RUPT SUR MOSELLE - SOUVENIRS DE ROBERT PARMENTIER
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FOREST :: VALLEE DE LA HAUTE MOSELLE, Rupt sur Moselle à Bussang :: "Recueil de témoignages sur le vécu sous la botte Allemande ( 39-45)
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RUPT SUR MOSELLE - SOUVENIRS DE ROBERT PARMENTIER
1939, je pars à l'armée, c'est l'année de mes vingt ans. En Juillet je reçois mon appel pour le service militaire. Je dois rejoindre en Octobre la Ligne Maginot près de Bitche (57). Préalablement j'avais obtenu mon certificat de préparation militaire (le B.P.M). Voyant peu d'avenir dans la reprise de la petite ferme de mes parents, je n'avais pas exclu de rester à l'armée. Je dirais aussi que l'année de mes 13 ans j'avais passé avec succès le concours des bourses mais on n'accordait pas cet avantage financier à un fils de paysan qui n'était propriétaire que de six hectares. Cela signifiait donc pour moi, plus de poursuite d'études.
1939, c'est également synonyme de déclaration de guerre de l'Allemagne à la France , début septembre exactement. Mon appel est reporté et c'est le 05 Juin 1940 que je suis appelé pour un service militaire et je dois rejoindre Roman Sur Isère dans la Drome (26).
Mais le 10 Mai 1940 les Allemands avaient envahis la Belgique, puis la France , contournant la ligne Maginot par le Nord. C'est la débâcle simultanée d'une partie de la population et de l'armée Française.
Paris est rapidement envahi, le Gouvernement Français, présidé par le Maréchal Pétain s'installe à Bordeaux.
Arrivé à Roman sur Isère, on commence par construire des baraquements en bois pour se loger. Par le jeu des alliances, l'Italie déclare à son tour la guerre à la France et envahit les Alpes.
Nous devons fuir vers le Sud, un train nous emmène sur Montpellier, Toulouse, Bordeaux, pour nous débarquer à Saintes , en Charente Maritime. Nous sommes là, installés de façon bien précaire dans un vieux moulin, à Taillebourg, banlieue de Saintes (17).
Dans les jours qui suivent notre arrivée, totalement désœuvrés, un après midi, nous promenant sur la route, nous croisons deux Allemands, à bord de leur side-car.
Ce n'était pas un signe encourageant de les voir si loin à l'intérieur. Nous sommes donc fait prisonniers quelques jours plus tard, le 18 Juin, jour de l'Appel du Général De Gaulle, lancé depuis la radio de Londres. Nous n'avons pas entendu cet appel, mais nous savions que la demande d'Armistice avait été faite par Pétain.
Les Allemands nous regroupent dans une prairie entourée de barbelés à Surgères (17), puis nous prenons à pieds la direction de La Jarne (17). Nos gradés sont séparés de nous et prennent la direction des camps en Allemagne. De notre côté, n'étant pas armés, nous sommes libérés en envoyés en Zone Libre.
Le 14 Juillet, le train nous conduit à Belves (24), Chef Lieu de canton de la Dordogne où nous dormons dans des séchoirs à tabacs, c'est toujours mieux qu'en plaine nature.
Totalement désœuvré, c'est là que j'ai appris à jouer au tarot. Je commence à faire mes premières armes au tarot où je bénéficie d'une chance insolente.
Plusieurs matins, je suis allé faucher du foin avec le propriétaire de notre abri. C'est là que j'ai fais « Chabrot » ce qui signifiait qu'on consommait au petit déjeuné une assiette de soupe qui contenait un verre de vin rouge.
Un jour, le capitaine fait passer un message, il recherchait un secrétaire. Je me rappelle que j'avais obtenu, suite à des cours de comptabilité et de sténo dactylo à Remiremont dans les années 38 -39, un diplôme pour ces deux disciplines.
Présentant ma candidature, elle est retenue et pendant quelques semaines me voilà secrétaire du Capitaine. Comme nous n'avions pas grand chose à faire, c'était mieux ainsi, d'autant que ma compétence en la matière était limitée.
