FERDRUPT - SOUVENIRS D'HENRI GEORGES
FOREST :: VALLEE DE LA HAUTE MOSELLE, Rupt sur Moselle à Bussang :: "Recueil de témoignages sur le vécu sous la botte Allemande ( 39-45)
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FERDRUPT - SOUVENIRS D'HENRI GEORGES
Je suis né le 23 avril 1924 à Ferdrupt.
La guerre m'a concerné dès l'âge de 16 ans puisque j'ai dû abandonner mon travail à l'usine, où j'avais un emploi depuis l'âge de 13 ans, pour aller travailler dans une ferme de la plaine des Vosges.
A Vomécourt Sur Madon, près de Charmes, il y avait une famille Maillard, qui avait une ferme et dont le père avait été fait prisonnier. Il n'y restait plus que la mère, les deux filles et le grand père.
J'avais été placé là pour travailler à la place du prisonnier.
Nous étions quatre jeunes de Ferdrupt à être allés dans ce secteur pour travailler.
En 1943, j'ai décidé de revenir à Ferdrupt. J'avais alors 19 ans. Mon grand frère, André, faisait partie des FFI. C'est comme ça que je me suis retrouvé au maquis de l'Ognon.
Ce maquis se trouvait dans une ferme, sur les hauteurs du château Lambert (Haute Saône), en limite avec la commune du Thillot.
Au maquis, on passait donc notre temps à nous entraîner discrètement.
Une fois, j'ai eu une patrouille allemande dans la ligne de mon fusil, mais les consignes étaient strictes, il ne fallait pas tirer pour ne pas se dévoiler.
Jusqu'au jour où une patrouille ennemie s'est montrée un peu plus curieuse, la consigne de dissoudre le maquis a été donnée.
Nous avions dû être vendus et deux ou trois jours après cette dissolution, les Boches ont brûlé la ferme où nous nous trouvions. Des jeunes de notre maquis, originaires de Haute Saône ont été tués un peu plus tard par les Allemands. Leurs noms figurent sur la stèle du monument du Poteau, sur les hauteurs de Ramonchamp.
A la fin du maquis, je me souviens être revenu à Ferdrupt avec mon brassard d'FFI, enroulé autour de mon pied, dans ma chaussette. Heureusement que je n'ai pas été contrôlé et fouillé.
Je me souviens de l'arrivée des Américains, lorsqu'ils se sont postés face à l'ennemi sur une ligne qui passait juste après le cimetière de Ferdrupt.
Ils ne sont restés à Ferdrupt que quelques jours. Dans ces jours là, j'avais entendu un gars qui criait assez loin dans la forêt derrière chez nous. Je suis allé voir et je suis tombé sur deux Allemands qui étaient grièvement blessés aux jambes. Ils ne pouvaient plus se déplacer. Il y avait un officier simplement armé d'un pistolet et un soldat sans arme.
Je suis revenu à la maison et on est reparti les chercher, à trois avec une charrette .Nous les avons redescendus au village et remis aux Américains.
Certains m'ont dit qu'à ma place ils auraient employé un moyen plus radical.
Lorsque les Américains ont été relevés par les Français, il s'est passé une chose étrange. Les Américains sont partis un soir et les Français ne sont arrivés que le lendemain matin. Il s'est donc passé au moins six heures où plus personne ne tenait la ligne de notre côté. Les Allemands auraient pu mettre à profit cette période pour reprendre du terrain.
Au petit matin, c'est moi qui ai montré la ligne à tenir aux Français. Je me souviens, qu'à un moment, nous étions un tout petit peu trop avancés et notre progression a été arrêtée par un tir allemand. Les Français ont donc eu la preuve qu'ils étaient arrivés au contact de la ligne ennemie.
Un samedi soir, j'ai conduit de nuit les Goumiers et leurs mulets depuis Ferdrupt jusqu'à la ferme de Morbieux, en passant sur le flanc Est de la colline. Arrivé là- haut j'ai été relayé par quelqu'un d'autre qui devait conduire cette troupe jusqu'à Saulxures.
C'est dans des circonstances identiques qu'un gars de RUPT a été tué au Col de Morbieux par les Allemands.
Un petit monument en sa mémoire a été érigé en bord de route, au col de Morbieux, en redescendant sur Saulxures.
