2727 Marocains - 375 chevaux - 410 mulets.
• Composition d'un Tabor : 14 officiers - 47 sous-officiers français - 807 Marocains.
Equipement: 112 chevaux - 124 mulets - 7 jeeps - 7 camions 2,5 t.
• Composition d'un Goum d'infanterie : 2 officiers - 12 sous-officiers français, 209 Marocains.
Equipement: 9 F.M. - 1 mortier de 60 - 4 Rocketgun - 2 mitrailleuses légères - 21 P.M. - 9 lance-grenades - 14 chevaux - 28 mulets - 1 jeep - 1 camion 2,5 tonnes - 1 poste radio S.C.R. 284 - 4 postes radio S.C.R. 536.-------Ndr – Source Internet )
J'ai donc débarqué à Naples (Italie) le 02 Janvier 1944, à Ajaccio (Corse) le 23 Juillet 1944, à Ste Maxime (Var) le 15 Aout 1944. J'étais chef de groupe mitrailleuse.
S'en est suivi toute la campagne de France pour arriver sur Corravillers (Haute Saône) dans les premiers jours d'Octobre 44.
Nous sommes passés par le Mont de Fourche, (Rupt sur Moselle), de là nous avons été dirigés sur la vallée de la Moselotte, par Reherey, Vecoux, Vagney et avons pris la direction de l'Alsace en passant par Munster, ce qui a fait que je n'ai pas participé aux libérations des villages de la Haute Moselle. J'aurais bien aimé, mais on ne décidait pas de tout.
J'ai été blessé quatre fois, une fois en France, deux fois en Allemagne et une fois en Indochine.J'ai eu les pieds gelés au dessus de Rochesson.
Ce sont les 9ème, 10ème et 17ème Tabor qui ont marché sur Le Ménil.
Arrivé aux portes de l'Alsace le 3ème GTM a été relevé et est retourné au Maroc. Moi j'ai été affecté au 1er GTM le 12 mars 1943 et ai poursuivi les opérations de libération en Alsace.
Nous avons franchi le Rhin à Scheibenhardt, sur la Lauter, à la pointe Nord Est du Bas Rhin le 20 Mars 1945.
En Allemagne, nous sommes allés jusqu'à Stuttgart. Nous avons libéré les camps de prisonniers.
Le courage des goumiers n'est plus à faire, pourtant ils étaient effrayés à l'idée de rentrer dans les camps de prisonniers, notamment
les camps de concentration ( voir lexique – Ndr) tellement c'était affreux de voir ça. La vision de tous ces squelettes, vivants ou morts étaient difficilement supportable.
Notre GTM a été relevé, il a repris la direction du Maroc le 02 juin45.
Ensuite j'ai fait l'Indochine du 04 Aout1950 au 09 Juillet 1952.
J'ai pris ma retraite de l'armée au grade d'Adjudant Chef le 1er Avril 1953.
Je suis né en 1915, nous sommes dans ce que les poilus appelleront à tort « la Der des ders ».
Les Allemands bombardaient déjà Bussang et je suis descendu dans la cave de ma maison sur les bras de ma mère, je ne marchais pas encore. A l'époque nous habitions dans une ferme appartenant à un menuisier, au Pitat, à proximité de l'endroit où ils ont fait le tremplin à Noiregoutte à Bussang.
Probablement que le bruit de l'artillerie m’a plu puisque je me suis engagé volontairement pour quatre ans, le 01 octobre 1935, au titre du 10ème RTS d'Epinal (Régiment de Tirailleurs Sénégalais) pour le service Général des Troupes Coloniales.
J'ai donc embarqué à Marseille le 12 Octobre de la même année et suis arrivé à Tunis le 14.
Mon contrat a été annulé le 22 pour insuffisance dentaire et j'ai été renvoyé dans mes foyers.
Je me suis fait soigner les dents et je me suis à nouveau engagé pour quatre ans le 23 janvier 1936 à Epinal avant d'être affecté au 39ème R.I.M (Régiment d'Infanterie Motorisée), en Normandie.
Le 27 Aout 1939, nous sommes donc mobilisés à l'approche de la guerre. J'obtiens le grade de sergent Chef le premier Janvier 1940.
Notre régiment a été envoyé sur la frontière Franco Belge du 10 et 19 Mai 1940. Nous avons dû nous replier. Je me suis retrouvé affecté au 236èmeRIL (Régiment d'Infanterie Légère).
J'ai été fait prisonnier à Combrée (Maine et Loire ) le 22 juin 1940 et interné à Coëtquidan ( Morbillan) d'où je me suis évadé le 28 Septembre.
Comme j'étais paysan, je travaillais dans une ferme. On appelait ça des commandos.
Un jour le Vaguemestre allemand est tombé en panne avec son vélo, il m'a demandé de le lui réparer.
Lorsque le vélo a été réparé, j'ai assommé l'Allemand et j'ai pris la fuite avec son vélo. J'ai mis six jours pour revenir chez moi au Thillot, au Prey plus exactement.
Comme j'étais recherché et qu'il y avait des Allemands partout au Thillot, j'ai passé la ligne de démarcation à Villers-Farley dans le Jura, et me suis engagé à Bourg en Bresse ( Ain) le 06 novembre 1940 auprès du 15-3 RIA ( Régiment d'Infanterie Alpine), qui lui, était basé à Grenoble.
Mon contrat étant arrivé à échéance, je me suis rengagé pour un an le 30 Novembre.
