SAINT MAURICE SUR MOSELLE - SOUVENIRS DE FERNAND BELLITO
FOREST :: VALLEE DE LA HAUTE MOSELLE, Rupt sur Moselle à Bussang :: "Recueil de témoignages sur le vécu sous la botte Allemande ( 39-45)
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SAINT MAURICE SUR MOSELLE - SOUVENIRS DE FERNAND BELLITO
Je suis né en Août 1917 à Claut, dans la région de Venise, en Italie. Je suis venu en France à l'âge de dix ans, donc en 1927.Je me suis fais naturaliser Français en 1934. En 1937, j'ai reçu des papiers venant d'Italie lesquels m'informaient que je devais aller faire mon service militaire là-bas. J'ai fait savoir à l'administration italienne que j'étais dorénavant Français et les choses se sont régularisées.
J'ai passé visite au Thillot et j'ai été incorporé au 33 ème R.A.N.A d'Epinal, le 1er Septembre 1938.
C'était un régiment d'assaut. Il comprenait des gars qui venaient de nos dépendances françaises d'Afrique du Nord. Nous étions équipés de canons de 75, motorisés au crottin de cheval, puisqu'ils étaient simplement tirés par des chevaux. Des mulets portaient également une partie des équipements
Notre mission était de faire des tirs d'artillerie et de changer de place sitôt après.
A l'approche de la guerre nous avons été placés sur la ligne Maginot, dans la région de Munster en Alsace. Lorsque les Allemands ont envahi la France, nous nous sommes repliés sur Montluçon dans l'Allier.
La ligne de démarcation a été mise en place, donc je suis resté mobilisé en France Libre.
Nous étions toujours soldats mais on nous employait à réparer les lignes de chemin de fer qui subissaient de gros dommages. Cette affaire a duré jusqu'à la fin de mon engagement de deux ans et je suis revenu à Saint Maurice à la fin du mois d'août 1940.
Je me souviens avoir passé la ligne de démarcation, dans le secteur d'Arbois dans le Jura.
A Saint Maurice, j'ai repris mon travail à la filature des Charbonniers tenu par Michel Georges, le père de Jacques Georges.
Comme toute la population, j'ai dû me plier aux réquisitions et à la réglementation imposée par l'occupant. Tous les postes de radio avaient été confisqués et déposés chez Vuillemin, l'ancien garage Citroën.
Quelque temps plus tard, je me suis retrouvé sur une liste pour aller travailler en Allemagne. Ils m'ont envoyé à Sarrebruck, ce territoire Allemand qui était revenu sous protectorat Français suite à la défaite de l'Allemagne en 14-18, et que les Allemands avaient ré-annexé en 1940.
A cet endroit, je travaillais dans la plus grosse fonderie de France. Le travail était pénible et j'ai attrapé une broncho-pneumonie. J'ai donc été hospitalisé dans un état grave et ai eu la chance qu'on me renvoie chez moi pour raison de santé.
Je n'ai rien à dire contre les Allemands, au contraire. Il s'agissait de gens bien sympathiques, ils étaient victimes de la guerre, tout comme nous. Tous les dimanches, j'allais manger dans une famille allemande. Elle était désolée d'avoir un fils qui était fier de porter le brassard de la croix gammée. Ils en avaient honte même.
J'ai refait des petits travaux sur St Maurice et de temps en temps, comme bien d'autres, j'ai dû aller travailler pour les Boches à faire des tranchées.
Sur Saint Maurice, il y avait trois lignes de tranchées anti-chars, séparées entre elles de trois cents mètres environ. Ces ouvrages donnent une idée du volume de personnel requis pour les façonner. Autant dire que je n'étais pas tout seul à y travailler. Deux Allemands bien armés commandaient peut être 80 personnes qui étaient simplement équipées de pelles et de pics. D'ailleurs un des chefs allemands était en fait un Français qui venait de Paris.
A Saint Maurice, la Kommandantur se trouvait dans le château de Michel Georges, là où est implantée la pharmacie actuelle.
Un poste de surveillance avait été mis en haut de ce bâtiment et le Parisien surveillait les allées et venues aux deux bureaux de tabac qui se trouvaient à proximité, ce qui leur donnait des indications sur un volume d'hommes susceptible de se trouver sur St Maurice.
Il n'y a pas eu de véritable combats sur St Maurice, seulement quelques escarmouches, par contre on a vu des combats aériens. Plusieurs avions sont tombés sur le secteur. Un avion allemand a été abattu par l'aviation française et s'est crashé à la Goutte du Rieux. Le pilote avait brûlé avec l'appareil. Après que les Allemands soient passés nous sommes allés voir là- haut. Il y avait encore les pieds du pilote dans les souliers qu'on avait retrouvés.
