RUPT SUR MOSELLE - SOUVENIRS D'HUGUETTE REMY VVE GASTON FILLIEUX
FOREST :: VALLEE DE LA HAUTE MOSELLE, Rupt sur Moselle à Bussang :: "Recueil de témoignages sur le vécu sous la botte Allemande ( 39-45)
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RUPT SUR MOSELLE - SOUVENIRS D'HUGUETTE REMY VVE GASTON FILLIEUX
J’ai passé ma jeunesse à Maxonchamp, mes parents travaillaient à l’usine Mourot où papa était comptable. Je peux dire qua ma jeunesse a été gâchée à cause de la guerre. Tout nous était interdit à une période de notre vie où habituellement on prend quelques plaisirs à vivre.
Tout d’abord, à la déclaration de guerre, les gens ont eu des réactions diverses et variées, certains étaient enthousiastes et disaient : « Ca ne va pas durer longtemps, on les aura », d’autres étaient beaucoup plus réservés et avaient déjà peur pour eux-mêmes ou leurs proches.
Papa a tout d’abord été mobilisé en 1939, il est allé garder la centrale électrique de Pouxeux. Ensuite il a été fait prisonnier en 1940 dans le secteur de Gérardmer. Ils ont eu comme consigne de se rendre sans résistance et l’assurance qu’ils allaient être rapidement démobilisés, en fin de compte, il s’est retrouvé vers Dusseldorf où il travaillait pour une scierie.
J’avais 18 ans. En octobre 1940 j’ai intégré l’école normale à Epinal pour devenir enseignante. L’école n’étant pas mixte, les garçons se rendaient à Mirecourt mais leur école ayant été dévastée par un obus, ils suivaient leur cours à côté de la nôtre. Je ne revenais donc plus beaucoup chez mes parents, par ce fait maman se retrouvait seule à la maison. J’étais interne, je ne revenais que les week-ends, souvent par mes propres moyens puisque les trains ont commencé à ne plus circuler normalement.
Je garde le souvenir de ce jour où je marchais sur un trottoir d’Epinal. De la glace jonchait le trottoir et je frôlais les murs afin de marcher le plus possible sur la partie dégelée. Un Allemand m’a attrapée par les épaules et m’a poussée sur le côté afin que je lui cède le cheminement le plus sûr.
Suite aux bombardements, l’école normale a été fortement endommagée ainsi que tout le quartier de la gare. A l’école, il fallait chanter tous les matins la chanson de Pétain. « Maréchal, nous voilà, devant toi, le sauveur de la France … ». Nous assistions également au lever du drapeau.
Vous savez, au début, tout le monde y croyait au Maréchal Pétain. Il avait gagné la guerre en 1914 et sauvé la France en 1940 en signant l’armistice. On pensait tous que nos prisonniers allaient revenir, puis petit à petit, nos illusions et nos certitudes ont laissé la place à la faim et aux craintes.
Très tôt nous avons manqué de nourriture et maman se trouvait un peu dépourvue. Je me souviens que l’hiver 1940/1941, avec maman, nous avons mangé toutes les deux quatre vingt kilos de pommes. Maman m’avait fait un manteau dans une capote de soldat qu’elle avait teinte en noir. Nous avions des chaussures à semelles de bois. Même si vous aviez des tickets pour vous approvisionner, souvent ce que vous cherchiez ne se trouvait pas en magasin, ou bien c’était le contraire, il y avait des chaussures mais vous n’aviez pas de ticket.
Comme papa était déjà âgé et souffrant, il a été libéré et est revenu dans l’été 1941. Il avait des connaissances dans le pays, de ce fait notre ordinaire s’est rapidement amélioré. Il allait se fournir chez Jules Remy son camarade de communion qui était paysan aux Meix.
En 1942, mes parents ont déménagé pour s’installer au Pont du Lait à St Maurice où ils sont restés deux ans. Papa y avait trouvé une place probablement un peu plus avantageuse pour lui. En raison de l’absence de train ou parce qu’ils ne correspondaient pas à mes horaires, il m’est arrivé régulièrement de faire Epinal – St Maurice à bicyclette. Je précise que mon vélo n’avait qu’une seule vitesse et que les pneumatiques avaient subi quelques réparations de fortune. Aux endroits où le pneu était déchiré, on y insérait des « emplâtres », c'est-à-dire des morceaux de vieux pneus qui bouchaient le trou et protégeaient la chambre à air.