A ce moment là, j'avais pensé repartir dans la ferme à Vomécourt sur Madon, mais la place avait été prise par un autre, alors je suis descendu à Epinal et me suis engagé pour la durée de la guerre. Certains s'étaient engagés sur place, dans la première armée comme on disait, mais moi je l'ai fait à EPINAL, je ne sais plus pourquoi.
Je me suis donc engagé le 16 novembre 1944. J'ai été affecté au 26ème d'infanterie à Epinal où j'ai fait trois mois de manœuvre. Ensuite nous sommes descendus sur Nancy où nous avons encore fait des manœuvres.
Ensuite notre régiment a été désigné pour aller en Allemagne.
Nous sommes passés par la Sarre et avons été le premier régiment français à entrer en Allemagne, c'était le 20 mars 1945, notre mission était de libérer les Français qui étaient fais prisonniers ou qui travaillaient dans les camps du STO.
Le plus fort que nous avons eu à faire était contre les unités Russes qui combattaient aux côtés des Allemands.
Une fois nos missions terminées, nous sommes revenus au pont de Kehl, à côté de Strasbourg (Bas Rhin), où nous gardions la frontière et le pont.
Ensuite, les unités qui étaient composées d'engagés pour la durée de la guerre, comme moi, ont été réorganisées.
Nous sommes revenus sur Lunéville ( Meurthe et Moselle).
Les engagés pour la durée de la guerre ont été démobilisés et les engagés pour trois ans ont été envoyés en Indochine.
A cette période là précisément, j'étais revenu en permission si bien que je n'ai pas été démobilisé. A mon retour à Lunéville, ils m'ont affecté au 30ème Chasseur et je suis reparti en Allemagne.
Maintenant, c'était nous qui occupions l'Allemagne.
Moi j'étais bien, j'étais affecté au CHR, la Compagnie Hors Rang. J'étais dans les bureaux, je faisais un peu tout, le vaguemestre par exemple. Nous étions postés à la jonction de l'Allemagne, du Luxembourg et de la France.
Je suis resté là jusqu'à ma démobilisation le 09 mai 1946.
Une anecdote amusante, en 1944, j'ai passé mon conseil de révision à Epinal , mais devant les Allemands. Je ne sais pas pourquoi, ce jour là, je tirais la jambe et ils ne m'ont pas pris.
La guerre m'a concerné dès l'âge de 16 ans puisque j'ai dû abandonner mon travail à l'usine, où j'avais un emploi depuis l'âge de 13 ans, pour aller travailler dans une ferme de la plaine des Vosges.
A Vomécourt Sur Madon, près de Charmes, il y avait une famille Maillard, qui avait une ferme et dont le père avait été fait prisonnier. Il n'y restait plus que la mère, les deux filles et le grand père.
J'avais été placé là pour travailler à la place du prisonnier.
Nous étions quatre jeunes de Ferdrupt à être allés dans ce secteur pour travailler.
En 1943, j'ai décidé de revenir à Ferdrupt. J'avais alors 19 ans. Mon grand frère, André, faisait partie des FFI. C'est comme ça que je me suis retrouvé au maquis de l'Ognon.
Ce maquis se trouvait dans une ferme, sur les hauteurs du château Lambert (Haute Saône), en limite avec la commune du Thillot.
Au maquis, on passait donc notre temps à nous entraîner discrètement.
Une fois, j'ai eu une patrouille allemande dans la ligne de mon fusil, mais les consignes étaient strictes, il ne fallait pas tirer pour ne pas se dévoiler.
Jusqu'au jour où une patrouille ennemie s'est montrée un peu plus curieuse, la consigne de dissoudre le maquis a été donnée.
Nous avions dû être vendus et deux ou trois jours après cette dissolution, les Boches ont brûlé la ferme où nous nous trouvions. Des jeunes de notre maquis, originaires de Haute Saône ont été tués un peu plus tard par les Allemands. Leurs noms figurent sur la stèle du monument du Poteau, sur les hauteurs de Ramonchamp.
A la fin du maquis, je me souviens être revenu à Ferdrupt avec mon brassard d'FFI, enroulé autour de mon pied, dans ma chaussette. Heureusement que je n'ai pas été contrôlé et fouillé.
