RUPT SUR MOSELLE - SOUVENIRS D'AUGUSTINE GRANDEMANDE VVE GASTON PARMENTIER
FOREST :: VALLEE DE LA HAUTE MOSELLE, Rupt sur Moselle à Bussang :: "Recueil de témoignages sur le vécu sous la botte Allemande ( 39-45)
Page 1 sur 1
RUPT SUR MOSELLE - SOUVENIRS D'AUGUSTINE GRANDEMANDE VVE GASTON PARMENTIER
En 1940, je vivais chez mes parents à Longchamp, chez Bontemps maintenant. Je me souviens de voir arriver les chars allemands qui sont descendus tout droit dans les prés, venant du Mont de Fourche. Ils ont saccagé tous les prés de chez Vuillemard en passant.
C'est mon frère Paul qui est allé déminer le Pont de Lonchamp avec le fils Didierlaurent, un de ses copains. Il n'avait peur de rien. Il a eu de la chance, les Allemands sont passés juste à côté de lui sans le voir.
Dans ces jours-là, nous avons vécu un peu dans les caves. Nous dormions dans la cave de chez Julia Andreux.
Les Allemands entraient dans toutes les maisons comme s'ils étaient chez eux. Ils nous ont questionnés, ils voulaient tout savoir. Ils piquaient dans le foin pour voir si personne ne s'y cachait. Il a fallu qu'on donne un litre de lait tous les jours à un gradé allemand.
Ma mère est morte de fatigue le 02 mars 1941 à l'âge de 54 ans. Mon père était déjà décédé depuis une dizaine d'années.
Je me suis mariée à Gaston Parmentier le 16 avril 1941. Nous sommes venus vivre dans la petite maison Thiery à la Roche au bord de la route. Mais à cet endroit la cheminée ne fonctionnait plus et mon mari avait besoin d'être au chaud. Il était malade, il avait une maladie au foie du fait que ses parents n'avaient pas eu les moyens de le nourrir correctement. Précédemment il ne mangeait que des boîtes de sardines et du saucisson, il a fallut qu'il se mette en ménage avec moi pour manger des légumes.
Alors on a déménagé pour aller dans une maison, sur les roches près du collège de Rupt maintenant, appelé le château Soufranc à l'époque-là. Un mois après, mon mari entrait à l'hôpital à Remiremont. Je partais tous les samedis pour le voir là-bas. Un soir, en revenant à la maison, je me suis aperçue qu'il avait gelé. C'était humide aux Rochottes, il y a de l'eau partout la bas. J'avais fait mes provisions pour l'hiver alors je suis tout de suite allée voir mes patates. Toutes avaient gelé, elles étaient fichues.
Une fois revenu à la maison, mon mari a attrapé la scarlatine. Il fallait que je le soigne! Il a fallu aussi que je trouve un autre hébergement pendant quinze jours et pour ne pas que ma gamine et moi même soyons contaminées. Je venais de perdre ma première gamine, née en janvier 1942 qui est morte de la maladie bleue.
Comme personne ne fumait chez nous, je laissais mes tickets de tabac au boulanger Salgébert, contre une miche de pain.
Fin 1943, je me suis retrouvée sans aucun sou, à ne plus pouvoir acheter, ne serait ce qu'un bout de pain. Un jour j'ai eu la visite du curé Grandhomme, il aimait mon mari car lorsqu'il était vaillant c'était lui qui allait faire le jardin du prêtre. Ce jour- là, Monsieur le curé était venu rendre visite à mon homme qui était au lit. Ma gamine est venue en pleurant en disant: « J'ai faim maman, je pourrais avoir un petit bout de pain? ». Le curé s'est étonné que je ne donne rien à ma gamine alors je lui ai dit que je n'avais plus un sou.
Il m'a demandé: « Mais votre mari ne touche pas ses demi-journées? ».
Je lui ai répondu que ça faisait plus de six mois que je ne touchais plus aucun argent de la Sécurité Sociale. La sécu avait égaré le dossier de mon mari.
Quand il a su ça, il m'a dit qu'il viendrait surveiller mon mari et mes gamines le lendemain de façon à ce que puisse aller toucher mes sous.
Bien sûr la sécu ne m'a pas donné mes sous tout de suite puisqu'il ne retrouvait plus mon dossier. De retour à la maison, le curé m'a dit qu'il allait à la mairie pour me procurer un bon. J'ai pu toucher ainsi un bon de mille francs. Le curé Grandhomme a dit également qu'il fallait que mon mari prenne un peu l'air, que ça lui ferait du bien. Il nous a payé une partie de nos places pour assister à une sortie qui était organisée quelques jours plus tard par la chorale de Rupt. Nous avons assisté à cette sortie mais une femme nous a mouchardés auprès du maire en disant que pour des nécessiteux, nous avions bien de l'argent à dépenser pour des voyages.