L’année 1943/1944 fut celle où j’ai fait plusieurs stages de perfectionnement notamment sur Epinal pour un stage d’enseignement ménager et Nancy où j’ai fait un stage de gymnastique et un stage d’enseignement pédagogique. Je me souviens qu’on y mangeait au « resto U », le restaurant Universitaire. Nous étions considérés comme des travailleurs de force et avions l’alimentation en conséquence. J’ai le souvenir d’y avoir mangé tous les jours pendant un mois de la saucisse avec des choux le midi et des petits pois-carottes le soir. Nous avions également droit, même nous les filles, à une bouteille d’un litre de vin sur la table. Evidemment notre vin repartait et servait probablement au marché noir. J’ai également fait des stages de trois semaines dans des écoles à St Nabord, au Thillot et au Ménil avec Mme Cunat.
Papa était assez secret, nous savions qu’il participait à la résistance mais il ne nous en disait rien. Beaucoup plus tard, après la guerre, il a été décoré de la croix des Combattants volontaires de la résistance.
Le 1er mai 1944 mes parents ont à nouveau déménagé pour aller s’installer à Vecoux. Probablement que s’ils étaient restés à St Maurice, papa aurait fait partie de la rafle qui a concerné les résistants de cette commune début octobre.
Je suis sortie définitivement de l’école normale en juillet de cette année et me suis mariée à Vecoux le 17 août avec Gaston. La vie était rendue tellement difficile qu’au repas de mariage, nous n’étions que neuf à table. Il est vrai que les déplacements étaient hasardeux et que nous n’avions pas l’esprit à faire la fête.
Gaston était quant à lui instituteur à Pouxeux depuis déjà un an, mais cette période étant incertaine, les écoles ne fonctionnaient plus et ma belle mère qui habitait près de la Kommandantur du Thillot avait peur pour son fils. En effet, comme mon mari était né en Alsace, sa maman craignait que les Allemands ne l’embarquent avec les Malgré-nous. Nous nous sommes alors installés un temps à Ventron chez une cousine de ma belle famille.
Tout compte fait, nous n’avons pas été plus en sécurité là qu’ailleurs puisque mon mari a été pris dans une rafle et a été déporté avec d’autres Véternats et des Bressauds, en novembre. Ils devaient être déportés vers Dachau bien qu’il ne s’agissait pas de maquisards. Le train qui les transportait a dû s’arrêter en Allemagne à cause des bombardements et les personnes qu’il transportait ont été utilisées sur place pour déblayer les voies. Gaston a retrouvé des gens du Thillot qui étaient là dans les mêmes circonstances. Ils étaient à Pfortzheim.
Le lendemain de ce jour là, toute la population de Ventron a été chassée par les Allemands. (La rafle des hommes sur Ventron se déroule le mercredi 8 novembre 1944 et la débâcle forcée de la population se déroule effectivement le jeudi 09 en début d’après midi – Ndr).
Vers une heure de l’après midi, nous sommes partis à pied par le Riant, poussant, portant ou tirant ce qu’on pouvait et généralement des fardeaux bien au-delà de nos forces. Un vieux monsieur ne supportant plus sa hotte s’est affalé dans le fossé. Il a fallut lui enlever sa charge pour qu’il puisse se redresser. C’est aussi à ce moment là que monsieur le curé de Ventron a été blessé. Les soldats français qui se trouvaient sur l’autre versant, vers Le Ménil, nous voyaient et pensaient qu’il s’agissait d’un convoi allemand. Une fois arrivés au Riant, une patrouille allemande a refusé de nous laisser passer. Nous sommes donc redescendus dans la vallée en direction de Ventron où à nouveau on nous a confirmé qu’il fallait évacuer le village. Des négociations ont eu lieu, et toujours en repassant par le Riant, nous avons pu rejoindre Travexin, puis Cornimont par le Pont du Gouffre.
Le pont du Gouffre ayant sauté, il nous fallait traverser la rivière en empruntant une des deux passerelles, qui placées en parallèle, permettaient aux véhicules de franchir la rivière. Chaque passerelle faisait la largeur d’un pneumatique, c’était donc dangereux, d’autant que j’avais un vélo et quelques bagages. Heureusement que nous sommes passés là de nuit, ce qui a probablement estompé un peu la peur du danger. Une dame est d’ailleurs tombée dans les eaux tumultueuses du ruisseau et s’est noyée.