Le 15 Septembre nous apprenons que nous devons rejoindre le département de l'Ain pour démarrer un chantier de jeunesse, nouvelle structure démarrée par l'Etat Français.
Nous traversons donc le massif central en train et arrivons à Thézilleu (01), à 1,000 mètres d'altitude. Nous sommes logés dans des abris de fortune, vieux hangars ou étables désaffectés.
On commence la construction de nos futurs campements, mais comme nous ne sommes pas charpentiers, ça n'avance pas vite. De plus le 15 Novembre, plus d'un mètre de neige s'abat sur nos futurs abris et les écrase. La neige persiste en longueur et nous passons notre temps à jouer au tarot.
Il m'arrive une lettre de maman, ce courrier ayant réussi à passer en zone interdite, à travers la ligne de démarcation. Elle m'apprend qu'un prisonnier Français travaille avec eux à la ferme et que ses parents, qui tiennent une ferme en Saône et Loire, seraient prêts à m'accueillir en permission. Je pars donc pour St Laurent en Brionnais ( 71).
Une nuit, à cet endroit, vers 02h00 du matin, on vient me réveiller. Le fils qui était prisonnier s'était évadé et venait d'arriver chez ses parents. Je fais donc sa connaissance alors qu'il est revêtu de mes propres habits.
Le 20 Janvier 1941 je suis libéré du chantier de jeunesse, avec comme point de chute, cette ferme de Saône et Loire, puisque les Vosges se trouvent en zone interdite.
Début Février, le mal du pays l'emporte sur la prudence et je décide de revenir à Rupt Sur Moselle. Je me souviens avoir passé la nuit près de St Claude (39) dans le Jura. Je passes la ligne entre deux rondes de patrouilles Allemandes et revient au pays.
Afin de régularisé ma situation dans les Vosges, une carte d'identité m'est attribuée par un service non officiel de Remiremont, mais lequel avait de vrai cachets.
Bien que les réunions soient interdites par l'occupant, nous mettons en place une équipe de J.A.C ( Jeunesse Agricole Chrétienne), avec des rencontres régulières.
Je me souviens d'une rencontre aux "Quatre Vents" à Ramonchamp, en présence de l'Evêque de St Dié et du Préfet du Département. La résistance est évoquée mais à mots couverts. Nous avions peu d'informations, les postes de radio étaient peu nombreux.
La famille Febvay du « Pré Daval » à Rupt Sur Moselle avait un poste de radio. Le père écoutait la radio de Londres et nous parlait de De Gaulle dont il était un farouche partisan.
Au moment de la débâcle en 40, il avait récupéré des armes laissées par les troupes en débâcle, des fusils et une mitraillette qu'il avait cachées et enterrées.
En Septembre 1944, je devais rejoindre le maquis de la « Piquante Pierre » situé entre La Bresse et Cornimont, avec Louis Courroy, futur Sénateur Maire de Rupt Sur Moselle.
Après une longue période de pluie, il faisait un soleil radieux le matin du départ. Ayant beaucoup de fourrage à faire, je n'ai pas voulu laisser mon père seul, lequel était perclus de rhumatismes, séquelles de ses quatre années de tranchées en 14-18.
C'est le lendemain de cette journée que le maquis de la « Piquante Pierre » a été attaqué avec de nombreux morts du côté des maquisards puisqu'en plus d'un combat meurtrier, ceux qui avaient été faits prisonniers ont été fusillés à "La Vierge", entre Cornimont et La Bresse.
Louis Courroy avait réussi à s'échapper, en aurait il été de même pour moi, je n'aurai jamais la réponse. Louis Courroy fut repris dans la forêt de "La Charmes" à Rupt Sur Moselle, d'où il parvient à s'échapper une nouvelle fois. Il se mettra par la suite à la disposition des Américains qui avaient mis leur PC dans l'Hôtel restaurant de ses parents .
Avec le débarquement de Normandie, les armes du père Febvay sont déterrées, nettoyées et graissées par notre équipe de J.A.C.
