LE MENIL - SOUVENIR DE GASTON WENTZER
FOREST :: VALLEE DE LA HAUTE MOSELLE, Rupt sur Moselle à Bussang :: "Recueil de témoignages sur le vécu sous la botte Allemande ( 39-45)
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LE MENIL - SOUVENIR DE GASTON WENTZER
Je suis de la classe 35 et suis parti au régiment en Novembre 1936. J'ai fait mes classes à Dommartin Les Toul (54) au service des Armées du 128 ème Régiment de Train.
Il y avait là deux compagnies. Après les classes nous avons été éparpillés un peu partout, sur Epinal, sur Nancy, moi j'ai été affecté au 23 ème C.O.A ( Commis – Ouvrier – Administration), étant donné que dans le civil j'étais boulanger.
Je me suis retrouvé à la manutention à Morhange, en Moselle
J'ai attrapé là une pleurésie, ce qui m'a valu de passer le conseil de réforme et d'être réformé temporaire. J'ai donc été renvoyé dans mes foyers en convalescence.
J'ai repris mon travail de boulanger. Durant la guerre je n'ai pas été rappelé du fait de ma maladie, mais par deux fois j'ai réussi à ne pas partir pour le STO, où j'étais désigné.
Par contre la troisième fois, le 9 Avril 1943, il a bien fallu que je me rende à cette convocation. Nous avons été conduits dans un premier temps place Edmond Henry à Epinal où nous avons été parqués comme des moutons. Ce n'est pas une image, les Allemands nous ont mis dans un enclos et nous ont confisqué nos papiers.
Nous sommes partis par le train et nous sommes retrouvés à Cherbourg-Octeville (Manche), dans ce que les Allemands avaient rebaptisé la caserne Schneider.
Là nous avons construit des baraquements où nous étions entassés comme des sardines.
Les toilettes étaient une simple rigole creusée dans la terre. On faisait dedans et on rebouchait. Quand la rigole était entièrement rebouchée, on en refaisait une autre à côté.
Bien que le travail n'était pas pénible, je n'avais qu'une seule envie, celle de quitter ce lieu.
Comme j'avais été victime d'une pleurésie, j'ai essayé de me faire réformer, mais le médecin m'a seulement mis « ouvrier à ménager », ce n'était pas vraiment ce que j'attendais.
Au mois de Juillet j'ai pu revenir en permission.
J'avais un cousin Rue de Rambuteau sur Paris, il m'avait loué une petite pièce, qui ressemblait plus à un placard à balais, lequel devait lui coûter 3f50 par mois, mais qui me permettait d'y avoir une adresse. Le problème étant que je n'avais plus aucune pièce d'identité, juste un Ausweis, il a donc fallu que je réintègre le camp de Cherbourg.
Lors de ce premier départ en permission, j'avais remarqué, en rendant mes couvertures, la présence d'un gros classeur qui contenait nos pièces d'identité.
Un peu plus tard, en septembre j'ai invoqué je ne sais plus quelle histoire, peut être un problème de famille, pour revenir à nouveau en permission, laquelle m'a été accordée.
Comme précédemment, j'ai rendu mes couvertures et tandis que le chef de camp était parti quelques secondes avec mon couchage, j'ai plongé la main dans le classeur qui contenait les pièces d'identité.
Je n'avais aucune chance de tomber sur mes papiers bien sûr, et je n'avais pas le temps de les trier. J'ai tiré des papiers au hasard et vous me croirez si vous voulez, je suis tombé sur les miens.
Vous pouvez me croire que je n'ai pas trainé et j'ai vite pris la direction de la gare. Chemin faisant il y eu une attaque anglaise à la mitrailleuse lourde suite à la présence du Gneisenau, un croiseur de bataille allemand, de peut être 50.000 tonnes, qui était en cale au Port de Cherbourg.
Sous les rafales, j'ai été happé par deux religieuses qui m'ont conduit dans un abri. Un homme qui se trouvait à côté de moi a eu une oreille sectionnée par un éclat.