C’est à Cornimont que les soldats français nous ont accueillis et transportés dans un premier temps sur Saulxures où nous sommes arrivés vers une heure du matin. A cet endroit nous avons goûté aux rations américaines, mais comme j’attendais un bébé, j’ai été malade toute la nuit. On a passé le reste de la nuit dans l’hôtel près de la gare de Saulxures.
Le lendemain, le 10 novembre, nous avons à nouveau été pris en charge par l’armée et nous sommes arrivés à Remiremont où des gens redirigeaient les réfugiés. J’ai donc rejoint le domicile de mes parents à Vecoux.
Par l’intermédiaire de la croix rouge, il nous était possible d’écrire à nos proches qui étaient retenus en Allemagne. J’ai été de longues semaines sans avoir aucune nouvelle de Gaston.
A Vecoux, j’ai fait un remplacement de quelques mois dans l’école de M. Lorrain, mon beau frère, qui était lui aussi prisonnier, depuis 1940. Il a fait six ans de captivité. Comme il était officier, il s’est retrouvé dans un Oflag où ils n’avaient pas le droit de travailler, ce qui était d’autant plus pénible pour eux du fait qu’ils étaient oisifs.
Peu de temps avant la libération du Thillot, comme beaucoup de gens, ma belle mère s’abritait dans une cave près de chez elle. Elle se trouvait au pied des escaliers et épluchait des pommes de terre à la lumière du jour lorsqu’un obus est tombé à proximité d’elle. Elle a pris un éclat dans une cuisse et est morte dans la nuit qui a suivi, faute de soin. A ce moment là, nous nous trouvions à Ventron, donc mon mari n’a pas su tout de suite ce qu’il s’était passé. Il l’a appris lors de sa captivité en Allemagne par des hommes du Thillot qui étaient également déportés là-bas.
Le 07 mai au soir, je me trouvais sur la route nationale et j’avais l’intention d’aller voir mes beaux parents qui habitaient toujours au Thillot. C’est là que j’ai appris que la guerre était définitivement finie. Evidemment, ça a été la fête jusque tard dans la nuit.
Gaston n’est revenu qu’en avril 1945, quelques jours avant que je n’accouche de notre première petite fille.
Avec mon mari, nous avons ensuite été nommés tous les deux instituteurs à Rupt Sur Moselle où j’ai fait ma carrière.
Evidemment, comme il nous l’avait été demandé durant la guerre en l’honneur de Pétain, c’était maintenant le portrait du Général De Gaulle qui devait être affiché en bonne place dans nos classes.
Tout d’abord, à la déclaration de guerre, les gens ont eu des réactions diverses et variées, certains étaient enthousiastes et disaient : « Ca ne va pas durer longtemps, on les aura », d’autres étaient beaucoup plus réservés et avaient déjà peur pour eux-mêmes ou leurs proches.
Papa a tout d’abord été mobilisé en 1939, il est allé garder la centrale électrique de Pouxeux. Ensuite il a été fait prisonnier en 1940 dans le secteur de Gérardmer. Ils ont eu comme consigne de se rendre sans résistance et l’assurance qu’ils allaient être rapidement démobilisés, en fin de compte, il s’est retrouvé vers Dusseldorf où il travaillait pour une scierie.
J’avais 18 ans. En octobre 1940 j’ai intégré l’école normale à Epinal pour devenir enseignante. L’école n’étant pas mixte, les garçons se rendaient à Mirecourt mais leur école ayant été dévastée par un obus, ils suivaient leur cours à côté de la nôtre. Je ne revenais donc plus beaucoup chez mes parents, par ce fait maman se retrouvait seule à la maison. J’étais interne, je ne revenais que les week-ends, souvent par mes propres moyens puisque les trains ont commencé à ne plus circuler normalement.
Je garde le souvenir de ce jour où je marchais sur un trottoir d’Epinal. De la glace jonchait le trottoir et je frôlais les murs afin de marcher le plus possible sur la partie dégelée. Un Allemand m’a attrapée par les épaules et m’a poussée sur le côté afin que je lui cède le cheminement le plus sûr.
Suite aux bombardements, l’école normale a été fortement endommagée ainsi que tout le quartier de la gare. A l’école, il fallait chanter tous les matins la chanson de Pétain. « Maréchal, nous voilà, devant toi, le sauveur de la France … ». Nous assistions également au lever du drapeau.