Je me souviens de l'arrivée des Américains, lorsqu'ils se sont postés face à l'ennemi sur une ligne qui passait juste après le cimetière de Ferdrupt.
Ils ne sont restés à Ferdrupt que quelques jours. Dans ces jours là, j'avais entendu un gars qui criait assez loin dans la forêt derrière chez nous. Je suis allé voir et je suis tombé sur deux Allemands qui étaient grièvement blessés aux jambes. Ils ne pouvaient plus se déplacer. Il y avait un officier simplement armé d'un pistolet et un soldat sans arme.
Je suis revenu à la maison et on est reparti les chercher, à trois avec une charrette .Nous les avons redescendus au village et remis aux Américains.
Certains m'ont dit qu'à ma place ils auraient employé un moyen plus radical.
Lorsque les Américains ont été relevés par les Français, il s'est passé une chose étrange. Les Américains sont partis un soir et les Français ne sont arrivés que le lendemain matin. Il s'est donc passé au moins six heures où plus personne ne tenait la ligne de notre côté. Les Allemands auraient pu mettre à profit cette période pour reprendre du terrain.
Au petit matin, c'est moi qui ai montré la ligne à tenir aux Français. Je me souviens, qu'à un moment, nous étions un tout petit peu trop avancés et notre progression a été arrêtée par un tir allemand. Les Français ont donc eu la preuve qu'ils étaient arrivés au contact de la ligne ennemie.
Un samedi soir, j'ai conduit de nuit les Goumiers et leurs mulets depuis Ferdrupt jusqu'à la ferme de Morbieux, en passant sur le flanc Est de la colline. Arrivé là- haut j'ai été relayé par quelqu'un d'autre qui devait conduire cette troupe jusqu'à Saulxures.
C'est dans des circonstances identiques qu'un gars de RUPT a été tué au Col de Morbieux par les Allemands.
Un petit monument en sa mémoire a été érigé en bord de route, au col de Morbieux, en redescendant sur Saulxures.
A ce moment là, j'avais pensé repartir dans la ferme à Vomécourt sur Madon, mais la place avait été prise par un autre, alors je suis descendu à Epinal et me suis engagé pour la durée de la guerre. Certains s'étaient engagés sur place, dans la première armée comme on disait, mais moi je l'ai fait à EPINAL, je ne sais plus pourquoi.
Je me suis donc engagé le 16 novembre 1944. J'ai été affecté au 26ème d'infanterie à Epinal où j'ai fait trois mois de manœuvre. Ensuite nous sommes descendus sur Nancy où nous avons encore fait des manœuvres.
Ensuite notre régiment a été désigné pour aller en Allemagne.
Nous sommes passés par la Sarre et avons été le premier régiment français à entrer en Allemagne, c'était le 20 mars 1945, notre mission était de libérer les Français qui étaient fais prisonniers ou qui travaillaient dans les camps du STO.
Le plus fort que nous avons eu à faire était contre les unités Russes qui combattaient aux côtés des Allemands.
Une fois nos missions terminées, nous sommes revenus au pont de Kehl, à côté de Strasbourg (Bas Rhin), où nous gardions la frontière et le pont.
Ensuite, les unités qui étaient composées d'engagés pour la durée de la guerre, comme moi, ont été réorganisées.
Nous sommes revenus sur Lunéville ( Meurthe et Moselle).
Les engagés pour la durée de la guerre ont été démobilisés et les engagés pour trois ans ont été envoyés en Indochine.
A cette période là précisément, j'étais revenu en permission si bien que je n'ai pas été démobilisé. A mon retour à Lunéville, ils m'ont affecté au 30ème Chasseur et je suis reparti en Allemagne.
Maintenant, c'était nous qui occupions l'Allemagne.
Moi j'étais bien, j'étais affecté au CHR, la Compagnie Hors Rang. J'étais dans les bureaux, je faisais un peu tout, le vaguemestre par exemple. Nous étions postés à la jonction de l'Allemagne, du Luxembourg et de la France.
Je suis resté là jusqu'à ma démobilisation le 09 mai 1946.
Une anecdote amusante, en 1944, j'ai passé mon conseil de révision à Epinal , mais devant les Allemands. Je ne sais pas pourquoi, ce jour là, je tirais la jambe et ils ne m'ont pas pris.
yves philippe- MODERATEUR
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Date d'inscription : 28/12/2010
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