A l'approche des alliés, les Allemands avaient fait sauter les ponts sur la Moselle, à Maxonchamp, à Lépange, aux Meix, à Longchamp et Saulx. Seul le Pont de Lette avait été préservé.
Nous avons eu l'idée de le protéger en confiant la surveillance à Aimé Creusot, membre de notre équipe, lequel habitait à quelques centaines de mètres dans le coteau au dessus de ce pont.
Il avait bien la mitraillette du père Febvay que nous lui avions apportée nuitamment mais il n'avait ni balle ni chargeur. Nous prenons donc contact avec l'Adjudant de Gendarmerie Judlin, Chef de brigade à Rupt Sur Moselle, que nous savions proche de la résistance. L'Adjudant m'a apporté les deux chargeurs, à la ferme de mes parents à Longchamp (actuellement ferme Gigant – Ndr), à charge pour moi de les faire parvenir à Aimé Creusot.
L'après midi suivant, je chausse mes bottes, glissant dans chacune d'elles un chargeur entouré de chiffons. Mais après moins d'un kilomètre de marche, les chargeurs sont descendus sur mes chevilles, me rendant la marche pénible et chaque pas toujours plus douloureuse.
Mon itinéraire passant par la ferme Andreux actuellement habitée par Serge Bontemps, je rentre dans cette maison où plusieurs voisins parlaient des événements et de la libération proche.
Je demande à Madame Andreux, appelée aussi Marie Salfranc, de la voir à l'écart. Après lui avoir expliqué mon problème, elle me donne des chiffons avec lesquels j'emballe mieux mes chargeurs, protégeant ainsi mes chevilles douloureuses.
Je reprends ma route vers la maison Creusot. Il me reste un kilomètre à parcourir, mais devant passer devant la maison Perry, devenue Maillard, j'y constate, dans la cour de cette habitation, la présence d'une cuisine roulante allemande, autour de laquelle grouillent une dizaine de soldats allemands.
Je n'en menais pas large, je ne pouvais plus reculer sans attirer leur attention. Il m'a fallu presque jouer des coudes pour traverser cette cour et me rendre chez Aimé Creusot. Je pense que le remplissage de leur gamelle était la priorité du moment pour ces soldats, heureusement pour moi.
Aimé m'attendait, comme il avait un visiteur, il me fit entrer dans une chambre voisine où j'ai pu me libérer de mon chargement, une libération qui était encore bien plus psychologique que physique pour moi.
Tout compte fait les chargeurs n'ont jamais été utilisés et le pont n'a jamais sauté, les Allemands gardant peut être ce passage pour faciliter leur retraite.
Les Américains sont arrivés par la Haute Saône, entre le Fort de Rupt et le Col du mont de Fourche. Ils ont emprunté ce pont pour libérer Rupt et ont poursuivi les Allemands jusqu'à Rémanvillers, entre Ferdrupt et Ramonchamp. Les Allemands se sont ressaisis et il a fallut plus de deux mois de combats pour arriver dix kilomètres plus loin au Col de Bussang.
Après la libération, n'ayant pas fait mon service militaire, je reçoit un appel pour rejoindre un régiment à Nancy le 05 Juin 1945. Cette date là est celle que j'avais retenu pour mon mariage. J'obtins un sursis de dix jours. Entre temps j'avais fais un appel de sursis pour les travaux agricoles. Le 25 Juin je suis renvoyé dans mes foyers à ce titre pour trois mois. Le 20 Septembre, je me fais une méchante entorse en déchargeant un sac de pommes de terre et bénéficie d'un mois d'immobilité.
Ma femme étant enceinte, mon appel est encore différé et je bénéficie d'un nouveau sursis accordé aux futurs pères de famille. Ensuite de nouvelles disposition réglementaires annulent les appels sous les drapeaux et j'en profite aussi. J'ai donc du être mobilisé une bonne demi-douzaine de fois sans jamais avoir réellement été soldat. Pourtant, j'étais patriote !.