Vous savez, au début, tout le monde y croyait au Maréchal Pétain. Il avait gagné la guerre en 1914 et sauvé la France en 1940 en signant l’armistice. On pensait tous que nos prisonniers allaient revenir, puis petit à petit, nos illusions et nos certitudes ont laissé la place à la faim et aux craintes.
Très tôt nous avons manqué de nourriture et maman se trouvait un peu dépourvue. Je me souviens que l’hiver 1940/1941, avec maman, nous avons mangé toutes les deux quatre vingt kilos de pommes. Maman m’avait fait un manteau dans une capote de soldat qu’elle avait teinte en noir. Nous avions des chaussures à semelles de bois. Même si vous aviez des tickets pour vous approvisionner, souvent ce que vous cherchiez ne se trouvait pas en magasin, ou bien c’était le contraire, il y avait des chaussures mais vous n’aviez pas de ticket.
Comme papa était déjà âgé et souffrant, il a été libéré et est revenu dans l’été 1941. Il avait des connaissances dans le pays, de ce fait notre ordinaire s’est rapidement amélioré. Il allait se fournir chez Jules Remy son camarade de communion qui était paysan aux Meix.
En 1942, mes parents ont déménagé pour s’installer au Pont du Lait à St Maurice où ils sont restés deux ans. Papa y avait trouvé une place probablement un peu plus avantageuse pour lui. En raison de l’absence de train ou parce qu’ils ne correspondaient pas à mes horaires, il m’est arrivé régulièrement de faire Epinal – St Maurice à bicyclette. Je précise que mon vélo n’avait qu’une seule vitesse et que les pneumatiques avaient subi quelques réparations de fortune. Aux endroits où le pneu était déchiré, on y insérait des « emplâtres », c'est-à-dire des morceaux de vieux pneus qui bouchaient le trou et protégeaient la chambre à air.
L’année 1943/1944 fut celle où j’ai fait plusieurs stages de perfectionnement notamment sur Epinal pour un stage d’enseignement ménager et Nancy où j’ai fait un stage de gymnastique et un stage d’enseignement pédagogique. Je me souviens qu’on y mangeait au « resto U », le restaurant Universitaire. Nous étions considérés comme des travailleurs de force et avions l’alimentation en conséquence. J’ai le souvenir d’y avoir mangé tous les jours pendant un mois de la saucisse avec des choux le midi et des petits pois-carottes le soir. Nous avions également droit, même nous les filles, à une bouteille d’un litre de vin sur la table. Evidemment notre vin repartait et servait probablement au marché noir. J’ai également fait des stages de trois semaines dans des écoles à St Nabord, au Thillot et au Ménil avec Mme Cunat.
Papa était assez secret, nous savions qu’il participait à la résistance mais il ne nous en disait rien. Beaucoup plus tard, après la guerre, il a été décoré de la croix des Combattants volontaires de la résistance.
Le 1er mai 1944 mes parents ont à nouveau déménagé pour aller s’installer à Vecoux. Probablement que s’ils étaient restés à St Maurice, papa aurait fait partie de la rafle qui a concerné les résistants de cette commune début octobre.
Je suis sortie définitivement de l’école normale en juillet de cette année et me suis mariée à Vecoux le 17 août avec Gaston. La vie était rendue tellement difficile qu’au repas de mariage, nous n’étions que neuf à table. Il est vrai que les déplacements étaient hasardeux et que nous n’avions pas l’esprit à faire la fête.
Gaston était quant à lui instituteur à Pouxeux depuis déjà un an, mais cette période étant incertaine, les écoles ne fonctionnaient plus et ma belle mère qui habitait près de la Kommandantur du Thillot avait peur pour son fils. En effet, comme mon mari était né en Alsace, sa maman craignait que les Allemands ne l’embarquent avec les Malgré-nous. Nous nous sommes alors installés un temps à Ventron chez une cousine de ma belle famille.
Tout compte fait, nous n’avons pas été plus en sécurité là qu’ailleurs puisque mon mari a été pris dans une rafle et a été déporté avec d’autres Véternats et des Bressauds, en novembre. Ils devaient être déportés vers Dachau bien qu’il ne s’agissait pas de maquisards. Le train qui les transportait a dû s’arrêter en Allemagne à cause des bombardements et les personnes qu’il transportait ont été utilisées sur place pour déblayer les voies. Gaston a retrouvé des gens du Thillot qui étaient là dans les mêmes circonstances. Ils étaient à Pfortzheim.