Le samedi qui suivait, je suis allée faire des courses au marché du village. J'ai vu que j'étais suivie par un conseiller municipal qui regardait ce que j'achetais. Le surlendemain, le garde champêtre est venu à la maison: « J'ai une mauvaise nouvelle, on vous supprime votre aide » m'a-t-il dit. Je suis allée voir le curé Grandhomme qui mettait en place l'abbé Aubin lequel venait prendre la place à Rupt. Je lui ai dit que je lui rendais l'argent de la mairie parce que des gens me reprochaient d'avoir été en voyage. Je lui ai dit que j'en voulais plus et que je me débrouillerais autrement.
L'abbé Grandhomme est allé voir le maire pour expliquer ma situation. L'aide m'a à nouveau été accordée mais je n'en ai plus voulu.
Avec les réquisitions, il y a eu de moins en moins de lait, jusqu'à ce que je n'en trouve plus une goute pour ma gamine, Odile née en juillet. On ne voulait ou ne pouvait plus m'en vendre. J'en ai quémandé un peu partout pour donner à mes gosses.
Une fois alors que je me rendais chez Vannson pour aller chercher du lait, j'ai été suivie par un Allemand, il voulait probablement savoir ce que je faisais. J'ai eu peur, je me demandais ce qu'il me voulait. Sur le trajet, ma gamine, que j'avais sur mes bras, a perdu sa chaussure, je ne m'en étais même pas aperçu tellement je pressais le pas. Mr Vannson a bien vu que j'étais effrayée, il a eu la gentillesse de me raccompagner jusqu'à la maison.
Quelques femmes gentilles m'ont aussi offert une fois ou deux leur quart de lait.
Mon mari qui était malade est allé jusqu'à Coravillers pour deux fromages qu'il avait troqués contre un paquet de tabac. Une fois revenu chez nous il a encore donné un morceau du fromage à sa mère qui n'avait rien non plus pour survivre.
C'est devenu trop dur pour nous et nous avons pris la décision de partir de là.
Heureusement, j'ai alors bénéficié de la bonté d'André et Marcelle Gauvain qui habitaient à Grandrupt. Ils nous ont acceptés avec eux.
Je me trouvais là-haut lorsque l'avion est venu s'encastrer dans la montagne, (Le 28/04/1944 - Ndr). Je n'ai pas voulu aller voir car c'était atroce à regarder, il paraît qu'il y avait des morceaux de corps un peu partout.
Je suis bien restée deux mois là-haut jusqu'à la nuit où les Allemands sont arrivés. Ils nous ont fait sortir de la maison. Nous avons été chassés de là dans la tenue où nous nous trouvions.
Les Allemands m'ont même confisqué mon landau en osier, pour transporter Mme Godet qui avait été blessée près de chez Gégout.
Avec les Gauvain, nous sommes allés trouver refuge un peu plus loin chez un nommé Jules Mauffrey. Nous sommes restés chez lui pendant deux ou trois jours. D'autres gens étaient aussi réfugiés chez eux, comme les Folkmann de Saulx.
Nous n'avions pas grand chose à manger, quand on cuisait des pommes de terre, on se demandait lequel d'entre nous s'en passerait car il n'y en avait pas assez.
Jules Mauffrey avait préparé sa cave avec de la paille. C'est là qu'on dormait.
Nous avons été également bombardés chez les Mauffrey, ce qui a fait que nous avons dû quitter aussi cette ferme. Nous sommes donc repartis, mon mari portant Odile, mon beau père portait Monique et moi j'étais enceinte.
La veille au soir, nous avions eu la visite de soldats allemands. L'un d'entre eux a vu qu'il y avait là des petits gosses, il nous a donné gentiment toutes ses provisions. « C'est pour vous, vous partagerez » nous a-t-il dit. Ils n'étaient pas tous mauvais, les Allemands.
En redescendant Lampiey, nous avons du enjamber des morts. J'ai reconnu l'Allemand qui nous avait laissé ses provisions la veille au soir. Il était facilement reconnaissable parce qu'il portait une écharpe blanche et noire autour du cou. Il avait été tué là, ça m'a fait vraiment mal au cœur.
Là j'ai vu des gens d'ici qui fouillaient les cadavres, peut être pour les identifier.