1939, c'est également synonyme de déclaration de guerre de l'Allemagne à la France , début septembre exactement. Mon appel est reporté et c'est le 05 Juin 1940 que je suis appelé pour un service militaire et je dois rejoindre Roman Sur Isère dans la Drome (26).
Mais le 10 Mai 1940 les Allemands avaient envahis la Belgique, puis la France , contournant la ligne Maginot par le Nord. C'est la débâcle simultanée d'une partie de la population et de l'armée Française.
Paris est rapidement envahi, le Gouvernement Français, présidé par le Maréchal Pétain s'installe à Bordeaux.
Arrivé à Roman sur Isère, on commence par construire des baraquements en bois pour se loger. Par le jeu des alliances, l'Italie déclare à son tour la guerre à la France et envahit les Alpes.
Nous devons fuir vers le Sud, un train nous emmène sur Montpellier, Toulouse, Bordeaux, pour nous débarquer à Saintes , en Charente Maritime. Nous sommes là, installés de façon bien précaire dans un vieux moulin, à Taillebourg, banlieue de Saintes (17).
Dans les jours qui suivent notre arrivée, totalement désœuvrés, un après midi, nous promenant sur la route, nous croisons deux Allemands, à bord de leur side-car.
Ce n'était pas un signe encourageant de les voir si loin à l'intérieur. Nous sommes donc fait prisonniers quelques jours plus tard, le 18 Juin, jour de l'Appel du Général De Gaulle, lancé depuis la radio de Londres. Nous n'avons pas entendu cet appel, mais nous savions que la demande d'Armistice avait été faite par Pétain.
Les Allemands nous regroupent dans une prairie entourée de barbelés à Surgères (17), puis nous prenons à pieds la direction de La Jarne (17). Nos gradés sont séparés de nous et prennent la direction des camps en Allemagne. De notre côté, n'étant pas armés, nous sommes libérés en envoyés en Zone Libre.
Le 14 Juillet, le train nous conduit à Belves (24), Chef Lieu de canton de la Dordogne où nous dormons dans des séchoirs à tabacs, c'est toujours mieux qu'en plaine nature.
Totalement désœuvré, c'est là que j'ai appris à jouer au tarot. Je commence à faire mes premières armes au tarot où je bénéficie d'une chance insolente.
Plusieurs matins, je suis allé faucher du foin avec le propriétaire de notre abri. C'est là que j'ai fais « Chabrot » ce qui signifiait qu'on consommait au petit déjeuné une assiette de soupe qui contenait un verre de vin rouge.
Un jour, le capitaine fait passer un message, il recherchait un secrétaire. Je me rappelle que j'avais obtenu, suite à des cours de comptabilité et de sténo dactylo à Remiremont dans les années 38 -39, un diplôme pour ces deux disciplines.
Présentant ma candidature, elle est retenue et pendant quelques semaines me voilà secrétaire du Capitaine. Comme nous n'avions pas grand chose à faire, c'était mieux ainsi, d'autant que ma compétence en la matière était limitée.
Le 15 Septembre nous apprenons que nous devons rejoindre le département de l'Ain pour démarrer un chantier de jeunesse, nouvelle structure démarrée par l'Etat Français.
Nous traversons donc le massif central en train et arrivons à Thézilleu (01), à 1,000 mètres d'altitude. Nous sommes logés dans des abris de fortune, vieux hangars ou étables désaffectés.
On commence la construction de nos futurs campements, mais comme nous ne sommes pas charpentiers, ça n'avance pas vite. De plus le 15 Novembre, plus d'un mètre de neige s'abat sur nos futurs abris et les écrase. La neige persiste en longueur et nous passons notre temps à jouer au tarot.
Il m'arrive une lettre de maman, ce courrier ayant réussi à passer en zone interdite, à travers la ligne de démarcation. Elle m'apprend qu'un prisonnier Français travaille avec eux à la ferme et que ses parents, qui tiennent une ferme en Saône et Loire, seraient prêts à m'accueillir en permission. Je pars donc pour St Laurent en Brionnais ( 71).