Le lendemain de ce jour là, toute la population de Ventron a été chassée par les Allemands. (La rafle des hommes sur Ventron se déroule le mercredi 8 novembre 1944 et la débâcle forcée de la population se déroule effectivement le jeudi 09 en début d’après midi – Ndr).
Vers une heure de l’après midi, nous sommes partis à pied par le Riant, poussant, portant ou tirant ce qu’on pouvait et généralement des fardeaux bien au-delà de nos forces. Un vieux monsieur ne supportant plus sa hotte s’est affalé dans le fossé. Il a fallut lui enlever sa charge pour qu’il puisse se redresser. C’est aussi à ce moment là que monsieur le curé de Ventron a été blessé. Les soldats français qui se trouvaient sur l’autre versant, vers Le Ménil, nous voyaient et pensaient qu’il s’agissait d’un convoi allemand. Une fois arrivés au Riant, une patrouille allemande a refusé de nous laisser passer. Nous sommes donc redescendus dans la vallée en direction de Ventron où à nouveau on nous a confirmé qu’il fallait évacuer le village. Des négociations ont eu lieu, et toujours en repassant par le Riant, nous avons pu rejoindre Travexin, puis Cornimont par le Pont du Gouffre.
Le pont du Gouffre ayant sauté, il nous fallait traverser la rivière en empruntant une des deux passerelles, qui placées en parallèle, permettaient aux véhicules de franchir la rivière. Chaque passerelle faisait la largeur d’un pneumatique, c’était donc dangereux, d’autant que j’avais un vélo et quelques bagages. Heureusement que nous sommes passés là de nuit, ce qui a probablement estompé un peu la peur du danger. Une dame est d’ailleurs tombée dans les eaux tumultueuses du ruisseau et s’est noyée.
C’est à Cornimont que les soldats français nous ont accueillis et transportés dans un premier temps sur Saulxures où nous sommes arrivés vers une heure du matin. A cet endroit nous avons goûté aux rations américaines, mais comme j’attendais un bébé, j’ai été malade toute la nuit. On a passé le reste de la nuit dans l’hôtel près de la gare de Saulxures.
Le lendemain, le 10 novembre, nous avons à nouveau été pris en charge par l’armée et nous sommes arrivés à Remiremont où des gens redirigeaient les réfugiés. J’ai donc rejoint le domicile de mes parents à Vecoux.
Par l’intermédiaire de la croix rouge, il nous était possible d’écrire à nos proches qui étaient retenus en Allemagne. J’ai été de longues semaines sans avoir aucune nouvelle de Gaston.
A Vecoux, j’ai fait un remplacement de quelques mois dans l’école de M. Lorrain, mon beau frère, qui était lui aussi prisonnier, depuis 1940. Il a fait six ans de captivité. Comme il était officier, il s’est retrouvé dans un Oflag où ils n’avaient pas le droit de travailler, ce qui était d’autant plus pénible pour eux du fait qu’ils étaient oisifs.
Peu de temps avant la libération du Thillot, comme beaucoup de gens, ma belle mère s’abritait dans une cave près de chez elle. Elle se trouvait au pied des escaliers et épluchait des pommes de terre à la lumière du jour lorsqu’un obus est tombé à proximité d’elle. Elle a pris un éclat dans une cuisse et est morte dans la nuit qui a suivi, faute de soin. A ce moment là, nous nous trouvions à Ventron, donc mon mari n’a pas su tout de suite ce qu’il s’était passé. Il l’a appris lors de sa captivité en Allemagne par des hommes du Thillot qui étaient également déportés là-bas.
Le 07 mai au soir, je me trouvais sur la route nationale et j’avais l’intention d’aller voir mes beaux parents qui habitaient toujours au Thillot. C’est là que j’ai appris que la guerre était définitivement finie. Evidemment, ça a été la fête jusque tard dans la nuit.
Gaston n’est revenu qu’en avril 1945, quelques jours avant que je n’accouche de notre première petite fille.
Avec mon mari, nous avons ensuite été nommés tous les deux instituteurs à Rupt Sur Moselle où j’ai fait ma carrière.
Evidemment, comme il nous l’avait été demandé durant la guerre en l’honneur de Pétain, c’était maintenant le portrait du Général De Gaulle qui devait être affiché en bonne place dans nos classes.
yves philippe- MODERATEUR
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Ville : le Ménil
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Points : 2755
Date d'inscription : 28/12/2010
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