Nous sommes revenus aux Rochottes où j'ai logé les Gauvain pendant huit jours. Tout alentour de notre maison avaient été installés plusieurs canons par les Américains.
Une nuit, vers onze heures nous avons été réveillés par les soldats qui quittaient notre grenier. Ça tirait de partout. Notre maison a été prise pour cible par les Allemands. Quelques minutes plus tard une formidable explosion a renversé notre lit, nous avons été projetés contre le mur, le plafond nous est tombé dessus. Ma gamine, Monique âgée de quelques semaines a été projetée également et a été ensevelie sous les gravats. Le temps que je reprenne mes esprits et que je la retrouve a fait qu'elle a été choquée. Elle ne s'est jamais remise de cette explosion et est morte au mois de novembre, alors qu'elle n'avait que trois mois.
J'avais caché mes bijoux, un christ en pendentif qui m'avait été offert par ma mère, ainsi qu’une petite montre et une médaille, dans une petite boîte. Je l'avais cachée sur le rebord de fenêtre au grenier. Je n'ai jamais retrouvé mes bijoux.
Dans les mêmes moments, un jour où j'étais allée chercher du lait chez Mr et Mme Cuney, j’ai glissé sur l’herbe, sur le chemin du retour. Comme j'étais prête à accoucher, j'ai fait une hémorragie.
C’est le peintre Ernest Broggi qui est allé chercher mon homme qui travaillait à l'usine du Pont de Lette. Mon homme voulait aller chercher la sage femme mais en cours de route il a été retardé par les Allemands qui l'ont contrôlé. Quand ils sont arrivés, c’était trop tard, j'avais perdu ma gamine.
Vous savez pendant la guerre, j'ai eu bien du mal. J'ai pleuré bien des fois, j'ai eu bien des malheurs.
Je ne peux pas oublier les mauvais moments que j'ai traversés, mais je ne pourrais jamais oublier non plus tous ces gens qui m'ont fait du bien. Souvent je pense à eux.
C'est mon frère Paul qui est allé déminer le Pont de Lonchamp avec le fils Didierlaurent, un de ses copains. Il n'avait peur de rien. Il a eu de la chance, les Allemands sont passés juste à côté de lui sans le voir.
Dans ces jours-là, nous avons vécu un peu dans les caves. Nous dormions dans la cave de chez Julia Andreux.
Les Allemands entraient dans toutes les maisons comme s'ils étaient chez eux. Ils nous ont questionnés, ils voulaient tout savoir. Ils piquaient dans le foin pour voir si personne ne s'y cachait. Il a fallu qu'on donne un litre de lait tous les jours à un gradé allemand.
Ma mère est morte de fatigue le 02 mars 1941 à l'âge de 54 ans. Mon père était déjà décédé depuis une dizaine d'années.
Je me suis mariée à Gaston Parmentier le 16 avril 1941. Nous sommes venus vivre dans la petite maison Thiery à la Roche au bord de la route. Mais à cet endroit la cheminée ne fonctionnait plus et mon mari avait besoin d'être au chaud. Il était malade, il avait une maladie au foie du fait que ses parents n'avaient pas eu les moyens de le nourrir correctement. Précédemment il ne mangeait que des boîtes de sardines et du saucisson, il a fallut qu'il se mette en ménage avec moi pour manger des légumes.
Alors on a déménagé pour aller dans une maison, sur les roches près du collège de Rupt maintenant, appelé le château Soufranc à l'époque-là. Un mois après, mon mari entrait à l'hôpital à Remiremont. Je partais tous les samedis pour le voir là-bas. Un soir, en revenant à la maison, je me suis aperçue qu'il avait gelé. C'était humide aux Rochottes, il y a de l'eau partout la bas. J'avais fait mes provisions pour l'hiver alors je suis tout de suite allée voir mes patates. Toutes avaient gelé, elles étaient fichues.
Une fois revenu à la maison, mon mari a attrapé la scarlatine. Il fallait que je le soigne! Il a fallu aussi que je trouve un autre hébergement pendant quinze jours et pour ne pas que ma gamine et moi même soyons contaminées. Je venais de perdre ma première gamine, née en janvier 1942 qui est morte de la maladie bleue.
Comme personne ne fumait chez nous, je laissais mes tickets de tabac au boulanger Salgébert, contre une miche de pain.