Cet événement m'a fait louper mon train, alors j'en ai pris un autre qui transportait des chars. J'aurais très bien pu être contrôlé mais ça s'est bien passé.
Je me suis retrouvé à 2 heures du matin à la gare des Batignoles à Paris et ai pris un café dans un bar de Rambuteau où j'ai croisé la chanteuse Fréhél qui y avait ses habitudes et qui y buvait un verre de blanc. Ensuite je suis allé au 50 de la Rue Rambuteau chez mon cousin.
Comme mon absence avait été signalée, les Allemands se sont présentés au moins une douzaine de fois chez mes parents au Ménil. Entre temps, un gars de Saulxures sur Moselotte qui avait entendu à la radio que Cherbourg avait été mitraillé a fait courir le bruit que j'y avais trouvé la mort. Évidemment cette rumeur est arrivée aux oreilles de ma famille, qui l'a crue.
J'ai fini par revenir au Ménil où je ne me suis pas vraiment caché mais je restais vigilant. Je ne dormais pas toujours chez moi. Une fois durant l'été 44, alors que je dormais à « la ferme de la commune » au Ménil, avec Coco Camile Odile, qui se cachait lui aussi, je me suis réveillé vers 06h00 du matin.
De là, j'ai vu que trois cars d'Allemands encerclaient notre maison, que j'apercevais un peu plus bas. Les Boches me cherchaient toujours!
Par deux fois tout de même j'ai été contrôlé par une patrouille d'Allemands, heureusement que ceux-là ne savaient pas que j'étais recherché, une de ces deux fois j'ai bien cru que je devrais me servir du pistolet que je dissimulais toujours sur moi.
Je n'ai pas pris le maquis, mais je l'ai plutôt ravitaillé. Comme j'avais repris mon travail de boulanger sur Saulxures Sur Moselotte, par l'intermédiaire d'amis, je récupérais de la viande que je remettais à Roland Claudel, lequel était Chef de trentaine au Maquis de la Piquante Pierre.
Mon frère qui était deux ans plus jeune que moi est parti durant sept ans puisqu'il avait été fait prisonnier. Il s'était retrouvé en Silésie.
Il y avait là deux compagnies. Après les classes nous avons été éparpillés un peu partout, sur Epinal, sur Nancy, moi j'ai été affecté au 23 ème C.O.A ( Commis – Ouvrier – Administration), étant donné que dans le civil j'étais boulanger.
Je me suis retrouvé à la manutention à Morhange, en Moselle
J'ai attrapé là une pleurésie, ce qui m'a valu de passer le conseil de réforme et d'être réformé temporaire. J'ai donc été renvoyé dans mes foyers en convalescence.
J'ai repris mon travail de boulanger. Durant la guerre je n'ai pas été rappelé du fait de ma maladie, mais par deux fois j'ai réussi à ne pas partir pour le STO, où j'étais désigné.
Par contre la troisième fois, le 9 Avril 1943, il a bien fallu que je me rende à cette convocation. Nous avons été conduits dans un premier temps place Edmond Henry à Epinal où nous avons été parqués comme des moutons. Ce n'est pas une image, les Allemands nous ont mis dans un enclos et nous ont confisqué nos papiers.
Nous sommes partis par le train et nous sommes retrouvés à Cherbourg-Octeville (Manche), dans ce que les Allemands avaient rebaptisé la caserne Schneider.
Là nous avons construit des baraquements où nous étions entassés comme des sardines.
Les toilettes étaient une simple rigole creusée dans la terre. On faisait dedans et on rebouchait. Quand la rigole était entièrement rebouchée, on en refaisait une autre à côté.
Bien que le travail n'était pas pénible, je n'avais qu'une seule envie, celle de quitter ce lieu.
Comme j'avais été victime d'une pleurésie, j'ai essayé de me faire réformer, mais le médecin m'a seulement mis « ouvrier à ménager », ce n'était pas vraiment ce que j'attendais.
Au mois de Juillet j'ai pu revenir en permission.
J'avais un cousin Rue de Rambuteau sur Paris, il m'avait loué une petite pièce, qui ressemblait plus à un placard à balais, lequel devait lui coûter 3f50 par mois, mais qui me permettait d'y avoir une adresse. Le problème étant que je n'avais plus aucune pièce d'identité, juste un Ausweis, il a donc fallu que je réintègre le camp de Cherbourg.
Lors de ce premier départ en permission, j'avais remarqué, en rendant mes couvertures, la présence d'un gros classeur qui contenait nos pièces d'identité.
Un peu plus tard, en septembre j'ai invoqué je ne sais plus quelle histoire, peut être un problème de famille, pour revenir à nouveau en permission, laquelle m'a été accordée.
Comme précédemment, j'ai rendu mes couvertures et tandis que le chef de camp était parti quelques secondes avec mon couchage, j'ai plongé la main dans le classeur qui contenait les pièces d'identité.
Je n'avais aucune chance de tomber sur mes papiers bien sûr, et je n'avais pas le temps de les trier. J'ai tiré des papiers au hasard et vous me croirez si vous voulez, je suis tombé sur les miens.
Vous pouvez me croire que je n'ai pas trainé et j'ai vite pris la direction de la gare. Chemin faisant il y eu une attaque anglaise à la mitrailleuse lourde suite à la présence du Gneisenau, un croiseur de bataille allemand, de peut être 50.000 tonnes, qui était en cale au Port de Cherbourg.
Sous les rafales, j'ai été happé par deux religieuses qui m'ont conduit dans un abri. Un homme qui se trouvait à côté de moi a eu une oreille sectionnée par un éclat.
Cet événement m'a fait louper mon train, alors j'en ai pris un autre qui transportait des chars. J'aurais très bien pu être contrôlé mais ça s'est bien passé.
Je me suis retrouvé à 2 heures du matin à la gare des Batignoles à Paris et ai pris un café dans un bar de Rambuteau où j'ai croisé la chanteuse Fréhél qui y avait ses habitudes et qui y buvait un verre de blanc. Ensuite je suis allé au 50 de la Rue Rambuteau chez mon cousin.
Comme mon absence avait été signalée, les Allemands se sont présentés au moins une douzaine de fois chez mes parents au Ménil. Entre temps, un gars de Saulxures sur Moselotte qui avait entendu à la radio que Cherbourg avait été mitraillé a fait courir le bruit que j'y avais trouvé la mort. Évidemment cette rumeur est arrivée aux oreilles de ma famille, qui l'a crue.
J'ai fini par revenir au Ménil où je ne me suis pas vraiment caché mais je restais vigilant. Je ne dormais pas toujours chez moi. Une fois durant l'été 44, alors que je dormais à « la ferme de la commune » au Ménil, avec Coco Camile Odile, qui se cachait lui aussi, je me suis réveillé vers 06h00 du matin.
De là, j'ai vu que trois cars d'Allemands encerclaient notre maison, que j'apercevais un peu plus bas. Les Boches me cherchaient toujours!
Par deux fois tout de même j'ai été contrôlé par une patrouille d'Allemands, heureusement que ceux-là ne savaient pas que j'étais recherché, une de ces deux fois j'ai bien cru que je devrais me servir du pistolet que je dissimulais toujours sur moi.
Je n'ai pas pris le maquis, mais je l'ai plutôt ravitaillé. Comme j'avais repris mon travail de boulanger sur Saulxures Sur Moselotte, par l'intermédiaire d'amis, je récupérais de la viande que je remettais à Roland Claudel, lequel était Chef de trentaine au Maquis de la Piquante Pierre.
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yves philippe- MODERATEUR
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Ville : le Ménil
Age : 60
Points : 2755
Date d'inscription : 28/12/2010
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