Une nuit, à cet endroit, vers 02h00 du matin, on vient me réveiller. Le fils qui était prisonnier s'était évadé et venait d'arriver chez ses parents. Je fais donc sa connaissance alors qu'il est revêtu de mes propres habits.
Le 20 Janvier 1941 je suis libéré du chantier de jeunesse, avec comme point de chute, cette ferme de Saône et Loire, puisque les Vosges se trouvent en zone interdite.
Début Février, le mal du pays l'emporte sur la prudence et je décide de revenir à Rupt Sur Moselle. Je me souviens avoir passé la nuit près de St Claude (39) dans le Jura. Je passes la ligne entre deux rondes de patrouilles Allemandes et revient au pays.
Afin de régularisé ma situation dans les Vosges, une carte d'identité m'est attribuée par un service non officiel de Remiremont, mais lequel avait de vrai cachets.
Bien que les réunions soient interdites par l'occupant, nous mettons en place une équipe de J.A.C ( Jeunesse Agricole Chrétienne), avec des rencontres régulières.
Je me souviens d'une rencontre aux "Quatre Vents" à Ramonchamp, en présence de l'Evêque de St Dié et du Préfet du Département. La résistance est évoquée mais à mots couverts. Nous avions peu d'informations, les postes de radio étaient peu nombreux.
La famille Febvay du « Pré Daval » à Rupt Sur Moselle avait un poste de radio. Le père écoutait la radio de Londres et nous parlait de De Gaulle dont il était un farouche partisan.
Au moment de la débâcle en 40, il avait récupéré des armes laissées par les troupes en débâcle, des fusils et une mitraillette qu'il avait cachées et enterrées.
En Septembre 1944, je devais rejoindre le maquis de la « Piquante Pierre » situé entre La Bresse et Cornimont, avec Louis Courroy, futur Sénateur Maire de Rupt Sur Moselle.
Après une longue période de pluie, il faisait un soleil radieux le matin du départ. Ayant beaucoup de fourrage à faire, je n'ai pas voulu laisser mon père seul, lequel était perclus de rhumatismes, séquelles de ses quatre années de tranchées en 14-18.
C'est le lendemain de cette journée que le maquis de la « Piquante Pierre » a été attaqué avec de nombreux morts du côté des maquisards puisqu'en plus d'un combat meurtrier, ceux qui avaient été faits prisonniers ont été fusillés à "La Vierge", entre Cornimont et La Bresse.
Louis Courroy avait réussi à s'échapper, en aurait il été de même pour moi, je n'aurai jamais la réponse. Louis Courroy fut repris dans la forêt de "La Charmes" à Rupt Sur Moselle, d'où il parvient à s'échapper une nouvelle fois. Il se mettra par la suite à la disposition des Américains qui avaient mis leur PC dans l'Hôtel restaurant de ses parents .
Avec le débarquement de Normandie, les armes du père Febvay sont déterrées, nettoyées et graissées par notre équipe de J.A.C.
A l'approche des alliés, les Allemands avaient fait sauter les ponts sur la Moselle, à Maxonchamp, à Lépange, aux Meix, à Longchamp et Saulx. Seul le Pont de Lette avait été préservé.
Nous avons eu l'idée de le protéger en confiant la surveillance à Aimé Creusot, membre de notre équipe, lequel habitait à quelques centaines de mètres dans le coteau au dessus de ce pont.
Il avait bien la mitraillette du père Febvay que nous lui avions apportée nuitamment mais il n'avait ni balle ni chargeur. Nous prenons donc contact avec l'Adjudant de Gendarmerie Judlin, Chef de brigade à Rupt Sur Moselle, que nous savions proche de la résistance. L'Adjudant m'a apporté les deux chargeurs, à la ferme de mes parents à Longchamp (actuellement ferme Gigant – Ndr), à charge pour moi de les faire parvenir à Aimé Creusot.
L'après midi suivant, je chausse mes bottes, glissant dans chacune d'elles un chargeur entouré de chiffons. Mais après moins d'un kilomètre de marche, les chargeurs sont descendus sur mes chevilles, me rendant la marche pénible et chaque pas toujours plus douloureuse.
Mon itinéraire passant par la ferme Andreux actuellement habitée par Serge Bontemps, je rentre dans cette maison où plusieurs voisins parlaient des événements et de la libération proche.
Je demande à Madame Andreux, appelée aussi Marie Salfranc, de la voir à l'écart. Après lui avoir expliqué mon problème, elle me donne des chiffons avec lesquels j'emballe mieux mes chargeurs, protégeant ainsi mes chevilles douloureuses.
Je reprends ma route vers la maison Creusot. Il me reste un kilomètre à parcourir, mais devant passer devant la maison Perry, devenue Maillard, j'y constate, dans la cour de cette habitation, la présence d'une cuisine roulante allemande, autour de laquelle grouillent une dizaine de soldats allemands.
Je n'en menais pas large, je ne pouvais plus reculer sans attirer leur attention. Il m'a fallu presque jouer des coudes pour traverser cette cour et me rendre chez Aimé Creusot. Je pense que le remplissage de leur gamelle était la priorité du moment pour ces soldats, heureusement pour moi.
Aimé m'attendait, comme il avait un visiteur, il me fit entrer dans une chambre voisine où j'ai pu me libérer de mon chargement, une libération qui était encore bien plus psychologique que physique pour moi.
Tout compte fait les chargeurs n'ont jamais été utilisés et le pont n'a jamais sauté, les Allemands gardant peut être ce passage pour faciliter leur retraite.
Les Américains sont arrivés par la Haute Saône, entre le Fort de Rupt et le Col du mont de Fourche. Ils ont emprunté ce pont pour libérer Rupt et ont poursuivi les Allemands jusqu'à Rémanvillers, entre Ferdrupt et Ramonchamp. Les Allemands se sont ressaisis et il a fallut plus de deux mois de combats pour arriver dix kilomètres plus loin au Col de Bussang.
Après la libération, n'ayant pas fait mon service militaire, je reçoit un appel pour rejoindre un régiment à Nancy le 05 Juin 1945. Cette date là est celle que j'avais retenu pour mon mariage. J'obtins un sursis de dix jours. Entre temps j'avais fais un appel de sursis pour les travaux agricoles. Le 25 Juin je suis renvoyé dans mes foyers à ce titre pour trois mois. Le 20 Septembre, je me fais une méchante entorse en déchargeant un sac de pommes de terre et bénéficie d'un mois d'immobilité.
Ma femme étant enceinte, mon appel est encore différé et je bénéficie d'un nouveau sursis accordé aux futurs pères de famille. Ensuite de nouvelles disposition réglementaires annulent les appels sous les drapeaux et j'en profite aussi. J'ai donc du être mobilisé une bonne demi-douzaine de fois sans jamais avoir réellement été soldat. Pourtant, j'étais patriote !.
yves philippe- MODERATEUR
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yves philippe- MODERATEUR
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Re: RUPT SUR MOSELLE - SOUVENIRS DE ROBERT PARMENTIER
Avez vous enregistré ce témoignage ?
Merci
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Re: RUPT SUR MOSELLE - SOUVENIRS DE ROBERT PARMENTIER
Bonjour
Effectivement, à l'époque je l'avais enregistré avec son autorisation sur magnétophone
le but étant de retranscrire fidèlement ses propos
à l'issue de quoi je suis retourné le voir pour qu'il valide ses mémoires
c'est le principe qui a été utilisé pour tous les témoins qui l'avaient accepté
cela permet aujourd'hui au lecteur d'être en communication directe avec celle ou celui qui a vécu l'évenement
Effectivement, à l'époque je l'avais enregistré avec son autorisation sur magnétophone
le but étant de retranscrire fidèlement ses propos
à l'issue de quoi je suis retourné le voir pour qu'il valide ses mémoires
c'est le principe qui a été utilisé pour tous les témoins qui l'avaient accepté
cela permet aujourd'hui au lecteur d'être en communication directe avec celle ou celui qui a vécu l'évenement
yves philippe- MODERATEUR
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