Fin 1943, je me suis retrouvée sans aucun sou, à ne plus pouvoir acheter, ne serait ce qu'un bout de pain. Un jour j'ai eu la visite du curé Grandhomme, il aimait mon mari car lorsqu'il était vaillant c'était lui qui allait faire le jardin du prêtre. Ce jour- là, Monsieur le curé était venu rendre visite à mon homme qui était au lit. Ma gamine est venue en pleurant en disant: « J'ai faim maman, je pourrais avoir un petit bout de pain? ». Le curé s'est étonné que je ne donne rien à ma gamine alors je lui ai dit que je n'avais plus un sou.
Il m'a demandé: « Mais votre mari ne touche pas ses demi-journées? ».
Je lui ai répondu que ça faisait plus de six mois que je ne touchais plus aucun argent de la Sécurité Sociale. La sécu avait égaré le dossier de mon mari.
Quand il a su ça, il m'a dit qu'il viendrait surveiller mon mari et mes gamines le lendemain de façon à ce que puisse aller toucher mes sous.
Bien sûr la sécu ne m'a pas donné mes sous tout de suite puisqu'il ne retrouvait plus mon dossier. De retour à la maison, le curé m'a dit qu'il allait à la mairie pour me procurer un bon. J'ai pu toucher ainsi un bon de mille francs. Le curé Grandhomme a dit également qu'il fallait que mon mari prenne un peu l'air, que ça lui ferait du bien. Il nous a payé une partie de nos places pour assister à une sortie qui était organisée quelques jours plus tard par la chorale de Rupt. Nous avons assisté à cette sortie mais une femme nous a mouchardés auprès du maire en disant que pour des nécessiteux, nous avions bien de l'argent à dépenser pour des voyages.
Le samedi qui suivait, je suis allée faire des courses au marché du village. J'ai vu que j'étais suivie par un conseiller municipal qui regardait ce que j'achetais. Le surlendemain, le garde champêtre est venu à la maison: « J'ai une mauvaise nouvelle, on vous supprime votre aide » m'a-t-il dit. Je suis allée voir le curé Grandhomme qui mettait en place l'abbé Aubin lequel venait prendre la place à Rupt. Je lui ai dit que je lui rendais l'argent de la mairie parce que des gens me reprochaient d'avoir été en voyage. Je lui ai dit que j'en voulais plus et que je me débrouillerais autrement.
L'abbé Grandhomme est allé voir le maire pour expliquer ma situation. L'aide m'a à nouveau été accordée mais je n'en ai plus voulu.
Avec les réquisitions, il y a eu de moins en moins de lait, jusqu'à ce que je n'en trouve plus une goute pour ma gamine, Odile née en juillet. On ne voulait ou ne pouvait plus m'en vendre. J'en ai quémandé un peu partout pour donner à mes gosses.
Une fois alors que je me rendais chez Vannson pour aller chercher du lait, j'ai été suivie par un Allemand, il voulait probablement savoir ce que je faisais. J'ai eu peur, je me demandais ce qu'il me voulait. Sur le trajet, ma gamine, que j'avais sur mes bras, a perdu sa chaussure, je ne m'en étais même pas aperçu tellement je pressais le pas. Mr Vannson a bien vu que j'étais effrayée, il a eu la gentillesse de me raccompagner jusqu'à la maison.
Quelques femmes gentilles m'ont aussi offert une fois ou deux leur quart de lait.
Mon mari qui était malade est allé jusqu'à Coravillers pour deux fromages qu'il avait troqués contre un paquet de tabac. Une fois revenu chez nous il a encore donné un morceau du fromage à sa mère qui n'avait rien non plus pour survivre.
C'est devenu trop dur pour nous et nous avons pris la décision de partir de là.
Heureusement, j'ai alors bénéficié de la bonté d'André et Marcelle Gauvain qui habitaient à Grandrupt. Ils nous ont acceptés avec eux.
Je me trouvais là-haut lorsque l'avion est venu s'encastrer dans la montagne, (Le 28/04/1944 - Ndr). Je n'ai pas voulu aller voir car c'était atroce à regarder, il paraît qu'il y avait des morceaux de corps un peu partout.
Je suis bien restée deux mois là-haut jusqu'à la nuit où les Allemands sont arrivés. Ils nous ont fait sortir de la maison. Nous avons été chassés de là dans la tenue où nous nous trouvions.
Les Allemands m'ont même confisqué mon landau en osier, pour transporter Mme Godet qui avait été blessée près de chez Gégout.
Avec les Gauvain, nous sommes allés trouver refuge un peu plus loin chez un nommé Jules Mauffrey. Nous sommes restés chez lui pendant deux ou trois jours. D'autres gens étaient aussi réfugiés chez eux, comme les Folkmann de Saulx.
Nous n'avions pas grand chose à manger, quand on cuisait des pommes de terre, on se demandait lequel d'entre nous s'en passerait car il n'y en avait pas assez.