Comme je n'étais plus trop solide, j'ai été affecté au 15-9 et placé à l'habillement des Alsaciens Lorrains.
En effet, tous les Alsaciens et Lorrains qui voulaient repartir chez eux, aux termes de l'armistice, pouvaient le faire. Je leur donnais donc des habits, un complet bleu comme celui des prisonniers, pour le retour.
Je leur disais « Mais vous êtes fous!, les jeunes d'Alsace passent la ligne de démarcation pour venir ici et vous vous voulez rentrer chez vous. Vous allez vous retrouver en Russie! ».
Alors évidemment, certains jeunes ne savaient plus quoi faire et sont allés voir le Colonel pour en savoir plus. Comme ils lui ont donné mon nom, j'ai été convoqué dans son bureau pour une explication.
Le colonel m'a demandé si j'étais plus malin que le Maréchal Pétain. Comme il ne parlait et ne voyait que par Pétain, j'ai levé la main et j'ai crié « Vive De Gaulle! ».
Je me suis retrouvé simple sergent le 26 Octobre 1941.
Ils m'ont foutu à la porte du 15-9 et je me suis retrouvé en congé d'armistice, (pour dépassement d'effectif selon l'armée) et mis à la disposition du résident général de France au Maroc.
C'est là que je suis entré dans les Méhallas Chérifiennes, la police Militaire du Maroc.
Le 1er décembre 1942, j'ai signé pour trois ans dans les Goums
On parle souvent des Goums et des Tabors sans trop savoir ce que c'est. En fait, un Goum correspond à une compagnie dans l'infanterie Française et un tabor représente un bataillon.
Un GTM (Groupe de Tabors Marocains ) est composé de quatre Tabors . Dans un tabor il y a quatre Goums.
Communément les mots Goum et Tabor sont donnés aux soldats servant dans ces unités alors qu'ils désignent initialement l'organisation de cette armée.
Les soldats sont les Goumiers. En ce qui concerne les grades, un caporal était un Maoun, un Caporal Chef un Maoun Aouel, un sergent un Mokkadem, un sergent Chef un Mokkadem Aouel, un adjudant un Mia, un adjudant Chef un Mia Aouel
Moi j'étais donc affecté au 3ème Groupe de Tabors Marocains, 10ème tabor, 86ème Goum
J'ai participé successivement aux campagnes d'Italie, de France et d'Allemagne. Entre temps, j'ai récupéré mon grade de sergent Chef le 1er Octobre 1943.
( - Effectif d'un GTM : 50 officiers - 165 sous-officiers et gradés français - 2727 Marocains - 375 chevaux - 410 mulets.
• Composition d'un Tabor : 14 officiers - 47 sous-officiers français - 807 Marocains.
Equipement: 112 chevaux - 124 mulets - 7 jeeps - 7 camions 2,5 t.
• Composition d'un Goum d'infanterie : 2 officiers - 12 sous-officiers français, 209 Marocains.
Equipement: 9 F.M. - 1 mortier de 60 - 4 Rocketgun - 2 mitrailleuses légères - 21 P.M. - 9 lance-grenades - 14 chevaux - 28 mulets - 1 jeep - 1 camion 2,5 tonnes - 1 poste radio S.C.R. 284 - 4 postes radio S.C.R. 536.-------Ndr – Source Internet )
J'ai donc débarqué à Naples (Italie) le 02 Janvier 1944, à Ajaccio (Corse) le 23 Juillet 1944, à Ste Maxime (Var) le 15 Aout 1944. J'étais chef de groupe mitrailleuse.
S'en est suivi toute la campagne de France pour arriver sur Corravillers (Haute Saône) dans les premiers jours d'Octobre 44.
Nous sommes passés par le Mont de Fourche, (Rupt sur Moselle), de là nous avons été dirigés sur la vallée de la Moselotte, par Reherey, Vecoux, Vagney et avons pris la direction de l'Alsace en passant par Munster, ce qui a fait que je n'ai pas participé aux libérations des villages de la Haute Moselle. J'aurais bien aimé, mais on ne décidait pas de tout.
J'ai été blessé quatre fois, une fois en France, deux fois en Allemagne et une fois en Indochine.J'ai eu les pieds gelés au dessus de Rochesson.
Ce sont les 9ème, 10ème et 17ème Tabor qui ont marché sur Le Ménil.
Arrivé aux portes de l'Alsace le 3ème GTM a été relevé et est retourné au Maroc. Moi j'ai été affecté au 1er GTM le 12 mars 1943 et ai poursuivi les opérations de libération en Alsace.
Nous avons franchi le Rhin à Scheibenhardt, sur la Lauter, à la pointe Nord Est du Bas Rhin le 20 Mars 1945.
En Allemagne, nous sommes allés jusqu'à Stuttgart. Nous avons libéré les camps de prisonniers.
Le courage des goumiers n'est plus à faire, pourtant ils étaient effrayés à l'idée de rentrer dans les camps de prisonniers, notamment
les camps de concentration ( voir lexique – Ndr) tellement c'était affreux de voir ça. La vision de tous ces squelettes, vivants ou morts étaient difficilement supportable.
Notre GTM a été relevé, il a repris la direction du Maroc le 02 juin45.
Ensuite j'ai fait l'Indochine du 04 Aout1950 au 09 Juillet 1952.
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yves philippe- MODERATEUR
- Nombre de messages : 2134
Ville : le Ménil
Age : 60
Points : 2755
Date d'inscription : 28/12/2010
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