Plus tard, dans les premiers jours d'octobre 1944, tous les hommes du village ont été rassemblés sur la place de la mairie. Une liste de noms a été égrenée par un officier allemand. Les gens appelés ont été mis de côté et envoyés en Allemagne.
Le curé du village faisait partie de la liste mais le maire de l'époque, Michel Georges, s'est proposé pour prendre sa place. Il est parti en Allemagne en sabots « courte gueule »et s'est retrouvé à Dachau. Il est mort là- bas quelques jours avant la libération du camp.
Le lendemain de cette rafle, j'ai décidé, avec deux ou trois gars de Saint Maurice et autant de Bussang, de quitter le secteur. Nous sommes partis par la forêt, jusqu'au Col du Mont de Fourche à Rupt sur Moselle, ensuite nous sommes redescendus sur la haute Saône. Nous avons cherché du travail dans les fermes de ce secteur.
J'étais commis dans une ferme du côté de Corravillers quand les soldats Français sont arrivés. Lorsqu'on a su ça, on s'est empressé d'aller discuter avec eux.
Je suis remonté à Saint Maurice une fois que le secteur a été libéré.
J'ai passé visite au Thillot et j'ai été incorporé au 33 ème R.A.N.A d'Epinal, le 1er Septembre 1938.
C'était un régiment d'assaut. Il comprenait des gars qui venaient de nos dépendances françaises d'Afrique du Nord. Nous étions équipés de canons de 75, motorisés au crottin de cheval, puisqu'ils étaient simplement tirés par des chevaux. Des mulets portaient également une partie des équipements
Notre mission était de faire des tirs d'artillerie et de changer de place sitôt après.
A l'approche de la guerre nous avons été placés sur la ligne Maginot, dans la région de Munster en Alsace. Lorsque les Allemands ont envahi la France, nous nous sommes repliés sur Montluçon dans l'Allier.
La ligne de démarcation a été mise en place, donc je suis resté mobilisé en France Libre.
Nous étions toujours soldats mais on nous employait à réparer les lignes de chemin de fer qui subissaient de gros dommages. Cette affaire a duré jusqu'à la fin de mon engagement de deux ans et je suis revenu à Saint Maurice à la fin du mois d'août 1940.
Je me souviens avoir passé la ligne de démarcation, dans le secteur d'Arbois dans le Jura.
A Saint Maurice, j'ai repris mon travail à la filature des Charbonniers tenu par Michel Georges, le père de Jacques Georges.
Comme toute la population, j'ai dû me plier aux réquisitions et à la réglementation imposée par l'occupant. Tous les postes de radio avaient été confisqués et déposés chez Vuillemin, l'ancien garage Citroën.
Quelque temps plus tard, je me suis retrouvé sur une liste pour aller travailler en Allemagne. Ils m'ont envoyé à Sarrebruck, ce territoire Allemand qui était revenu sous protectorat Français suite à la défaite de l'Allemagne en 14-18, et que les Allemands avaient ré-annexé en 1940.
A cet endroit, je travaillais dans la plus grosse fonderie de France. Le travail était pénible et j'ai attrapé une broncho-pneumonie. J'ai donc été hospitalisé dans un état grave et ai eu la chance qu'on me renvoie chez moi pour raison de santé.
Je n'ai rien à dire contre les Allemands, au contraire. Il s'agissait de gens bien sympathiques, ils étaient victimes de la guerre, tout comme nous. Tous les dimanches, j'allais manger dans une famille allemande. Elle était désolée d'avoir un fils qui était fier de porter le brassard de la croix gammée. Ils en avaient honte même.
J'ai refait des petits travaux sur St Maurice et de temps en temps, comme bien d'autres, j'ai dû aller travailler pour les Boches à faire des tranchées.
Sur Saint Maurice, il y avait trois lignes de tranchées anti-chars, séparées entre elles de trois cents mètres environ. Ces ouvrages donnent une idée du volume de personnel requis pour les façonner. Autant dire que je n'étais pas tout seul à y travailler. Deux Allemands bien armés commandaient peut être 80 personnes qui étaient simplement équipées de pelles et de pics. D'ailleurs un des chefs allemands était en fait un Français qui venait de Paris.
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Il n'y a pas eu de véritable combats sur St Maurice, seulement quelques escarmouches, par contre on a vu des combats aériens. Plusieurs avions sont tombés sur le secteur. Un avion allemand a été abattu par l'aviation française et s'est crashé à la Goutte du Rieux. Le pilote avait brûlé avec l'appareil. Après que les Allemands soient passés nous sommes allés voir là- haut. Il y avait encore les pieds du pilote dans les souliers qu'on avait retrouvés.
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yves philippe- MODERATEUR
- Nombre de messages : 2134
Ville : le Ménil
Age : 60
Points : 2755
Date d'inscription : 28/12/2010
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