Jules Mauffrey avait préparé sa cave avec de la paille. C'est là qu'on dormait.
Nous avons été également bombardés chez les Mauffrey, ce qui a fait que nous avons dû quitter aussi cette ferme. Nous sommes donc repartis, mon mari portant Odile, mon beau père portait Monique et moi j'étais enceinte.
La veille au soir, nous avions eu la visite de soldats allemands. L'un d'entre eux a vu qu'il y avait là des petits gosses, il nous a donné gentiment toutes ses provisions. « C'est pour vous, vous partagerez » nous a-t-il dit. Ils n'étaient pas tous mauvais, les Allemands.
En redescendant Lampiey, nous avons du enjamber des morts. J'ai reconnu l'Allemand qui nous avait laissé ses provisions la veille au soir. Il était facilement reconnaissable parce qu'il portait une écharpe blanche et noire autour du cou. Il avait été tué là, ça m'a fait vraiment mal au cœur.
Là j'ai vu des gens d'ici qui fouillaient les cadavres, peut être pour les identifier.
Nous sommes revenus aux Rochottes où j'ai logé les Gauvain pendant huit jours. Tout alentour de notre maison avaient été installés plusieurs canons par les Américains.
Une nuit, vers onze heures nous avons été réveillés par les soldats qui quittaient notre grenier. Ça tirait de partout. Notre maison a été prise pour cible par les Allemands. Quelques minutes plus tard une formidable explosion a renversé notre lit, nous avons été projetés contre le mur, le plafond nous est tombé dessus. Ma gamine, Monique âgée de quelques semaines a été projetée également et a été ensevelie sous les gravats. Le temps que je reprenne mes esprits et que je la retrouve a fait qu'elle a été choquée. Elle ne s'est jamais remise de cette explosion et est morte au mois de novembre, alors qu'elle n'avait que trois mois.
J'avais caché mes bijoux, un christ en pendentif qui m'avait été offert par ma mère, ainsi qu’une petite montre et une médaille, dans une petite boîte. Je l'avais cachée sur le rebord de fenêtre au grenier. Je n'ai jamais retrouvé mes bijoux.
Dans les mêmes moments, un jour où j'étais allée chercher du lait chez Mr et Mme Cuney, j’ai glissé sur l’herbe, sur le chemin du retour. Comme j'étais prête à accoucher, j'ai fait une hémorragie.
C’est le peintre Ernest Broggi qui est allé chercher mon homme qui travaillait à l'usine du Pont de Lette. Mon homme voulait aller chercher la sage femme mais en cours de route il a été retardé par les Allemands qui l'ont contrôlé. Quand ils sont arrivés, c’était trop tard, j'avais perdu ma gamine.
Vous savez pendant la guerre, j'ai eu bien du mal. J'ai pleuré bien des fois, j'ai eu bien des malheurs.
Je ne peux pas oublier les mauvais moments que j'ai traversés, mais je ne pourrais jamais oublier non plus tous ces gens qui m'ont fait du bien. Souvent je pense à eux.
yves philippe- MODERATEUR
- Nombre de messages : 2134
Ville : le Ménil
Age : 60
Points : 2755
Date d'inscription : 28/12/2010
yves philippe- MODERATEUR
- Nombre de messages : 2134
Ville : le Ménil
Age : 60
Points : 2755
Date d'inscription : 28/12/2010
Sujets similaires
» RUPT SUR MOSELLE - SOUVENIRS DE ROBERT PARMENTIER
» RUPT SUR MOSELLE - SOUVENIRS D'HUGUETTE REMY VVE GASTON FILLIEUX
» RUPT SUR MOSELLE - SOUVENIRS DE JEANNE PARMENTIER VVE ANDRÉ HINGRAY
» RUPT SUR MOSELLE - SOUVENIRS ANONYME
» RUPT SUR MOSELLE - SOUVENIRS DE FERNAND MAUFFREY
» RUPT SUR MOSELLE - SOUVENIRS D'HUGUETTE REMY VVE GASTON FILLIEUX
» RUPT SUR MOSELLE - SOUVENIRS DE JEANNE PARMENTIER VVE ANDRÉ HINGRAY
» RUPT SUR MOSELLE - SOUVENIRS ANONYME
» RUPT SUR MOSELLE - SOUVENIRS DE FERNAND MAUFFREY
FOREST :: VALLEE DE LA HAUTE MOSELLE, Rupt sur Moselle à Bussang :: "Recueil de témoignages sur le vécu sous la botte Allemande ( 39-45)
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum